Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Afonine à Oulianovsk : les théories de Lénine revêtent une importance exceptionnelle pour notre époque

Effectivement il est des figures historiques qui apparemment appartiennent au passé mais qui demeurent des enjeux, le cas le plus célèbre est celui de Robespierre qui pousse le plus loin possible la reconnaissance du rôle des masses populaires dans la transformation sociale, il est à la fois celui qui représente l’esprit de Valmy (en France Kant devient Robespierre dit Marx parce que la France est politique, le pays de la lutte des classes, même si “cette nation d’émeutiers” ne sait pas où elle va) et le refus de la guerre de conquête qui ne profite qu’aux généraux, ce qui n’empêchera pas Metternich, (l’esprit de la féodalité) de voir en Napoléon “Robespierre plus la grande armée”… C’est tout le sens du chef d’œuvre qu’est Guerre et paix de Tolstoi ou même Résurrection, la manière dont s’incarne l’esprit du siècle dirait Hegel. avec un Etat lui-même la proie du conservatisme et en butte aux déchirements de la dialectique du maître et de l’esclave. Ne pas répéter la Révolution française, comme le croient les contestataires contre Guizot ou les Orléans, voire le nouvel acteur intervenu avec la commune de Paris, le prolétariat, en relation avec la machine à vapeur, un souffle prométhéen. Marx distinguera toujours les aventuriers comme Garibaldi qui livrent les chemises rouges à la monarchie italienne, le pacte de la bourgeoisie avec la féodalité, si bien décrit dans le Guépard. Il le distingue du rôle radical de Spartacus dans la fin de l’esclavage… Lénine, riche de ces leçons, capable de voir la nouvelle configuration impérialiste, c’est celui qui pense l’histoire celle du passé comme un devenir sans s’arrêter aux “personnages”, là encore il est dans le prolongement de Marx et les leçons théorico-pratiques du léninisme font qu’à ce jour il n’y a eu de révolution socialiste que dans les partis qui se sont inspirés de cette vision dialectique entre le parti et les masses populaires. Cette classe capitaliste aujourd’hui ne peut que mentir sur les causes de l’inflation, sur la manière dont elle sacrifie sa classe ouvrière et sa paysannerie pas parce que les individus sont menteurs mais parce que cette classe est arrivée au sommet de son impuissance incapable de faire face à ses contradictions. Et il remarquable pour qui connait les débats de l’époque de Lénine et ceux de la Révolution française de mesurer à quel point la classe entrée dans une crise profonde ne sait que ressortir des analyses déjà empruntés par la féodalité, la méconnaissance des textes est telle que dans Furet on retrouve toutes les arguties de l’ancien régime, voire une interprétation erronée de Gramsci vers le sociologisme, le romantisme, le primat des superstructures comme chez Todd (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)

https://kprf.ru/party-live/cknews/223782.html

Lors de la soirée commémorative consacrée à Lénine dans la ville d’Oulianovsk, le premier vice-président du comité central du KPRF a prononcé un discours sur l’importance actuelle de l’héritage idéologique de Lénine.

Youri Afonine a salué l’auditoire au nom de Guennadi Ziouganov, président du comité central du KPRF, et a parlé des événements organisés par les communistes et les forces populaires et patriotiques à l’occasion de la Journée commémorative de Lénine à Moscou et dans toute la Russie.

Le premier vice-président du comité central du KPRF a fait remarquer qu’il existe un critère très fiable qui nous permet de comprendre l’importance d’une figure politique du passé dans le présent. Ce critère est le suivant : est-il encore combattu ? Ainsi, les capitalistes et les régimes bourgeois actuels ne combattent personne d’autre autant que Lénine. Et pourtant, cent ans ont passé. Le régime néo-banderiste en Ukraine, dès son arrivée au pouvoir, a commencé à démolir les monuments de Lénine. Les régimes fascistes des pays baltes font de même, et pourtant c’est bien pendant l’ère soviétique que les républiques baltes se sont le mieux développées – leur population et leur potentiel industriel se sont accrus, alors qu’aujourd’hui, elles connaissent une grave dépopulation.

Youri Afonine a fait remarquer qu’en Russie également, certaines forces ont déployé de grands efforts au cours des dernières décennies pour salir Lénine. L’un après l’autre, des livres pseudo-historiques et des séries télévisées anti-Lénine ont été produits. Malheureusement, certaines tentatives de ce type se poursuivent. Par exemple, Lénine est parfois accusé à la télévision d’avoir “artificiellement” “créé l’Ukraine” et “cédé à l’Ukraine des terres russes historiques”.

