Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Valentin Katasonov : les migrants entravent le développement économique de la Russie

Il en est de l’immigration comme bien des faits contemporains et c’est ce que reflète ce texte. Oui l’immigration est une nécessité quand il y a un tel manque de main d’œuvre, oui cela correspond à la vision multipolaire qui se crée parce que l’on ne comprend pas la manière dont la Russie joue un rôle politique dans l’Asie centrale, aide la Chine à vaincre l’hostilité traditionnelle des peuples de cette vaste zone sans l’ouverture et le développement de l’espace soviétique. Mais ce sur quoi insiste le KPRF c’est sur la manière dont le retour du capitalisme a fait de cette espace soviétique un vivier d’exploitation et de mise en concurrence de la force de travail qui nuit autant au pays d’origine qu’à celui qui accueille dans les pires conditions. Encore faut-il contextualiser et le débat sur l’immigration ne saurait se passer de cette dimension concrète parce que l’on exige une fois de plus de la classe ouvrière et paysanne russe qu’elle paye les profits et les projets politiques des oligarques quitte à toujours plus exaspérer les antagonismes et donner de la force aux nationalistes fascistes. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)

https://svpressa.ru/economy/article/398957/

Beaucoup a déjà été dit et écrit sur le fait que l’afflux massif de migrants dans notre pays crée de nombreux problèmes et risques. Risques d’augmentation de la criminalité, de tensions sociales et de conflits religieux accrus, et de déstabilisation de la situation politique. Certains hauts responsables affirment que les avantages de l’attraction des migrants en tant que main-d’œuvre dépassent tous les inconvénients mentionnés ci-dessus.

En fait, un seul avantage est mentionné. La Russie manque de main-d’œuvre et les migrants comblent cette pénurie, contribuant ainsi au développement économique du pays. Et c’est là, disent-ils, la priorité absolue de la politique de l’État. Il n’y a rien de plus important que d’assurer la croissance du produit intérieur brut (PIB) du pays.

Cet argument a une fois de plus été utilisé pour faire passer à la Douma une nouvelle loi encourageant l’afflux de migrants en Russie. Le document a été préparé par le gouvernement russe et propose de remplacer la mesure d’expulsion d’un migrant par une amende.

Comme l’ont déclaré les opposants à cette innovation lors de la session plénière de la Douma, “avec cette loi, nous légalisons pratiquement le séjour de ceux (les étrangers) qui devraient être expulsés, et la norme régissant l’expulsion est pratiquement nivelée, car n’importe qui peut dire que personne ne veut l’accueillir et ensuite, en toute bonne conscience – ou avec une mauvaise conscience – vivre sur le territoire de notre pays”.

Sergei Mironov, leader de Russie Juste – pour la Vérité, a déclaré à l’époque qu’une telle loi était une grave erreur et qu’elle contribuerait au développement de la corruption. Mikhail Matveev, député du KPRF à la Douma, a déclaré que l’augmentation du flux migratoire constituait une menace pour la sécurité nationale de la Russie. Selon lui, le nombre de nouveaux arrivants perturbe déjà l’équilibre ethno-religieux en Russie avec l’augmentation de la criminalité, la suppression des nationalités locales et le manque de recettes budgétaires. Et pourtant, la loi a été adoptée la semaine dernière.

Selon les statistiques du ministère russe de l’intérieur, environ 3,5 millions de personnes sont entrées dans le pays pour y travailler au cours du premier semestre 2023. Le principal flux d’étrangers venant en Fédération de Russie pour y trouver un emploi provient d’Ouzbékistan, du Tadjikistan, du Kirghizistan, d’Arménie et du Kazakhstan.

Une part importante des travailleurs nés à l’étranger est concentrée à Moscou et dans la région de Moscou. En 2022, la capitale accueillait environ 40 % de tous les travailleurs migrants, soit 1,23 million de personnes. La deuxième place (12,4 %) est occupée par Saint-Pétersbourg et sa région (383,7 milliers de personnes). Environ un million d’autres travailleurs migrants se trouvent dans les autres régions de Russie.

Je voudrais revenir sur l’argument des lobbyistes qui veulent attirer des travailleurs invités en Russie. Ils affirment que le pays ne dispose pas d’une main-d’œuvre suffisante. Que révèlent les statistiques officielles ? En juillet de cette année, selon Rosstat, le taux de chômage dans le pays a atteint son plus bas niveau historique de 3,0 %. En août, le taux de chômage est resté au même niveau – 3,0 %. En termes absolus, cela signifie qu’il y avait 2,27 millions de chômeurs dans le pays.

