Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le déserteur comme figure historique des confusions d’aujourd’hui, par Danielle Bleitrach

Il faut se parler clairement et la proposition d’un colloque à Vénissieux présenté par ailleurs m’incite à cette interpellation… Il faut arrêter de tourner autour du pot. Dans ce blog avec Marianne et d’autres, chacun sur ses bases celles des connaissances, des expériences, nous avons une analyse de ce que pourrait être la stratégie d’un parti communiste dans ce que chacun sent bien comme un basculement historique. Le fond de notre position est que cette stratégie ne doit plus être sur la défensive autrement elle ne convaincra personne. L’expérience en France en particulier, est celle où chacun sent bien que lutter simplement pour un cessez-le-feu, pour la “stabilisation” du front qu’il s’agisse de la défense des “conquis”, ou de la paix, ne mène nulle part parce que l’ennemi ne respecte jamais la parole donnée. DONC, il faut le vaincre et savoir qui il est. Cet ennemi n’est pas les USA, leurs vassaux alliés comme la France ou la Grande-Bretagne, ou Israël ou l’Ukraine pas plus qu’il est seulement le personnel politique interchangeable qui en exprime les intérêts. Non il faut penser comme Brecht : “et Moscou la rouge a vaincu l’armée nazie au nom de tous les peuples y compris celui que l’on nomme allemand“. En sachant que Moscou n’est plus “la rouge”… Il faut être clair sur le refus d’anéantir les peuples mais en finir avec la manière dont des États, des régimes, s’identifient à un mode d’hégémonie impérialiste. Celui-ci ne peut plus vaincre mais il va faire un maximum de destruction et ne respectera aucune parole et traité. Quand nous prenons nos distances ici contre le gauchisme imbécile et qui va jusqu’au communautarisme, se minorise lui-même, se fait plaisir, c’est parce qu’il offre à cette hégémonie un second souffle et il favorise les désertions massives dans son propre camp. Parce qu’aujourd’hui le déserteur est la figure la plus massive des choix de ceux qui devraient combattre collectivement.

Nous en parlions avec Marianne, je suis convaincue que l’Ukraine de Zelenski est un régime mais pas un État nation (comme l’est par exemple l’IRAN, pour citer un protagoniste avec lequel je me sens le moins d’atomes crochus) et les Etats-Unis se délitent de ce point de vue, la crise de la démocratie est une crise de l’Etat-nation. La volonté de combattre pour le sauver fait partie de cette adhésion citoyenne. A cela il faudrait ajouter le fait que l’armée prête à toutes les obéissances, à donner sa vie sans discuter les ordres a pour base la paysannerie. Déjà la classe ouvrière est d’une autre nature, mais quand nous en sommes aux jeunes gens des startup, il y a quelque chose de l’ordre de la désertion, c’est à la fois une lacune et un espoir. Mais en ce qui concerne bien des Etats-nations qui n’existent pas comme l’Ukraine ou que l’on tente de constituer seulement dans la haine du voisin, avec des adhésions illusoires comme l’UE qui serait le lieu d’une vie plus facile, la désertion est le fond…

Mais il faut étendre cette analyse à nos propres combats. La France, notre État nation, notre patrie, celle qui s’oppose au despotisme est en danger. Un danger externe qui lui fait rechercher l’illusion de l’UE qui est aux antipodes d’une patrie dans laquelle le citoyen se sente des droits et qui conserve sa souveraineté en matière de coopération et de défense internationale. On cherche au meilleur des cas à retrouver son fondement républicain quitte à l’identifier abusivement à des “valeurs” européennes totalement mythifiées comme quand Natacha Polony qui dit souvent des choses intelligentes expliquait qu’il y a une grande différence entre l’Europe et les Etats-Unis. Les Etats-Unis pensent tout à travers la croyance en Dieu alors que l’Europe serait laïque… Non ! c’est la France qui d’une manière souvent exceptionnelle tient à la laïcité et l’Europe n’en a jamais fini avec les querelles de religion, l’identification de l’idéologie des princes à leurs peuples… Non ce ne sont pas ces critères-là qui sont ceux qui créent réellement les guerres. C’est une classe dominante arrivée à un degré d’inégalité, de destruction tel qu’il ne peut plus y avoir le moindre contrat social. Face à la manière dont sa violence, son injustice, son mépris des faibles “ruisselle” on tente à nous faire croire qu’il y aurait une nature éternelle, l’individu serait égoïste, incapable du moindre sacrifice collectif, seul compte ce qu’il estime la liberté de ses intérêts, du capricieux Elon Musk au jeune diplômé bobo de la start up… l’ennemi est celui qui prétend restreindre cette liberté, qui est celle d’entreprendre et ses héros sont mesurés à cette aune.

