Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les éditions Delga et notre initiative de lecture collective

Ce que j’ai appris hier à travers cette fête de la Marseillaise est l’état réel du PCF du moins dans les Bouches du Rhône où le travail de sape se poursuit dans une unité de façade. Il y a un terrible épuisement intellectuel, organisationnel, ma colère est tombée et j’ai été prise de pitié devant ces pauvres gens. Il faudrait qu’au lieu de les accabler chacun fasse le peu qu’il puisse faire. La principale révélation a été glaçante : le conseil national est à un tel niveau de paralysie qu’il est empêché dans les réunions d’aborder la question de l’Humanité, de l’Otan et rien n’avance, le blocage que j’envisageais comme résultat du 39e congrès est pire que prévu et il est dur de l’affronter comme on le voit en Russie aujourd’hui, mais c’est possible, la Russie n’est pas l’Ukraine et la France n’est pas l’Italie, ou l’Espagne, les sœurs dans l’eurocommunisme et ce qui a été tenté au 38e congrès demeure une issue. Le blocage n’est probablement pas seulement chez les liquidateurs mais chez Roussel, qui s’il est bien en interne et dans le combat français est un gorbatchévien au plan international et théorique. Ce n’est pas une critique, c’est un constat. La perestroïka est restée l’idéologie officielle du PCF, dans toutes ses ambiguïtés : officiellement il s’agit de sauver le parti, et Roussel y croit, mais comme elle s’attaque à tout sauf à l’essentiel et reste centré seulement sur les élus et pas sur le parti et le but le socialisme, cela aide les liquidateurs. Ceux-ci ont réussi à faire partager à de pauvres gens l’idée 1) que parler du but socialiste, c’est donner de la force aux socialistes de Cazeneuve, il fallait donc défendre seulement le communisme 2) qu’ils n’étaient pas d’accord avec la résolution 390 mais que c’est Roussel qui l’a imposée et s’ils n’acceptaient pas c’était la fin du groupe. Voilà où nous en sommes de “confusion”. D’où l’intérêt d’une lecture collective pour opérer si faire se peut une prise de conscience des effets gorbatchéviens. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)


Les Editions Delga trouvent excellente l’initiative de Danielle Bleitrach et du blog Histoire et société de constituer un petit groupe de travail autour du livre Erreur ou trahison ? Enquête sur la fin de l’URSS d’Ostrovski, pour en effectuer cet été une lecture collective de bonnes feuilles qu’en aura sélectionnées Danielle (ou d’autres) avec pourquoi pas une rencontre quelque part après l’été. Cette lecture collective de ce livre, soulevant au fur et à mesure en groupe des questions suscitant leurs réponses collectives immédiates, pourrait notamment dégager progressivement des liens, des articulations entre ces événements et la vague contre-révolutionnaire qui a déferlé partout depuis la fin de l’URSS et dont on continue évidemment à subir de plein fouet les conséquences, etc. L’avantage à mon avis, même si ça peut sembler de prime abord un peu aride, de la lecture collective et cursive d’un livre, étant qu’elle empêche une trop grande dispersion des propos en permettant à tout moment de se ramener à elle si nécessaire.

Les Editions Delga ont une expérience de ces lectures cursives collectives depuis 2016 à travers l’organisation d’ateliers de 2h30 un samedi après-midi sur deux (via Zoom depuis le Covid en 2020) sauf l’été, autour de livres de philosophie plus ou moins difficiles de Clouscard, Sanchez Vazquez, Tran Duc Thao. Si vous pensez que cela pourrait être un mode de fonctionnement pour ce groupe de travail autour du livre d’Ostrovski, je pourrais tout à fait utiliser, comme je le fais déjà pour les ateliers de philosophie Delga, l’abonnement Zoom des Editions Delga pour lancer des invitations à ceux qui seraient intéressés et m’auraient envoyé préalablement leur adresse mail, pour des ateliers estivaux en visio-conférence, dont la fréquence serait à définir (hebdomadaire ?, bimensuelle ?), à partir de début juillet, en tous les cas le week end. Une sorte d’université d’été d’Histoire et société en quelque sorte… On pourrait déjà essayer sur une ou deux séances pour voir comment ça fonctionne et continuer ou arrêter selon les résultats. Les séances pourraient être enregistrées et si les participants en étaient d’accord nous pourrions les rendre ensuite publiques sur youtube (ou pas) et elles pourraient être à ce moment-là reprises ensuite entre autres sur le blog Histoire et société.

PS : je voudrais en profiter ici pour remercier particulièrement et saluer le travail de Bernard Reauzade et Jean-Paul Batisse qui ont littéralement arraché ce livre de 800 pages et de plus de 4000 notes de bas de page à la langue russe en le traduisant, révisant et relisant, ainsi que Sophie Lapize et Diane Gilliard qui l’ont relu et mis en page et sans qui ce livre n’aurait pu voir le jour.

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1 Commentaire

  • Michel BEYER
    Michel BEYER

    Daniel ARIAS a accepté d’être archiviste du débat collectif autour du livre. C’est une bonne chose. Mais comment intervenir, sans que cela apparaisse obligatoirement dans la partie “commentaire”? Par exemple, l’autre jour dans ma relation de voyage en URSS, en 1984, j’ai fait état de la “gerontocratie” des sécrétaires du PCUS. J’ai bonne mine, un vieillard comme moi. Mais peut-être qu’il serait intéressant d’avoir une étude sur la pyramide des âges au PCF sur plusieurs décennies. Lorsque j’étais encore au Parti, j’ai constaté lors d’assemblée générale que les cheveux blancs représentaient la grande majorité des participants, avec chez certains un grand suivisme, “le parti a toujours raison” quoique il décide. Je crois d’ailleurs que c’est le cas pour la Résolution 390.
    Lorsque j’ai adhéré au PCF en 1962, il y avait un très fort mouvement de la jeunesse communiste, ainsi qu’une UEC dynamique. Je n’ai jamais été membre de ces organismes, mais j’en reconnais le mérite.
    J’ai commencé la lecture du livre. Je ne vais pas me mettre à tout raconté. mais je suis frappé pages 77/78, le 1er février 1986, Gorbatchev alors sécrétaire du PCUS, se sépare de son assistant hérité de Tchernokov. Il nomme Anatoli Tcherniaev à sa place. Lorsque celui-ci est à la retraite il fait une déclaration surprenante: ce n’est pas que j’ai des principes, je n’aie jamais eu de convictions. Oui, j’ai été membre du Parti pendant 48 ans, mais jamais communiste convaincu. Ouf!
    Plus loin, pages 83/84/85, le comté central élu lors XXVII ième congrès:les lecteurs pourront vérifier par eux-mêmes, c’est un comité central de vieillards qui est élu. LE COMMUNISME EST LA JEUNESSE DU MONDE, parait-il.

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