Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Ziouganov : Lénine est enterré conformément à toutes les lois, y compris orthodoxes

A partir du refus de voir remis en question le mausolée de Lénine, Ziouganov nous offre une grande médiation sur ce qui fait que la mort ne peut pas atteindre de grands penseurs de ce type (on pense autant à Mao, à Fidel) tant qu’il existe des peuples à la recherche d’une issue révolutionnaire et des individus capables de lire à partir de leurs propres problèmes, en précisant les dits problèmes, en leur donnant une formulation toujours plus politique, l’analyse des contradictions de la réalité, le lieu sur lequel il faut faire porter l’effort parce qu’il est la clé d’une intervention collective réussie… On rêve d’un parti qui aurait recouvré cette capacité de lecture, de réflexion et d’action, celle qui à la fois pratique le doute à la recherche de tous les aspects, toutes les contradictions de la situation un réel inépuisable, dépasser le doute parce qu’on ne se bat pas bardé d’incertitudes mais avec la conscience de l’essentiel, ce qui va entraîner la mise en mouvement des masses. Et tout va être ramené vers ce point pour aboutir à une dialectique totale : un combat pour une civilisation à partir du prix du pain, du refus de la guerre jusqu’aux étoiles et Gagarine. Au titre d’une expérience française, je voudrais rappeler celle des camarades de Vénissieux, cette dernière municipalité communiste dans une grande zone industrielle et d’habitat populaire menacée de gentrification, ces camarades se sont lancés dans une lecture collective de Lénine à la chute de l’URSS. On ne comprend pas ce qui se passe à Vénissieux, ce choix d’une lutte au quotidien et dans le même temps le souci de la mémoire communiste et la compréhension géopolitique si l’on ne voit pas le rôle de cette lecture collective. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)

https://kprf.ru/party-live/cknews/223668.html

Entretien avec l’observateur politique de KP.RU Alexandre Gamov

… – Guennady Andreevitch, Dimanche 21 janvier est le 100ème anniversaire de la mort de Vladimir Lénine. Aujourd’hui, de nombreux historiens tentent de comprendre ce qui serait arrivé à la jeune république soviétique, à l’Union soviétique, si Lénine avait vécu plus longtemps, peut-être 20 à 30 ans de plus ? Et notre pays aurait-il été prêt à la guerre contre Hitler et ses hordes à ce moment-là – dans une plus large mesure que sans Lénine – sous Staline ?

– Inclinons-nous avant tout devant la mémoire lumineuse de Vladimir Ilitch….

Lénine n’a pas disparu. Seul son cœur s’est arrêté il y a exactement 100 ans.

Mais ses idées, sa politique créative, ses tactiques, sa clairvoyance se sont concrétisées dans notre pays.

Lénine a montré que l’on pouvait changer de politique quatre fois en cinq ans.

Il a tout fait pour qu’un pays qui avait été massacré et déchiqueté pendant la Première Guerre mondiale renaisse sous la forme d’une république soviétique.

Et il a mené ces politiques, selon les normes historiques, rapidement – du communisme de guerre, de la prodrazverstka, du prodnalog, à la NEP et au plan GOELRO qui a illuminé le pays tout entier et l’a fait renaître de ses ruines et de ses cendres.

Staline a poursuivi dans cette voie avec l’industrialisation, la collectivisation et la révolution culturelle. Avant la guerre, 9 000 des meilleures usines de l’époque ont été construites en 10 ans. C’est le principal monument de la voie tracée par Lénine et prédéterminée pour l’avenir.

Ce n’est pas un hasard si toute l’Europe est tombée sous le joug des fascistes et si nous avons brisé cette terrible armée qui s’était donné pour mission de détruire notre pays.

Et aujourd’hui, les plus talentueux et les plus compétents, à l’exception de ceux qui ont trahi notre victoire, qui nous ont tous trahis, qui ont placé le pays dans les années 90 sous la coupe du capital américain, qui ont pillé, détourné, détruit des industries entières… À l’exception de tous ceux-là, tous les autres, dans leur majorité, respectent nos figures marquantes et notre histoire. Et seuls les traîtres, les ivrognes et les véritables crapules crachent dessus.

Tsiolkovski, qui a ouvert l’ère spatiale, a dit : parmi les grands, Lénine est le plus brillant.

Einstein a écrit : des hommes comme Lénine sauvent et renforcent la conscience de l’humanité.

Bernard Shaw : si le monde suit Lénine, alors j’irai tranquillement dans l’autre monde, sinon de grands bouleversements et des malheurs nous attendent tous.

