Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les fantômes des collaborateurs des nazis hantent les rues de Vilnius

Ce qui se passe entre les dirigeants lituaniens et l’UE, la Russie et l’Ukraine est incompréhensible si l’on nie l’impact de l’histoire et la manière dont le nationalisme de ces pays a été exacerbé dans l’anticommunisme de la guerre froide. Si les soviétiques sont coupables de quelque chose dans ces pays ravagés par les haines féodales c’est d’avoir exalté la résistance locale et plus ou moins passé sous silence les horreurs des collaborateurs locaux que la CIA a transformé en héros de l’antisoviétisme. Ce nazisme s’est construit sur des mythes avec de pseudos héros, collaborateurs des nazis comme Bandera en Ukraine. Il s’avère que le jeune frère de mon père qui avait 23 ans a été raflé comme juif à Marseille et avec des centaines d’autres est parti pour un train en Lituanie, à la sortie du wagon, un comité d’accueil local les attendait en les exécutant par des rafales de mitrailleuses, certains encore vivants étaient enterrés dans des charniers. Ce sont ces héros et leurs descendants qui aujourd’hui prenant la tête de la croisade anti-russe sont les boutefeux de la situation. Qu’il se trouve des ordures juives qui par pur désir d’accumuler des richesses soutiennent pareille engeance est une pure ignominie et Zelenski en fait partie comme chez nous BHL, Glucksman et bien d’autres. Certaine ignorent tout et sont gorgés de propagande, mais d’autres sont complices. (note de Danielle Bleitrach pour histoiretsociete)

Publié le : 19/08/2019

Des portraits de Jonas Noreika et de Kazys Škirpa ont été posés dans les rues de Vilnius pour critiquer la décision de la ville d’enlever une plaque et de débaptiser une rue à leurs noms. Stéphanie Trouillard, France 24

Texte par : Stéphanie TROUILLARD

À Vilnius, le débat sur le rôle des Lituaniens au cours de la Shoah a refait surface après la décision de la mairie de ne plus honorer la mémoire de deux officiers en raison de leur collaboration avec les nazis.

Deux photographies en noir et blanc. Deux regards sévères qui vous fixent. Deux clichés de militaires en uniforme tout droit sortis du passé. Au début du mois d’août, ces visages ont été placardés sauvagement sur les murs du centre-ville de Vilnius.

Ces portraits sont ceux de Jonas Noreika et de Kazys Škirpa, héros de l’indépendance lituanienne pour certains, collaborateurs des nazis pour d’autres. Fin juillet, la mairie de la capitale lituanienne a choisi de retirer une plaque en hommage à Noreika, un officier accusé d’avoir participé à la Shoah, et de débaptiser une rue portant le nom de Škirpa, un diplomate lituanien aux opinions ouvertement antisémites. “Pour la plaque, la mairie de Vilnius a fait cela au petit matin, sans grande concertation. C’est surtout ce qui a exaspéré les soutiens de Noreika”, explique Marielle Vitureau, correspondante de RFI dans les pays Baltes.

En signe de protestation, leurs photos ont donc été affichées par dizaines dans les rues. Des bougies et des drapeaux lituaniens ont été déposés là où se trouvait l’ancienne plaque en mémoire de Jonas Noreika sur la façade de la bibliothèque de l’Académie des sciences de Lituanie. Une manifestation, réunissant quelques centaines de personnes, a même eu lieu pour dénoncer cette décision prise par la mairie.

La polémique a atteint son paroxysme lorsque la communauté juive lituanienne a annoncé le 6 août la fermeture de son siège et de la synagogue de Vilnius. “Nous l’avons fermée pendant plusieurs jours car nous avons reçu des lettres et des appels de menace”, décrit Faina Kukliansky, la présidente de la communauté juive. “Nous avons pris temporairement cette décision en attendant la fin de cette période de confusion et de tension. Nous voulions naturellement protéger les membres de notre communauté. Je ne peux pas affirmer qu’ils étaient en danger, mais qu’il y a des épisodes qui nous inquiètent. N’oublions pas que 250 000 juifs de Lituanie ne se sont pas évanouis dans la nature. Nous avons le droit d’avoir peur.”

Cette plaque, dont on voit encore la trace, a été retirée le 27 juillet dernier suite à une décision du maire de Vilnius. pic.twitter.com/XQhy8vxk5j  Stéphanie Trouillard (@Stbslam) August 5, 2019

“Une révélation dévastatrice”

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, près de 95 % des juifs du pays ont en effet été assassinés. Il s’agit de l’un des plus forts taux en Europe. Pour ne pas oublier ce passé et rétablir certaines vérités, la communauté juive, qui compte aujourd’hui 5 000 membres dans un pays de 2,8 millions d’habitants, se bat depuis de nombreux années, notamment pour que la ville retire cette plaque en hommage à Jonas Noreika. L’affaire a pris de l’ampleur lorsqu’en 2018 Grant Gochin, un Américain dont une partie de la famille juive lituanienne a été décimée au cours de la Shoah, a porté l’affaire devant les tribunaux. Dans son combat, il a trouvé un allié pour le moins inattendu : Silvia Foti, la propre petite-fille de Jonas Noreika.

