Histoire et société

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L’exposition sur la ville oasis d’Alula, la merveille d’Arabie, fait ses débuts à Pékin

L’exposition sur la ville-oasis d’Alula fait ses débuts à Pékin, révélant la « civilisation symbolique » entre la Chine et l’Arabie saoudite, la Chine poursuit le développement des échanges culturels entre frontières dans les flux, il y a là vraiment un choix culturel et esthétique qui correspond au projet des BRICS mais va bien au-delà, comme nous l’avons noté c’est aussi une vision qui est à l’œuvre en Union soviétique et qui privilégie une conception matérialiste au-delà des chroniques, une nouvelle relation à l’espace et au temps de l’humanité. Nous avons ici une fois de plus une collaboration souterraine et fructueuse entre la recherche historique et anthropologique française et la Chine dans l’exploration de ce monde des frontières. Par Li Yuche et Li HaoPublié : 05 janv. 2024 20 :41    Crédit photo : Li Hao/GT

Crédit photo : Li Hao/GT
L’exposition archéologique AlUla, merveille d’Arabie a fait ses débuts vendredi au Musée du Palais à Pékin, présentant d’anciennes reliques saoudiennes telles qu’une bague découverte entre le 7e et le 9e siècle de notre ère.

L’exposition est centrée sur AlUla, une ancienne ville d’Arabie saoudite dotée d’une profonde culture humaine, englobant des langues anciennes et une agriculture originaire du désert il y a 7 000 ans. Ce site abrite de nombreuses tombes et des sites archéologiques importants, dont Hégra, un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Au total, 230 reliques sont exposées, marquant la toute première fois que le trésor saoudien d’AlUla est présenté aux visiteurs chinois.

Ces reliques comprennent des sculptures en pierre représentant l’apparence faciale du peuple AlUla, des pierres portant l’inscription et des objets du quotidien comme un tuyau pour l’évacuation de l’eau datant d’entre le 6ème et le 9ème siècle de notre ère. Avec d’autres installations vidéo qui montrent un panorama restauré du site, l’exposition raconte l’histoire de la façon dont la sagesse humaine peut donner vie à une zone désertique.

Lors de la cérémonie d’ouverture de l’exposition, Laila Nehme, commissaire de l’exposition et chercheuse de renom et experte de la culture nabatéenne, a présenté l’importance d’AlUla en tant qu’étape majeure des anciennes routes du commerce de l’encens.

Alors que la « route de l’encens » allait du sud de l’Arabie à l’Égypte, Nehme a déclaré au Global Times que cet ancien commerce représentait la croissance de l’humanité. Il résonne avec l’esprit de l’ancienne culture de la Route de la soie en Chine.

Elle a dit que le commerce de la soie a fait connaître l’ancienne route de la soie chinoise au monde et, par coïncidence, un morceau de soie teint a également été trouvé à AlUla.

« Nous devons encore passer par une analyse protéomique pour déterminer l’origine de la pièce. Mais je pense qu’un produit de luxe comme celui-ci, partagé par les deux pays, est comme un dialogue symbolique entre les deux civilisations », a déclaré Nehme.

La Chine et l’Arabie saoudite sont situées aux extrémités orientale et occidentale du continent asiatique, a déclaré l’historien Xue Lining au Global Times, ajoutant que, quelle que soit la distance, la croissance « parallèle et diversifiée » des civilisations anciennes dans les deux pays nous a permis de poursuivre l’apprentissage mutuel à l’époque moderne.

« La langue, l’agriculture et l’architecture représentaient l’urbanisme ancien et sont tous des symboles de la civilisation d’un pays. Ces zones ont développé des diversités en fonction des différents contextes culturels. Nous apprenons maintenant et pouvons mieux nous comprendre les uns les autres en apprenant de ces différences », a fait remarquer M. Xue.

