Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Faire la guerre aux morts est un crime odieux, par Ludmila Nikolaeva

Refuser par haine des Russes l’entretien de tombes y compris de Russes blancs est vraiment tomber dans l’ignominieux, c’est pourtant le niveau atteint par la France et l’Union européenne. Les Russes sont tous les jours plus stupéfaits de l’hypocrisie et de la bassesse de la pensée occidentale, approuver de fait un attentat terroriste contre un journaliste (le baptiser blogueur pour cela) et s’attaquer aux morts leur parait stupéfiant y compris de le France en qui ils ont toujours plus confiance que leurs élites le méritent. (note de DB traduction de Marianne Dunlop)

https://svpressa.ru/society/article/365507/

Pourquoi les tombes russes “sur l’autre rive” sont-elles de plus en plus la cible des russophobes européens ?

Après s’être battus contre les monuments russes dans ses villes et banlieues, l’Union européenne s’en prend aux tombes russes. L’histoire récente des sépultures de nos compatriotes au cimetière de Saint-Geneviève-de-Bois, près de Paris, en est un triste exemple.

Là, à Saint-Geneviève, plus de cinq mille Russes sont enterrés. Individuels et fraternels. Ils ont commencé à apparaître dans ce qui était alors un ‘pogost’ communal commun au milieu des années 1920. C’est après que dans cette ville s’est installée la “Maison russe”, fondée par la princesse Vera Meshcherskaya, qui aidait les émigrants ayant fui la Russie révolutionnaire. Parmi eux se trouvaient des soldats et des commandants, des représentants de la culture et de l’art, des Russes, des riches et des moins riches qui avaient du mal à joindre les deux bouts.

La Maison russe les a tous aidés. Elle a également enseveli les défunts dans une zone séparée, qui s’est progressivement agrandie et est devenue aujourd’hui, presque cent ans plus tard, une nécropole unique en son genre, où sont enterrés, entre autres, des représentants de notre pays connus dans le monde entier.

Pour ne citer que quelques noms : le lauréat du prix Nobel, l’écrivain Ivan Bounine, les écrivains Gippius, Merejkovsky, Viktor Nekrassov, les danseurs Noureev et Lifar, la ballerine Kshesinskaya, la star du cinéma muet Natalia Lyssenko, le poète Galitch, le réalisateur Tarkovsky… Et des scientifiques, des marins, des grands ducs, des officiers de la Garde blanche, leurs épouses et leurs enfants. Au total, plus de 15 000 compatriotes.

Leurs tombes nécessitent des soins. Et donc des fonds. L’essentiel, y compris le loyer de chaque lieu, provient de la Fédération de Russie depuis les années 2000. La régularité des rentrées a été interrompue par le Covid, puis par les sanctions anti-russes. La commune de Sainte-Geneviève-des-Bois, invoquant ces dernières, n’ont pas accepté un nouveau versement du Kremlin à la fin de cet hiver. Et elle a même menacé de démolir les tombes russes. Puisque ‘vous ne vous en occupez pas’…

– Peu après avoir appris cette situation scandaleuse, je me suis rendue à Saint-Geneviève avec un ami, lui aussi d’origine russe. Habituellement bondée de touristes, russes et étrangers, l’endroit semblait désert cette fois-ci”, a répondu Natalia Chernopolskaya, une ancienne émigrée moscovite des années 1970, à l’appel d’un correspondant de SP. – Il y a très peu de gens qui viennent de Russie en France aujourd’hui. Il y a également moins de fleurs sur les tombes russes. Mon ami et moi avons fait le tour complet du mémorial. Certaines tombes font une impression très triste.

SP : A cause du manque d’entretien ?

– Oui, surtout. Mais aussi parce qu’ils risquent d’être déclarés sans maître. Et alors, les autorités locales les feront passer au statut de non réclamés, et accorderont les lots aux habitants de la ville. Tandis que nos tombes sont la mémoire des personnes qui y ont reposé. Un lieu où l’on se souvient de ses racines, où l’on célèbre son appartenance à son pays. Saint-Geneviève, c’est aussi un monument d’architecture.

Les meilleurs maîtres européens ont travaillé sur les sculptures de cette nécropole. Elle est considérée comme unique. Sa visite est incluse dans le programme d’excursion des personnes qui viennent à Paris du monde entier. Ce qui se passe est très triste. Combattre les morts est un grand péché. Quelle est leur faute par rapport à nos contemporains, qui reposent ici sur le cimetière français ? Qu’est-ce que le conflit ukrainien a à voir avec eux ? C’est à cela que la mairie fait référence.

