Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La réponse de la Chine aux sanctions – un exemple pour la Russie, par Tatiana Kulikova

Les Russes qui dans leur immense majorité ont le sentiment – qui correspond à une réalité indéniable – de s’être fait avoir sur tous les plans, ceux des avantages sociaux, ceux de la sécurité et à qui on nie jusqu’à leur victoire chèrement payée sur le nazisme en appuyant l’OTAN et sa marionnette défilant sous les symboles de la division das Reich, et qui ont des doutes sur les oligarques au pouvoir, ceux qui ont déjà accepté la domination US pour s’enrichir, contemplent la Chine avec des sentiments mêlés. Des restes de l’injustice subie ou ce qu’ils vivent comme telle, mais ce qui domine est l’idée “Si nous n’avions pas été aussi cons derrière les Khrouchtchev et Gorbatchev, et si nous avions agi comme et avec les Chinois, on n’en serait pas là!” Sentiment qu’un communiste français peut parfaitement comprendre et qui nous livre cette magistrale analyse de la stratégie chinoise. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)

https://svpressa.ru/politic/article/378984/

Ce n’est pas seulement la Russie qui est sanctionnée par les États-Unis, la Chine aussi est frappée par l’hégémon vieillissant. Afin d’entraver le développement technologique de l’Empire céleste et en particulier les développements en matière d’intelligence artificielle (IA), l’administration Biden a imposé de sévères restrictions sur les exportations de technologies modernes à destination de la Chine.

Elle exige d’ailleurs la même chose de ses alliés européens, qui sont contraints de l’écouter et de s’y plier. En effet, il y a quelques semaines, l’UE a adopté une nouvelle stratégie de sécurité économique axée sur les exportations de technologies européennes importantes et autorisant des restrictions sur les investissements extérieurs susceptibles de menacer la sécurité nationale.

Et cette stratégie commence déjà à produire ses effets. Par exemple, les Pays-Bas ont annoncé le 30 juin qu’ils imposaient des restrictions sur les exportations vers la Chine d’équipements de fabrication de puces. Ainsi, la société néerlandaise ASML – fabricant des équipements de lithographie les plus avancés au monde – ne vendra à la Chine que des versions peu performantes des appareils destinés à la fabrication des puces les plus avancées.

Et ce n’est pas tout : le Wall Street Journal a rapporté l’autre jour que le gouvernement américain préparait probablement des restrictions sur l’utilisation par les entreprises chinoises des services de cloud américains, car leur utilisation permet aux entreprises chinoises spécialisées dans l’intelligence artificielle de fonctionner sur des processeurs à grande vitesse sans disposer de leurs propres puces.

La réponse de Pékin a suivi instantanément, et elle a été plutôt sévère. Les autorités chinoises ont annoncé des restrictions sur les exportations de germanium et de gallium, deux métaux utilisés dans les semi-conducteurs, les équipements de télécommunications, les voitures électriques et même les armes de pointe, à compter du 1er août.

La dépendance des pays occidentaux à l’égard des approvisionnements chinois en germanium et en gallium est critique. Selon le magazine britannique The Economist, la part de la Chine sur le marché mondial du gallium et du germanium est d’environ 80 % et, selon le Critical Minerals Intelligence Centre, la Chine représente 94 % de la production mondiale de gallium. En outre, à l’avenir, l’importance du gallium pourrait encore s’accroître : des technologies sont en cours de développement pour remplacer le silicium par du nitrure de gallium dans la production de puces, ce qui améliorerait probablement de manière significative certaines de leurs caractéristiques techniques.

Les marchés mondiaux ont réagi violemment à l’annonce des restrictions à l’exportation imposées par la Chine : les négociants n’ont aucun doute sur le sérieux des intentions de l’Empire céleste. Le gallium d’une pureté de 99,99 % a augmenté de près de 6 % à la Bourse des métaux de Shanghai, selon Reuters, tandis que le germanium a gagné 3,2 %. Et maintenant, le marché parie qu’une nouvelle hausse des cotations de ces métaux sera très, très importante. Les producteurs chinois de germanium et de gallium devraient être en mesure d’augmenter leurs revenus même s’ils ont fortement réduit leurs approvisionnements sur le marché mondial.

Cette histoire est une bonne leçon et un modèle pour notre pays. Après tout, la réponse des autorités russes à l’imposition de sanctions et de plafonds de prix a été beaucoup plus molle. Il est de notoriété publique que lorsque les pays occidentaux ont imposé un plafond de prix au pétrole russe, nos producteurs de pétrole ont commencé à vendre du pétrole à un prix encore plus bas – simplement pour le vendre d’une manière ou d’une autre. Nous en avons parlé dans l’article “Les prix après le “plafond” : les producteurs de pétrole gagnent, le budget s’appauvrit”. Sans parler du fait que la Russie a l’occasion de porter un coup dur aux économies occidentales en réduisant ses exportations de nickel, de palladium et d’autres métaux pour lesquels elle détient une part importante sur les marchés mondiaux.

Il est fort probable que si la Russie imposait des restrictions sur les exportations de ces métaux en réponse aux sanctions occidentales, l’Occident réfléchirait à dix fois à la nécessité d’une telle confrontation économique. Surtout dans le contexte d’une inflation toujours élevée, que même une politique monétaire extrêmement stricte n’a pas réussi à juguler jusqu’à présent. Ils annuleraient donc peut-être leurs “prix plafonds” et n’oseraient pas se lancer dans une nouvelle escalade des sanctions.

