L’Europe est en train de brûler ses vaisseaux et l’attitude de l’OTAN face au sabotage dans la Baltique prouve selon les autorités chinoises que le conflit va s’intensifier et visiblement le gouvernement russe le sait et s’y prépare. Les positions du gouvernement chinois mais aussi tout ce qui intervient en Asie centrale actuellement prouve que le récent sommet de Samarcande, les tête-à-tête multiples entre chefs d’État font que plus personne n’a d’illusion sur la nature de la confrontation impulsée selon les Chinois par les Etats-Unis et dont l’Europe est incapable de se dégager à ses risques et périls. Ce diagnostic ne peut qu’être partagé et chacun comme le font déjà certains pays, voire des continents, doit développer les moyens de s’écarter des conséquences de ce choc et de ses chaos prévisibles. (note et traduction de Danielle Bleitrach histoireeetsociete) Publié: Sep 30, 2022 09:50 PM 
Une photo publiée par le commandement de la défense danoise montre la fuite de gaz au gazoduc Nord Stream 2 vue de l’intercepteur danois F-16 sur Bornholm, au Danemark, le 27 septembre 2022. Les deux gazoducs Nord Stream reliant la Russie et l’Europe ont été touchés par des fuites inexpliquées, suscitant des soupçons de sabotage. Photo : AFP
L’OTAN a publié jeudi une déclaration sur les fuites de l’oléoduc Nord Stream, la qualifiant de « résultat d’actes de sabotage délibérés, imprudents et irresponsables ». Il a également déclaré : « Toute attaque délibérée contre les infrastructures critiques des Alliés se heurterait à une réponse unie et déterminée. » Mais les experts chinois ont estimé que la déclaration de l’OTAN était arrivée trop tôt, car la vérité derrière les fuites n’a pas encore fait surface, et en publiant une telle déclaration, l’OTAN veut s’absoudre de toute responsabilité sur la question et se placer sur un terrain moral élevé, afin de continuer à œuvrer à son objectif stratégique de contenir la Russie et de contrôler l’Europe.
L’OTAN pourrait mener une défense collective basée sur l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord si les infrastructures critiques des alliés étaient attaquées, mais parce qu’elle intervient avant que l’auteur ne soit identifié, la déclaration de l’OTAN n’est qu’une posture politique, ont-ils déclaré.
Song Zhongping, expert militaire continental et commentateur à la télévision, estime que les fuites d’oléoducs ne sont pas seulement un problème d’énergie, mais relèvent de la rivalité politique. Les États-Unis et la Russie sont déjà engagés dans une guerre des mots sur la question. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré jeudi que l’endroit où le pipeline a eu lieu est une zone entièrement contrôlée par les agences de renseignement américaines. Elle a également demandé au président américain Joe Biden de répondre à la question de savoir si les États-Unis avaient mis à exécution leur menace sur les pipelines lorsque des responsables à Washington ont affirmé au début de cette année que Nord Stream 2 ne serait jamais en service.
En réponse, la secrétaire de presse de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a déclaré: « Le président a déclaré que NS2 ne deviendrait pas opérationnel et que nous travaillerions avec l’Allemagne à ce sujet ». Elle a également nié l’allégation selon laquelle les États-Unis sont responsables et elle n’a pas commenté son simple « non ».
« Lorsqu’une enquête est prise en otage par la politique, la vérité peut être cachée », a déclaré Song, notant que les fuites de l’oléoduc Nord Stream pourraient représenter un tournant dans le conflit russo-ukrainien.
Vendredi, quatre régions du sud-est de l’Ukraine seront incorporées au territoire russe. La Russie de Poutine s’est préparée à une grande confrontation avec les États-Unis et l’Occident, du moins à en juger par la position du Kremlin, ont déclaré des experts chinois. Dans ce contexte, le sabotage des pipelines Nord Stream ajoutera plus d’incertitude et augmentera la probabilité d’un conflit armé entre les États-Unis et la Russie, selon He Zhigao, chercheur à l’Institut d’études européennes de l’Académie chinoise des sciences sociales. La concurrence stratégique entre l’Occident dirigé par les États-Unis et la Russie se poursuivra, voire s’intensifiera.
Pendant ce temps, les relations entre l’Europe et les États-Unis pourraient commencer à voir des fissures apparaître. Quelle que soit la vérité derrière les fuites de pipelines, l’Europe, en particulier l’Allemagne, doit tenir compte de son influence perdue dans les négociations avec la Russie tout en étant menottée à l’agenda américain, a déclaré l’expert. L’Allemagne a investi beaucoup d’énergie et d’argent dans Nord Stream 2, dans l’espoir d’obtenir de l’énergie bon marché de la Russie. Bien que le gazoduc ait été suspendu après le début du conflit russo-ukrainien, l’Allemagne espère toujours que le gazoduc reprendra ses activités lorsque les relations avec la Russie s’amélioreront. L’ancienne chancelière allemande Angela Merkel vient d’avertir que prendre au sérieux les paroles du président russe Vladimir Poutine est « un signe de sagesse politique » et non de faiblesse.
« Pour les Européens et les Allemands, la Russie est un voisin qui ne peut pas être relocalisé. Les relations avec la Russie doivent se poursuivre, quels que soient les moyens utilisés, bien que la coopération doive être préférée », a-t-elle déclaré.
Si les livraisons de gaz de la Russie à l’Allemagne sont réduites, ce sera un grand défi pour la sécurité énergétique de l’Allemagne et affectera les moyens de subsistance des gens ordinaires. L’Allemagne pourrait être forcée de compter sur les ressources américaines et se retrouver encore plus étroitement liée aux États-Unis. Si cela se produit, l’autonomie stratégique que l’Allemagne et l’Europe recherchent sera hors de saison.
L’ancienne chancelière allemande Angela Merkel vient d’avertir que prendre au sérieux les paroles du président russe Vladimir Poutine est « un signe de sagesse politique » et non de faiblesse. La question est de savoir si l’Occident est prêt à négocier avec la Russie sur un cadre de sécurité européen relativement équilibré que la Russie accepte également. Peut-être que l’Europe est prête à le faire, mais qu’en est-il des États-Unis ?
L’auteur est journaliste au Global Times. wangwenwen@globaltimes.com.cn
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