L’intensification des attaques d’Israël à Gaza risque d’entraîner davantage de forces militaires dans des conflits, selon des experts. Les États-Unis s’enlisent alors que le conflit israélo-palestinien s’intensifie, selon un observateur. Les Chinois qui ont une vue globale de la situation pèsent de tout leur poids pour empêcher le blocage du détroit d’Ormuz bien que d’autres voies d’approvisionnement énergétique existent actuellement mais ils notent également la manière dont la situation israélienne devient le talon d’Achille des USA dans sa volonté de porter son bellicisme en Asie. Par les journalistes de l’équipe GT Publié : 22 oct. 2023 09:31 Mise à jour : 22 oct. 2023 09:40
L’intensification des attaques d’Israël à Gaza pour ce qu’Israël a appelé la « prochaine étape de la guerre » est susceptible d’entraîner davantage de forces militaires régionales, telles que le Hezbollah libanais, dans le conflit qui dure depuis plus de deux semaines, ainsi que d’augmenter le risque de débordement et d’escalade du sentiment anti-israélien dans le monde, prédisent les experts chinois, alors que le Sommet de paix du Caire visant à la désescalade s’est terminé sans avancée.
Une escalade des opérations militaires israéliennes à Gaza pourrait voir les États-Unis s’enliser dans une autre crise au Moyen-Orient, ont déclaré des experts chinois, alors que les États-Unis envoient des systèmes de défense aérienne supplémentaires dans la région et aident Israël à abattre des missiles et des drones. Alors que Washington s’enfonce plus profondément dans le conflit, son attention sur la stratégie Asie-Pacifique pourrait être moins active, ont déclaré des experts.
Le porte-parole militaire d’Israël, le contre-amiral Daniel Hagari, a déclaré aux journalistes samedi soir qu’Israël prévoyait d’intensifier ses attaques contre la bande de Gaza à partir de samedi en préparation de la prochaine étape de sa guerre contre le Hamas. Interrogé sur une éventuelle invasion terrestre de Gaza, Hagari a déclaré que l’armée essayait de créer des conditions optimales à l’avance.
« À partir d’aujourd’hui, nous augmentons les frappes et minimisons le danger », a déclaré Hagari aux journalistes, ce qui est considéré comme un signal clair d’une incursion terrestre imminente.
Israël n’a pas donné de calendrier pour une éventuelle offensive terrestre sur Gaza, mais les responsables militaires ont dit à plusieurs reprises aux troupes qu’une incursion était imminente. Le chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzl Halevi, a déclaré samedi aux commandants de l’armée israélienne que l’armée lancerait une opération pour « détruire » le Hamas.
Alors que le conflit s’éternise depuis plus de deux semaines, la crise humanitaire à Gaza a retenu l’attention du monde entier. Le ministère palestinien de la Santé a déclaré lors d’une conférence de presse samedi que le nombre de morts à Gaza s’élevait désormais à 4 385 – dont 1 756 enfants et 967 femmes – en plus de 13 561 blessés. 70% des victimes sont des femmes, des enfants et des personnes âgées, a déclaré le porte-parole du ministère.
Un soldat israélien est vu à la position d’un obusier automoteur déployé dans le nord d’Israël, à la frontière avec le Liban, le 18 octobre 2023. Le Hezbollah libanais a déclaré mercredi avoir lancé plusieurs attaques contre des cibles israéliennes avec des missiles guidés. Dans un communiqué, le groupe militant chiite a déclaré avoir ciblé trois sites israéliens avec des missiles, dont un centre pour les soldats israéliens et un système de surveillance et de reconnaissance au sud d’Al-Manara, dans le nord d’Israël, « faisant plusieurs victimes ». (Photo : Xinhua)
Effets de débordement
Il est possible que d’autres forces militaires dans la région, telles que le Hezbollah libanais, soient impliquées si Israël intensifie son pilonnage de Gaza dans un avenir proche, a déclaré Tian Wenlin, chercheur à l’Institut chinois des relations internationales contemporaines, au Global Times. Il a déclaré que si Israël approfondissait son opération militaire, le Hezbollah pourrait utiliser l’opération terrestre d’Israël à Gaza, qui est susceptible d’entraîner plus de morts et une crise humanitaire plus grave, comme excuse pour s’impliquer.
Tian a mis en garde contre le danger que le conflit israélo-palestinien déborde sur l’ensemble de la région si un tel scénario se produit.
Un haut responsable du Hezbollah a promis qu’Israël paierait un prix élevé s’il lançait une offensive terrestre dans la bande de Gaza et a déclaré samedi que son groupe militant basé au Liban était déjà « au cœur de la bataille », a rapporté AP.
Dans le même temps, des dirigeants et des représentants du monde entier ont assisté samedi au Sommet de paix du Caire, dans l’espoir de désamorcer le conflit, bien qu’il n’y ait pas eu de percée, ont rapporté les médias.