Pékin est l’une des étapes de la tournée mondiale de l’exposition. L’exposition est soutenue par le Musée du Palais et a été co-lancée par la Commission Royale pour AlUla et l’Agence Française pour le Développement d’AlUla.

« Nous voulons que la culture soit vue par un plus grand nombre de publics dans le monde », a déclaré M. Nehme, ajoutant qu’en plus de l’archéologie, les échanges éducatifs entre la Chine et l’Arabie saoudite révèlent le désir des deux pays d’établir une relation plus étroite pour les échanges culturels.

Là encore il s’agit d’une collaboration culturelle dans laquelle la France est impliquée comme dans d’autres projets d’études de la préhistoire elle même dans des ères de civilisation. En effet l’exposition a été initiée dès 2020 en France à l’Institut du monde arabe où son succès a été tel qu’elle a été prolongée. Voici ce que l’on pouvait lire sur le catalogue de l’époque:


C’est à un voyage au pays des palmeraies, des écritures, des sanctuaires, des tombeaux rupestres et des pistes caravanières que nous invite l’Institut du monde arabe en partenariat avec la Commission royale pour AlUla, dans une région extraordinaire, habitée depuis des millénaires.

Trois oasis, une moisson de royaumes et d’empires

La région d’AlUla connaît la prospérité dès l’Antiquité grâce  à la fertilité de son oasis. Elle la doit également à sa position de carrefour sur les pistes caravanières qui traversaient l’Arabie, en particulier celle de la myrrhe, de l’encens et des aromates convoyés depuis l’Arabie Heureuse. L’ancienne Dadan, mais aussi Hégra (Madâin Sâlih)  sa consœur et voisine, joyau du Patrimoine mondial, furent respectivement  la capitale des royaumes dadanite puis lihyanite et une cité majeure des Nabatéens, parvenus ici depuis Pétra au Ier siècle av. J.-C., avant qu’ils ne soient intégrés à l’Empire romain. Un peu plus tard, à l’époque omeyyade, une troisième oasis, Al-Mâbiyât, prend le relais des deux sites antiques. Araméen, dadanitique, nabatéen, grec, latin, arabe : autant de langues et d’alphabets qui se déploient pendant des siècles sur les montagnes de grès remarquables d’AlUla, et qui content des instants de vie de populations passées et présentes. Puis la route de l’encens devient celle du pèlerinage à La Mecque : le paysage d’AlUla se transforme, des villes s’épanouissent et entrent en relation avec les célèbres empires musulmans.
La vieille ville d’AlUla accueille alors habitants et pèlerins venus de Damas, mais également les premiers historiens et géographes arabes, dont le célèbre Ibn Battûta.Complexe funéraire du IVe millénaire av. J.-C., AlUla, Arabie saoudite. Commission royale pour AlUla

Voyage extraordinaire

C’est à un voyage au pays des palmeraies, des écritures, des sanctuaires, des tombeaux rupestres et des pistes caravanières que nous invite l’Institut du monde arabe en partenariat avec la Commission royale pour AlUla, dans une région extraordinaire, habitée depuis des millénaires.
Un jardin aux senteurs de datte, d’orange, de citron et de menthe, la sépulture d’une femme nabatéenne, les stations des pèlerins en route vers les lieux saints de l’islam et les gares ottomanes du chemin de fer du Hijâz immortalisées par Lawrence d’Arabie y sont autant de haltes pour le visiteur, avant qu’il ne se perde dans les ruelles de la vieille ville d’AlUla. Habitée jusqu’au milieu du XXe siècle, celle-ci porte la mémoire de douze siècles d’histoire racontée par ses habitants.
L’Institut du monde arabe fait résonner l’esprit de ces lieux marqués par une richesse naturelle, archéologique et humaine, en faisant découvrir les vestiges inédits de ces civilisations, étudiés par des équipes de chercheurs français et saoudiens, tout en donnant la parole à celles et ceux qui font vivre AlUla aujourd’hui et pour demain.

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