Le pétrole russe, les élections américaines et les vannes financières ouvertes pour l’Ukraine

3 MAI 2024

Tout à fait d’accord avec Eve Ottenberg : le seul espoir pour l’homo sapiens est que la Russie gagne la guerre en Ukraine avant les élections. C’est aussi le seul espoir pour la population ukrainienne masculine et pressée. Une victoire rapide de la Russie est-elle exagérée ? Peut-être pas. Et bien qu’il soit probablement sage de ne pas se retourner contre la fin des temps nucléaires, l’orgueil occidental tout au long de ce conflit a révélé un état d’esprit si déconnecté de la réalité qu’en effet, l’inconcevable, une apocalypse atomique, ne peut être écartée. Ceux qui ne voient dans l’escalade actuelle que l’exercice imbécile de défis impuissants à la Macron et à son fan club politicomédiatique ne mesurent pas à quel point à l’instar de Biden et les autres, ils sont au-delà de ce qui peut être considéré comme rationnel… On peut toujours se dire que dans les élections les enjeux internationaux n’ont pas grande importance, il arrive un moment où l’inquiétante absurdité de déclarations et d’actions crée un gouffre entre les discours et cette sensation d’irréalité apocalyptique… (note et traduction de Danielle Bleitrach histoireetsociete)

PAR EVE OTTENBERGFacebook (en anglais seulementGazouillerSur RedditMessagerie électronique

Photo de Maksym Kaharlytskyi

Le pétrole russe, les élections américaines et l’ouverture du robinet de l’argent pour l’Ukraine

Vous savez que la Maison-Blanche a une logique de bretzel, lorsqu’elle supplie son chien d’attaque ukrainien d’arrêter de s’en prendre aux raffineries de pétrole russes, tout en se jetant en pleine folie sur le besoin de plus d’armes pour Kiev. La destruction des raffineries russes fait grimper le prix du pétrole en cette année électorale – ce qui provoque un grand non! non! pour la bande à Biden. La riposte logique serait la suivante : Reculez sur la guerre stupide ; Kiev est en train de perdre, l’OTAN est en difficulté, des centaines de milliers d’hommes ukrainiens ont été massacrés pour rien et cela coûte une fortune pour rien. Mais non. La Maison-Blanche adore sa guerre par procuration. Il en va de même pour le Congrès, qui a récemment réhypothéqué notre avenir pour envoyer plus d’aide à l’Ukraine. Et des monstres comme le sénateur Lindsay Graham considèrent la boucherie comme un bon investissement – le sang ukrainien et russe coule sans danger pour les soldats américains. Donc 61 milliards de dollars pour Kiev, tandis que Kamala Harris murmure à l’oreille de Volodymyr Zelensky d’arrêter de bombarder ces raffineries de pétrole russes. Surprise! Il a refusé.

Vous pouvez parier que lorsque Kiev obtiendra plus d’armes, il fera exploser plus de raffineries, ce qui pourrait faire échouer la candidature de son bienfaiteur à la réélection. (Il n’a peut-être pas utilisé l’ATACMS à longue portée récemment fourni secrètement pour cela, mais les Ukrainiens n’en sont qu’à leurs débuts et avaient d’ailleurs d’autres chats à frire, en Crimée, où l’Ukraine a certainement utilisé l’ATACMS dans la nuit du 27 avril au cap Tarkhankut, comme l’a rapporté Rybar Force le lendemain.) Mais Biden n’est pas le seul bienfaiteur de l’Ukraine. Trump l’est aussi. Le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, s’est rendu à Mar-a-Lago pour obtenir la bénédiction de Trump afin d’approuver le projet de loi sur les dépenses en Ukraine. En effet, Johnson était dans une situation délicate jusqu’à ce que Trump lui donne un coup de main, et la droite du GOP pourrait encore l’expulser de la présidence de la Chambre pour cette trahison de l’Ukraine (bien que cela semble moins probable chaque jour qui passe, puisque les démocrates se dépêchent de le sauver).

Mais il est important de ne jamais perdre de vue qui a orchestré ce fiasco : un total cumulé de centaines de milliards de dollars pour l’Ukraine depuis le début de la guerre, une rivière de sang ukrainien, versée pour sauver la face de l’Occident, et la législation d’avril donnant le feu vert à l’espionnage sans mandat des Américains, à la suppression du premier amendement avec l’interdiction de TikTok, le vol pur et simple des actifs russes, ce qui met en péril le dollar en tant que monnaie de réserve mondiale et ainsi de suite. Qui est le génie derrière tout cela ? Biden, bien sûr. Il a indirectement fait pression sur Johnson, ce qui l’a poussé à courir vers Trump, et Trump a capitulé. Beaucoup d’Américains, plus que ces politiciens ne veulent bien l’admettre, réagissent en pensant : qu’une vérole les emporte tous. Mais ils ne sont pas tous également à blâmer.

