Un cauchemar stratégique se faufile dans l’agenda politique de Washington : dans cet éditorial du Global Times au delà de la démonstration de la folie de ceux qui gouvernent aux Etats-Unis on sent de la part des Chinois quelque chose qui relève de l’exaspération. Ce sentiment d’impatience devant un tel mélange d’arrogance puérile et d’effrayante inconscience est de plus en plus fréquent sur la planète . Par Global TimesPublié: 14 oct. 2023 12:38 
Illustration : Liu Rui/GT
Une guerre simultanée avec la Chine et la Russie est un cauchemar stratégique que des stratèges américains réalistes comme Henry Kissinger ont averti les États-Unis d’éviter à tout prix, et c’est aussi un sujet dont certains médias américains sont devenus de plus en plus friands ces dernières années. Du moins d’après les informations accessibles au public, Washington ne l’a jamais abordé auparavant comme un programme politique formel, soi-disant conscient de sa gravité et des risques terribles qu’il comporte. Mais la publication d’un rapport d’un groupe d’experts bipartisan nommé par le Congrès et intitulé America’s Strategic Posture a franchi cette « ligne rouge » le 12 octobre.
Le point central du rapport de 145 pages est que les États-Unis doivent étendre leur puissance militaire, en particulier leur « programme de modernisation des armes nucléaires », afin de se préparer à d’éventuelles guerres simultanées avec la Chine et la Russie. Notamment, le rapport s’écarte complètement de la stratégie actuelle de sécurité nationale des États-Unis, qui consiste à gagner un conflit tout en en dissuadant un autre, et de la politique nucléaire actuelle de l’administration Biden. Il ne s’agit pas d’un fantasme du public américain, mais d’une évaluation stratégique sérieuse et d’une recommandation dans de l’élaboration des politiques.
Le groupe de 12 membres qui a rédigé le rapport a été trié sur le volet par le Congrès américain parmi les principaux groupes de réflexion, les responsables de la défense et de la sécurité à la retraite et d’anciens législateurs. Ce rapport nous donne l’impression qu’un « cauchemar stratégique » est en train de se faufiler dans l’agenda politique américain, sans avoir pour autant suscité l’inquiétude et la vigilance nécessaires à Washington, et dans une large mesure, le groupe d’élite américain représenté par le panel travaille activement à faire de ce cauchemar une réalité.
Un coup d’œil aux recommandations spécifiques de ce rapport donnera des frissons à ceux qui conservent une rationalité élementaire. Le rapport recommande que les États-Unis déploient plus d’ogives et produisent plus de bombardiers, de missiles de croisière, de sous-marins lanceurs d’engins balistiques, d’armes nucléaires non stratégiques, etc. Il appelle également les États-Unis à déployer des ogives sur des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) terrestres et à envisager d’ajouter des ICBM mobiles à leur arsenal, d’établir un troisième chantier naval capable de construire des navires à propulsion nucléaire, etc.
Les dépenses militaires des États-Unis représentent près de 40 % des dépenses totales de défense dans le monde, et elles augmentent considérablement depuis plusieurs années, les dépenses militaires atteignant 813,3 milliards de dollars en 2023, soit plus que le PIB de la plupart des pays, mais même cela ne suffit pas à ces politiciens. Un tel rapport plein de fanatisme géopolitique et d’images de guerre, qu’il finisse ou non comme un « guide » pour la prise de décision de Washington, est dangereux et doit faire l’objet d’une résistance et d’une opposition de la part de tous les pays épris de paix.
Selon certains médias américains, le rapport ignore les conséquences d’une course aux armements nucléaires. En fait, le rapport ne semble pas du tout tenir compte de cela et ne suggère aucune mesure autre que l’expansion nucléaire pour résoudre ce problème. En d’autres termes, il s’agit d’une approche téméraire. La Chine et la Russie sont toutes deux des puissances nucléaires, et tout le monde sait que provoquer une confrontation entre puissances nucléaires est une idée folle. Même la promotion d’une course aux armements nucléaires sous la bannière de la « dissuasion » est un pas en arrière désastreux dans l’histoire. Les élites politiques de Washington, qui ont vécu la guerre froide, ne peuvent pas l’ignorer. Cependant, le fait qu’une telle absurdité et un tel décalage que le Congrès américain présente très sérieusement est à la fois surréaliste et sans surprise. Cela correspond à l’atmosphère politique compètement aberrante qui règne aujourd’hui à Washington.
Les motivations derrière cette exagération des menaces et la création d’une atmosphère guerrière sont très suspectes. Le récent déclenchement du conflit israélo-palestinien a provoqué une forte augmentation des actions de l’industrie de la défense américaine, tandis que les entreprises américaines de l’industrie de la défense ont également été les plus grands bénéficiaires du conflit de longue date entre la Russie et l’Ukraine. Le complexe militaro-industriel, comme une monstruosité géopolitique, s’accroche de manière parasitaire à la société américaine, manipulant chacun de ses mouvements, poussant Washington pas à pas à introduire et même à préparer des idées qui étaient autrefois considérées comme « impossibles ». La prospérité du complexe militaro-industriel américain est bâtie sur le sang et les cadavres, et porte en elle une culpabilité primaire. Servir les intérêts du complexe militaro-industriel américain est contraire à l’éthique.
La réalité est qu’une telle rhétorique devient de plus en plus politiquement acceptable dans le Washington d’aujourd’hui. L’idée de « se préparer à d’éventuelles guerres simultanées avec la Russie et la Chine », autrefois un fantasme marginal, a progressivement fait son chemin dans l’agenda de Washington, ce qui est profondément troublant. Si Washington adoptait ne serait-ce qu’une petite partie des recommandations de ce rapport, les dommages et les menaces qu’il pourrait faire peser sur la paix mondiale seraient incommensurables et finiraient par se retourner contre les États-Unis eux-mêmes. Il y a un vieux dicton chinois : « Ceux qui jouent avec le feu périront par lui. » C’est quelque chose qui mérite d’être examiné attentivement par Washington.
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