Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Zones libérées : la République populaire de Kherson à la veille d’un référendum? par Alexandre Sitnikov


Les Occidentaux qui ont pris le pouvoir pendant le Maïdan ont fait des Ukrainiens du sud-est de la Russie des personnes de seconde zone. Dans le prolongement des précédents articles sur la gestion des “zones libérées” du sud dans la vision russe de leur opération, voici encore une vision de la gestion locale. Les occidentaux avec le maïdan ont transformé la population russe de ces territoires en sous-individus, leur ont interdit de parler leur langue, les ont attaqués jour et nuit. Les Russes vont agir différemment, ils vont libérer les frères russes de l’agression nazie, un étrange paradoxe si l’on songe au fait que Poutine a fait débuter l’intervention armée par un long discours sur le fait que c’était de la faute de Lénine et de la manière dont il avait créé sur le territoire russe des républiques y compris en attribuant à l’Ukraine, le Donbass. Le paradoxe est qu’en refusant l’idée même de guerre, les Russes sont obligés de retrouver les soviets qui eux avaient la paix pour objectif. En espérant non seulement retrouver la Russie, mais les fidélités indéfectibles d’autres territoires pourtant turco-bulgares du coin comme la GAGAOUZIE proche de la Transnistrie qui territoire autonome touche par la Gagouazie, Odessa. Les communistes russes disent à Poutine qu’entre la guerre impériale et les soviets, il faudra bien choisir, l’un est la guerre, l’autre la paix. Cette approche historique repose également sur le fait que nos médias veulent ignorer la dramatique baisse du niveau de vie représentée par la fin de l’Urss mais qui en Ukraine, dans l’est et dans le sud en particulier est devenu un des pires du monde à partir du MAIDAN de 2014. Si vous voulez approcher ces réalités-là, celle de l’interpénétration entre RUSSIE impériale et URSS, je me permets de vous recommander notre livre de voyage dans le sud ukrainien en guerre et la Moldavie dans l’expectative (1) (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop)

illustration: affiche du film POTEMKINE, combien se souviennent que le film se passe à Odessa (2). Combien de ceux qui écoutent la télévision française ont la moindre idée de la relation entre le déclenchement de la Révolution bolchevique et le sud de l’Ukraine ? Voici donc une carte des lieux, tout cela est plus proche les uns des autres que Marseille et Antibes.

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https://svpressa.ru/war21/article/328099/

L’agence de presse polonaise (PAP), citant les renseignements britanniques, a rapporté qu’un référendum “visant à établir une république séparatiste” pourrait avoir lieu à Kherson, dans le sud du pays. Ensuite, le vice-président du conseil régional de Kherson, Serhiy Khlan, qui dirige toujours la ville, a déclaré que la Russie aurait créé les conditions nécessaires à l’émergence d’une région appelée République populaire de Kherson.

Dans sa publication sur Facebook, il a en fait admis que les députés du conseil régional de Kherson coopèrent avec les “envahisseurs” dans cette affaire. Le bénéficiaire de Maidan, Hlan, menace les partisans du référendum de représailles : “Il ne peut y avoir d’excuses pour coopérer avec les occupants.” Il fait aussi peur : “La création de la CNR va transformer notre région en un trou sans espoir, sans vie et sans avenir.”

Il convient également de noter que PAP admet que Kiev, par l’intermédiaire de ses agents, n’a réussi à rassembler qu’une petite manifestation de protestation, malgré l’activation de tous les “supporters” du Maidan et la présence ici, dans un passé récent, du “représentant du président de l’Ukraine en Crimée”.

L’agence de presse polonaise espère que “10 000 personnes devraient sortir pour protester”. Il est clair que ces chiffres sont exagérés et ne reflètent probablement que la taille de l’électorat anti-russe dans la ville de Kherson, qui compte 300 000 habitants. Par ailleurs, le 5 mars, selon le site Internet ukrainien Dzerkalo Tyzhnya (Miroir de la semaine), pas plus de cinq mille personnes ont participé à la manifestation sur la place centrale de Kherson.

Pourtant, dans les vidéos YouTube dans lesquelles cette manifestation est “immortalisée”, on ne compte pas plus de deux cents jeunes criant des slogans Banderistes. Comme on peut le voir dans la vidéo, aucun des passants ne leur a prêté la moindre attention. Pas plus que les soldats russes en faction à l’entrée du bâtiment de l’administration régionale, qui arborait d’ailleurs le drapeau jaune et bleu.

Il y avait encore moins de combattants de Bandera près des voitures où nos soldats distribuaient l’aide humanitaire – environ 15. Ceux-ci, cependant,bien qu’en nette minorité, ont menacé les habitants qui remerciaient les soldats russes.

