Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Une idée d’ouverture fructueuse : l’Asie rend les joueurs d’échecs russes encore plus forts, par Dmitri Svetlov

Tous les faits du plus fondamental au plus anecdotique nous incitent à mesurer cette dérive des continents qui est en train de s’opérer entre les civilisations, comme si le sud larguait un occident devenu non seulement incapable d’aider le développement du sud, tant sa propre croissance est devenue poussive, mais va vers la destruction. La nécessité pour le sud de se réorganiser dans des relations sud-sud dans tous les domaines. Chaque fois je reprends ce rapport de Fidel Castro au VIIe sommet des pays non alignés en 1983, intitulé “la crise économique et sociale du monde, ses répercussions, ses sombres perspectives et la nécessité de lutter si nous voulons survivre”. Un livre acheté d’occasion à la Havane à couverture rouge qui n’a cessé de m’accompagner et dont je constate avec stupéfaction à quel point il est en train de se réaliser : il n’y a plus rien à attendre du nord impérialiste, dans aucun domaine ; il faut s”organiser indépendamment de lui si l’humanité veut survivre. Mais ce n’est pas sans tristesse que je vois la France ne pas pouvoir s’arracher à ce crépuscule autophage de la vie comme de la pensée. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)

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Sur la photo : lors du tournoi international d’échecs rapides “Chess Stars – 2023”. Finale. Raunak Sadhwani (Inde) et Sergei Kariakine (Russie) (de gauche à droite au premier plan) lors d’une partie. (Photo : Sergei Savostyanov/TASS)

Ces jours-ci se déroule dans la capitale de l’Azerbaïdjan, Bakou, la Coupe du monde d’échecs, qui est une compétition de qualification pour le tournoi des candidats au championnat du monde. Il s’agit du premier tournoi de ce niveau depuis que notre fédération est passée sous l’aile de la Fédération asiatique. Il y a près d’un an et demi, nous avons pris la décision fondamentale de rompre avec la soi-disant “Europe civilisée”.

– Nous avons analysé le fait qu’en 30 ans de travail avec l’Union européenne des échecs, nous n’avions pas eu une seule compétition importante en Russie. Aujourd’hui, la vie échiquéenne est revenue en Asie, et pour l’avenir des échecs, nous devions nous y installer”, a déclaré à l’époque Andrei Filatov, président de la Fédération russe d’échecs (RCF).

Il a également été souligné que la Russie domine l’Europe dans les tournois d’échecs à tous les âges. La concurrence est faible. En Asie, les échecs se développent très rapidement. Dans le domaine des échecs pour enfants, le principal pays au monde est l’Inde, qui compte également de très bons joueurs adultes.

Le niveau des échecs au Kazakhstan et en Ouzbékistan a fortement augmenté, et la Chine et l’Iran sont traditionnellement forts. Alors que l’Europe dominait auparavant en termes d’échecs, l’avantage de l’Asie est aujourd’hui indéniable, en particulier dans le domaine des échecs juniors. Du point de vue des échecs pour enfants, le déplacement vers l’Asie était tout simplement nécessaire, car on ne peut se développer que dans la compétition.

Il en va de même pour les échecs des adultes. Les équipes chinoises sont les vainqueurs des Olympiades d’échecs, tant chez les hommes que chez les femmes. En Inde, le jeu d’échecs a connu un essor considérable.

Et malgré le fait qu’il y ait eu des sceptiques à l’époque (il y en aura toujours), le temps a montré que cette transition n’était pas une erreur.

– L’intégration se fait progressivement – ce sont les mots actuels d’Andrei Filatov. – Le premier tournoi a été le Championnat d’Asie de l’Ouest, auquel nos enfants ont participé avec succès, remportant deux médailles d’or. Pour les jeunes Russes, il y a deux tournois en Asie : le championnat d’Asie occidentale et le championnat de tout le continent.