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5 Commentaires

  • Philippe
    Philippe

    La Chine communiste est l’avenir du monde. Vive le communisme. A bas l’Otan.

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    • CROCE
      CROCE

      Hors de la Chine et de la Russie quels-sont les pays qui pourraient fournir du gallium, du germanium, ou du palladium, à la ” communauté internationale , c’est-à-dire aux fabricants de smartphones de la Silicon Valley ?
      Réponse : personne ( à des prix abordables échappant aux fluctuations des marchés boursiers ).

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      • Daniel Arias
        Daniel Arias

        Il n’y a pas de fabrication significative de smartphones en Californie, ni aux USA.

        Les plus grands vendeurs sont Chinois en RPC et Coréens.

        Le iPhone est assemblé en Chine, Inde, Vietnam et Brésil.

        En lien ci dessous comment la mondialisation est expliquée à nos enfants par un enseignant “d’histoire géo”.

        La conception en Californie ne mentionne pas que nombre des ingénieurs sont pillés en Europe, Russie comprise, Inde, Chine et un peu partout dans le monde.

        Son succès est décrit par les capacités visionnaires des Biznessman sans mentionner comment ils obtiennent les énormes capitaux nécessaires à une telle entreprise, ni le rôle de l’impérialisme des USA qui ont conquit presque en même temps le Nord du Mexique dont la Californie grâce au Commander Perry qui soumettra juste après le Japon des Shoguns isolationniste pour ouvrir le marché japonais à l’aide des complices de l’ère Meiji et de la France qui en formera les officiers.

        Pas plus ne sont mentionnées les motivations de l’ouverture de la Chine énoncées par Deng Zioping, ni la colonisation de la péninsule Coréenne et du Japon par l’armée de la “Liberté”.
        Pas non plus de guerre de l’Opium par les Britanniques qui ont réduit la plus grande puissance économique mondiale au sous développement le plus absolu. Et surtout aucune notion de la construction de ces territoires mondialisés par le Plan Marshall et sa suite l’UE et la soumission du Tiers Monde par le feu, les coups d’États la corruption et la contrôle total sur marché mondial du crédit et de la monnaie internationale.

        Nos enfants apprennent que des pays ont une main d’œuvre flexible, pas chère prête à ce vendre sans rien expliquer des mécanismes du marché du travail dans les pays colonisés et chez les colonisateurs.

        Pourquoi les ouvriers des USA ne produisent pas les iPhone ? Ceci restera un mystère pour les élèves la question ne sera pas posée autrement que par la comparaison des coûts de production, un peu court non ? Où est passé la lutte des classes des ouvriers aux USA contre la réaction de leur bourgeoisie ?

        Cet enseignant d’Histoire l’oublie aussi tôt qu’il commence à parler de géographie comme si l’on pouvait séparer ces deux disciplines.

        Dans sa démonstration il n’existe pas non plus de classes sociales: celle qui crée des besoins imaginaire, qui privatise l’innovation, qui fixe les prix, qui choisi qui a le droit de consommer et comment. Les couches supérieures s’offrent l’iPhone et une fois devenu déchet pour eux le revendent à ceux qui veule faire comme s’ils étaient riches.

        L’iPhone permettrait de connecter le monde ? Sans aucune référence à l’immense infrastructure indispensable production électrique, réseaux publics, Internet et le Web issu des meilleures universités publiques, le système éducatif qui permet l’usage ce ces outils.

        L’iPhone dans ce cours flotte dans un monde statique et apparaît par magie.

        Destiné à des Terminales, ce cours superficiel ne permet pas aux enfants d’intégrer la dimension historique des conditions de production et de l’Histoire des rapports sociaux.

        Il n’y a qu’une dimension technique de gestionnaire, les critiques cités de ce système appartiennent au même pays les USA: des ONG dont le rôle principal n’est que d’enfumer les citoyens.

        L’occasion d’aborder l’impérialisme dans ce cours aurait été autrement plus éclairante pour ces jeunes élèves qui vont se retrouver dans le marché du travail de pays qui ont choisi de vendre surtout du vent et se sont détournés de l’industrie pour satisfaire des profits toujours plus importants.

        L’innovation dans la pensée que sont la dialectique, le matérialisme historique ne semblent pas faire partie de la boîte à outils de nos enseignants.

        Pourtant ignorer les faits, leur histoire et leurs conséquences ne nous fera pas échapper à notre destin collectif.

        https://h-g.jimdofree.com/ts-g%C3%A9o/th%C3%A8me-2-les-dynamiques-de-la-mondialisation/l-iphone-un-produit-mondialis%C3%A9/

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        • mich
          mich

          Yes et Da na

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        • Martine Garcin
          Martine Garcin

          Après le cours sur la « mondialisation expliquée à nos enfants », il faut maintenant monter un cours sur « la dé-mondialisation expliquée à nos enfants ». Après les sanctions imposées par les USA, les économies, notamment européennes, sont complètement désorganisées suite aux découplages, ruptures des chaînes d’approvisionnement, dé-risking, endiguements, pénuries d’énergie, sur-sanctions, etc.

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