La réalité : partout “les maitres du monde” prennent une raclée et c’est une bonne chose pour leurs peuples autant que pour l’humanité.

On nous dit que l’Ukraine manque d’armes et de soldats et c’est pour ça que le régime tant vanté est en train de perdre. Le manque d’armes mérite une analyse, entre ce qui est promis et qui ne parvient jamais, entre le vote de milliards qui comme aux USA finissent dans les caisses des trusts de l’armement… Entre les proclamations d’avoir à financer une “industrie” de l’armement qui ne peut d’être d’aucune utilité face à la situation, la seule aide étant celle à des opérations “terroristes” contre des civils… Rien de cela n’est sérieux… Quant aux soldats, jamais l’Ukraine n’a mobilisé sa population. Donc les désertions se multiplient et l’Ukraine est un pays qui ne renouvelle plus sa population, la désertion ayant commencé avant l’intervention de 2022.

Pour tenter d’échapper à leurs obligations militaires, de plus en plus d’Ukrainiens tentent de fuir leur pays par tous les moyens. Une fuite qui n’est pas sans risques

C’est ainsi que trente Ukrainiens en âge d’effectuer leur service militaire seraient morts récemment alors qu’ils tentaient de quitter illégalement le pays pour éviter d’être appelés sous les drapeaux. 24 d’entre eux seraient morts en tentant de traverser la rivière Tisa, à la frontière avec la Roumanie. C’est ce que rapporte Andriy Demchenko, un porte-parole des gardes-frontières ukrainiens à l’agence de presse Ukrinform. À quelques exceptions près, les hommes ukrainiens âgés de 18 à 60 ans ne sont pas autorisés à partir à l’étranger car la loi martiale les oblige à rester disponibles pour servir dans l’armée ukrainienne. Mais de nombreux Ukrainiens redoutent de servir de chair à canon et tentent malgré tout de fuir leur pays, suivis par leurs familles. Andriy Demchenko avait déjà indiqué il y a quelques semaines qu’en moyenne dix hommes étaient arrêtés chaque jour à la frontière alors qu’ils tentent de quitter illégalement l’Ukraine.(LpR avec SR – Source : Reuters – Ukrinform/Photo d’illustration : Unsplash)

Plusieurs centaines de milliers d’Ukrainiens mobilisables sont actuellement à l’étranger : face à son déficit de soldats, Kiev aimerait les convaincre de revenir au pays, avec l’aide de ses voisins.

Plus de bras pour combattre la Russie : alors que les États-Unis ont signé un programme d’aide massif à l’Ukraine en avril 2024, Kiev continue de manquer d’hommes en âge de combattre, un problème de même ampleur que ses pénuries de matériel et de munitions. La Rada (parlement) est enfin parvenue, après des mois de débat, à passer une nouvelle loi de mobilisation également en avril 2024, tandis que les conscrits pourront désormais être âgés de 25 ans au minimum (contre 27 jusqu’à présent). Mais ces mesures ne suffisent pas nécessairement à recruter assez d’hommes, qui sont nombreux à avoir fui vers l’étranger. D’où l’assistance que Varsovie et Vilnius entendent fournir à Kiev : aider à renvoyer au pays les exilés en âge de combattre, qui restent à l’étranger par peur d’être mobilisés. Ce qui dit la nature de la “volonté de paix” des pays en question et je ne plaisante pas, renvoyer les “déserteurs” parce que l’on n’est pas sûr du tout de la volonté de ses propres citoyens de faire de leur corps un rempart de “guerriers”.

Cela n’évite pas les deux questions que l’on peut poser : la première est l’existence de désertion chez les Russes, en particulier chez les “bobos” mais aussi le fait qu’une partie des Ukrainiens y compris russophones n’ont pas l’adhésion qui était celle de 2014. Il est clair que l’influence “occidentale”, l’individualisme, l’idée d’une vie plus facile a fait des dégâts mais le fond est souvent reproché à Poutine, y compris par le KPRF. Il y a à la tête de l’Etat russe également des corrompus, des oligarques, l’opération spéciale a été une caricature de guerre et les “patriotes” ont le sentiment là aussi qu’on les invite à se battre pour le profit de quelques-uns. C’est sur cette question que ne cesse d’intervenir le KPRF et Ziouganov qui a réussi néanmoins à entretenir en Russie la reconnaissance de l’URSS, le refus du négationnisme auquel a cédé le PCF et d’autres partis de l’eurocommunisme.

