Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

ENTRETIEN AVEC JOSÉ MUJICA : « Pour l’instant, la mort est la seule chose fantastiquement démocratique qui existe »

Le président de l’Uruguay entre 2010 et 2015 reflète sa simplicité et son humanité dans un entretien personnel émouvant qui supprime les engrenages de la pensée sociale et politique plus conventionnelle. « Sage, exemplaire, grand » sont quelques-uns des qualificatifs que provoquent ses paroles. Si politiquement ce n’est pas le leader que je suivrais les yeux fermés , sur le plan humain c’est un de ceux qui se rapproche le plus de ce qu’on peut attendre à la fin d’une vie de lutte et la sérénité à laquelle on aspire. A l’inverse des frères Castro qui ont su concilier humanisme et lucidité politique, conserver le pouvoir, le partager avec leur peuple, il existe d’autres dirigeants sud-améicain dont la mansuétude et l’exemplarité démocratique débouche sur le retour de la droite et de l’extrême droite, je crains pour le Chili, aux lendemains d’une victoire du centre gauche qui nous a tous soulagés, il faut voir la suite. Cela dit on peut interpréter le constat comme une dénonciation des illusions démocratiques, puisque dans nos societés seule la mort est démocratie et la démocratie telle qu’elle est ajouterais-je est mort. (note et traduction de danielle Bleitrach)

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MADRID03/12/2021 22:04 MIS À JOUR: 05/12/2021 09:48 

PUBLICO

Bien que seule la pandémie de COVID-19 ait précipité sa retraite de l’activité politique pour se consacrer au militantisme populaire, José Mujica est loin de prétendre prendre sa retraite à 86 ans. Leader du Mouvement de participation populaire,le groupe majoritaire du parti de gauche uruguayen Frente Amplio, « Pepe » reste un simple philosophe et un humble sage, un exemple singulier – presque unique – de grandeur dans le paysage politique latino-américain.

Maître du mot, l’ancien politicien et maintenant militant s’est entretenu avec le journaliste Daniel Alejandro dans les médias uruguayens Caras y Caretas pour l’émission A este lado del paraíso,dans une interview que nous proposons maintenant aux lecteurs de Público et qui peut être vue dans son intégralité dans cette vidéo.https://www.youtube.com/embed/j2YlkEb3n6A

Pendant le peu plus de 40 minutes que dure l’interview, Mujica parle de sa conception de l’être humain voyageant au plus profond de son âme, « au fond de moi je crois en l’homme »,mais toujours avec un regard constructif sur l’avenir, « si l’homme parvient à survivre à ses contradictions il a la capacité de devenir quelque chose de mieux ». Sa méfiance générale à l’égard de la nature humaine le maintient dans un état de vigilance constante envers le comportement humain, il assure donc que « l’office de misanthropie doit être préservé »,presque comme un bouclier, comme une protection contre les puissants.

« Dans le comportement masculin, je semble voir la nécessité d’une mère pour nous gouverner »

Marié depuis 2005 à Lucía Topolansky,vice-présidente de l’Uruguay entre 2017 et 2020, et également dirigeante du MPP, Mujica connaît bien l’amour et parle de l’homme contre la femme, « dans le comportement masculin je semble voir la nécessité d’une mère pour nous gouverner », mais aussi la valeur de la vie, qu’il décrit comme « le seul miracle qu’il y a pour chacun de nous ».

Sa vision particulière de l’homme contemporain, de celui qui participe à la société et à la vie publique, nous ouvre les yeux sur la compréhension entre les gens, « tourner l’autre joue n’est pas une faiblesse, c’est pointer dupied », et change notre prisme en décrivant la haine comme un être « tricheur, aussi aveugle que l’amour, mais qui finit par nous détruire ».

Dans son discours d’amour pour la vie, il dit qu’il veut vivre pour avoir cent ans « et continuer longtemps », il survole son passé de guérilla, ses idées et sa vie modérée et discrète. Dévoué à la culture des fleurs comme principale source de revenus, et a laissé derrière lui son temps en tant que président de l’Uruguay, ce panthéiste reconnu laisse dans cette interview une phrase lapidaire: « Pour l’instant, la mort est la seule chose fantastiquement démocratique qui existe ».

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