Ces tournois sont officiels et figurent dans le calendrier du ministère des sports de Russie. Nos cinq jeunes champions en herbe ont également participé au championnat asiatique des écoliers/lycéens. Sasha Khripachenko, de Novorossiysk, a remporté l’or dans le tournoi des moins de 17 ans (qui est déjà une catégorie sérieuse).

En d’autres termes, ce qui s’est passé comme indiqué ci-dessus, c’est que les jeunes joueurs d’échecs ont commencé à progresser après avoir commencé à participer aux tournois asiatiques.

Et un point de plus dans la tirelire. La Russie est la fédération d’échecs la plus forte d’Asie selon le classement des dix premiers joueurs d’échecs les plus forts, d’après le tableau figurant sur le site web de la Fédération internationale des échecs (FIDE).

La Russie totalise 2 700 points. La deuxième place du continent est occupée par l’Inde (2698 points), et la Chine (2684) complète le trio de tête. Par ailleurs, si l’on prend le classement mondial, toujours selon les dix premiers joueurs d’échecs les plus forts par pays, la Russie occupe la deuxième place. Les premiers sont les Américains avec un classement de 2730, enfin, les Américains si on peut dire… Le meilleur d’entre eux est le Japonais Hikaru Nakamura, qui occupe la deuxième place du classement général. Il y a aussi un Philippin, un Arménien, un Italien, un Cubain. Et il y a beaucoup d’ex-Russes.

Nous n’y avons donc rien perdu. Au contraire, notre note a augmenté. D’ailleurs, parmi les soi-disant Européens, la première place est occupée par les vrais “Zeuropéens” – les grands maîtres ukrainiens – qui sont classés cinquièmes. Mais quel écart catastrophique dans le classement. De quoi pouvons-nous parler si Pavel Elianov, le meilleur du pays “indépendant”, est numéro 43 au classement général ! Notre meilleur joueur est Yan Nepomnyashchy (5e place).

Dans notre équipe nationale, Elianov serait dans les 7e ou 8e places ! Au fait, dans le classement des Ukrainiens, la troisième place est occupée par le très célèbre, voire légendaire, Vasily Ivantchuk ! Il jouait déjà à l’époque “d’avant le déluge”.

Vasily Ivantchuk a joué et gagné activement aux temps de la défunte URSS. Aujourd’hui, il est toujours dans le trio de tête (66e au classement mondial). Et comme on dit, que Dieu le bénisse.

Mais ses compatriotes, comme les autres Européens, continuent à chier sur les Russes. Et ils “se défoulent” même sur les handicapés. Ainsi, les organisateurs de la Coupe du monde pour les malvoyants n’ont pas autorisé l’équipe russe à jouer sur l’île grecque de Rhodes.

Le fonctionnaire grec Nikos Kalesis a envoyé une lettre disant que les Russes ne pouvaient pas avoir leur sécurité garantie à Rhodes. De nombreux joueurs d’échecs, et pas seulement d’Ukraine, ne veulent pas jouer avec les nôtres. Quel a été le résultat ? Le résultat est que la magnifique Rhodes a brûlé cet été. Il est possible de jouer hors des murs de la vieille ville, bien sûr, en installant des tables sur la place.

La FSR (Fédération russe des échecs) exige que le tournoi soit déplacé dans un autre endroit où il n’y aura pas de problèmes. Ou que la compétition cesse d’avoir le statut de championnat du monde. Comme l’a déclaré Andrei Filatov, j’aimerais que la FIDE prenne ces tournois sous son aile.

D’une manière générale, il se passe une chose étrange. Le tournoi est géré par une organisation obscure, des personnes privées, où tout est décidé par des Européens qui interprètent des questions dans un sens qui n’est pas en faveur de la Russie. Que peuvent-ils faire ? Notre équipe de malvoyants a le titre officiel d’équipe la plus forte du monde. Ils se battent contre eux, ce sont des “héros”. Cependant, les mêmes Khokhols (Ukrainiens) “se font plumer” en toute beauté à Bakou, sans parler de toutes sortes de Français et autres Allemands.

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