Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le Racisme contre les noirs est une invention récente

Je faisais remarquer que la couleur de la peau n’était pas une discrimination avant l’ère moderne, et même à partir du capitalisme, si l’on considère l’œuvre de Shakespeare où Shylock est la proie de l’antisémitisme sur des bases religieuses et sur le rôle de préteur auquel on l’a réduit, alors qu’Othello est un époux qui ne pose pas problème. Les populations blanches comme les Russes étaient les proies de l’esclavage pour les Tatars de Crimée qui étaient les grands pourvoyeurs du bassin méditerranéen. Quant à la couleur réelle des pharaons d’Égypte elle a donné lieu à des spéculations qui semblent étrangères à la pensée égyptienne de l’antiquité. C’est vraiment avec la traite négrière après que la population autochtone indienne ait été décimée que le racisme contre les noirs apparaît. Cette proposition que j’avais faite sans être assurée de mon fait, une simple intuition, il semble que les scientifiques soviétiques l’aient défendue avant moi. Voici en tous les cas un texte traduit par Marianne qui confirme cette approche et qui précise même que cette “invention” aurait pris son plein effet aux Etats-Unis (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop).

La raison des pogroms américains est dans le sexe

Guerman Sadoulayev, écrivain, publiciste

https://vz.ru/opinions/2020/6/15/1043959.html

Les érudits soviétiques Bongard-Levin et Ilyin ont écrit dans un ouvrage monumental sur l’Inde ancienne que, apparemment, le racisme «de couleur» n’était pas connu du monde antique. Il y a environ trois ou cinq mille ans, des tribus parlant des dialectes indo-européens et supposées à la peau claire (mais peut-être à la peau foncée) se sont infiltrées dans la péninsule Hindoustanaise, où elles ont rencontré d’autres tribus parlant des dialectes dravidiens et censées avoir la peau foncée (mais peut-être claire), puis des noirs de type polynésien vivant au sud de la péninsule. La convergence a commencé immédiatement. Et dans les anciens textes sanscrits, nous rencontrons des personnages avec différentes couleurs de peau: sombre, claire, blanc laiteux, dorée, bleue et même verdâtre comme l’herbe. Il semble que les auteurs ne pensent même pas qu’il soit possible de diviser les gens en “bons” et “mauvais”, en “supérieurs” et “inférieurs” ou ne serait-ce que “les nôtres” et “les étrangers” selon un signe aussi simple et évident que la couleur de la peau. Les «Noirs» peuvent être mauvais ou bons, de la famille ou étrangers, et des personnes avec des couleurs de peau différentes peuvent vivre ensemble dans le même clan et même dans la même famille. Les dieux montrent aux hommes l’exemple: Shiva est bleu foncé et sa femme, Gauri, est blanc doré.

Néanmoins, le monde antique ne peut être qualifié d’égalitaire et de tolérant. L’esclavage a prospéré en Grèce et à Rome, en Inde il y avait un système de castes. Les castes inférieures ne pouvaient pas s’asseoir, manger, boire à côté des plus hautes, même l’ombre de l’intouchable hors caste était considérée comme souillée. Le traité médiéval «Arthashastra» suggère que les représentants des différentes castes devaient porter des vêtements d’une certaine couleur, et une punition sévère était prévue pour le «cosplay», le fait de se déguiser comme un représentant de la caste supérieure. Ces normes auraient été complètement redondantes si l’appartenance à une caste pouvait être déterminée par les yeux, la couleur de la peau ou des caractéristiques ethniques évidentes.

Les Noirs d’Afrique et d’Asie du Sud sont connus de l’Europe depuis longtemps. L’existence de la race noire n’était pas un secret, et les noirs dans de nombreux pays n’étaient pas une telle curiosité. Dans les textes des auteurs anciens, la couleur de peau du héros n’est pas toujours évidente. Hannibal de Carthage était-il un noir? Il semble au contraire que non, bien que la chaîne de télévision History le présente comme tel. Y avait-il des noirs dans son armée? Plus probablement, oui. Et ils ont presque conquis Rome. Nous considérons les Romains eux-mêmes comme «blancs», mais les Romains, face aux Allemands et autres «barbares», décrivaient les habitants du Nord comme à la peau blanche et au poil dégoûtant, semblables aux fantômes des marais, et non pas comme un bel homme normal qui, apparemment, devrait avoir le teint hâlé. Les Africains noirs ne semblaient pas laids aux Romains.

