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Vietnam : « Nous ne nous arrêterons pas là, nous continuerons » à lutter contre la corruption


Vietnam : « Nous ne nous arrêterons pas là, nous continuerons » à lutter contre la corruption, a martelé cette semaine le secrétaire général du Parti communiste, l’homme fort du pays, Nguyen Phu Trong. Le président chef d’Etat est un homme jeune Vo Van Thuong, qui a récolté 487 des 488 voix de l’Assemblée nationale, étant le seul candidat pour succéder à Nguyen Xuan Phuc, qui a été forcé à démissionner en janvier dernier. Le nouveau président, âgé de 52 ans, s’est dit « déterminé à lutter contre la corruption et les pratiques malsaines » mais son rôle est plus destiné à la diplomatie extérieure, l’homme fort est plus que jamais le secrétaire du Parti communiste Vietnamien Nguyen Phu Trong.

Si la coopération avec la Chine communiste a connu après le COVID un regain de force, le Vietnam ne veut pas d’une coalition que d’ailleurs la Chine ne réclame pas. A ce titre, la mise à niveau des relations entre le Vietnam et les États-Unis au rang de partenariat stratégique global ouvre des opportunités considérables pour les deux parties d’activer de nouveaux domaines de coopération révolutionnaires afin que le Vietnam puisse s’engager plus profondément dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, a déclaré le vice-ministre de l’Industrie et du Commerce Do Thang Hai.

Nous sommes donc plus que jamais dans la stratégie du bambou telle que l’a définie le malicieux et homme fort du pays Nguye Phu Trong.

La réalité de la campagne anti-corruption et ses soubassements

Aujourd’hui au Vietnam, le gouvernement poursuit ses coups de filet anticorruption qui ont déjà conduit cette année à l’arrestation de dirigeants politiques et de personnalités des affaires de premier plan. Parmi les dernières affaires : une escroquerie aux obligations qui a floué plus de 6 000 investisseurs et surtout le détournement de 12 milliards de dollars d’une banque vietnamienne par un promoteur immobilier.

« Nous ne nous arrêterons pas là, nous continuerons », a martelé cette semaine le secrétaire général du Parti communiste. En poste depuis 2011, c’est lui qui a entamé en 2016 une campagne anticorruption, surnommée « la fournaise ardente » depuis qu’il a assimilé les officiels corrompus à du « petit bois ». Une campagne qui n’épargne désormais ni les grands patrons du privé ni les hauts cadres du Parti, rapporte notre correspondant à Ho Chi Minh Ville.

Ces propos du numéro 1 vietnamien font suite à la publication par la police des résultats de plusieurs enquêtes. Dans l’affaire principale, qui a fait la Une des journaux, la présidente d’un grand groupe immobilier aurait détourné des milliards de dollars d’une des plus grandes banques vietnamiennes : selon des conclusions diffusées par un média d’État la semaine dernière, les enquêteurs ont établi que la présidente du conglomérat Van Thinh Phat, Truong My Lan, et ses complices avaient dérobé « à des fins personnelles » quelque 304.000 milliards de dongs (11,5 milliards d’euros) à une banque locale. Une somme correspond à environ 3 % du Produit intérieur brut (PIB) du Vietnam pour l’année 2022.

La justice vietnamienne a aussi annoncé hier, vendredi, poursuivre le patron d’une importante entreprise de boissons, soupçonné d’avoir détourné une trentaine de millions d’euros, dans le cadre de la vaste opération anticorruption décrétée par le pouvoir communiste. Tran Qui Thanh, président et fondateur du producteur de boissons Tan Hiep Phat, et ses deux filles sont soupçonnés d’avoir détourné à leur profit quelque 767 milliards de dongs, soit 29 millions d’euros.

Le pays poursuit donc sa politique anti-corruption et ses purges qui n’épargnent pas le sommet de l’État. En début d’année, le président vietnamien lui-même avait été poussé à la démission. Il a dû démissionner en janvier dans le cadre d’une vaste purge anticorruption menée par Nguyen Phu Trong, le secrétaire général du parti. Une centaine de hauts fonctionnaires et responsables politiques avaient été épinglés par l’enquête.

Qui est Nguyen Phu Trong ?