Également citoyenne américaine, elle n’a découvert que récemment le véritable visage de son grand-père. “Tout ce que je savais sur lui, c’est qu’il était un héros qui avait combattu les communistes. Il était un martyr pour son pays, tué dans une prison du KGB à l’âge de 36 ans en 1947 après avoir mené une rébellion”, raconte cette cinquantenaire qui vit à Chicago. En 2000, juste avant le décès de sa mère, elle lui promet d’écrire un livre en hommage à ce père disparu trop tôt. “Nous sommes alors allés en Lituanie avec mon frère pour l’enterrer. Au cours de ce séjour, nous avons visité une école qui porte son nom dans la ville de Sukoniai. Le directeur nous a alors dit qu’il avait reçu beaucoup de critiques lorsque ce choix avait été fait. J’ai été surprise et je lui ai demandé pourquoi. Il m’a répondu : ‘À cause de ce qu’allaient dire les juifs car il est accusé d’en avoir tué’. J’ai failli m’évanouir. C’était la première fois que j’en entendais parler.”

Dans un premier temps, Silvia Foti ne veut pas y croire. Elle veut sauver l’honneur de sa famille et décide de prouver que la rumeur était infondée. Journaliste de métier, elle se met à enquêter. Au bout d’une dizaine d’années de recherches, elle doit se rendre à l’évidence : “À l’été 2013, j’ai passé sept semaines en Lituanie à interviewer beaucoup de gens et à essayer de suivre les pas de mon grand-père sous l’occupation nazie entre 1941 et 1944. A la fin de mon séjour, j’ai été convaincue qu’il avait tout fait pour essayer d’éradiquer les juifs de son pays. Cette révélation a été dévastatrice.” En août 1941, peu après l’arrivée des Allemands, Jonas Noreika était le chef du district de Šiauliai. Il aurait alors signé un document ordonnant le transfert des juifs de la région vers un ghetto et la saisie de leurs biens. Un millier d’entre eux ont été exécutés dans une forêt voisine un mois plus tard.

Vilnius était autrefois appelée “la Jérusalem du Nord”. Les premiers juifs se sont établis à Vilna (aujourd’hui Vilnius) au XIVe siècle. Pour parler d’eux, il est souvent fait référence au terme de “Litvaks”. © Stéphanie Trouillard, France 24

“Un vrai déni”

Mais pour le Centre pour l’étude du génocide et de la résistance de Lituanie, ces accusations sont infondées. Noreika, qui a été déporté en mars 1943 au camp de concentration du Stutthof par les nazis pour s’être opposé à eux, n’aurait pas participé à la Shoah. “Leur position est de maintenir son statut de héros dans le pays. Selon eux, il n’a tué directement aucun juif. S’il a signé des ordres pour les envoyer dans le ghetto ou pour prendre leurs biens, c’était sous la contrainte des nazis”, résume Silvia Foti. “Il y a vrai un déni sur le rôle de la Lituanie au cours de la Shoah. Il est plus facile de le considérer comme un héros et de penser que les Lituaniens étaient des victimes et non des bourreaux. Il est aussi plus facile de blâmer les Allemands pour tout. Je les comprends dans un certain sens car cela m’a pris près de dix ans à l’accepter.”

Pendant des décennies, la Shoah a en effet été passée sous silence dans le pays. Sous l’occupation soviétique, les morts de la Seconde Guerre mondiale n’étaient pas différenciées. Dans la forêt de Ponar près de Vilnius, où la grande majorité des juifs de la ville ont été exécutés, le premier monument n’en faisait même pas mention et évoquait simplement des “victimes du fascisme”. À l’indépendance, en 1991, après des décennies d’oppression, les Lituaniens se sont ensuite cherché des héros nationaux à l’image de Noreika. C’est à la fin des années 1990 que cette fameuse plaque a été inaugurée.

La plupart des juifs du ghetto de Vilnius ont été exécutés dans la forêt de Paneriai ou Ponar en yiddish située à 15 km au sud-ouest de la ville. © Stéphanie Trouillard, France 24
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1 Commentaire

  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    “Le train de la victoire est un projet historique et éducatif de grande envergure. Le train comprend 9 wagons d’exposition consacrés aux exploits des défenseurs de la forteresse de Brest, des soldats et des commandants de l’Armée rouge, ainsi que des femmes et des enfants – membres des familles des militaires qui ont encaissé le premier coup des troupes allemandes.

    Le parcours du “train de la victoire” constitue une transition d’un épisode à l’autre. Les années d’avant-guerre – la Grande Guerre Patriotique – la Victoire.

    L’exposition est basée sur des panoramas tridimensionnels : des peintures, des modèles grandeur nature et beaucoup d’objets plans à bout de bras.

    “Le train de la victoire” sera à Minsk jusqu’au 4 juillet.

    (Un magnifique travail de mémoire)

    https://youtu.be/moKJ1zs0aHg

    Alexander Kott réalisa un film à la gloire des défenseurs de Brest.
    « Forteresse de Brest » (2010) (VO-ST-FR)https://youtu.be/HO0rAnFatP4

    « Je meurs, mais je ne me rends pas ».

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