Par ailleurs, selon les chaînes télégraphiques ukrainiennes, les unités de l’AFU ont effectivement abandonné Kherson, ordonnant à la “défense territoriale” (Teroborona) de s’engager dans le combat. Les posts suivants peuvent être trouvés sur le Ukrnet (Internet ukrainien):

“Ceux qui ne se sont pas rendus sont au mieux en captivité, au pire morts. Tous les Teroborona ont été détruits”.

“L’AFU s’est retirée, il restait l’armée de défense Tera, qui a engagé le combat avec la Fédération de Russie et a essayé de brûler les convois militaires russes avec des cocktails Molotov depuis les buissons. Tous ont été détruits. C’est horrible. Arrêtez de jouer, les politiciens se mettront d’accord et personne ne récupérera vos vies. Le Von Kolya Tishchenko a fui en Transcarpatie, tout comme la plupart de l’élite économique et des oligarques.”

“Ze” a décidé de marquer des points ici aussi, sur la mort insensée des gamins. Le 6 mars 2022, l’ancien acteur a décerné à Kherson le titre de “ville-héros” pour “l’exploit, l’héroïsme de masse et la fermeté des citoyens pendant la résistance à l’agression armée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine”.

Cela a été fait dans un but purement propagandiste, car ici, dans le sud, dans la ville libérée de Bandera, vivent principalement des Russes qui en ont assez de la patrie du père Makhno. Les habitants disent sans ambages qu’ils vivent dans une zone de non-droit, sans foi ni loi. Ils regrettent l’époque soviétique.

Il est important ici de donner quelques informations. Selon une information historique, en 1897, la population de la ville, fondée par le comte Potemkine, était de 59 076 personnes et était divisée en groupes suivants selon leur langue maternelle : Grands Russes – 27 902 personnes (47,23%), 17 162 Juifs (russophones) (29,05%), Ukrainiens (locuteurs de la langue ukrainienne) – 11 591 personnes (19,62%), Polonais – 1 021 personnes (1,73%), Allemands – 426 personnes (0,72%), 337 Tartares (0,57%) (0,57%).

Maintenant encore, Kherson est considéré comme une région russophone, qui après 2014 a perdu environ 60 % de son économie en raison du blocus de la Crimée par Kiev. Selon Oleksiy Zhuravko, député des 5e et 6e convocations à la Rada d’Ukraine, à l’époque, “seule une poignée de marginaux a manifesté contre la Tauride russe. Toutes les personnes actives qui ont pris part au blocus de la Crimée venaient d’ailleurs. Oui, il y avait une poignée d’idiots à Kherson, quelques milliers de personnes, mais ce n’est toujours pas tout Kherson.

En septembre dernier, M. Zhuravko déclarait déjà avec confiance : “Et en ce moment, les Khersoniens sont pour l’amitié avec la Russie”, également parce qu’ils peuvent clairement voir comment la péninsule a changé au cours des 8 dernières années. Bien sûr, la chaîne zombie jaune-bleue a lavé le cerveau de certaines personnes, mais la situation change avec l’arrêt de la télévision de Bandera.

Les entreprises locales, d’ailleurs également russophones, sont bien conscientes qu’avec la situation mondiale en matière de ressources énergétiques, lorsque le gaz est plus cher que mille livres par mille mètres cubes, Kherson n’a aucun avenir. Par exemple, jusqu’en 2014, Kakhovka Electromash travaillait en coopération avec la Russie et produisait plus de 80 % des générateurs électriques pour la Fédération de Russie (y compris la Crimée), mais aujourd’hui l’usine est pratiquement morte. “Il y a trois estropiés qui travaillent là-bas. Et c’est la base du budget”, a expliqué M. Zhuravko.

Si vous ne le croyez pas, prenez les sources ukrainiennes pour 2013 – la dernière période la plus prospère de la nouvelle histoire de l’Ukraine. Dans la revue intitulée “Analyse socio-économique de la région de Kherson” de l’époque, il est indiqué que “le niveau des salaires dans la région de Kherson reste l’un des plus bas parmi les régions du pays. Fin 2013, le salaire nominal mensuel moyen était de 2 464 UAH (6 mille roubles), ce qui ne dépasse que le chiffre de la région de Ternopil (2 359 UAH).”

Les gens vivent maintenant beaucoup plus mal. On peut sans risque parler de pauvreté totale. À titre de comparaison, le salaire moyen en Crimée en 2020 était égal à 33 759 roubles. Étant donné que la région de Tauride et celle de Kherson sont historiquement proches, avec un degré de parenté très élevé, les deux parties de part et d’autre de Perekop savent très bien ce qui se passe chez leurs voisins.