Face à ces accusations, le premier vice-président du comité central du KPRF a rappelé les données du seul recensement général effectué dans l’Empire russe. On y trouve des informations sur la langue maternelle. Il ressort de ces données que, sous Lénine, seules les provinces où les habitants parlaient l’ukrainien ou, comme cela était formulé avant la révolution, la langue “malorusski”, ont été incluses dans la République socialiste soviétique d’Ukraine. Oui, il y avait plus de Russes que d’Ukrainiens dans un certain nombre de grandes villes ukrainiennes. Mais avant la révolution, les citadins ne représentaient que 18 % de la population du pays, tandis que plus de 80 % de la population vivait à la campagne. Quant à la Crimée, où la population russe prédominait, il faut se rappeler qu’elle a été transférée à la RSS d’Ukraine non pas sous Lénine, mais sous Khrouchtchev.

Il est également important d’être bien conscient du fait suivant : le début du XXe siècle est une période de croissance rapide de la conscience nationale des peuples de l’Empire russe. La raison en est évidente : la croissance de la conscience nationale est associée au développement du capitalisme. Cette croissance ne laissait aucune chance à l’État russe d’assurer sa longévité en conservant la politique nationale précédente. Il n’est donc pas surprenant qu’après la révolution de février, non seulement des forces politiques séparatistes, mais aussi des structures quasi-étatiques réclamant l’indépendance soient apparues en quelques mois dans toutes les périphéries nationales du pays – de la Rada centrale ukrainienne au Congrès pan-kazakh. Au moment de la révolution d’octobre, le pays était déjà en voie de désintégration et les bolcheviks devaient le recomposer, les nationalistes et les interventionnistes étrangers faisant frénétiquement obstruction à ce processus. Dans ces conditions, conserver l’État sous une forme unitaire était une utopie absolue. Lénine a clairement choisi la seule voie possible : recréer un immense État sous la forme d’une fédération de républiques nationales. Et il a pu, grâce à son intelligence et à sa volonté colossales, orienter le processus historique dans cette voie. Il y a un siècle, c’est la brillante politique nationale de Lénine qui a préservé notre pays. Et si l’unité de l’État n’avait pas été préservée, nous n’aurions évidemment pas pu résister aux épreuves historiques terribles du XXe siècle.

Youri Afonine a également souligné que si, dans l’Union soviétique, créée selon les idées de Lénine, les républiques avaient le droit de faire sécession, personne n’a même essayé de l’utiliser sous Lénine, Staline ou Brejnev. En revanche, le fait que les républiques de la RSFSR n’aient pas le droit de faire sécession n’a pas empêché une tentative d’arracher la Tchétchénie à la Russie avec l’aide du terrorisme international. Et il a fallu déployer de grands efforts pour parer à cette tentative. Ainsi, la destruction de notre État uni n’est pas liée à un “projet” erroné, mais à l’affaiblissement du pouvoir de l’État et aux actions destructrices des traîtres à la cause du socialisme.

Youri Viatcheslavovitch a déclaré qu’aujourd’hui, il est particulièrement contre-productif de persister dans les “attaques” de propagande contre Lénine, car c’est l’héritage théorique de Lénine qui nous permet le mieux de comprendre le sens de la lutte que mène actuellement la Russie. Et de justifier que nous avons raison dans cette lutte. Il s’agit avant tout d’un trésor de la pensée léniniste comme la théorie de l’impérialisme. L’application de cette théorie à la réalité moderne conduit inévitablement à la conclusion que la Russie se bat aujourd’hui contre le plus grand bloc impérialiste de la planète – l’Occident collectif. Et cette lutte a un caractère de libération nationale. Après la destruction de l’URSS et du bloc socialiste, l’impérialisme occidental a assujetti politiquement et économiquement les pays d’Europe de l’Est et de l’espace post-soviétique. Aujourd’hui, la Russie elle-même se libère de cette dépendance et aide d’autres pays à s’en affranchir.

Youri Afonine a déclaré : “Aujourd’hui, pour que notre pays et le monde entier changent en mieux, nous avons besoin de la victoire de la Russie. Les communistes se battent pour cette victoire. Le KPRF est un parti de combat. Plus d’un millier de communistes et de membres du Komsomol sont déjà partis au front et 59 d’entre eux sont morts en combattant. Le nombre de convois humanitaires contenant des fournitures pour nos soldats et les habitants des territoires libérés, collectés par les communistes, s’élève déjà à 120. Après la victoire, notre pays et le monde entier seront différents.

Les attaques d’information contre Lénine, a souligné Youri Vyacheslavovich, sont préjudiciables à notre État. La Fédération de Russie est le successeur légal de l’URSS. Renoncer à cette succession légale entraînerait la perte d’une très grande partie de nos positions internationales, jusqu’à notre siège au Conseil de sécurité des Nations unies. Historiquement et juridiquement, Lénine est le fondateur de notre État. Par conséquent, discréditer Lénine saperait la légitimité de l’État russe actuel, qui n’est objectivement favorable qu’aux ennemis de la Russie.

