On se demande ce que cherchent les Etats-unis ? Non content du brasier ukrainien , de ceux enflammés partout dans le monde, voici que les démocrates prétendent armer Taiwan tout en tenant des discours lénifiant sur la reconnaissance du droit international d’une seule Chine? Notre réponse est simple: parce que le bras armé du capital que représentent les USA se bat dos au mur pour le maintien de son pillage sur la planète et que sa croisade supposée pour la démocratie se réduit à une quasi guerre civile interne à propos de savoir quelle faction va diriger l’autodestruction planétaire. Le tout dans un contexte de soutien permanent aux profits du complexe industrialo-militaire financiarisé qui dirige les Etats-Unis. Quand deux voyous se battent il en résulte toujours quelque chose pour la compréhension des honnêtes gens et l’affrontement entre Trump et Biden montre à la veille des élections de mi-mandat l’atmosphère de guerre civile entre factions pour tenter de diviser le mécontentement de la classe ouvrière des Etats-Unis. Le discours à la nation du président américain Joe Biden jeudi soir, prononcé en prime time avec en toile de fond l’Independence Hall de Philadelphie, a été extraordinaire à ce propos.Dans la première moitié de ce discours de 24 minutes, Biden a décrit une nation risquant de basculer dans la dictature. «L’égalité et la démocratie sont attaquées et nous ne nous rendons pas service en disant le contraire», a-t-il déclaré. Donald Trump et ses partisans étaient «un danger clair et présent», ils avaient le 6 janvier 2021 « placé un poignard sur la gorge de notre démocratie». La paranoïa qui sévit au plan international et celle au plan interne sont de même nature, les deux qui sont censés encadrer un processus démocratique sont de même nature. C’est ce que perçoit trés clairement la Chine qui estime désormais devoir riposter devant les provocations de Taiwan comme en témoigne cette article de Global Times traduit pour histoireetsociete par Jean Luc Picker, note de Danielle Bleitrach)
illustration : Des avions du Centre Opérationnel Oriental de l’Armée de Libération Populaire (ALP) chinoise au cours d’exercices d’entrainement au combat aux alentours de l’île de Taiwan, le 7 août 2022. Dimanche, le Centre Opérationnel Oriental continuait ses entraînements comme prévu dans les eaux et l’espace aérien entourant l’île de Taiwan. Photo : Xinhua
Les Etats-Unis s’apprêtent à vendre à Taiwan un lot de matériel militaire incluant des missiles antinavires et air-air. Selon un article paru lundi dans le média d’information Politico citant des sources proches du dossier, l’administration Biden a prévu de solliciter du congrès l’approbation pour cette vente estimée à 1,1 M USD.
Quelques semaines à peine après la provocation que constituait la visite de Nancy Pelosi, présidente de la chambre des représentants états-unienne, la manœuvre est vue par les experts comme une nouvelle provocation destinée à attiser les tensions dans le détroit de Taiwan.
Elle ne changera toutefois pas la supériorité écrasante de l’ALP chinoise sur les forces armées de Taiwan et l’ALP est entièrement préparée à s’occuper de ces nouveaux armements.
Lundi, au cours d’un interview avec le média russe Sputnik, Liu Pengyu, porte-parole de l’ambassade de Chine aux Etats-Unis, a déclaré que cette vente constituerait une grave remise en cause du statuquo et du principe d’une Chine unique. Elle aura pour effet d’encourager les forces sécessionistes et attisera les tensions dans le détroit de Taiwan. Elle a ajouté que la Chine continuera à prendre les mesures les plus strictes et les plus efficaces pour défendre sa souveraineté et sa sécurité.
Sur la liste des équipements, on trouve 60 systèmes anti-navires Harpoon Block II AGM-84L (pour 355 m USD), 100 missiles air-air tactiques Sidewinder Block II AIM-9X (pour 85,6 m USD) ainsi qu’une extension d’un contrat de surveillance radar (pour 655,5 m USD).
Selon les explications des experts militaires, le Harpoon cible les bâtiments de la marine, le Sidewinder les avions, pendant que le sytème de radar vise à détecter les missiles d’attaque. Ils ajoutent que, en dépit de la menace qu’ils impliquent, les nouveaux équipement en provenance des Etats-unis ne peuvent pas changer le rapport de force militaire dans le détroit de Taiwan. L’ALP dispose d’un clair avantage face aux forces armées Taiwanaises. Les lanceurs de Harpoon, les F-16 qui transporteront les Sidewinders ainsi que les systèmes radars seront parmi les cibles prioritaires de l’ALP.
Toujours selon les experts, a peine déployées, ces cibles seront rapidement identifiées par satellite, gros avions ou drones de reconnaissance et détruites à l’aide de missiles de précision. Les F-16 taiwanais ne peuvent rivaliser avec les J-16 et J-20 de l’ALP.