Des Noirs étaient esclaves des Blancs et des Blancs étaient esclaves des Noirs en Afrique du Nord. La peau noire n’était pas associée au statut d’esclave. Il semble que ce soit en Amérique que pour la première fois, le racisme et l’esclavage ont été combinés – et les Noirs ont commencé à être considérés comme des esclaves «naturels». Pendant de nombreuses décennies, si vous voyiez un homme noir en Amérique, on tenait pour acquis qu’il était un esclave, et si un homme noir ne pouvait pas présenter son maître, alors il était un esclave en fuite.

Le racisme est apparu dans le monde occidental relativement récemment, lorsqu’il fallait justifier et légitimer le colonialisme et la conversion des Noirs africains en esclaves. Autrement dit, c’était une idéologie complètement pragmatique qui répondait aux exigences du moment. Non seulement les Noirs, mais aussi les Chinois, les Indiens, tous les Asiatiques, les peuples autochtones du Nord, ainsi que les Slaves, ont été déclarés races inférieures. En général, tous sauf les Anglo-Saxons, qui par pur hasard sont les auteurs des théories raciales.

Dans l’anthropologie moderne, les théories raciales sont passées à l’arrière-plan. Non pas parce qu’elles sont «politiquement incorrectes» (ou du moins pas seulement à cause de cela), mais parce qu’elles donnent une classification très faible et approximative de l’humanité. Nous ne savons même pas combien il existe de ces «races»? Les races sont-elles uniquement blanches et noires? Ou même «jaune»? Ou même des “peaux rouges”? Il existe plusieurs versions de la classification raciale, mais aucune n’est satisfaisante. La couleur de la peau n’est qu’un des traits hérités. C’est un trait frappant, mais pas le plus important et le plus déterminant. Des informations beaucoup plus utiles, même dans un sens purement biologique, sont fournies par la génétique des populations. Les gens ne sont pas divisés en races, mais en populations.

Aux États-Unis, à la suite de l’esclavage combiné au racisme, ainsi qu’aux motifs de ségrégation dans la culture, une sous-culture chimérique spéciale et une intra-population de «Noirs américains» ont vu le jour. Elle se caractérise par une fausse «unité» – en Afrique même, il n’y a rien de tel, il n’y a pas d ‘«Africains», il n’y a rien de commun entre les Bushmen et les Pygmées, des centaines de peuples et de tribus sont confrontés à de graves affrontements, comme les Hutus et les Tutsis. Les populations africaines sont incroyablement diversifiées, même dans le teint. Il est également important de noter que les Noirs américains n’ont pas leur propre langue (et ne l’ont jamais eue, car les langues de leurs ancêtres africains ont été rapidement et complètement oubliés par eux) et utilisent la langue des anciens propriétaires d’esclaves, bien qu’ils la déforment en argot du ghetto.

Comme toute construction idéologique, «l’Amérique noire» repose sur un double mensonge: les Noirs américains seraient tous des descendants d’esclaves aux racines africaines. Aux États-Unis aujourd’hui, il y a des Noirs dont les ancêtres n’ont jamais été esclaves dans les plantations, mais qui ont immigré plus tard (la famille du président noir Barack Obama, par exemple). Et les «racines africaines» des Noirs américains doivent être considérées comme une histoire lointaine et mythifiée. Le ministre ghanéen du Tourisme a récemment déclaré que l’Afrique attend que ses fils noirs rentrent chez eux s’ils sont offensés en Amérique. Pour autant que je sache, il n’y a pas eu de retour massif de Noirs en Afrique, et ce ne sera probablement jamais le cas.

Naissance d’une nation est le terrible film de Griffith ,celui qui effectivement fonde une nation sur le racise anti-noir, en faisant de ceux-ci les violeurs des femmes blanches

La patrie des Noirs américains est l’Amérique.

L’Amérique a été suffisamment africanisée pour devenir la véritable patrie des Noirs. Aux États-Unis, la musique, la culture, l’église – tout est sous l’influence écrasante de la sous-culture noire. Il manque un seul élément pour une intégration complète. Et c’est précisément l’absence de cet élément qui est la vraie raison, les connotations freudiennes de l’émeute noire.

L’Amérique latine est connue pour ses révolutions, l’instabilité des régimes et les catastrophes sociales. Mais les troubles raciaux en Amérique latine ne sont pas caractéristiques. Parce que la base de la population est métisse: les descendants de mariages mixtes entre Espagnols, Portugais, Indiens et Africains. Probablement, la force de l’Église catholique a aidé: les Indiens et les Noirs qui se sont convertis au christianisme du point de vue de la foi étaient des partenaires tout à fait honorables pour un mariage, et les enfants d’un tel mariage étaient des enfants légitimes, et en général, chaque âme est chrétienne.