Les dirigeants arabes présents à la réunion ont condamné le bombardement israélien de Gaza alors que les responsables européens ont déclaré que les civils devaient être protégés, mais il n’y avait pas de participants d’Israël ni de hauts responsables américains.
S’exprimant lors du sommet, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à « un cessez-le-feu humanitaire immédiat ». Il a mis l’accent sur trois éléments clés pour aider à désamorcer la crise : « Une aide humanitaire immédiate, sans restriction et durable pour les civils assiégés à Gaza. Libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages à Gaza. Et des efforts immédiats et déterminés pour empêcher la propagation de la violence, qui augmente le risque de débordement ».
La Chine est préoccupée par l’escalade du conflit israélo-palestinien et condamne toutes les actions qui nuisent aux civils et violent les lois internationales, a déclaré samedi Zhai Jun, envoyé spécial du gouvernement chinois sur la question du Moyen-Orient, lors du Sommet de paix du Caire. M. Zhai a appelé à calmer toute nouvelle action militaire qui provoquerait la situation et à l’ouverture de couloirs humanitaires.
Ni un consensus ni une percée ne sont probables sans la participation d’Israël ou des États-Unis, le seul pays qui peut influencer Israël pour qu’il mette fin aux frappes, a déclaré Li Weijian, chercheur à l’Institut d’études de politique étrangère de l’Institut d’études internationales de Shanghai, au Global Times. Li a noté qu’avec l’instinct de vengeance d’Israël non freiné, une opération terrestre à Gaza semble inévitable, et donc plus d’effusion de sang.
Au lieu d’appeler Israël à la retenue, les États-Unis ont fait circuler samedi le texte d’un projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui souligne le droit d’Israël à se défendre, a rapporté Reuters.
Les experts ont déclaré que le projet reflète une fois de plus la position partiale des États-Unis à l’égard du conflit et souligne seulement que le droit d’Israël à se défendre équivaut à une approbation américaine de l’attaque d’Israël à Gaza qui ne fera qu’aggraver la situation.
Des personnes retirent une victime d’un bâtiment détruit par des frappes aériennes israéliennes dans la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 17 octobre 2023. Le nombre de morts palestiniens causés par les frappes aériennes israéliennes à Gaza est passé à 3 000, selon le ministère de la Santé basé à Gaza. Les frappes aériennes israéliennes ont été déclenchées par une attaque à grande échelle du Hamas contre des cibles militaires et des villes israéliennes le 7 octobre, qui a jusqu’à présent tué au moins 1 300 personnes en Israël. (Photo : Xinhua)
Le talon d’Achille des États-Unis : la poursuite de l’opération militaire d’Israël enlise également les États-Unis en ce qui concerne l’implication militaire au Moyen-Orient.
Le Pentagone a déclaré samedi que les États-Unis enverraient un système de défense de zone à haute altitude (THAAD) et un bataillon supplémentaire de systèmes de missiles de défense aérienne Patriot au Moyen-Orient, en réponse aux récentes attaques contre les troupes américaines dans la région.
Un responsable américain a déclaré à CNN qu’un navire de guerre américain avait abattu plus d’une douzaine de drones et quatre missiles de croisière tirés par la milice rebelle houthie du Yémen entre le 19 et le 20 octobre.
Les États-Unis ont envoyé une quantité importante de puissance navale au Moyen-Orient, y compris deux porte-avions, leurs navires de soutien et environ 2 000 marines.
Une escalade du conflit israélo-palestinien n’est pas ce que Washington souhaite car elle n’est pas conforme à ses intérêts, de plus, les États-Unis devront inévitablement s’impliquer si les tensions augmentent, a déclaré M. Li, ajoutant que « plus les États-Unis ont de présence militaire dans la région, plus il y a de chances que les États-Unis soient ciblés et donc entraînés dans la crise ».
Biden et ses principaux collaborateurs ont exhorté les dirigeants israéliens à ne pas mener de frappe majeure contre le Hezbollah qui pourrait l’entraîner dans le conflit actuel, a rapporté vendredi le New York Times. Le rapport indique que les responsables américains pensent qu’Israël se débattra dans une guerre sur deux fronts à la fois au sud et au nord, et qu’un tel conflit pourrait attirer à la fois les États-Unis et l’Iran.
Tian, cependant, pense que les États-Unis sont déjà impliqués, citant qu’ils ont abattu des drones et des missiles tirés depuis le Yémen. « Les États-Unis sont en train de mettre l’accent sur l’Asie-Pacifique plutôt que sur le Moyen-Orient. Cependant, si le conflit israélo-palestinien s’intensifie, les États-Unis s’enliseront davantage dans une autre crise au Moyen-Orient », a déclaré Tian.
Tian a décrit Israël comme le talon d’Achille de la diplomatie étrangère américaine, car « il perturbe toujours les déploiements prévus par les États-Unis, mais les États-Unis ont les mains liées sur cette question ».
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