Ce fait confirme l’analyse, dans un basculement vers un monde multipolaire se joue aussi la force de la perspective d’une transformation de fond qui nécessite l’intervention populaire. Le véritable obstacle n’est pas dans le système impérialiste jusqu’ici dominant, mais dans la manière dont il arrive encore à diviser, à nous faire croire en sa force. Parce que sur le fond que monsieur Gluksmann qui joue du clairon de la CIA pour nous inviter à la guerre y compris contre la Chine se retourne et contemple ses “troupes”… Que ce soit au niveau des “régimes”, de la social démocratie même, c’est la débandade …

Les faits vont à l’encontre de la mobilisation du camp impérialiste … Non seulement partout les maitres du monde, leurs armées à la Robocop prennent des raclées. C’est vrai en Afrique, ça l’est au Moyen Orient, en Ukraine, en Israël Palestine où le fond de l’affaire est que l’armée mythifiée non seulement ne sait que massacrer mais n’a toujours pas réussi à traquer les chefs de guerre et les otages dans les couloirs souterrains. Le fait est là et pas ailleurs, partout le maitre du monde prend une raclée et ses sanctions, sa monnaie militarisée trouvent de plus en plus non pas d’opposition mais de “déserteurs” qui veulent se mettre à l’abri de la chute de l’empire occidental… Et dans l’empire occidental on joue à se faire peur avec des marionnettes imaginaires pour mieux nous interdire de nous rassembler contre nos propres gouvernants.

C’est pour cela qu’il faut à la fois montrer les limites du “gauchisme” mais dans le même temps s’élever contre toute criminalisation et répression de ceux qui se rebellent, en particulier le mouvement étudiant et le soutien brouillon de la France insoumise. De ce point de vue la position de la direction du PCF est juste et elle tient compte de la nécessité de ne pas isoler l’amorce d’une prise de conscience de la jeunesse, d’empêcher la tactique du pouvoir, en faire l’abcès de fixation de la crainte du désordre. Cela fait partie du choix d’ouvrir la route du pouvoir à l’extrême-droite.

Tout cela conduit à une situation comparable à l’Ukraine, dans une telle confusion où personne ne sait plus qui est l’ennemi et où le fait divers, le secondaire prend la place de la désignation de l’adversaire réel, se multiplient les divisions, les querelles inutiles et la tendance à la désertion s’accentue. Malheureusement le parti communiste n’arrive pas pour des raisons de “politicaillerie” à se dégager de ce magma et la gauche faute de son rôle de classe, de souveraineté nationale, de large rassemblement, se divise entre gauchistes en proie à une fausse radicalité qui fait de la figure de ‘l’islamiste” et celle du “juif” exactement ce que cherche à en faire le capital et cette “gauche” pseudo “démocrate” et vraie gérante du bellicisme impérialiste le seul espace qui reste étant lui-même totalement piégé à savoir celui de l’extrême-droite… qui est le canada dry de la souveraineté nationale mais sur les mêmes divisions que la pseudo radicalité.

Ici dès que nous tentons de développer cette ligne, il y a des malades qui développent leurs accusations mais il y a aussi des gens qui s’impliquent plus que nous ne le faisons dans ce “gauchisme” ou dans ‘la désertion” qui veulent me convaincre de sympathies sionistes ou d’aveuglement pro-PCF… Non ! j’ose affirmer pour subir toutes les censures et depuis des décennies, la position que je défends et que les événements éclairent est celle qui cherche à unir les combattants non vers le massacre d’un front où l’on est condamné à se battre contre un autre soi-même, mais la seule position qui vous permet de conserver vos identités (nationales, familiales, religieuses, de sexe, etc…) sans que celles-ci vous interdisent de dénoncer les véritables responsables et leurs complices.