En septembre, le ministre russe du développement économique, Maxim Reshetnikov, a déclaré qu’un taux de chômage aussi bas était anormal et constituait davantage un frein qu’un atout pour l’économie russe. L’agence qu’il dirige prévoit un taux de chômage annuel moyen de 3,1 % en Russie en 2023-2026. Elle considère le risque lié aux tensions sur le marché du travail comme l’un des risques internes les plus importants pour le développement économique.

D’une manière générale, les priorités sociales de la Fédération de Russie, si l’on se réfère à la Constitution de la Fédération de Russie, sont plus importantes que les priorités économiques. L’article 7 de la loi fondamentale stipule que “la Fédération de Russie est un État social dont la politique vise à créer les conditions garantissant une vie décente et le libre développement de la personne”. Par conséquent, tout citoyen valide de la Fédération de Russie a le droit de travailler et de ne pas être au chômage.

Selon les prévisions du FMI, le taux de chômage moyen dans la Fédération de Russie sera de 3,3 % à la fin de l’année 2023. Le ministère du développement économique, le ministère du travail et le gouvernement russe en général sont très fiers de cet indicateur. Après tout, il est inférieur à celui des États-Unis, par exemple, où le taux de chômage est estimé à 3,6 %. Mais il est toujours souhaitable de le comparer avec le meilleur, et non avec la moyenne ou, pire encore, avec le pire. Ainsi, les taux de chômage (estimation du FMI pour 2023) sont inférieurs à ceux de la Russie dans des pays comme le Mexique (2,9 %), la Corée du Sud (2,7 %), le Japon (2,5 %), la Suisse (2,1 %), la Thaïlande (1,1 %).

Et nous aurions pu être encore mieux lotis que la Thaïlande. Nous pourrions (et devrions) avoir un taux de chômage nul. Depuis le 24 février de l’année dernière, l’Occident collectif mène une guerre hybride non déclarée contre la Russie. Et une telle guerre exige une mobilisation économique totale du pays.

Qu’est-ce qu’une mobilisation économique totale ? – L’utilisation à 100 % de toutes les ressources nécessaires à la production du produit final. Des ressources sous la forme de capacités de production, financières, scientifiques et techniques, de ressources naturelles et, bien sûr, de main-d’œuvre.

En fait, compte tenu de la situation extérieure particulière du pays, une mobilisation totale de la main-d’œuvre aurait dû être mise en place. Mais le responsable du ministère du développement économique, Reshetnikov, dit exactement le contraire : un faible taux de chômage devient un frein au développement économique. En fait, le ministre ment, il veut dire autre chose : un faible taux de chômage devient un frein à la réduction des salaires (bien sûr, réels et non nominaux) et, par conséquent, à l’augmentation des profits.

Ainsi, alors que le nombre officiel de citoyens russes au chômage s’élève à 2,27 millions de personnes, nous invitons 3,5 millions de travailleurs de l’étranger. Une simple arithmétique montre qu’avec une mobilisation totale de la main-d’œuvre, nous aurions besoin de 1,23 million de travailleurs invités. Mais ce calcul est trop simple et inexact, car les statistiques officielles sous-estiment largement le nombre de chômeurs dans le pays.

Les statistiques russes sur l’emploi et le chômage sont basées sur les méthodes de l’OIT (Organisation internationale du travail), qui sous-estiment manifestement la taille de “l’armée de réserve de la main-d’œuvre” (comme Karl Marx appelait le contingent de chômeurs sous le capitalisme). J’ai écrit et parlé de la sous-estimation de la taille de l’armée des chômeurs dans le pays.

Ainsi, en 2020, dans Svobodnaya Pressa, j’ai déclaré ce qui suit : “Nos chiffres officiels sont basés sur les données de la bourse du travail. À mon avis, le chômage caché dans le pays à la veille de la crise du coronavirus était de 20 à 25 %. Notre situation en matière de chômage est masquée, entre autres, par des activités de quasi-travail.