Nguyễn Phú Trọng (prononciation vietnamienne : [ŋwiən˦ˀ˥ fu˧˦ t͡ɕawŋ͡m˧˨ʔ] ; né le 14 avril 1944) est un homme politique vietnamien qui occupe le poste de secrétaire général du Parti communiste du Viêt Nam depuis 2011. En tant que chef du secrétariat du parti, du Politburo et de la Commission militaire centrale, Trọng est le dirigeant suprême du Vietnam. Il a également été président du Vietnam de 2018 à 2021. Il faut bien mesurer que derrière ce triomphe d’un dirigeant, il y a au sein du Parti communiste vietnamien et du pays des choix collectifs. Ainsi, il a été noté un investissement de la jeunesse vietnamienne dans le Parti, l’Etat plutôt que dans le secteur privé, ce qu’on retrouve en Chine. Une forte nostalgie de l’URSS dont bénéficie Poutine, et une colère contre les abus des cadres qui prônaient le plus l'”ouverture”. Le covid a joué un rôle de transformation des mentalités. On interprète le renforcement de Trong et de sa lutte contre la corruption effective proche de la politique de Xi comme la victoire non seulement du parti communiste sur le gouvernement et le parlement, mais au sein du parti le renouveau du comité central contre les éléments liquidateurs du Politburo. Aujourd’hui l’occident s’interroge sur la politique du Vietnam et sur le rôle joué par l’homme fort du Vietnam, celui qui a décrit la stratégie de son pays comme celle du “bambou”. Voici en quelques paragraphes le résumé de qui est Nguyễn Phú Trọng.

Trọng a rejoint le Parti communiste en 1968 et a gravi les échelons de la section consacrée au travail politique. Il a ensuite rejoint le Comité central du parti en 1994, son Politburo en 1997 et l’Assemblée nationale du Vietnam en 2002. Entre 2000 et 2006, il a été secrétaire du comité du Parti de Hanoï, le poste le plus élevé de la ville. Il a ensuite été président de l’Assemblée nationale de 2006 à 2011. Il a été élu secrétaire général lors du 11e Congrès national du parti en 2011 et réélu lors du 12e Congrès national en 2016. Au cours de son mandat, il a mené une vaste campagne anti-corruption, impliquant de nombreux hauts fonctionnaires. Il est devenu président en 2018 à la suite de la mort du président Trần Đại Quang, devenant ainsi la troisième personne à diriger simultanément le parti et l’État après Hồ Chí Minh (au Nord-Vietnam uniquement) et Trường Chinh. Lors du 13e Congrès national en 2021, il a été réélu secrétaire général, devenant le troisième dirigeant du Vietnam à obtenir un troisième mandat (après Hồ Chí Minh et Lê Duẩn), et a été remplacé par Nguyễn Xuân Phúc en tant que président.

Le 31 janvier 2021, Nguyễn Phú Trọng a été réélu secrétaire général pour un troisième mandat par la 1ère session plénière du 13e Comité central, faisant de lui le premier dirigeant depuis Lê Duẩn (1969-1986) à servir plus de deux mandats. Le 1er février 2021, Nguyễn Phú Trọng a donné une conférence de presse. Nguyễn Phú Trọng a dit que je ne suis pas en très bonne santé […] Je suis vieux et je veux me reposer, mais le Congrès m’a élu et je vais donc me conformer à mon devoir de servir en tant que membre du parti. Trọng est la troisième personne à être élue secrétaire générale du PCV pour un troisième mandat, les autres étant Hồ Chí Minh et Lê Duẩn.

Mais en janvier 2O22, il a été destitué de son mandat de président de la République à la quasi unanimité de l’Assemblée nationale et remplacé par Phuc qui n’a pas fait long feu. Trong tout en s’affirmant vieux et malade a repris les rennes de ce que ses adversaires pro-occidentaux qualifient de la tendance “conservatrice” qui est en fait marxiste léniniste et pratiquant de bonnes relations avec la Chine sans renoncer à un partenariat que Trong a qualifié de “la stratégie du bambou”. En 2022, entre le 30 octobre et le 2 novembre, Trọng s’est rendu en Chine et a rencontré le secrétaire général du Parti communiste chinois (PCC), Xi Jinping, devenant ainsi le premier dirigeant étranger à rencontrer Xi Jinping après qu’il ait obtenu un troisième mandat lors du 20e Congrès national du PCC. Les deux dirigeants ont publié une déclaration commune, appelant à la coopération dans les domaines économique, politique, de la défense et de la sécurité et à travailler ensemble dans « la lutte contre le terrorisme, les révolutions de couleur et la politisation des questions de droits de l’homme ».