Une dernière chose… Lénine reste l’homme politique le plus lu au monde. Il n’y a pas une seule bibliothèque digne de ce nom qui ne possède pas ses œuvres complètes.

Cela fait longtemps que je me demande pourquoi les gens ont traité Lénine de la sorte. Lorsqu’il est mort, ils ont porté son cercueil sur leurs bras jusqu’à la gare depuis Gorki [dans les environs de Moscou, NdT]. Et ensuite – de la gare de Paveletski, également sur leurs bras, dans un froid terrible, jusqu’à la salle des colonnes. Quelle est la raison de cet amour ? Elle me semble évidente.

Parce que les gens qui avaient été entraînés dans cette boucherie impérialiste pour l’argent de la bourgeoisie d’Angleterre, de France et d’Amérique, ont compris que Lénine leur avait apporté la paix.

Les gens ont compris qu’il faisait revivre l’industrie, l’agriculture.

Le peuple s’est rendu compte qu’il l’instruisait, qu’il s’investissait corps et âme.

… Le leader est mort, il ne reste plus que son manteau portant des traces de balles [suite à un attentat subi par Lénine, NdT], un costume trois pièces et deux trois bricoles. Et le grand pays qu’il a sauvé.

– Et pourtant… Si Lénine n’était pas mort le 21 janvier 1924, et s’il avait encore vécu ….

– Il ne peut pas mourir. Dans le sens habituel que nous donnons à cet anniversaire.

Je viens de consulter mes notes – voici les déclarations d’Immanuel Wallerstein (sociologue, politologue et philosophe américain, l’un des fondateurs de la théorie du système mondial. – A.G.)

Lorsque j’ai écrit le livre “La Globalisation et le sort de l’humanité”, j’ai étudié ses oeuvres. Wallerstein, en partant dans l’autre monde, a dit : “Dans les 30 prochaines années, Lénine sera le plus grand et le plus demandé des hommes politiques”.

– Mais répondez à ma question, si le chef du prolétariat mondial n’était pas mort si tôt…..

– Avec des “si” on peut dire beaucoup de choses. Cela n’arrive pas dans l’histoire – des “si”.

Si Staline n’avait pas poursuivi l’œuvre de Lénine, nous n’existerions pas, nous n’aurions pas résisté à l’Allemagne nazie.

Si nous n’avions pas établi la parité des missiles nucléaires, nous aurions été anéantis par les Américains avec une bombe nucléaire depuis longtemps. Il n’y a donc pas de si.

– Autre chose. Il y a encore des arguments et des discussions sur le fait que Lénine devrait être enterré à nouveau.

– Sacha, tu n’as pas honte de poser cette question ?

– Non, écoutez ça…

– Tu n’as pas honte ? Tu es quelqu’un de cultivé. Il existe une législation russe sur l’enterrement (dans une tombe ou dans une crypte) – toute la procédure y est décrite.

Lénine a été enterré dans une crypte, à au moins 3 mètres de profondeur, dans le strict respect de toutes les lois, y compris orthodoxes.

– Non, vous ne m’avez pas laissé terminer mon propos. Je suis d’accord avec vous. J’ai été une fois au Mausolée avec Olga Dmitrievna Ulyanova. Elle m’a raconté la même chose.

– Mais là n’est pas la question. Tu comprends, il y a une substitution de notions. Lénine a été enterré conformément à la décision du deuxième congrès des soviets, toutes les régions ont pleinement confirmé cette décision, c’est la volonté du peuple. Tous les charlatans et les hooligans qui font des histoires autour de cela ne sont que des provocateurs.

Et dans les conditions de la guerre que les Anglo-Saxons ont déclarée au monde russe, c’est un véritable crime.

J’ai un jour rassemblé tous les parents, les proches – de ceux qui sont enterrés sur la Place Rouge – et ils ont signé une pétition indiquant que nous nous y opposions catégoriquement. Ils proposaient de bouleverser toute la nécropole soviétique, ces gens fous et sans talent. J’ai lancé cet appel à Vladimir Poutine. Il m’a dit : tant que je serai ici, cette barbarie ne se produira pas.

– Je suis d’accord. Comment allez-vous passer la journée, camarade secrétaire général ?

– À 12 heures, il y aura un grand cortège à la mémoire de Vladimir Ilitch.

– Et le 27, il y aura une soirée commémorative dans la salle des colonnes. Je vous invite à y assister. Ce sera très intéressant.

– Je vous remercie infiniment.

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