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Métaux rares : Washington s’inquiète du rôle dominant de la Chine

La position dominante des acteurs chinois dans l’exploration des fonds marins et l’extraction des métaux rares représente une question de vive inquiétude pour les Etats-Unis. Au-delà du pur aspect de la concurrence géoéconomique, ce qui met fortement mal à l’aise Washington est précisément le fait que les dites ressources soient nécessaires pour la production des technologies de nouvelle génération, dont les systèmes d’armement les plus avancés. La prétendue superpuissance militaire occidentale, y compris dans le cadre des armements dits les plus sophistiqués, de-facto n’impressionne plus. Et c’est une autre des réalités auxquelles les régimes de l’Occident devront se faire et apprendre à négocier et à partager les ressources, la Chine ne veut pas renoncer à la mondialisation, ni reprendre le rôle des USA, elle propose d’inventer de nouvelles règles qui tiennent compte de la réalité à savoir les défis auxquels l’humanité est confrontée, en premier lieu empêcher les guerres, sanctions, blocus, y substituer l’arbitrage dans la reconnaissance des intérêts et valeurs de chacun. (note et traduction de Danielle Bleitrach histoireetsociete)

26.10.2023

La position dominante des acteurs chinois dans l’exploration des fonds marins et l’extraction des métaux rares représente une question de vive inquiétude pour les Etats-Unis. Au-delà du pur aspect de la concurrence géoéconomique, ce qui met fortement mal à l’aise Washington est précisément le fait que les dites ressources soient nécessaires pour la production des technologies de nouvelle génération, dont les systèmes d’armement les plus avancés.

La Chine est en passe de dominer les fonds marins et ses richesses en métaux rares – écrit le journal étasunien Washington Post. Ladite publication prétend que Beijing vise à contrôler les ressources nécessaires à la technologie de nouvelle génération, y compris dans le cadre des systèmes d’armement les plus sophistiqués.

Selon ledit article la République populaire de Chine détient déjà cinq des trente licences d’exploration délivrées par l’Autorité internationale des fonds marins (ISA), basée à Kingston, en Jamaïque. Il s’agit du plus grand nombre de licences détenues par un seul pays parmi tous les Etats concernés. Le tout en vue du début de l’exploitation minière en haute mer dès 2025. Et lorsque cela se produira, la Chine aura des droits exclusifs pour creuser 92 000 milles carrés de fonds marins internationaux, représentant environ la taille du Royaume-Uni, soit 17% de la superficie totale actuellement autorisée par l’ISA.

Pour le journal étasunien – les fonds océaniques s’annoncent comme le prochain théâtre de compétition mondiale pour les ressources – et la Chine est en passe de le dominer. Cela d’autant plus que la mer contient des quantités de métaux rares de plusieurs fois supérieures à celles sur terre. Ces métaux sont essentiels pour la quasi-totalité des produits électroniques, des produits énergétiques propres, ainsi que pour les puces informatiques avancées d’aujourd’hui.

Ainsi et lorsque l’exploitation minière en haute mer commencera – la Chine, qui contrôle déjà 95% de l’approvisionnement mondial en métaux des terres rares et produit les 3/4 de toutes les batteries lithium-ion – étendra encore plus son emprise sur les industries émergentes comme l’énergie propre. L’exploitation minière donnera également à Beijing un nouvel outil puissant dans sa rivalité croissante avec les USA. D’autant plus que la Chine a commencé en août dernier à restreindre les exportations de deux métaux essentiels aux systèmes de défense étasuniens.

L’article en question note également que jusqu’à présent les Etats-Unis n’ont pas pu faire grand-chose pour contrecarrer les actions de la Chine dans les eaux profondes – les entreprises étasuniennes, contrairement aux chinoises, n’ont pas de contrat d’exploration avec l’ISA et Washington n’ayant tout simplement pas de plan clair sur la manière à pouvoir rivaliser dans cette nouvelle industrie.

Maintenant et en termes de perspectives, le sujet en question et le ton alarmant qu’il commence à provoquer du côté washingtonien – confirment une nouvelle fois plusieurs choses. Tout d’abord que Washington déteste la concurrence. L’ex-hégémon mondial s’étant tellement et longtemps habitué à pouvoir dominer les affaires mondiales, dans le cadre géopolitique comme géoéconomique, que toute «atteinte» à cette règle provoque une réaction de vive inquiétude, et bien de fois quasi-hystérique. Pourtant et dans le cadre de l’ordre multipolaire international, il faudra bien compter avec les nouvelles règles. Que cela d’ailleurs puisse plaire ou pas du tout.

De deux et concrètement dans le domaine traité aujourd’hui, l’efficacité chinoise dans l’exploration des fonds sous-marins confirme un autre point très important. Celui que l’époque où les puissances montantes non-occidentales continuaient à dépendre, dans certains domaines largement, des technologies occidentales est en passe de devenir elle aussi du passé. Le savoir-faire des nations non-occidentales a non seulement dans nombre de domaines pu rattraper le retard sur l’Occident, mais désormais commence sérieusement à dépasser les concurrents occidentaux.

Quant à la dépendance étasunienne pour les métaux rares en question, il faudra, comme dans d’autres domaines, apprendre à se les procurer sur la base des conditions de celui qui les possède. A défaut de quoi – ne pas les obtenir tout simplement. En effet et dans l’ère multipolaire post-occidentale les ressources naturelles stratégiques joueront fort certainement un rôle clé. Et cela les régimes occidentaux doivent le retenir dès maintenant.

Enfin et en ce qui concerne la dépendance des industries d’armement occidentales et particulièrement étasuniennes vis-à-vis de ces ressources, peut-être qu’il faudra penser à revoir simplement ses appétits à la baisse. Le monde ne s’en portera que mieux. Quant à la prétendue superpuissance militaire occidentale, y compris dans le cadre des armements dits les plus sophistiqués, de-facto elle n’impressionne plus. Et c’est une autre des réalités auxquelles les régimes de l’Occident devront se faire.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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