Aux États-Unis, l’Église catholique n’était pas si influente et les églises protestantes ont préféré ethniciser leurs paroisses, introduire des éléments vaudous dans le culte, chanter des psaumes de style blues, mais ne pas légitimer les mariages interraciaux dans l’esprit du public. Dans l’Amérique moderne, pays de toutes sortes de libertés, la proportion de familles mixtes noires et blanches est assez petite, nettement inférieure à ce qu’elle devrait être statistiquement. Il semble qu’il y ait plus de mariages homosexuels, transgenres et autres mariages similaires que de mariages interraciaux. En Russie, la présence de noirs entraîne très rapidement l’apparition de mulâtres: enfants à la peau foncée de parents noirs et blancs. Les Noirs vivent aux États-Unis depuis trois siècle, mais combien de mulâtres y a-t-il aux États-Unis? Et ce sont, en règle générale, des immigrants d’Amérique latine.

Si l’Amérique s’est déclarée “pays pour tous”, “creuset”, à la sortie duquel des “Américains” auraient dû apparaître, alors pourquoi les Américains ne s’unissent-ils pas librement, mais uniquement sur une base raciale? De plus, il n’y a pas de telles barrières en ce qui concerne les Asiatiques: les mariages entre «blancs» et «asiatiques» ne sont pas rares (même le policier qui a mis son genou sur la gorge de la dernière victime sacrificielle était marié à une Philippine). Il n’y a donc pas d’émeutes asiatiques.

Un noir, à en juger par la photo, est allé manifester avec une affiche en carton: “Le système nous baise plus que nous ne baisons vos filles.” Dans ce cri est concentré tout le sens et tout le sous-texte sexuel et matrimonial de la protestation. Un noir socialement prospère et financièrement riche, même s’il n’est qu’un trafiquant de drogue, n’a probablement aucun problème particulier à trouver des partenaires blancs pour le sexe. Beaucoup de filles blanches sont sûrement prêtes à le faire: c’est comme une protestation contre le racisme, comme le véganisme et la protection de la nature, et ça fait les pieds à ma mère et à mon père, et c’est une affirmation de ma propre liberté “mon corps est à moi”, et c’est juste cool, etc.

En général, il est faux de supposer que les femmes n’assurent la reproduction que des «plus forts», «plus riches», «plus beaux» et ainsi de suite. Parmi les tâches biologiques de l’espèce accomplies par une femme, figure également le maintien de la diversité, de sorte que les femmes assurent la reproduction des espèces «étranges», «inhabituelles», «drôles» et «amusantes». Par conséquent, les femmes soviétiques qui n’étaient pas entravées par des préjugés raciaux, après les Jeux olympiques de Moscou, ont donné naissance à un certain nombre de mulâtres.

Mais aux États-Unis, après qu’une femme blanche a affirmé sa liberté et s’est réalisée en tant que personne autonome et indépendante, y compris par le biais de relations sexuelles et d’amitié avec des noirs, elle se marie … avec un blanc. Et les hommes blancs, ayant prouvé à la société et à eux-mêmes qu’ils ne sont pas du tout racistes, qu’ils pourraient bien rencontrer une petite amie noire, quand viendra le temps de donner une petite bague dans un étui, il la donnera … à une blanche.

Les hommes et les filles noirs protestent contre le fait que la société blanche, bien qu’elle les considère comme tout à fait acceptables et même «cool» en tant que partenaires sexuels, refuse de les considérer comme des partenaires sociaux appropriés, des épouses et des maris, avec lesquels il serait possible d’élever des enfants communs ensemble. De cette ségrégation conjugale, toutes les autres découlent – sociales, économiques et politiques.

Et puisque cette protestation est basée sur l’inconscient, il n’y a aucun moyen de l’apaiser, et l’Amérique n’a aucun moyen de sortir de la situation critique. Il était nécessaire de se marier plus tôt avec d’anciens esclaves et de prendre d’anciens esclaves comme maris. Pour créer un nouvel être humain, la race noire et blanche-rouge-jaune des Américains.

Mais maintenant, c’est trop tard.

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1 Commentaire

  • LEMOINE Michel

    Lire : Florence Gauthier “l’aristocratie de l’épiderme”
    Elle en avait fait une présentation il y a au moins 7 ans au séminaire Marx au 21 ème siècle.

    Répondre

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