Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

De la coexistence de deux lignes… comme forme de destruction ou de reconstruction…

Peut être un dessin de oiseau et texte qui dit ’USA’

Jusqu’à présent il y avait un seul point du globe dont on pouvait se dire que dès que l’on croyait avoir compris quelque chose, c’était dépassé, ils étaient déjà ailleurs, c’était la Chine. Le reste du monde avançait à un rythme modéré sur ce qu’avait tracé Fidel Castro en matière de monde multipolaire impulsé par de nouveaux rapports sud-sud. Face à cela, le trois piliers de l’hégémonie de l’impérialisme US et ses “alliés-vassaux” étaient en train de vaciller, ce qui le rendait agressif.

Les trois piliers étant: 1) l’armée etasunienne plus considérable que tous les autres pays réunis, 2) la monnaie universelle, le dollar qui en fait l’arme totale économique en matière de sanctions et autres blocus. Le fait que pour accéder à l’énergie, il faille acheter du dollar fait partie de sa puissance 3) et enfin un quasi monopole de l’information.

Il suffisait de noter au jour le jour l’évolution, et ce dans le cadre de la contrerévolution amorcée à la fin des années quatre-vingt et dont le séisme fut la chute de l’URSS.

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la vague a gagné en précision

LA QUESTION DU POUVOIR FACE A CET ÉBRANLEMENT

Mais désormais, avec les aspects de “déclencheur” d’une épidémie, plus la guerre en Ukraine, c’est un tsunami et il parait évident que toutes les forces politiques, les classes sociales et toutes les institutions vont devoir se répartir dans un camp ou l’autre, les deux pouvant revendiquer la paix et le développement, sauver les êtres humains et leur environnement, il n’empêche que les choix sont irréconciliables.

C’est là que les références à l’histoire et aux avancées théoriques peuvent suggérer des pistes…

J’ai cité il y a peu le programme de Gotha et la manière dont Marx le dénonce, cela porte sur un problème tout à fait actuel, la nécessité d’accéder au pouvoir pour faire face à une urgence qui nous assaille de plus en plus. Il y a d’un côté on peut dire un programme de gouvernement disons de justice sociale par une redistribution plus égalitaire autour duquel pourrait se construire une large coalition, nous dirions “un front populaire” ou ce que l’on voit en Espagne une union de tous contre “la droite dure” : bien sûr les temps sont totalement différents, des expériences ont été mises en œuvre et continuent à l’être mais je crois que désormais tout des victoires comme des échecs nous confrontent à des éclaircissements parce qu’il y a eu que ce soit à droite ou à gauche les mêmes promesses et les mêmes politiques. Nous partons de nombreuses années d’expérience d’alternances sans alternatives. Et ceci est le cas partout, dans tous les pays européens où il n’y a pas même eu les expériences d’Amérique latine avec des efforts de souverainetés et de politiques sociales. Que peut-on attendre exactement de ces coalitions ?

Avant même la rupture de Gotha (1875), à cause de la première commune de Paris(1848), celle où Louis Blanc et ses “socialistes” cherchent la pierre philosophale aux jardins du Luxembourg (ils créeront en particulier les ateliers nationaux, tandis que le capital et son pouvoir bat déjà monnaie à l’Hôtel de ville, tout cela se terminant par le massacre prolétarien et le coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte.

Voici la manière dont Marx pose le problème dès 1850 (le Manifeste est publié en 1848 et il y a le mouvement dit des peuples, les échecs, en particulier celui de la première commune de Paris)

Schapper a mal compris ma proposition. Aussitôt que la proposition est adoptée, nous nous séparons, les deux cercles se séparent et les personnes n’ont aucun rapport entre elles. Mais elles appartiennent à la même ligue et sont placées sous la même autorité. Vous pourrez même conserver la grande masse des membres de la Ligue. Quant aux sacrifices personnels, j’en ai autant que quiconque, mais c’était pour la classe, non pour des personnes. Pour ce qui est de l’enthousiasme, il en faut peu pour appartenir à un parti dont on croit qu’il est près de prendre le pouvoir. J’ai toujours bravé l’opinion momentanée du prolétariat.

Nous sommes dévoués à un parti qui, heureusement pour lui, ne peut pas encore parvenir au pouvoir. Le prolétariat à supposer qu’il y parvienne, prendrait des mesures qui ne sont pas directement prolétariennes, mais petites bourgeoises. Notre parti ne peut arriver au gouvernement que lorsque les conditions lui permettront de mettre en pratique ses propres conceptions. Louis Blanc fournit le meilleur exemple de ce que l’on réalise quand on vient au pouvoir trop tôt. En France, au demeurant, les prolétaires ne parviendront pas seuls au pouvoir, mais il y aura avec eux les paysans et les petits bourgeois, et ils devront réaliser non leurs mesures à eux, mais celle des autres. La Commune de Paris prouve qu’il n’est pas nécessaire d’être au gouvernement pour accomplir quelque chose. Nous ne pouvons ni ne voulons diviser la Ligue, nous voulons seulement diviser le cercle de Londres en deux cercles”. (1)

(1) Procès verbal de la séance du comité de la ligue des communistes à Londres, le 11 septembre 1850

Pourquoi cette référence parce que justement nous sommes dans une situation où il ne sera rien toléré par l’impérialisme aux abois. Et où l’on risque d’avoir des bons sentiments confrontés à un niveau supérieur de la lutte des classes. De grands irresponsables qui laisseront ceux qu’ils ont entraînés se débattre dans la boue des tranchées tandis qu’eux s’en sortiront plus ou moins… Ce que l’instinct populaire sent souvent confusément.