Lénine est particulièrement précieux pour nous aujourd’hui parce que sa pensée est fortement marquée par l’antidogmatisme. Le développement du marxisme par Lénine a créé une doctrine extrêmement vivante et souple, capable de répondre à tous les changements du monde. Youri Afonine a démontré l’antidogmatisme de principe de Lénine en prenant l’exemple de son dépassement de l’eurocentrisme, qui a longtemps pesé sur la pensée marxiste. Les pensées de Lénine à ce sujet étaient une véritable prophétie pour le siècle à venir et sont d’une grande importance pour comprendre la situation mondiale actuelle.

Au cours des premières décennies du développement de la doctrine marxiste, les marxistes ne comptaient que sur les révolutions socialistes dans les pays les plus développés d’Europe. Mais, comme on le sait, Lénine a avancé la thèse selon laquelle, en raison d’un concours particulier de circonstances historiques, une révolution pourrait avoir lieu en Russie, qui est loin d’être le pays le plus développé au regard des normes mondiales. En 1913, Lénine a publié un article au titre extrêmement révélateur : “L’Europe arriérée et l’Asie avancée”. Lénine y souligne que, malgré le haut niveau de développement de l’Europe, la politique de sa bourgeoisie devient de plus en plus réactionnaire. L’Asie, en revanche, s’éveille et de grands événements révolutionnaires sont à venir.

Après la grande révolution d’octobre, les bolcheviks espéraient encore des révolutions socialistes dans les pays européens, surtout en Allemagne. Mais la bourgeoisie a réussi à noyer dans le sang les tentatives de révolutions socialistes européennes. Dans ce contexte, la Russie soviétique s’est retrouvée dans une situation historique très difficile. Elle était encore un pays essentiellement paysan et arriéré, et pourtant elle était seule face à l’ensemble du monde capitaliste. Le génie de Lénine s’est efforcé de trouver une issue à cette situation. C’est en 1923 que paraît l’une des dernières œuvres de Lénine, “Mieux vaut moins que mieux”. Elle contient une idée très profonde selon laquelle l’issue de la lutte mondiale entre l’impérialisme et le socialisme sera prédéterminée par la Russie, la Chine, l’Inde et d’autres pays alors en situation de dépendance coloniale ou semi-coloniale.

Cette pensée léniniste, souligne Youri Afonine, s’est révélée véritablement prophétique. Oui, l’impérialisme occidental, ayant construit un système d’exploitation de la majeure partie de la planète, a pu empêcher les révolutions socialistes dans leurs pays. Mais des révolutions socialistes ont eu lieu dans un certain nombre de pays asiatiques, dont la Chine. La Chine socialiste est devenue la puissance économique la plus importante de la planète au cours de ses sept décennies de développement. L’Inde et d’autres colonies ont été libérées du pouvoir des colonisateurs, se sont développées, ont réalisé, y compris avec l’aide de l’URSS, de nombreuses transformations progressives. Et aujourd’hui, ce sont la Chine, l’Inde et d’autres pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine qui deviennent nos partenaires et nos alliés dans notre lutte à grande échelle contre l’impérialisme occidental.

Cet exemple montre une fois de plus combien l’héritage théorique de Lénine est infiniment grand et précieux, et combien il est important de continuer à le comprendre, en l’appliquant aux réalités de l’époque moderne. C’est pourquoi le KPRF forme à grande échelle des communistes à la théorie marxiste-léniniste.

Youri Afonine a rappelé qu’en 1917, Lénine avait écrit : “En dehors du socialisme, il n’y a pas de salut pour l’humanité face aux guerres, à la famine, à la mort de millions et de millions de personnes”. Il est tout simplement impossible de ne pas être d’accord avec cela. Un siècle entier de progrès scientifique et technologique s’est écoulé, mais aujourd’hui, selon les Nations unies, 800 millions de personnes meurent de faim dans le monde et des guerres sanglantes se déroulent aux quatre coins de la planète. Pourquoi ? Tout simplement parce que le système capitaliste dépassé n’a pas encore été relégué dans les poubelles de l’histoire. Le président Poutine a reconnu que le modèle actuel du capitalisme s’est épuisé. Mais nous ajoutons : le capitalisme dans son ensemble s’est épuisé. La seule voie d’avenir pour la Russie et pour la planète entière est le socialisme. Et l’héritage du grand Lénine nous aidera à remporter la victoire du socialisme.

En conclusion, Youri Afonine a remercié les habitants de la région d’Oulianovsk pour leur attitude prudente à l’égard de l’héritage historique de Lénine. Les communistes d’Oulianovsk, menés par Alexandre Krouglikov et Alexei Kurinni, ont toujours lutté pour sa préservation. Et aujourd’hui, a souligné le premier vice-président du comité central du KPRF, le gouverneur de la région, Alexey Russkikh, fait beaucoup pour préserver et reconstruire les sites commémoratifs de Lénine.

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