Par exemple, environ 1 million de personnes en Russie sont répertoriées comme agents de sécurité – de quel type d’activité s’agit-il ? Pour une population de près de 147 millions d’habitants, un tel nombre d’agents de sécurité est une situation anormale ! Dans mes calculs, je suis arrivé à la conclusion que les données de Rosstat sur le chômage sont sous-estimées d’environ trois fois. Je suis loin d’être le seul à douter de l’objectivité des chiffres du chômage de Rosstat.

D’autres experts parlent également de la sous-estimation des chiffres. Voici, par exemple, l’article d’Irina Vlasova “C’est le double : des analystes ont estimé le niveau du chômage réel”. Il ressort des chiffres donnés dans l’article de la revue que les données officielles sont encore plus que deux fois sous-estimées. Il s’agit notamment des estimations de l’organisme d’audit et de conseil FinExpertiza.

En tenant compte du “facteur de correction” minimum égal à 2, nous obtenons un chiffre de chômage réel égal à 6 %, et en termes absolus, il s’agit de plus de 4,5 millions de personnes. La question est la suivante : comment peut-on parler d’un déficit de main-d’œuvre dans un pays qui dispose d’une “armée de réserve” aussi impressionnante ?

Oui, bien sûr, il y a un déficit de travailleurs hautement qualifiés dans un contexte de millions de chômeurs. C’est ce qu’on appelle le “chômage structurel”. Mais ce chômage structurel doit être combattu par le rétablissement du système de formation du personnel qualifié. Si la formation est correctement organisée, les chômeurs dont la productivité du travail est potentiellement faible peuvent et doivent se transformer en quelques années en travailleurs hautement productifs.

Hélas, la logique de la cupidité capitaliste continue d’opérer en Russie : ces millions de citoyens russes dits “chômeurs” doivent recevoir un salaire décent. Ils sont enregistrés comme chômeurs dans les bourses du travail parce que les allocations de chômage qu’ils perçoivent ne sont pas très différentes des salaires que leur proposent les différents employeurs.

C’est la loi impitoyable et inexorable du capitalisme : pour maximiser leurs profits, les entreprises délocalisent leurs installations de production dans des pays où la main-d’œuvre est bon marché ou attirent une main-d’œuvre bon marché de l’extérieur.

Si nous avions un État véritablement social, la question de l’attraction de travailleurs invités ne pourrait être soulevée que lorsque 100 % de la population valide est employée.

En contradiction flagrante avec la pratique consistant à attirer une main-d’œuvre étrangère dans l’économie du pays, les hauts fonctionnaires appellent constamment à accroître la productivité du travail. Ils affirment que l’économie du pays devrait passer d’un développement extensif à un développement intensif.

Par exemple, l’assistant présidentiel Maxim Oreshkin a récemment prononcé des paroles tout à fait justes : il faut cesser d’attirer la main-d’œuvre peu qualifiée et investir dans l’augmentation de la productivité du travail, la formation de personnel hautement qualifié et la robotisation des installations de production.

Voici un extrait de sa déclaration : “Notre niveau de robotisation est, selon les données officielles, je pense, en réalité un peu plus élevé, mais selon les données officielles, environ 15 fois inférieur à la moyenne mondiale. Il s’agit d’un potentiel gigantesque. Dieu merci, nous avons maintenant notre propre production de robots industriels dans le pays.

Le gouvernement a même adopté un projet fédéral spécial à ce sujet. Nous connaissons aujourd’hui, avant tout, une pénurie de spécialistes qualifiés. Dans un avenir proche, la génération des années 2000-2010 arrivera sur le marché du travail – et la situation de l’industrie pour les dix prochaines années dépendra de la manière dont nous les formerons”.

Les bonnes déclarations sont faites, mais l’importation de main-d’œuvre bon marché se poursuit. Le ralentissement artificiel de la croissance des salaires réels à l’aide de travailleurs invités “bon marché” devient un obstacle insurmontable à la transition vers une économie intensive. Pourquoi introduire des machines et des équipements performants, ainsi que des robots devenus à la mode, alors que l’on peut faire appel à des travailleurs invités ? Les robots de fer coûtent cher, alors que les biorobots migrants vivants ne coûtent que quelques kopecks.

Le fait que les entreprises réalisent de bonnes économies sur les salaires avec l’aide de fonctionnaires corrompus ressort des données de Rosstat. Elles donnent des chiffres sur la structure du PIB en termes de types de revenus suivants : 1) salaires et traitements ; 2) revenus nets de l’État ; 3) plus-values brutes.

