Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Soros réécrit l’histoire à l’attention des petits Ukrainiens

Il y a une dimension de la nostalgie de l’Union soviétique qui est à l’oeuvre partout, c’est le regret de la culture, de l’éducation tout à fait remarquable, le sentiment d’être la proie de barbares qui transforment votre histoire jusqu’aux origines pour façonner la mémoire des enfants. Comment Soros, le “philanthrope” bien connu finance-t-il des “écoles” dont le but est d’enseigner aux jeunes ukrainiens la haine de la Russie, voilà l’amère description que fait ici cet article, accumulant les détails hilarant sur les analogies douteuses et sur le niveau réel des “maîtres”. Nous n’échappons pas à l’inculture formatée, avant-hier je regardais sur Arte la série sur les monastères européens et j’ai eu la surprise d’entendre raconter que “le dictateur Staline avait voulu faire raser l’église de Saint Basile le Bienheureux sur la place rouge pour y faire passer ses armées”, quand on connait Staline, sa très grande culture et son culte pour l’histoire, on reste stupéfait devant de telles affirmations jetées comme cela au passage (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop).

Pavel Volkov, publiciste

16 avril 2020

https://vz.ru/opinions/2020/4/16/1034510.html

Personne ne doutait vraiment du marasme dont souffraient les écoles ukrainiennes –un mélange de propagande nationaliste agressive et d’ignorance crasse. Mais grâce au passage à l’enseignement à distance, tout se déroule comme dans la phrase apocryphe mais belle de Pierre le Grand: “J’enjoins les boyards de la Douma à parler sans notes afin que la bêtise de chacun apparaisse au grand jour.”

Depuis le 6 avril, des cours pour les écoliers ukrainiens ont commencé à être dispensés en ligne sur la chaîne Youtube du ministère de l’Éducation avec une diffusion parallèle sur les principales chaînes de télévision. Le projet Ecole ukrainienne Online n’est pas mis en œuvre avec l’argent du gouvernement. Plus précisément, les enseignants reçoivent leurs salaires de l’État, mais les studios de tournage, l’équipement, etc. appartiennent à des organisations publiques appelées «Oswitoria» et EducationalEra, qui reçoivent des subventions devinez de qui. Soros est vraiment un grand-père puissant.

À une leçon de mathématiques de Soros pour le CM2, l’enseignant au tableau noir a soustrait 2,2 de 30,2 et a obtenu 18 au lieu de 28. Les élèves de 1ère ont appris de leur professeur que l’océan Atlantique baigne l’Australie, bien que cet enseignant ait montré l’Océan indien sur la carte, où il était dûment indiqué. Dans la leçon de langue ukrainienne, l’enseignant a décidé de faire preuve de créativité, transmettant aux enfants les salutations de l’ours polaire sur une station antarctique. On imagine immédiatement Umka [Умка] qui, à la manière de Fedor Konioukhov [Федор Конюхов], mais sur un morceau de banquise, a fait le tour du globe pour se rendre de l’Arctique à l’Antarctique. Cependant, le meilleur, comme d’habitude, se trouve dans les leçons de l’histoire. Le président américain Harry “Turman” – ce n’est encore rien. Pire, lors d’une leçon d’histoire, le fondateur de l’Université Taras Chevtchenko de Kiev devient subitement Nicolas II au lieu de Nicolas I, bien que la diapositive ait été rédigée correctement.

On veut bien que les 18 Louis français puissent être confondus, encore qu’un professeur d’histoire ne le ferait pas en principe, mais des Nicolas il n’y en a eu que deux, l’un était moustachu, l’autre barbu, l’un a tué Pouchkine et l’autre a été tué. Même à un niveau aussi basique, il est facile de s’en souvenir. Mais l’essentiel, bien sûr, n’est pas le numéro (au final, pour un bon petit nationaliste ukrainien, son ennemi peut être indifféremment Boris Godounov, Nicolas I, ou Joseph Staline), mais la morale.

“L’Université de Kiev”, a déclaré Nicolas II, empereur de l’Empire russe, “est mon œuvre, mais je serai le premier à l’étouffer s’il s’avère qu’elle ne répond pas à sa vocation. Et sa vocation est de diffuser la culture russe. Mais que fait-il des Ukrainiens? ” – demande indignée l’enseignante à l’enfant assis devant son écran d’ordinateur.

Фото: Александр Максименко/РИА Новости

Elle s’indigne qu’en 1833 le roi d’un État féodal, dans lequel la population de ces territoires s’appelait les petits-russiens, ne se soit pas soucié du sort de certains citoyens ukrainiens des XX – XXI siècles. Il ne prévoyait pas, voyez-vous, ce tsar, à quoi aboutirait son «oubli» d’une nation qui, comme toutes les autres nations sur le territoire de l’Empire russe, ne commencerait à prendre forme qu’avec le développement du capitalisme dans le pays, c’est-à-dire après l’abolition du servage.