Des dizaines d'Ukrainiens sont morts en tentant de fuir le service militaire

Des dizaines d’Ukrainiens sont morts en tentant de fuir le service militaire© Unsplash

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1 Commentaire

  • Xuan

    Ursula Von der Leyen a clairement indiqué qu’elle serait prête à collaborer avec le parti de Giorgia Meloni après les prochaines élections au Parlement européen.
    Pour être de nouveau à la tête de l’UE, elle veut obtenir le soutien de l’ECR :
    Fratelli d’Italia, Droit et Justice de Pologne, la Nouvelle Alliance Flamande de Belgique, le Parti démocrate de République tchèque, les démocrates de Suède, le parti finlandais, et Reconquête ! puisque Zemmour l’a déjà rejoint cette année.

    « Quelle est votre position sur ECR ? » a demandé Bas Eickhout, le représentant des Verts.
    « Il est temps que vous disiez clairement que vous n’allez pas coopérer avec ECR ! »

    UVdL « Tout d’abord, c’est le Parlement européen qui doit trouver des majorité… Cela dépend beaucoup de la composition du Parlement et des membres du groupe »
    Bas Eickhout « Quoi ? ! »
    Nicolas Schmit, le candidat socialiste et actuel commissaire à l’emploi et aux droits sociaux :
    “J’ai été un peu étonné par votre réponse, qui disait que cela dépendait de la composition du Parlement européen. Les valeurs et les droits ne peuvent pas être divisés selon certains arrangements politiques. Soit vous pouvez traiter avec l’extrême droite, parce que vous en avez besoin, soit vous dites clairement qu’aucun accord n’est possible parce qu’elle ne respecte pas les droits fondamentaux (pour lesquels) notre Commission s’est battue ».

    Auparavant la présidente avait sévèrement réprimandé Anders Vistisen, le représentant du parti d’extrême droite Identité et Démocratie (ID), accusé d’influence russe et chinoise et qui à plusieurs reprises et sans réserve exprimé des arguments favorables au Kremlin.
    VdL « Nous ne devons pas nous laisser distraire du vrai problème. Et ce sont les mandataires de Vladimir Poutine, qui tentent de détruire l’Union européenne de l’intérieur par la désinformation et la polarisation. Et nous en voyons un exemple ici ce soir », a déclaré Ursula von der Leyen à propos d’Anders Vistisen.
    « Je tiens à être très claire. Nous ne permettrons pas que vous détruisiez l’Union européenne ! Nous sommes plus forts que vous et nous combattrons votre ingérence par tous les moyens ! »

    Nous voyons ainsi que l’extrême droite est toujours divisée en Europe. Mais Van der Layen a flairé le retournement de situation et elle penche vers un raz-de-marée fasciste aux élections européennes.
    Naturellement socialistes et écolos sont verts de rage, parce que l’unité européenne vire au vert-de-gris.

    Dans le même temps, Joe Biden vient de signer la loi interdisant de fait Tik Tok aux USA, -ce qui serait selon Forbes « le premier cas d’interdiction par les États-Unis d’une application de réseau social détenue par des intérêts étrangers ». Les abonnés à Tik Tok ne font pas de politique, ils apprécieront que leur appli soit censurée, et la Chine a déjà averti qu’elle prendrait les mesures de rétorsion nécessaires.
    Aussitôt, Von der Layen déclare lors du débat de Maastricht pour les élections européennes :
    “Il n’est pas exclu que Tik Tok soit interdit car la Commission a été la première institution à l’interdire sur les téléphones portables de nos fonctionnaires, nous connaissons son danger”.

    Où l’on voit ici que l’orientation fasciste de l’UE est en lien direct avec la soumission à l’hégémonisme, et avec toutes ses aventures bellicistes.
    Cette décision de Biden est liée aux élections US évidemment, mais c’est remarquable que l’hégémonisme US, battu sur le terrain en Ukraine où l’armée de Zelensky recule sur toute la ligne de front, politiquement isolé au Moyen Orient, se lance dans une nouvelle provocation et ouvre un autre front conte la Chine, en interdisant de fait Tik Tok aux USA.
    Joe Biden se conduit comme un joueur addict au Casino, qui dilapide sa fortune mais qui s’obstine à jouer, convaincu que seule la roulette peut le sortir du désastre.
    Voilà donc l’Europe aliénée embarquée dans une galère qui prend l’eau de tous côtés, et le naufrage risque d’entraîner au fond toute la social-démocratie qui avait parié sur les USA. Lees communistes ont un choix à faire.

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