L’avenir nous dira comment les événements se dérouleront là-bas. Moscou, semble-t-il, ne permettra pas que ses citoyens morts, qu’il s’agisse de célébrités, qui ont largement déterminé le développement de la littérature et de l’art dans le Vieux Continent au XXe siècle, soient détruits. Elle trouvera un moyen de payer le loyer et tous les travaux nécessaires.

Et les “Parisiens russes”, descendants d’émigrés des années révolutionnaires, ne sont pas en reste, annonçant la collecte de fonds pour la réparation prioritaire de deux douzaines de tombes. Les représentants de l’Association française des Sauveteurs du Régiment des Cosaques ont également répondu à l’appel.

Mais le problème reste entier. Et avec lui des questions. La principale est de savoir si le précédent créé par la municipalité de Saint-Geneviève de Bois va devenir “viral”. L’Union européenne, dans son hystérie anti-russe, ne recule devant aucun moyen et aucune méthode. Si elle est allée jusqu’à mentir sur les vivants, qu’en sera-t-il des morts ?

Ils sont nombreux, les morts russes, “de l’autre côté”. Tout au long du siècle dernier, les gens ont quitté la Russie pour diverses raisons. Pratiquement aucun pays étranger qui n’ait aujourd’hui de “sections russes”. Des “îlots de la mère patrie”, qui conservent leurs traditions et leur mentalité, comme les appellent nos anciens concitoyens. En voici quelques exemples.

Venise. Le cimetière San Michele se trouve au milieu d’une véritable île de la lagune vénitienne. Outre des Italiens célèbres, l’impresario russe Diaguilev, de renommée mondiale, y est enterré. À ses côtés repose le non moins célèbre compositeur Stravinsky. Un peu plus loin, le poète Brodsky et l’auteur d’essais de voyage “Le Génie de la Place” Peter Weil sont enterrés.

New York, Nanuet, avec le plus grand cimetière russe des États-Unis – plus de 7 000 tombes d’immigrants. Parmi eux, le prince Mstislav Golitsyne, qui a participé à la Première Guerre mondiale et au mouvement blanc dans le sud de la Russie. Le fils du baron Vrangel, Peter, un talentueux ingénieur en conception aéronautique. La baronne Tuzengausen, issue d’une famille de descendants du maréchal Kuzov.

Luxembourg, cimetière de Märtert. Tombes de soldats russes. Notamment le général Polzikov, qui a commandé de grandes unités lors de la Première Guerre mondiale et de la guerre civile.

Et aussi la ville autrichienne de Lienz avec son cimetière de cosaques. Ermitage Pokrovsky dans le canton de Buena Vista (New Jersey, États-Unis). Cimetières russes à Herceg Novi (Monténégro), à Shipka (Bulgarie), à Rukewood (Australie), dans plusieurs villes d’Allemagne, de Pologne, de République tchèque, de Finlande…

Dans les pays d’Europe de l’Est, les tombes de guerre sont pour la plupart le triste résultat de la Seconde Guerre mondiale. Depuis quelque temps, elles sont devenues la cible de russophobes particulièrement zélés. Depuis quelque temps, elles sont profanées et détruites sans vergogne. Et, vraisemblablement, sans intelligence. Les Polonais y sont particulièrement bien parvenus.

Que veulent-ils prouver en blasphémant les tombes ? Quelle gloire recherchent-ils ? Ils veulent insulter la Russie – exposer leur misère morale ? Ils le savent depuis longtemps. Et ils ne sont pas particulièrement prudents avec eux, les attirant activement dans le conflit en Ukraine.

Mais nous-mêmes, notre gouvernement, ne devrions pas manquer ces “coups”. Prétendre que “ce n’est pas grave”. Il n’est pas dans la tradition slave de piétiner les cendres du voisin.

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1 Commentaire

  • John V. Doe

    Bien d’accord avec Ludmila Nikolaeva sur le fond mais sur la forme, je dirais que ce pourrait être vu comme une bénédiction : tout le temps, l’énergie, les machines et l’argent que les Ukronazis consacrent à faire la guerre aux morts, ils ne le consacrent pas à faire la guerre aux vivants.
    On parle de chiffres de l’ordre du milliard de $ consacré à renommer des centaines de villages, rues, places et à remplacer les statues avec celles de leurs “héros”, les collabos et nazis modernes ou anciens. Je ne suis même pas sûr que la destruction des cimetières soviétiques cités dans l’article soient inclus dans ce total.

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