Mais revenons à la source originale, qui, soit dit en passant, a été écrite en ukrainien : au cours des années 2010-2013, la dynamique de la consommation de combustibles et de ressources énergétiques à des fins de production et d’exploitation dans la région de Kherson se caractérise par une forte baisse, de 931 700 tonnes d’équivalent combustible à 624 500 tonnes. Le fait est que l’indice de la production industrielle en 2013 par rapport à 2007 était de 84%, tandis que la part de l’ingénierie mécanique a diminué de 25,7% à 11,5%.

En conséquence, la part de la région de Kherson dans le produit intérieur brut de l’Ukraine a diminué, passant de 1,5 % en 2004 à 1,3 % en 2012. Selon les résultats de 2020, cet indicateur est tombé à 0,6 %. Dans l’ensemble, la région vit sa propre vie, tandis que les “non-Russes” vivent la leur.

Encore une fois, nous parlons de la meilleure période de la vie de Kherson au 21e siècle. Même en 2013, Kiev traitait cette région comme une terre perdue. Aujourd’hui, alors que le niveau de vie de la population locale s’est encore effondré de 60 %, le parti Bandera tente de jouer sur le “patriotisme” de la jeunesse zombifiée au nom des intérêts des bénéficiaires du Maïdan.

De manière caractéristique, les médias occidentaux ont déjà qualifié de faux un éventuel référendum sur la sécession de Kherson. Je me demande, si les Britanniques et les Polonais vivaient comme les Russes dans le sud de l’Ukraine, voudraient-ils aussi rester dans le pays 404 ? Ou bien, après avoir comparé les changements intervenus dans la Crimée voisine, voteraient-ils encore pour un avenir sans nazis ? Je pense que la réponse est évidente.

(1) Danielle Bleitrach et Marianne Dunlop, URSS vingt ans après, retour de l’Ukraine en guerre. DELGA 2015

(2) nous avons tous été bercés par le Potemkine :

Mais la révolte du Potemkine porte l’espoir des soviets et la Russie d’aujourd’hui doit choisir en matière de souveraineté et d’amitié entre les peuples disent les communistes.


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2 Commentaires

  • Yannick LB
    Yannick LB

    L’article Ukraine de Wikipedia présente une carte linguistique de 2001, où l’on voit que la langue russe est majoritaire en Crimée (~ 80%), autour de Donetsk et Louhansk mais moins homogène, tout le sud-est (Marioupol, Melitopol ~ 60%) les « enclaves » d’Odessa et de Kharkiv, une enclave moins nette à Kherson. Le démantèlement de l’URSS contenait une bombe à retardement, surtout si elle conduisait les populations vers la misère et les inégalités, au lieu de l’économie florissante promise. Désormais « un spectre hante l’Europe », non celui du communisme, mais le scénario yougoslave (partition, découpage), voire le scénario israélo-palestinien (un labyrinthe de murs), avec nettoyage ethnique et transferts de populations. Ou un archipel de petites républiques protégées par la Russie, plutôt qu’une « reconquête de l’Ukraine ». Quelle que soit l’issue de l’opération spéciale, plus rien ne sera comme avant (avant quoi … ce serait à définir) entre Russes et Ukrainiens.

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    • Daniel Arias
      Daniel Arias

      Ce qui est remarquable c’est que ceux qui prônent le droit international et le respect de la souveraineté des États font la promotion du séparatisme quand celui-ci sert leurs intérêts:
      Rojava en Syrie, Tibet, Taïwan, Hong-Kong, Xinjiang en Chine, la balkanisation en Yougoslavie, la partition de la Tchécoslovaquie. Dans d’autres cas l’occupation de l’Irlande du Nord, de Gibraltar ou des Malouines. Ou capture de nouveaux territoires suite à référendum comme Mayotte.
      Ce jeu des forces centrifuges actionnées par les grandes puissances pourraient s’appliquer à des puissances moyennes comme la France où certaines forces indépendantistes existent Corse, Nouvelle Calédonie, Bretagne. Avec un peu d’agitation extérieure qui nous dit qu’une grande puissance ne serait pas capable de faire exploser la France.
      Si l’Allemagne reprend de l’assurance qui nous dit qu’elle ne lorgnera pas sur l’Alsace et la Lorraine ?

      Comparer le traitement du référendum de 2009 à Mayotte et celui de Crimée:
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Mayotte
      A noter qu’à Mayotte les langues sont le mahorais et le malgache et qu’ils ont une culture bien distinctes de leurs ancêtres “les Gaulois” ou des Francs venus d’Outre Rhin.

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