En 1995, les types de revenus énumérés représentaient respectivement les parts suivantes du PIB (%) : 45,4 ; 11,9 ; 42,7.

En 2011, la répartition du PIB était la suivante (%) : 43,9 ; 14,5 ; 41,6.

Et voici le tableau des résultats de l’année dernière, 2022 (%) : 39,1 ; 8,0 ; 52,9.

Sur la période 1995-2022, comme nous pouvons le voir, il y a une nette tendance à réduire la part des salaires et des revenus du gouvernement dans le PIB du pays. Dans le même temps, l’année dernière, la part du profit brut du capital dans le PIB a atteint sa valeur maximale. Plus de la moitié du PIB du pays est allée dans les poches des capitalistes l’année dernière. Il y a quelques années, la part des salaires dépassait la part du profit brut du capital. Mais aujourd’hui, la proportion a changé en faveur du profit.

À la fin de l’année dernière, la part du profit dans le PIB était la plus élevée jamais enregistrée, tandis que la part des salaires était la plus faible jamais enregistrée. Tel est le fonctionnement inexorable des lois du capitalisme. Le capitalisme n’a vraiment pas besoin d’un faible taux de chômage dans le pays et, en même temps, il a grandement besoin d’une main-d’œuvre bon marché composée de travailleurs invités.

Le fait que les slogans sur l’augmentation de la productivité du travail soient mal appliqués est démontré par les statistiques. Permettez-moi de vous rappeler qu’en 2018, une série de projets nationaux ont été lancés dans la Fédération de Russie (décret présidentiel du 07.05.2018 “Sur les objectifs nationaux et les objectifs stratégiques du développement de la Fédération de Russie pour la période allant jusqu’à 2024”).

L’un d’entre eux s’intitule “Productivité du travail”. Pour sa mise en œuvre (confiée au ministère du Développement économique) sur six ans (2018-2024), 32 milliards de roubles ont été alloués. Au début du mois de décembre 2023, le ministre Reshetnikov a rendu compte de l’état d’avancement dudit projet national.

Les participants au Projet national étaient 5,5 mille entreprises avec un total de 1,5 million d’employés. Depuis six ans, grâce au travail “acharné” du ministère du développement économique, les besoins en personnel de l’économie ont diminué de 100 000 personnes. En moyenne, cela représente 16,6 milliers de personnes par an. Et pour une entreprise participante, pas moins de trois personnes ont été libérées chaque année !

Je connais des entreprises et des sociétés qui n’ont pas participé à la mise en œuvre de ce projet national, mais qui, en raison de l’introduction d’équipements performants et même de la robotique, ont libéré des centaines de travailleurs d’un seul coup. Mais le ministère du développement économique a “utilisé” avec succès l’argent de l’État et a réussi à remplacer les travailleurs par des machines. À proprement parler, le gaspillage de milliards d’argent public dans le projet national a contribué à la baisse de la productivité du travail dans l’ensemble de l’économie.

D’une manière générale, tant que la Russie continuera à avancer sur les rails du capitalisme (et d’un capitalisme de type dépendant et semi-colonial), les migrants afflueront en Russie, avec toutes les conséquences que cela implique pour nous. Il est possible d’arrêter l’afflux de travailleurs invités non pas par des réformes partielles et des projets nationaux, mais uniquement par l’élimination du capitalisme en Russie.

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3 Commentaires

  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Cet article mérite que l’on s’attarde sur certains points: l’insécurité liée à l’immigration, le chômage, la productivité dont la qualification et la robotisation, la préférence nationale.

    Dans certains aspects ce texte pourrait être confondu avec les thèses du RN chez nous et il me semble que sur ce sujet ce communiste manque de travail et cède avec trop de facilité à un certain populisme au delà de la juste critique de l’usage de l’immigration par la bourgeoisie où je suis en accord avec lui, comme sur l’analyse du salaire comme prix du renouvellement de la force de travail dont la découverte est due à Marx.

    N’oublions pas non plus que la Russie est constamment menacée par l’OTAN ces dernières années par une guerre totale y compris culturelle.

    Le lien entre insécurité et immigration n’est démontré nulle part, la corrélation n’implique pas la causalité.

    Ce n’est pas la qualité d’immigré qui pousse à la criminalité mais plutôt un marché du crime: sans marché et sans absence totale de morale ou de volonté d’appliquer la loi auriez-vous un marché si étendu de la drogue, du recel, de la prostitution, de l’escroquerie aux finances publiques ?

