Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

L’Humanité tourne de l’œil, autopsie d’erreurs et de trahisons par Danielle Bleitrach

Cette Une dit bien des choses et même l’incroyable état dans lequel ce journal est désormais. On ne pourra pas reconstruire un parti, une presse révolutionnaire sans comprendre la méthode (changement de personnel, appel à des “journalistes” qui méprisent cyniquement le socialisme, carriérisme), deux axes, le personnel et les orientations politiques le tout à partir de difficultés réelles mais qu’on utilise pour adopter des solutions qui vont dans le sens toujours plus poussé du consensus médiatique. Je n’ai pas lu le numéro, mais cette “Une” est déjà un tract qui dit le contraire de ce qu’un journal communiste devrait dire.

En voyant cette “Une” y compris son bandeau “Nous ne partirons pas de Kherson” qui me laisse rêveuse, on se demande ce que Vladimir Kamenka a pu encore inventer pour éviter de poser le FAIT qui apparait de plus en plus clairement y compris dans le Washington Post c’est que leur régime favori celui de Kiev qui a sans doute l’immense mérite à leurs yeux d’emprisonner et de torturer les communistes et tous ceux qui résistent à l’impérialisme américain, a bel et bien fait sauter le barrage… Un lecteur du blog qui lit l’humanité se félicite en ces termes : Les interventions de Danielle B. et autres camarades à propos de l’Humanité “Qu’elle est jolie la guerre” sont efficaces. À lire aujourd’hui dans l’Humanité l’article de Vadim K. sur le sommet de Vienne pour la Paix : il donne la parole à ceux qui rendent l’OTAN responsable du conflit en Ukraine et termine l’article par une autre citation : “… construire un monde nouveau, plus sûr et plus juste”. Que Vlademir Kamenka soit obligé de lâcher du lest au point donner la parole à ceux qui rendent l’OTAN responsable dit beaucoup de choses à la fois sur ce que peut la pression sur l’Humanité et pourtant le choix du maintien en place à son poste nous dit y compris à travers cette remarque que ce sera toujours avec lui le paté d’alouette, un cheval pour l’oTAN et une alouette pour ceux qui le dénoncent avec les baies de genièvre de la citation qui ne mange pas de pain pour parfumer et enlever l’odeur d’écurie…

Mais je dois dire que dans le genre parfum de bonne conscience frappée d’incapacité rien ne vaut le titre sur “l’attaque d’Annecy” et le “malaise” que cela suscite, c’est beau comme une chanson des soeurs jumelles Elsa Faucillon et Clémentine Autain, capables de se porter au secours des immigrés de Cologne accusée d’avoir peloté les dames de la ville, un soir de Noël, je vous rappelle que la dite Clementine avait dit que les Allemandes avaient l’habitude vu que toute l’armée rouge leur était passé dessus. On s’interroge sur un tel appui et celui de la Une : malaise pour toi espèce de propagandiste de l’OTAN, si tu avais fait ton boulot contre la guerre en Syrie, au lieu y compris de nous vendre les malheureux kurdes dans la coalition, tu serais mieux placé pour dénoncer ce que cette ignominie a produit y compris chez les chrétiens de Syrie, cet homme a fait une bouffée délirante au bout de quelle course et comme d’habitude les victimes de la guerre (que ton collabo a approuvé) sont les enfants, les vieillards et la meute continue à déchirer à belle dent, l’extrême droite monte et c’est ta lâcheté toi qui fut jadis un journal communiste qui a non seulement cautionné le crime en Syrie en le présentant comme une lutte pour la liberté et maintenant crie au malaise…

Voilà clairement démontré comment l’Humanité non seulement depuis une trentaine d’années a contribué à ce que la situation soit ce qu’elle est : intolérable … Certes ils ne sont pas à l’origine des méfaits de l’impérialisme et du capital, ils se sont contentés de pratiquer la politique du chien crevé au fil de l’eau. Ils ont contribué à la destruction du PCF et ils continuent : quand ils n’osent plus défendre l’indéfendable, ils parlent pour ne rien dire.

Je lis le passionnant livre d’Alexandre Ostrovski dont je vous ai déjà parlé (Erreur ou trahison? Enquête sur la fin de l’URSS, qui vient de paraître chez Delga), il débute par un questionnement : est-ce que Gorbatchev avait un plan pré-établi pour détruire l’URSS ou était-il simplement incompétent ? En tous les cas ce qui est sûr c’est que lui et l’équipe qu’il a rassemblée avaient tous une caractéristique : cyniquement ils ne croyaient plus au communisme, ni au socialisme, ils avaient fait carrière en disant ce qu’ils ne pensaient pas, mais entre eux ne se cachaient pas de leurs opinions.

L’auteur aborde ainsi la politique étrangère et montre comment Gorbatchev nomme E. Chevardnaze ministre des Affaires étrangères. Il le charge de deux tâches essentielles : procéder à une purge du personnel du ministère qu’il dirigeait et revoir la politique du ministère qu’il dirige dans le sens de “l’Europe est notre maison commune”.

Il faut commencer par la première tâche sans cela la seconde est difficile. Sous Chevardnaze, les changements ont été si importants que les subordonnés ont appelé le nouveau ministre “le Gauleiter du parti”.

Mais c’est la révision de la politique étrangère de l’URSS par quoi tout va débuter méthodiquement, ce qu’analyse le chapitre. En partant de problèmes réels mais qui n’étaient pas dramatiques, depuis quelques années la distance se creusait au plan du développement scientifique et technique entre l’URSS et ses principaux concurrents du monde occidental, les États-Unis en particulier. La course aux armements n’arrangeait rien.