L’absence de représentativité”

Je dois dire à ce titre mon intense stupéfaction quand j’ai lu dans le Monde la déclaration du secrétaire National du PCF, tant cette déclaration lancée en plein été, en dehors du fonctionnement normal d’un parti et dans le cadre d’une dispersion estivale relevait d’une inspiration individuelle totalement russophobe, mais était lourde de menace non seulement sur la campagne des européennes, mais sur la survie du dit parti. C’est d’ailleurs ce qui m’a contraint à demeurer au niveau de ma seule pratique réelle celle d’une électrice communiste qui ne peut pas voter pour le parti qui aurait une telle conception pro-Otan et pro-UE, même s’il parait revendiquer la paix. Je ne suis pas pour la destruction du PCF, et je continue à penser qu’après trente ens et plus de dérive il est difficile d’imaginer une génération sortant du néant bardée de marxisme-léninisme. Après quelques jours de réflexion, le fond de ma pensée est que ce comportement inusité – croyais-je- dans les mœurs du PCF reflète simplement quelque chose relevant d’une désagrégation bien plus générale de la société française, occidentales. A ce titre ce que l’on peut constater non seulement dans le PCF, dans la CGT, dans la vie associative française, est beaucoup plus général. La crise de la démocratie des sociétés occidentales est générale. Il suffit de considérer la foire d’empoigne à laquelle les différents représentants de l’appareil répressif de l’État se livrent sans état d’âme. Voir la police et la justice s’étriper, au seul niveau d’ailleurs des carrières des ministres, sur un mode quasi insurrectionnel est à la fois ahurissant et dérisoire: entre nous à Marseille la grève de la police ne change pas grand chose en matière de sécurité, quant au monde de la “robe” il n’est pas plus clair que leur ministre.

C’est dans la mesure où les organisations et les institutions de la classe ouvrière et du prolétariat se sont insérés dans ce jeu-là qu’elles en subissent les ébranlements. Intervenir en plein été pour imposer une disposition impopulaire est un grand classique. L’Eurocommunisme a été le choix de l’identification totale aux sociétés capitalistes, avec de plus en plus la seule référence électorale. L’abandon de la formation des militants, la désorganisation systématique dans un contexte de desindustrialisation, délocalisation, attaque de toutes les formes collectives.

Il y a des côtés chute de l’empire romain dans le constat d’aujourd’hui qui s’est développé depuis des décennies, mais la conscience de l’urgence fait aussi subodorer l’existence de possibles que l’actualité politicienne a tendance à masquer. Comme le disent les chinois là où il y a un danger, il y a une opportuniré. en se moquant on pourrait déjà signaler que l’affaire du crépage de chignon entre ministères démontre que l’on peut désormais prendre un congé maladie abusif sans crainte de sanctions accessoirement et fondamentalement démontrer la nature illusoire de la légitimité de ces gens là. Pour le dire simplement, à Marseille quand il y a la grève des éboueurs ça se voit, quand c’est la police, on voit mal la différence et ça c’est un problème ..

Si vous relisez le texte de Marx, il ne dit pas que la question du pouvoir soit secondaire, au contraire, il dit que l’essentiel est sa nature de classe.

Il part de l’exemple français, le pays de la lutte des classes, pour montrer qu’il ne s’agit pas des personnes, et que le pouvoir doit être un pouvoir sur des bases de classe. Si c’est la paysannerie et la petite bourgeoisie qui imposent leur programme et ses buts non seulement c’est l’échec assuré mais l’intallation de l’autocrate au pouvoir, en l’occurrence Louis Napoléon Bonaparte III, et ceux qui payeront la note ce seront les prolétaires. Donc il faut savoir s’opposer à la soif d’union du prolétariat pour le renforcer, comme il faut savoir aller a contrario du désir de compromis avec le patronat dans certaines luttes.

Marx ne parle pas de diviser la Ligue, cette ébauche de parti pour lequel il a écrit le Manifeste. il lui substituera ultérieurement l’AIT, les deux cercles qui choisissent leur orientation iront séparément. L’une fabriquant des coalitions et des programmes d’entente, l’autre se donnant comme but l’organisation d’un parti du prolétariat qui réalise ce qu’a commencé la Commune de Paris première mouture avec une mise ne œuvre dans l’action. Si je suis bien la dite démonstration par rapport à l’actualité les préoccupations évoluent, on peut en être au constat que les personnes prises dans le tropisme médiatique et dans les consensus opportunistes, n’ont strictement aucune importance et que l’on ne s’y arrête parce qu’on a de la difficulté à organiser le parti révolutionnaire, à produire une réflexion au niveau des urgences. Franchement qui peut ptrendre au sérieux la petite gueguerre de Darmanin et ne pas voir que ces gens là préparent simplement le futur candidat aux présidentielles, en espérant que l’épouvantail le Pen conservera son rôle. L’éléction en Espagne donne un peu d’espoir à la social démocratie sur son retour aux affaires.