Que pensez-vous qu’il se passera lorsque Kiev brûlera ces 61 milliards de dollars ? Des centaines de milliers d’hommes ukrainiens supplémentaires seront morts, la Russie aura détruit des millions de dollars d’équipements américains, Kiev perdra encore et ses dirigeants retourneront à Washington en exigeant plus d’argent – dont l’approvisionnement sans fin leur a sans doute été promis en échange de l’abandon d’un accord de paix avec Moscou en avril 2022. C’est l’une des pires et des plus imbéciles décisions de la part d’un gouvernement de ce siècle.

En fait, dernièrement, des rumeurs circulent sur X selon lesquelles Kiev et Washington pourraient négocier un accord de sécurité de plusieurs milliards de dollars sur 10 ans qui lierait les mains des deux prochains présidents, l’obligeant à débourser de l’argent pour l’Ukraine. L’héritage épouvantable de Biden signifie que peu importe qui est à la Maison Blanche – l’Ukraine obtiendra son prix de plusieurs milliards de dollars, contribuant ainsi à appauvrir des millions d’Américains ordinaires et, en fait, l’ensemble de la superstructure financière et gouvernementale des États-Unis, le même édifice renfloué par la Chine en 2008 à hauteur de 1 000 milliards de dollars de papier américain inutile. Alerte spoiler : Pékin ne viendra pas à notre secours une deuxième fois.

Les multiples pèlerinages de la secrétaire au Trésor Janet Yellen en Chine n’ont pas encore persuadé les dirigeants de ce pays de faire des folies sur les bons du Trésor américain. Pékin n’est pas intéressé, pas après les tas d’insultes, de menaces et d’abus qu’il a subis de la part de Trump, Biden et du Congrès. Il est donc temps de lancer un avertissement de stupidité dangereuse, qui, espérons-le, n’était qu’une blague lorsqu’il est apparu le 23 avril sur X : le dernier prétendu plan désespéré des États-Unis pour se délester des bons du Trésor américain implique des achats obligatoires de bons du Trésor par les 401k américains, à 10 % de la valeur du 401k ; pas d’achat d’UST, pas de retraits autorisés. Encore une fois, espérons que cette tyrannie économique suggérée était une blague. Mais le fait que ce soit si difficile à dire signifie que c’est douloureusement proche de la vérité, à savoir que les étrangers n’achèteront pas de bons du Trésor, de sorte que Washington est en grande difficulté. Pendant ce temps, la valeur de notre argent diminue rapidement.

Revenons au pétrole russe. Les attaques de Kiev contre les raffineries de Moscou ne nuisent pas à la Russie, bien au contraire. Ils font grimper les prix du pétrole. Et l’Ukraine ne va pas s’arrêter – le despotisme de Zelensky considère sa « série de frappes de drones sur les installations énergétiques russes comme un rare point lumineux dans une guerre acharnée avec un ennemi plus grand et mieux équipé », nous a informé le Washington Post le 15 avril. Ce n’est pas seulement la vice-présidente Harris qui a dit au potentat ukrainien de mettre fin à ces assauts ; c’est ce qu’a fait Jake Sullivan en mars, « et d’autres hauts responsables de la défense et du renseignement américains. Cependant, au lieu d’acquiescer aux demandes des États-Unis, l’Ukraine a redoublé d’efforts dans ce domaine. Ce n’est qu’une des nombreuses façons – y compris un contretemps nucléaire entre Moscou et Washington – que cette horrible politique américaine vis-à-vis de la Russie et de l’Ukraine peut déraper.

Alors que l’horrible vérité que l’Ukraine est en train de perdre la guerre a pénétré les cerveaux étriqués des dirigeants occidentaux à la fin de 2023, il semblait que Washington avait abandonné le plan B – qu’il avait adopté dans les premiers jours grisants et euphoriques de la guerre, lorsque l’OTAN a succombé à l’hallucination extatique qu’elle pouvait réellement battre la Russie – pour revenir au plan A initial, à savoir, utiliser l’Ukraine comme rampe de lancement de la CIA pour des opérations terroristes contre la Russie. Mais aujourd’hui, les espoirs occidentaux se sont à nouveau envolés – l’Ukraine a reçu son argent du Congrès, alors peut-être qu’elle peut faire de réels dégâts. De tels vœux pieux (le talon d’Achille de l’Occident, puisque les vœux pieux remplacent toute stratégie militaro-politique cohérente), combinés à la terreur de Biden face à la hausse des prix de l’essence, pourraient freiner le plan A. Biden peut-il contrôler Zelensky ? Peut-il même contrôler la CIA ? Nous verrons.