C’est comme cela que l’on suggère aux enfants – oui, regardez, les maudits Moscovites du 19ème siècle ont implanté chez nous une culture étrangère hostile. Cette vision totalement non scientifique de la question nationale avec une tentative absurde de juger les processus socio-économiques d’il y a 200 ans par les normes du droit moderne crée des mythes dans la tête des enfants qui les conduisent ensuite à des groupes d’extrême-droite comme Azov ou S-14 (organisations interdites en Russie).

A des commandos de choc en chemise noire, pour qui il importe autant que Bebel soit d’accord avec Hegel que le fait vous soyez vivant ou mort. Si le professeur ukrainien d’aujourd’hui s’imagine ainsi le 19e siècle, sa connaissance du 16e siècle est égale à zéro.

«Pendant cette période, en 58, le tsar Ivan le Terrible commence la fameuse guerre du Liban [sic… en fait de Livonie, NdT]. C’était une guerre contre l’Ordre Libanais. Et son objectif principal était que la Russie ait accès à la mer Baltique », explique l’enseignante très sûre d’elle devant la caméra de Soros.

Une image se dresse devant nous : en l’année 58de notre ère, l’Empire romain gémit sous l’oppression tyrannique de Néron (dans le rôle de Néron, Ivan Vasilyevich Bunsha, alias le Tsar [référence à un célèbre film soviétique Ivan Vasilyevich change de profession, NdT]), les provinces se rebellent. Ivan le Terrible Ahenobarbus envoie Maliouta Scuratus [Maliouta Skouratov] avec une légion de gardes prétoriens pour voler aux combattants du Hezbollah dirigés par l’Imam-Landmeister Gotthard Akhmedovich Kettler le précieux cèdre du Liban afin de construire une flotte de dromons, menacer les Suédois avec le feu grégeois et obtenir un accès à la mer baltique.

Plutôt effrayant que drôle. En effet, c’est exactement comme ça, sans aucune exagération, que l’on nous apprend l’histoire de l’Ukraine: au commencement il y avait un État ukrainien avec sa capitale à Kiev, puis les Finno-ougriens ont fondé Moscou et ont commencé à attaquer Kiev, puis les Mongols sont arrivés, ont envahi les Moscovites et ont attaqué l’Ukraine avec eux, puis Daniil Galitsky s’est intégré à l’Europe pour combattre les hordes mongolo-moscovites, ensuite les Ukrainiens ont vécu heureux en Lituanie, puis moyennement bien, mais c’était supportable – dans la République polono-lituanienne, puis Bogdan par inadvertance s’est allié à Moscou et près de 300 ans d’enfer ont commencé, puis la «révolution ukrainienne» » et l’UNR [République populaire ukrainienne], les envahisseurs bolcheviks débarqués de la planète Mars, l’Holodomor, Bandera, la « Renaissance exécutée», l’indépendance en 1991, et la Russie qui a de nouveau attaqué.

On comprend d’où viennent la haine et l’intransigeance? Et que feriez-vous si, à un âge très tendre, encore enfant vous découvriez que la Russie est votre ennemi, puis que cette «connaissance» soit renforcée toute votre vie à la lecture des informations et en regardant des émissions de télévision? «Nous n’avons pas de rédacteurs. Nous avons découvert les plans des leçons en même temps que les téléspectateurs », se sont tout de suite justifiés les enseignants du projet Ecole ukrainienne Online.

Lorsque les activités ouvertement subversives des fonds étrangers se combinent avec l’incompétence des enseignants (en particulier dans les sciences humaines), il arrive que les bons enfants (tous les enfants sont bons) deviennent les soldats de plomb de l’oligarque collectif Urfin Jus [encore un personnage de dessins animés, NdT], qu’il envoie sans hésiter au massacre en écoutant la douce musique des pièces de monnaie dans sa poche.

En tant qu’enfant ukrainien, moi aussi, je frémirais de colère si un enseignant respecté me disait que l’empereur russe dans une ville ukrainienne a construit une université pour inculquer la culture russe au lieu de la nôtre, l’ukrainienne. Seulement c’est le fruit de la conscience unidimensionnelle d’une personne unidimensionnelle, un peu comme l’idée que comme Auschwitz a été libérée par le 1er front ukrainien, cela signifie que les Ukrainiens l’ont libéré. Il y avait des Ukrainiens aussi. Et précisément, ce «aussi» est le pire mot pour la propagande scolaire avec l’argent de Soros. Il ne devrait pas y avoir de «aussi» dans l’esprit du futur nationaliste, seulement nous.

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1 Commentaire

  • Jean-Pierre
    Jean-Pierre

    Merci ! mais quelle honte que cet asservissement accepté par des enseignants – ignares, forcément – qui osent abrutir les enfants par la haine et le mensonge.
    Mais nous ne sommes pas si loin de cette crétinerie ici…

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