En janvier 2023, Phúc a démissionné de la présidence en raison de scandales de corruption, ce qui a conduit l’allié de Trọng, Võ Văn Thưởng, à lui succéder en mars. Du 21 au 23 mai 2023, le vice-président du Conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev, s’est rendu au Vietnam et a rencontré Nguyễn Phú Trọng. Ils ont discuté du renforcement des relations entre la Russie et le Vietnam et de la situation internationale actuelle. Comme l’ont souligné de nombreux articles y compris critiques de la BBC, l’opinion publique vietnamienne éprouve une véritable nostalgie pour l’URSS et voit en Poutine son successeur et elle se félicite de l’intervention russe en Ukraine, qu’elle identifie au soutien dont le Vietnam a lui même bénéficié.

La stratégie du bambou

Lors d’une visite au Vietnam le 10 septembre 2023, le président américain Joe Biden s’est entretenu avec Nguyễn Phú Trọng, le gouvernement vietnamien élevant les relations entre les deux pays à celle d’un partenariat stratégique global, le plus élevé décerné par le Vietnam. Le Vietnam poursuit son chemin vers un rapprochement essentiel avec les États-Unis pour soutenir son économie mondialisée. Cependant, il doit également ménager la Chine, qui est à la fois un modèle politique et un voisin potentiellement menaçant et à l’appui essentiel.

Dans son discours sur la diplomatie en décembre 2021, Nguyen Phu Trong, le leader vietnamien, a évoqué la voie de la neutralité adoptée par le pays. Cette approche subtile rappelle le positionnement fragile et délicat du Vietnam entre les deux puissances régionales. La diplomatie vietnamienne repose sur le multilatéralisme, il est entré à sa manière dans le monde multipolaire dans un équilibre particulier entre la Chine, la Russie et les USA. Idéologiquement, Trọng est considéré comme venant de la faction marxiste-léniniste la plus “conservatrice” au sein du PCV. Il s’est longtemps insurgé contre la perte de la « vertu marxiste-léniniste » de certains membres du parti. Trọng a déclaré qu’« un pays sans discipline serait chaotique et instable […]. [N]ous devons trouver un équilibre entre la démocratie et la loi et l’ordre ».

Au plan intérieur face à la nécessité d’attirer les investissements capitalistes tout en renforçant la démocratie communiste, le rôle du parti et le respect de la planification au service du peuple et de la nation vietnamienne il a défini ce qu’il a appelé le concept de “diplomatie du bambou”, le bambou qui présente bien des caractéristique ne serait-ce que de pousser comme du chiendent, d’envahir l’espace, et d’avoir des usages infinis symbolise l’unité et la solidité du pays, tout en restant flexible en haut, ouvert à tous les partenariats de développement mais il ne peut pratiquer cette ouverture qu’à cause de la force et de la fermeté du bambou.

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1 Commentaire

  • koursk
    koursk

    Le Vietnam a à sa frontière la Chine, première puissance économique mondiale, et pas très loin, la Fédération de Russie *** Deux pays fiables avec tout ce qu’il faut pour une coopération économique et de développement, et pour la sécurité du pays *** Donc pourquoi s’emmerder à nouer plus de relations avec le camp otanien et ses multimilliardaires générateurs d’instabilité, de corruption et fauteurs de troubles *** Le Vietnam ne doit pas oublier les actes criminels de la grosse mafia et de ses multimilliardaires, via son dominion étasunien, machiavélique sur l’emploi de 400 000 tonnes de napalm, et 75 millions de litres d’agent orange, responsables d’une grande partie des 2,5 millions morts de la guerre *** Le Vietnam ne doit pas oublier les crimes des coloniaux, via la france, subis jusqu’en 1954 *** Depuis 1975 et la libération totale du Vietnam, la grosse mafia qui règne financièrement et donc politiquement et médiatiquement sur l’otaneurozone et apparenté, a gardé tout son cynisme, affiché via ses gouvernements à ses ordres, armées régulières, services de renseignements, ses groupes paramilitaires, sous casaque nazie ou djihadiste au gré de la géographie, en Ukraine, Syrie, Libye, Irak, Afghanistan, au Sahel, Afrique centrale, au Venezuela… et dernièrement en Palestine *** Face à ces réalités, le Vietnam, tout comme les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine ont plutôt intérêt à coopérer avec les BRICS et l’Organisation de coopération de Shanghai, l’Eurasiatique, L’OTSC, pour une plus grande stabilité, et éviter les liens dangereux avec l’otaneuro zone, un espace chaotique et à problèmes, tant que celui-ci sera contrôlé par la pègre et ses multimilliardaires.

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