Là dessus Reagan a lancé le bluff de la “guerre des étoiles”en mars 1983, inventant que les Etats-Unis étaient en capacité de développer des armes à micro_onde ou laser capables de frapper des missiles.

ce qu’analyse très bien le livre c’est que partant de problèmes rééls mais qui avaient une solution en feignant de croire aux thèses de Reagan, Gorbatchev et l’équipe qu’il avait mis en place, ici comme ailleurs a fait exactement le contraire de ce qu’il aurait fallu faire, il a accru le sous développement scientifique et technique désorganisé la production et partant de là a développé une politique qui a consisté à tabler sur la bonne foi de ses adversaire, en détruisant ses propres forces y compris celles du pacte de Varsovie pour livrer l’URSS à l’impérialisme: l’Europe, notre maison commune est l’un des piliers de cette politique désignée sous le nom de perestroika.

Ainsi le constat bien réel du creusement du retard scientifique et technologique n’a pas été affronté au contraire, il a été accru, mais en revanche sa mise en avant a servi à faire reposer tout sur le “mécanisme de gestion hérité du passé”. Et vont être décrite des transformations structurelles (on pense à ce qui a été fait par Robert Hue sous couvert de “mutation”) en particulier les décisions réelles ne reçoivent plus l’aval des instances du parti, celles-ci deviennent des lieux de discussion mais comme le reflexions insistent sur le constat sans jamais avoir ni plan de travail, ni moyens financiers et humains pour la réalisation, ce sont des lieux de bavardage et rien d’autre. Dans de telles conditions où la démocratie , celle de l’intervention en acte est détruite, les grands débats sur le retard scientifique et technique ont simplement été des façades idéologiques qui ont en réalité servi à faire adopter une politique d’abandon face à la supposée guerre des étoiles à laquelle l’URSS était considérée comme ne pouvant pas faire face.

C’est fascinant, les scientifiques disent que la fameuse guerre des étoiles de Reagan c’est du pipeau on les invite à revoir leur copie jusqu’à ce que quelques uns disent que peut-être et à partir de là on va en déduire qu’il faut impérativement, à n’importe quel prix obtenir le désengagement des Etats-Unis de l’OTAN, en se contentant d’une vague promesse, on va désarmer comme dans le même temps on aggrave les conditions du retard en désorganisant tout possiblité d’investissement. Il est analysé très finement le rôle de la fameuse campagne “anti-alcoolique”.

Je crois que l’on ne comprend rien à la destruction du PCF et de tout ce que des générations de lutte et de desintéressement ont produit si l’on ne fait pas un bilan semblable de la manière dont partout dans le monde, dans les ex-pays socialistes mais aussi dans les grands partis comme le PCF, le PCI, a été appliqué de pareils schémas : on est parti de problèmes réels non pour les affronter mais pour liquider avec un cynisme que certains confondent toujours avec de la compétence.

On mesure bien que cela n’a pas existé seulement dans le PCF, c’est toute la société française qui a été prise dans ce processus et c’est bien sur apparu comme “la modernité”.

Comment on en arrive non pas à mettre en cause l’impérialisme qui produit les guerres et détruit les être humains, des gens jetés non seulement dans des naufrages mais dans une destruction, devenue des grenades dégoupillées, pas parce qu’ils sont immigrés mais parce que les conditions de la prise en charge de la maladie mentale comme du logement, de l’emploi sont ce qu’elles sont et que ceux qui en font les frais sont toujours les mêmes. Ou on accuse les vrais responsables ou on passe pour des dames de bonnes oeuvres incapables d’avoir la moindre solution concrète et ont fait de chaque fait divers un marchepied pour le fascisme.

Danielle Bleitrach

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3 Commentaires

  • Martine Garcin
    Martine Garcin

    Les interventions de Danielle B. et autres camarades à propos de l’Humanité “Qu’elle est jolie la guerre” sont efficaces. À lire aujourd’hui dans l’Humanité l’article de Vadim K. sur le sommet de Vienne pour la Paix : il donne la parole à ceux qui rendent l’OTAN responsable du conflit en Ukraine et termine l’article par une autre citation : “… construire un monde nouveau, plus sûr et plus juste”.

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  • Philippe
    Philippe

    Il faut sortir de cette bouse mafieuse qu’est la CIA-MOSSAD/UE/DOLLAR/EURO/OTAN au plus vite.
    Si Fabien Roussel avant en février 2022 défendu cette vision il aurait fait un score à 2 chiffres, Le Pen et Mélenchon ayant rejoint leur camps ultralibéral hyper atlantiste, un boulevard politique existait devant la campagne électorale du PCF et des législatives. Ce qui aurait aussi permis de présenter plus de 550 candidats PCF aux législatives et d’en faire élire plus de 50.
    Au lieu de cela par arrivisme court-termiste et incompétence Roussel et son “staff” ont couru avec la CIA-MOSSAD/UE/DOLLAR/EURO/OTAN pour taper contre la Russie et la Chine communiste et pour soutenir les nazis ukrainiens qui ont tués les militants communistes ukrainiens.

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  • Michel DECHAMPS

    Oui il faut sortir de la …Mais il faudrait que tous les communistes qui ont quitter le parti reviennent pour ce reaproprier ce ” malheureux PCF .plutôt que de conter les coups .

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