L’ennemi slave de Washington, à l’autre bout de la planète, continue de tenir son rang d’ennemi perçu du moment. Mais comme le montre le projet de loi sur le financement de la guerre qui vient d’être adopté, l’Empire a des problèmes au Moyen-Orient et des maux de tête en Asie de l’Est. Ce que ces trois points chauds partagent, c’est la possibilité lugubre que les maladresses américaines les poussent à se doter de l’arme nucléaire, une possibilité renforcée par la Russie, la Chine et l’Iran qui se sont occupés d’exercices de défense navale conjoints au cours de l’année écoulée, parce qu’ils ont maintenant évidemment un pacte de défense, si ce n’est un pacte réellement signé, scellé et livré sur papier, ce qui est tout à fait probable. puis, d’une manière importante, de facto.

Les planificateurs du Pentagone et de la politique étrangère, qui succombent à l’idée illusoire que ces trois-là ne s’entraideront pas ou que Washington peut d’une manière ou d’une autre émietter le mortier cimentant ce trio, sont tout simplement délirants. La politique étrangère américaine idiote a créé un colosse dressé contre les chances d’une agression de Washington. Parce que derrière la Russie/Chine/Iran se profile le plus grand mastodonte économico-politique de la planète, à savoir les BRICS. En bref, les experts en politique étrangère de Washington, qui ne peuvent clairement pas trouver leur chemin hors d’un sac en papier, ont réussi, depuis que Biden a pris la barre, à créer un problème contre lequel des générations d’hommes d’État américains ont littéralement mis en garde et ont fait tout leur possible pour l’éviter.

Le danger a commencé il y a longtemps, avec la réaffectation de l’OTAN après la guerre froide. À l’heure actuelle, c’est un lieu commun parmi ceux qui n’ont pas la cervelle grillée par la propagande médiatique de la CIA, que si cette alliance ne s’était pas étendue aux portes de la Russie, la guerre en Ukraine n’aurait pas eu lieu et Washington ne se serait pas aliéné une si grande partie du globe. Mais les têtes brûlées de Clinton, suivies par les crétins des administrations suivantes, ont succombé au vœu pieux selon lequel Moscou ne serait pas gêné d’être entouré de nations hostiles de l’OTAN hérissées d’armes américaines, y compris d’armes nucléaires. Tout comme ces mêmes cerveaux d’oiseau dans la maison blanche actuelle semblent penser qu’ils peuvent insulter, menacer et encercler la Chine, mais cela nous sauvera quand même financièrement et que, d’une manière ou d’une autre, une attaque militaire ne provoquera pas d’Armageddon nucléaire, anéantissant ainsi la majeure partie de l’humanité.

Pendant ce temps, pour ceux qui sont en mode panique totale – et je ne dis pas qu’ils ont tort de l’être – d’autres événements susceptibles de mettre fin à l’espèce humaine se profilent à l’horizon. Selon Stephen Bryen dans Asia Times du 26 avril, l’OTAN a des troupes en Ukraine. S’il est réélu, Biden y enverra des soldats américains et déclenchera ainsi la Troisième Guerre mondiale. Ainsi, suivant la logique glaçante mais irréfutable de Bryen, le seul espoir pour l’homo sapiens est que la Russie gagne la guerre en Ukraine avant les élections. C’est aussi le seul espoir pour la population ukrainienne masculine et pressée. Une victoire rapide de la Russie est-elle exagérée ? Peut-être pas. Et bien qu’il soit probablement sage de ne pas se retourner contre la fin des temps nucléaires, l’orgueil occidental tout au long de ce conflit a révélé un état d’esprit si déconnecté de la réalité qu’en effet, l’inconcevable, une apocalypse atomique, ne peut être écarté.

Alors non, dans l’ensemble, les choses ne semblent pas roses pour les forces de la raison, le bon sens et ceux qui ont le souhait, que les sachems du gouvernement américain trouvent apparemment bizarre, de ne pas être incinérés. Il s’avère que les donateurs qui ont acheté et mis fin à notre démocratie ont la vision stratégique du monde des crétins. Espérons qu’ils limiteront leurs idioties à nous tourmenter économiquement, nous les Américains, et qu’ils parviendront d’une manière ou d’une autre à ne pas nous tuer purement et simplement.

Eve Ottenberg est romancière et journaliste. Son dernier livre s’intitule Lizard People. On peut la joindre sur son site web.