Notez le rôle joué par l’échec, la contrerévolution et son stade supérieur la guerre dans ces séparations nécessaires mais non dramatiques parce qu’il ne faut pas plus accorder d’importance aux “personnes” qu’ils ne s’en accordent eux mêmes en refusant de tenir compte eux mêmes de ceux qu’ils sont censés représenter.

Le débat autour de Lassalle en Allemagne a continué à se développer dans la social démocratie allemande à la fois sur le plan théorique et politique, comme il y a eu l’équivalent en France autour du proudhonisme, et on peut reprendre les discussions entre Rosa Luxembourg et Jaurès à cette lumière, comme d’ailleurs les choix léninistes après la trahison de l’entrée dans la guerre impérialiste. A chaque fois il faut comme l’a proposé Jean-Claude Delaunay reprendre le mouvement du capital, et la manière dont évolue l’impérialisme… Mais il y a incontestablement des constantes et la coexistence au sein des forces de gauche, voire de ce qui se présente comme le successeur du parti révolutionnaire, de choix différents se pose de la manière dont Marx le décrit : Nous ne pouvons ni ne voulons diviser la ligue, mais nous voulons nous diviser du “cercle parisien” (parce que cela se présente comme ça aujourd’hui) en deux cercles, l’un ira vers les unions de sommet, le ralliement à la gauche de l’OTAN, à l’UE, l’autre n”adhérera pas à ce programme et tentera de reprendre pied dans des expériences et des luttes transformatrices et recréera un parti révolutionnaire. Par parenthèse, je signale que c’est exactement ce qui s’est passé quand le parti né au congrès de Tours, dirigé par Frossard a vu naître dans son sein des Duclos, Gabriel Peri, qui se sont battus pour créer des sections sur des bases de classe, lieu d’action et la rupture s’est opéré sur les guerres coloniales, celle du RIF. Il y a eu coexistence. La question du pouvoir reste centrale mais elle se pose différemment…

Il faut bien mesurer qu’il y a une tentative de restaurer la mitterrandie dans laaquelle on ferait rejouer au PCF le rôle de force d’appoint que sous Robert Hue il a eu en emboîtant le pas à la politique d’Hubert Vedrine, on joue au discours de Cancun mais en fait on atterrit sur le Rwanda et papa m’a dit. La “neutralité” que l’on tente de vendre c’est d’utiliser le néo colonialisme français face à l’aggressivité supposée de la Chine, de la Russie, le nouvel impérialisme pour masquer le déclin lié à l’impérialisme des Etats-Unis dont on est contraint d’accepter les diktats. On voit d’ailleurs la relation à l’Europe. Il est évident que cette “ligne” n’a aucune chance et elle se traduira par une soumission de plus en plus grande et intolérable au suicide exigé par l’impérialisme US. Donc la seule solution serait de prévenir une telle dérive mais il n’y a aucune force capable d’une telle lucidite. La seule solution est de tabler sur la renaissance au sein des refus internes d’une autre perspective vu l’évolution du mouvement du monde.

En matière d’élections européennes nous sommes retournés dans des temps lointains, ceux de la liste “bouge l’Europe” dans lequel le PS réglait ses comptes entre Rocrard et Mitterrand en faisant appel à Tapie et remplissait la liste du PCF de membres avérés de son propre choix, celui d’un Kouchener et d’autres… la moitié de la liste étant contre l’intervention illégale de l’OTAN en Yougoslavie et l’autre voulant des troupes au sol.. Bref, c’est une formidable régression mais dans un contexte totalement différent. Comme le disait Marx la première fois c’est une tragédie la seconde c’est une farce…

Peut-être qu’il serait temps un jour pour les Français d’écouter ce que leur dit ce chef d’Etat venu du pays des hommes intègres, celui de Sankara assassiné avec la complicité de la France… Au lieu de venir jouer les mondains aux côtés d’un Macron, d’un Hubert Vedrine pour mieux faire monter les tortionnaires de l’Algérie française pendant que l’on vote à l’unanimité la résolution 390. Cette situation là ne peut pas durer et elle ne durera pas …

Ce n’est pas que la coexistence de deux lignes soit un idéal, au contraire, si l’on peut s’en passer c’est mieux… Mais visiblement il existe des périodes de grande confusion mais aussi celles où l’histoire s’accélère, s’obstiner à dénoncer ce qui fera dans si peu de temps la preuve de son caractère secondaire est du temps perdu et un art de s”acharner sur ce qui s’autodétruit de soi même… il vaut mieux faire porter l’effort sur les difficultés réelles.

Danielle Bleitrach

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