    D’ailleurs combien de ces immigrés font du crime financier qui lui tue bien plus que l’occasionnel bandit que l’on retrouve également dans les populations indigènes. Si l’on se réfère aux assassinats de masse aux États-Unis nous trouverons le plus souvent des tireurs blancs nés sur le territoire.

    En France les “quartiers” populaires, pas le “quartier” du XVIeme à Paris, sont stigmatisés pour le trafic de drogue dont la clientèle est très largement répandue dans la population “française” tout comme l’usage de la prostitution où d’ailleurs la prostitué “slave” avait la côte lors du rétablissement de l’économie de marché soviétique avec son trafic d’êtres humains, de femmes russes venues remplir les vitrines des bordels de l’Europe bourgeoise.
    Dans certains pays ces femmes sont légalement des délinquantes et leurs patrons des criminels.

    Bien sûr qu’une part de cette immigration va trouver un emploi dans ce marché “libre” de la délinquance et du crime. Marché dont le bénéficiaire est souvent aussi un consommateur très “local” et les bénéfices du crime systématiquement réinvestis dans l’économie légale afin de sécuriser les gains. La Suisse aussi ne manque pas de trafiquants et délinquants pourtant elle n’est pas réputée pour son accueil d’immigrés et plutôt rigide sur son identité.

    Pour que le crime soit attractif pour l’immigré il faut aussi plusieurs conditions:

    Les conditions de l’immigration qui s’expliquent depuis tout temps par la différence de niveau de vie qui parfois atteint l’insupportable dans les pays d’émigration. Ici ce sont les pays périphériques de la Russie que le nationalisme Russe des gorbatchevistes ne voulaient plus subventionner tout comme la Ligue du Nord en Italie pour le Sud dont la population pourtant italienne est aussi perçue comme une population criminelle.

    Dans le pays d’accueil les revenus du migrant doivent être insuffisants pour provoquer la tension nécessaire sur deux marchés: celui du travail comme celui du crime. Cette tension sur les revenus ne sont pas de la responsabilité du migrant mais bien de l’État et des institutions offrants les moyens et régulant la distribution des revenus.

    L’auteur compte il aussi expulser le russe qui a profité du délit effectué par le migrant, le fumeur de joints, l’acheteur de la voiture volée,… ?

    Les mêmes arguments sur le niveau de qualification dont l’augmentation permettrait une meilleure employabilité, une augmentation de la productivité et par suite moins de chômage sont ici proférées sans vérification dans les faits, cette rengaine est apparue de longue date dans les pays capitalistes occidentaux mais aussi présente chez certains intellectuels chinois et ici chez ce communiste russe.

    Cette théorie impose que l’emploi est créé par l’offre et non par la demande, que la personne qualifiée est le déclencheur de l’investissement en capital qui va créer le poste de travail.

    Mais où donc avez vous déjà observé une telle situation ?

    Dans une société, qui programme la formation de la main d’œuvre et décide des investissements éducatifs ? L’État après étude des besoins à satisfaire pour lequel cet État existe; le plus souvent les besoins de la bourgeoisie et secondairement l’intérêt plus ou moins général.

    La formation professionnelle initiale longue suppose qu’a un instant donné il existe un surplus de population disponible pour être formée, ce surplus lui même est le résultat de l’innovation technologique qui demande du temps a consacrer à la recherche, aux essais et au déploiement des nouvelles techniques ou à l’acquisition de ces techniques à l’extérieur par la coopération ou la copie, l’espionnage.

    Comment ce temps de formation longue est dégagé en France ? Par la pénurie d’emplois dits sous qualifiés ou leur faible attractivité, par l’importation, la délocalisation, la hausse de la productivité qui supprime des emplois et aussi l’immigration qui occupe des postes essentiels que n’ont pas a occuper une partie des jeunes indigènes en formation.

    Une fois formés dans nos pays une proportion non négligeable de ces jeunes ne trouve pas d’emplois dans leur domaine ou correspondant à leur niveau théorique de formation.
    Ce qui vient contredire l’auteur du texte qui propose la hausse des qualifications pour résoudre le problème du chômage.