- Un porc-épic avec des piquants plus longs
La Chine continentale a pris des mesures de rétorsion puissantes contre la visite de Pelosi. Selon Xin Qiang, directeur de l’Institut d’Etudes Taiwanaises à l’université Fudan. Ces mesures obligent Washington à démontrer son soutien aux autorités Taiwanaises et à donner des gages à ses propres faucons pro-indépendance Taiwanaise. De plus, alors que l’écart militaire se creuse entre les deux côtés du détroit, les Etats-Unis et les autorités de Taiwan sont à la peine pour renforcer à la hâte les capacités de guerre asymétrique de l’île et en faire un porc-épic plus difficile à avaler
Lü Xiang, expert des études états-uniennes à l’Académie Chinoise des Sciences Sociales, note que les ventes d’armes offensives telles que les Harpoon et les Sidewinder sont un moyen d’allonger les piquants du porc-épic, mais représentent aussi une escalade dans la provocation à l’encontre de Beijing. Si les USA savent que la vente de ces armes ne suffira pas à permettre aux forces armées taiwanaise de résister à une offensive militaire de la Chine continentale, ils espèrent cependant qu’elles pourront favoriser une guerre d’attrition.
Lü ajoute que, si un conflit militaire survenait dans le détroit de Taiwan, la Chine continentale agirait rapidement et massivement, afin de ne pas laisser de place à une contre-attaque de l’île et de barrer l’arrivée de renforts.
Depuis 2021, l’administration Biden a approuvé 5 ventes de lots d’équipements militaires à l’île de Taiwan, les 4 dernières pour une valeur moyenne de 100 m USD. Il s’agissait essentiellement de contrats d’assistance technique, d’un montant bien inférieur à ce qui avait cours sous l’administration Trump.
Selon les experts, l’administration Biden va accélérer les ventes d’armes à Taiwan pour développer ses capacités de guerre asymétrique. Une des raisons derrière cette évolution est la traditionnelle emprise des lobbies du complexe militaro-industriel auxquels l’administration doit donner quelque satisfaction.
Pour Lü, « les ventes d’armes par les USA sont une forme de chantage économique. Taiwan paye les armes états-uniennes beaucoup trop cher par rapport au marché. Washington cherche aussi à sucer les dernières gouttes de sang de l’île avant que la réunification prenne place »
- Se battre ? Pour qui et pour quoi ?
Par ailleurs, les analystes soulignent que, avec l’arrivée des Harpoons et Sidewinders, il sera nécessaire de créer des unités mobiles nouvelles. La presse de l’île souligne que le personnel des forces armées de l’île atteindra son maximum en 2026, alors que l’aviation et la marine cherchent à s’agrandir et que les autorités planifient une augmentation rapide des unités d’artillerie sur leur berge du détroit.
Un article paru dans la presse de Taiwan une semaine avant l’annonce de la vente d’armes soulignait pourtant les difficultés de recrutement des forces armées de l’île. Il manquerait près de 25.000 officiers dans échelons de la hiérarchie jusqu’au grade de capitaine.
Selon le média local udn.com, près de 70% des forces terrestres, de l’aviation et de la marine, y compris les unités de défense aérienne et anti-missiles, n’arrivent pas à atteindre le standard leur imposant un minimum de 90% de remplissage des effectifs. 90% des bâtiments de la marine sont en dessous de ce standard et pour certains n’atteignent pas la barre des 70%.
Même si la dernière enquête d’opinion, effectuée après la visite de Pelosi et publiée dans la presse en août, montre que 53% des habitants de l’île se déclarent prêts à « se battre pour Taiwan » au cas où une réunification interviendrait par la force, 56,2% des sondés pensent que les Etats-Unis ne viendront pas à la rescousse. Un autre sondage récent indique que la moitié des résidents de l’île pensent que leurs forces armées ne résisteront pas plus de 100 jours en cas de guerre avec le continent.
Quant aux experts, ils s’accordent à penser que les problèmes de recrutement dans l’armée taiwanaise sont plus parlants que des sondages qui peuvent facilement être manipulés. Ils remarquent que, lors de l’escalade récente des tensions dans le détroit, l’armée de l’île était trop fatiguée pour réagir. Selon les médias de l’île, depuis la prise de fonction de Tsai Ing-Wen, l’armée a enregistré 20 accidents ayant causé la mort de 28 militaires.
Il y a bien sûr sur l’île un courant opposé à la Chine continentale, d’ailleurs fortement encouragé par le Parti Démocratique Progressiste. Mais la plupart des gens comprennent que toute résistance conduirait à des morts inutiles, nous confie Chang Ya-Chung, président de l’Ecole Sun Yat-Sen à Taiwan et membre du Kuomintang. Selon lui, les jeunes gens de l’île aspirent à une vie facile et comprennent trop bien la tragédie qui résulterait d’un affrontement militaire avec la puissante ALP. La société de l’île est profondément clivée, et les sécessionistes peuvent vouloir ‘se battre pour Taiwan’, mais pour l’autre moitié de la population, en faveur de la réunification, la réponse à la question de se battre pour quoi et pour qui est complètement différente. Il ajoute que, étant donné que la question de Taiwan est une affaire intérieure chinoise, beaucoup de gens de l’île pensent que si la réunification prend finalement place, il serait vain de s’y opposer et de devenir des pions sur l’échiquier des Etats-Unis et des sécessionistes, alors qu’il est possible de gagner la paix, plutôt que la guerre.
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