    Toute personne ayant travaillé dans l’informatique dans les années 90, 2000 a pu observer les effets de leur production: destruction d’emplois dans l’industrie et les services par millions directement liées à l’automatisation auxquels s’ajoutent l’innovation sociale qui accompagne l’innovation technologique: délocalisations et plus récemment travail administratif déplacé vers le client comme dans la banque en ligne où nous faisons le travail de l’employé de banque devenu inutile et licencié par milliers.

    Des recherches démontrent que les gains de productivité technologiques détruisent plus d’emplois qu’elles n’en créent et non le contraire comme le colportent les idéologues de droite. Chaque vague de destruction d’emploi n’est jamais remplacée par de nouveaux emplois en même quantité et en même qualité.

    L’évolution même des métiers de ceux qui automatise est touché par l’innovation rendant inutile plus de personnes “hautement qualifiée”, en informatique le temps pour produire un système de lecture et modification d’une table est passé de 10 jours à quelques dizaines de minutes par le déploiement des technologies ORM, les cobots rendent inutiles les programmeurs de robots.

    N’est-ce pas ce qu’observe tout paysan et ouvrier dans les champs et les ateliers ?
    Les dockers chinois du terminal C du “diable”, un terminal entièrement robotisé où seuls quelques opérateurs pilotent les grues depuis des sièges confortables qui pourraient être installés partout dans le monde avec la future 6G déjà en cours d’essais.

    Est-ce mal de se libérer du labeur ? Certainement pas d’ailleurs s’est aussi un objectif des communistes ce capital technologique mis au service du peuple pour accomplir la tâche historique de l’Humanité: se libérer des contraintes imposées par la nature.

    La tendance générale va vers de moins en moins de travail “humain”, de capital vivant.

    Sauf dans les service où paradoxalement les emplois deviennent possibles par la destruction d’emplois dans les secteurs économiques primaires et secondaires.
    Ces emplois sont ils tous des emplois “hautement qualifiés” ? Nettoyage, services à la personne dont la demande explose avec le vieillissement de la population et l’allongement de l’adolescence dont l’entrée dans la vie adulte dans nos pays occidentaux tend au delà des 25 ans.

    D’autres emplois liés au développement enfin possibles dans le domaine des “loisirs”, profs de gym, artistes des multiples festivals animant les touristes, serveurs dans les restaurants, tatoueurs, bars à ongles,…

    Tout ceci sans que disparaissent les nombreux emplois dans le bâtiment qui nécessitent non pas une plus haute qualification qu’hier mais une qualification différente, certaines tâches sont largement facilitées par les nouveaux matériaux et produits et nouveaux processus, d’autres compliquées par l’arrivée de l’informatique, mais perdure la nécessité d’ouvriers habiles de leurs mains pour que votre maison ressemble à quelque chose et fonctionne.

    Ouvriers qui de tout temps ont toujours aussi utilisé leur cerveau dont la sollicitation est amoindrie par l’usage de certains outils, tout comme leur force physique. Poser du placo aux murs est bien moins difficile pour les bras et la tête que d’enduire un mur de plâtre et au final demande moins de formation pour un résultat produit équivalent et bien plus rapidement.

    Les métiers qui perdurent sont très logiquement ceux que l’on ne peut ou ne veut pas robotiser.

    Et le paradoxe apparent est que finalement la productivité globale des travailleurs disponibles diminue.

    L’automatisation réduit le temps de travail humain donc le coût du travail dans chaque unité produite donc le prix. La productivité globale étant mesurée par le PIB de marchandises dont les coûts de production et plus tard le prix tendent vers zéro, comme le démontre la lois de Morgan en informatique, cette baisse des prix n’est compensée que par les volumes.
    Les prix tendant vers zéro, la fin du travail humain en atelier, la productivité globale comme le PIB ne peuvent que baisser et ce PIB se concentrer dans les mains des propriétaires du capital mort, les machines; ce qui explique aussi l’augmentation relative des revenus du capital. Ce sera aussi le cas dans le socialisme sauf que le propriétaire du capital ne sera plus privé mais la collectivité.

    Cette tendance se généralise dans tous les aspects de l’économie mais rencontre d’autres frontières.

    Voulez-vous d’un robot infirmier pour vous surveiller à l’hôpital ou d’un robot de compagnie, que le pain vous soit livré par drone ou par un distributeur au coin de la rue, où une serveuse androïde même avec le sourire (d’ailleurs aujourd’hui les androïdes ont la peau grise) ?

    Mais là nous basculons dans la frontière entre le travail social et le lien social qui nous est indispensable et qui demandera par la force une redéfinition du concept de travail.

    Une redéfinition du travail qui d’ailleurs se traduit avec raison dans les commentaires de l’auteur sur l’appréciation du taux de chômage dans la même forme que chez nous avec les mêmes critiques universelles du marché du travail, qui est le marché essentiel sans lequel le capitalisme ne peut exister pas plus que l’économie de marché, même avec des caractéristiques “socialistes”; l’économie chinoise prouve cette relation indispensable entre chômage, économie de marché et capitalisme qu’elle que soit son étendue.

    Dans les services il reste une grande part d’emplois essentiels révélés par la pandémie qui ne sont pas remplaçables par la technologie.

    Mais pour le reste des “nouveaux” métiers de service la frontière entre emploi et bénévolat est plus que ténue et ces nouvelles fonctions pourraient facilement basculer hors du marché et hors des rapports d’exploitation avec une nouvelle allocation des revenus. Ne peut on pas faire du sport, de la musique, écrire en dehors de la sphère marchande ?

    Si l’on ne peut nier l’usage que la bourgeoisie fait de l’immigration il faudrait aussi analyser l’usage que les propriétaires ont fait de “l’identité” nationale ou religieuse.

    La Perestroïka dans son excitation du nationalisme et du chauvinisme semble avoir laisser encore des traces ou peut être est-ce encore un vestige archaïque d’avant la découverte du socialisme sûrement un peu des deux.

    Le péril serait la perte d’un équilibre ethno religieux, un équilibre qui devrait être figé ignorant le nomadisme humain et même la formation de cet état ethno-religieux à partir des diverses interactions entre groupes, soumissions, assimilations, cohabitations, métissages.
    Le Russe deviendrait étonnamment une création divine pétrifiée insoluble dans une nouvelle étape de l’achèvement de l’Humanité.

    Il faudrait absolument arrêter l’afflux d’immigrants en Russie pour que celle-ci reste à jamais ce qu’elle est. Étrange conception pour un marxiste qui devrait prendre en compte les transformations historiques, toutes les transformations. Il suffit de comparer les cartes de géographie dans l’histoire d’étudier l’évolution de ces identités pour combattre ce fixisme.

    Hier les États-Unis et l’URSS, aujourd’hui la Chine et demain le sud “global” vont se développer par l’achèvement d’une mondialisation encore plus accomplie que l’impérialisme atlantique, l’intégration, les échanges seront probablement plus nombreux dont le projet ITER est un des symboles et la promesse d’une énergie infinie, une production de l’Humanité.

    La puissance agricole et industrielle des États-Unis n’a jamais été par la seule force de travail des WASP, mais par l’esclavage des africains, la conquête du Mexique et la gigantesque migration des travailleurs européens. Ce mélange n’a en rien freiné le développement des USA qui aurait été impossible sans cette masse et sans organiser le travail sur ce vaste territoire pour aboutir à un développement technologique élevé par l’emploi d’ingénieurs et de travailleurs parvenus du monde entier et faisant naître une identité “Américaine”, tout comme chez son voisin Cuba dont l’identité ne peut être définie par une quelconque composition ethno religieuse. les peuples des États-Unis et Cuba sont finalement jeunes et préfigurent un métissage qui ne fait que commencer et qui peut être tout à fait pacifique et profitable dans le cas cubain, un pays d’une incroyable modernité sociale.

    En France nous devons de nombreuses découvertes et l’édification du pays à des multiples vagues d’immigrations, immigrés dont leurs enfants Blacks, Blancs, Beurs brandissent le drapeau Bleu Blanc Rouge au mondial de foot, vont dans les mêmes écoles, parlent la même langue et produisent plus qu’ils ne volent. Immigration qui a apporté surtout des scientifiques et des travailleurs dont la contribution à ce qu’est la France est bien plus qu’excédentaire.

    La Chine tient aussi sa puissance par sa culture millénaire tout en faisant preuve d’ouverture sur le monde, commerçant de très longue date, avec ses voisins parfois très lointains. Une grande Chine qui comme toute nation est le résultat d’un long processus d’unification et pacification de l’humanité qui ne s’arrêtera pas, ce grand pays incite également sa jeunesse a parcourir le monde, à investir, à comprendre les autres mondes sans craintes pour sa culture qu’elle expose de plus en plus à l’international.

    Ces migrants dont il est question dans cet article sont tous des anciens Soviétiques, la naissance d’une identité nouvelle dans une identité encore plus vaste, universelle, le communiste. Des peuples qui ont combattu ensemble, sur le front, les porteurs de thèses racistes, nationalistes, xénophobes et qui ont développé ce si vaste pays si faiblement peuplé.

    Tout communiste ne devrait pas oublier que les conséquences positives ou négatives de l’immigration sont également vécues par les immigrés eux-même et souvent de manière bien plus douloureuse que l’indigène effrayé par la nouveauté. Nouveauté ici pas si nouvelle puisqu’ils sont musulmans comme les russes dagestanais ou tchétchènes et encore hier frères soviétiques parlant également le Russe.

    Joyeux Noël russe en ce 25 décembre du calendrier Julien (Romain) pour fêter la venue de cet enfant juif né en Palestine à Bethléem tant attendu par les Rois mages Melchior, Gaspard et Balthazar, qui selon les sources étaient 3 mais peut-être deux et peut être pas Rois du tout mais bien venus d’Orient, on adorera les Mages ou le Baptême du Christ, sauf chez les arméniens qui ne distinguent pas les dates et qui finissent par adopter le calendrier grégorien sauf les arméniens de Jérusalem fidèles au calendrier Julien.

    En attendant que les enfants de Dieu se mettent d’accord ou une nouvelle Révélation Divine, continuons nos études socialistes.

    Lien vers l’article commenté:

    https://histoireetsociete.com/2024/01/06/valentin-katasonov-les-migrants-entravent-le-developpement-economique-de-la-russie/

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    • Franck Marsal
      Franck Marsal

      Tes remarques sont très intéressantes, Daniel. L’aticle avait le mérite de montrer sous un jour un peu nouveau la problématique des migrations (ne serait-ce qu’en les posant dans un pays dont on n’évoque que peu la réalité économique et sociale et en questionnant la poliique d’investissement. Tes remarques posent de nombreuses dimensions du problème qu’il nous faut aborder si l’ont veut dissiper les brumes hypocrites dans lesquelles on enferme ces questions.

      L’étonnant paradoxe que tu soulèves est que l’immigration profite d’abord à ceux qui la dénoncent comme un problème, tant au niveau micro-social (ces petits patrons qui emploient les sans papier et votent et financent le RN), comme au niveau macro (l’UE et les gouvernements européens qui votent des règlements restrictifs mais organise les guerres et les pillages d’un côté, l’emploi des migrants à vaste échelle de l’autre).

      Mais c’est précisément que pour être formidablement profitable, l’immigration doit être combattue et rendue illégale, afin que le travailleurs migrants soit un travailleurs sans droit. Le parallèlle que tu fais avec l’esclavage est tout à fait pertinent. Le non-statut de travailleur migrant est un prolongement de l’esclavage par d’autres moyens. L’écart de développement, le développement empêché des pays “du Sud”, maintient la pompe à travailleurs à son niveau optimal de profits et d’accumulation. La politique impérialiste empêche la constitution de centres d’accumulation dans ces pays et pompe l’essentiel de la plus value qui alimente les centres financiers occidentaux.

      Ceci est à mettre en rapport avec la poliique chinoise des “nouvelles routes de la soie”, qui n’ont pas pour objectif de maintenir l’écart de développement mais au contraire d’accélerer le développement local en reliant ces pays au marché mondial par des infrastructures et en développant la productivité (réelle) par la construction d’usines.

      Je parle de productivité “réelle” pour dire que le travail soutenu par des machines, par de l’électricité, par des outils modernes va produire davantage et mieux. Tu soulèves ici un point crucial: l’articulation entre la productivité et la baisse de prix, qui fait que notre manière officielle de mesurer la productivité est un peu un serpent qui se mord la queue. J’avoue que jai besoin de réfléchir un peu à cette question,mais elle me semble très pertinente, notamment sur la dévalorisation de pans entiers du travail induite par l’automatisation, la question du lien social, du travail social et du travail comme besoin social. C’est un point clé, pour moi encore à creuser.

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  • jean-luc
    jean-luc

    Heureusement que Daniel et Franck sont là pour nous rappeler un principe de base du communisme.
    Prolétaires de tous les pays, unissez vous (vous voulez la traduction en russe?)!

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