Histoire et société

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Ukraine : des experts de l’US National Security dénoncent un « désastre total » et appellent à la paix

Medea Benjamin et Nicolas J. S. Davies reviennent sur la pleine page du New York Times qualifiant la guerre de « désastre total » et exhortant Biden et le Congrès américain à y mettre fin rapidement. Aux Etats-Unis sur fond d’élections à venir, un refus de la guerre prend de l’ampleur, la dénonciation du rôle des Etats-Unis contre ce qui s’avère être un vrai désastre tranche avec la propagande pro-OTAN de nos médias et de nos politiciens qui préfèrent transformer en fascisme anti-immigrés un fait divers qui est le produit de leur propre adhésion à une autre catastrophe : la guerre en Syrie. C’est proprement écœurant et vous vous étonnez que le Rassemblement national ait un boulevard, quand la gauche unanime jusqu’au secteur international du PCF et le même sordide Humanité ont soutenu ce crime made in USA et même maintenant n’osent plus par pur opportunisme dire ce qu’il en est des crimes yankees pour y avoir participé aux côtés des malheureux kurdes. Ils ont l’air en défendant l’immigration de bonnes sœurs irresponsables, la lâcheté, le fait d’être des vendus ceux qui le payent ce sont les victimes des guerres qu’ils n’osent même plus dénoncer. (note de Danielle Bleitrach)

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Source : Common Dreams, Medea Benjamin, Nicolas J. S. Davies
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le 16 mai dernier, le New York Times a publié une pleine page de publicité signée par 15 experts américains de la sécurité nationale au sujet de la guerre en Ukraine. Intitulée « Les États-Unis devraient être une force pour la paix dans le monde. » Elle a été rédigée par le Eisenhower Media Network.

Tout en condamnant l’invasion de la Russie, la déclaration fournit un compte rendu plus objectif de la crise en Ukraine que celui que le gouvernement américain ou le New York Times ont précédemment présenté au public, y compris le rôle désastreux des États-Unis dans l’expansion de l’OTAN, les avertissements ignorés par les administrations américaines successives et l’escalade des tensions qui ont finalement conduit à la guerre.

La déclaration qualifie la guerre de « désastre absolu » et exhorte le président Joe Biden et le Congrès à « mettre fin rapidement à la guerre par la diplomatie, compte tenu notamment des dangers d’une escalade militaire qui pourrait devenir incontrôlable. »

Cet appel à la diplomatie lancé par d’anciens initiés sages et expérimentés – diplomates, officiers militaires et fonctionnaires civils américains – aurait été une intervention bienvenue au cours de n’importe lequel des 442 jours qu’a duré cette guerre. Pourtant, cet appel intervient aujourd’hui à un moment particulièrement critique de la guerre.

Le 10 mai, le président Volodymyr Zelensky a annoncé qu’il retardait « l’offensive de printemps » tant attendue par l’Ukraine afin d’éviter des pertes « inacceptables » pour les forces ukrainiennes.

La politique occidentale a maintes fois placé Zelensky dans une position quasi impossible, coincé entre la nécessité de montrer des signes de progrès sur le champ de bataille pour justifier la poursuite du soutien occidental et des livraisons d’armes et, d’autre part, le coût humain choquant de la poursuite de la guerre, représenté par les nouveaux cimetières où des dizaines de milliers d’Ukrainiens sont aujourd’hui enterrés.

On ne voit pas comment un retard dans la contre-attaque ukrainienne prévue pourrait l’empêcher d’entraîner des pertes ukrainiennes inacceptables lorsqu’elle se produira finalement, à moins que ce retard ne conduise en fait à réduire et à annuler bon nombre des opérations qui ont été planifiées.

Zelensky semble atteindre une limite en ce qui concerne le nombre de ses concitoyens qu’il est prêt à sacrifier pour satisfaire les demandes occidentales de signes de progrès militaires afin de préserver l’alliance occidentale et de maintenir le flux d’armes et d’argent vers l’Ukraine.

Le rôle de Boris Johnson

La situation difficile dans laquelle se trouve Zelensky est certainement due à l’invasion russe, mais aussi à l’accord qu’il a passé avec le diable en avril 2022, sous la forme du Premier ministre britannique de l’époque, Boris Johnson.

Johnson a promis à Zelensky que le Royaume-Uni et « l’Occident collectif » étaient « là pour le long terme » et qu’ils le soutiendraient pour récupérer l’ensemble de l’ancien territoire ukrainien, à condition que l’Ukraine cesse de négocier avec la Russie.

Johnson n’a jamais été en mesure de tenir cette promesse et, depuis qu’il a été contraint de démissionner de son poste de Premier ministre, il s’est prononcé en faveur d’un retrait de la Russie uniquement des territoires qu’elle a envahis depuis février 2022, et non d’un retour aux frontières d’avant 2014. Pourtant, c’est précisément ce compromis qu’il a empêché Zelensky d’accepter en avril 2022, alors que la plupart des morts de la guerre étaient encore en vie et que le cadre d’un accord de paix était sur la table lors de pourparlers diplomatiques en Turquie.

Zelensky a désespérément tenté de faire en sorte que ses soutiens occidentaux respectent la promesse exagérée de Johnson. Mais à moins d’une intervention militaire directe des États-Unis et de l’OTAN, il semble qu’aucune quantité d’armes occidentales ne permette de sortir de l’impasse dans ce qui a dégénéré en une guerre d’usure brutale, menée principalement par l’artillerie, les tranchées et la guerre urbaine.

Un général américain s’est vanté que l’Occident avait fourni à l’Ukraine 600 systèmes d’armes différents, mais cela crée des problèmes. Par exemple, les différents canons de 105 mm envoyés par le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et les États-Unis utilisent tous des obus différents. Et chaque fois que de lourdes pertes obligent l’Ukraine à reformer les survivants en nouvelles unités, nombre d’entre eux doivent être réentraînés à l’utilisation d’armes et d’équipements qu’ils n’ont jamais utilisés auparavant.

Document du Pentagone ayant fuité

Malgré la livraison par les États-Unis d’au moins six types de missiles antiaériens – Stinger, NASAMS, Hawk, Rim-7, Avenger et au moins une batterie de missiles Patriot – un document du Pentagone a révélé que les systèmes antiaériens S-300 et Buk construits par les Russes constituent toujours près de 90 % des principales défenses aériennes de l’Ukraine.

Les pays de l’OTAN ont cherché dans leurs stocks d’armes tous les missiles qu’ils pouvaient fournir pour ces systèmes, mais l’Ukraine a presque épuisé ces réserves, laissant ses forces nouvellement vulnérables aux frappes aériennes russes au moment même où elle se prépare à lancer sa nouvelle contre-attaque.

Depuis au moins juin 2022, Biden et d’autres responsables américains ont reconnu que la guerre devait se terminer par un règlement diplomatique et ont insisté sur le fait qu’ils armaient l’Ukraine pour la placer « dans la position la plus forte possible à la table des négociations ». Jusqu’à présent, ils ont affirmé que chaque nouveau système d’armement envoyé et chaque contre-offensive ukrainienne contribuaient à cet objectif et renforçaient la position de l’Ukraine.

Mais les documents du Pentagone qui ont fait l’objet d’une fuite et les récentes déclarations des responsables américains et ukrainiens montrent clairement que l’offensive de printemps prévue par l’Ukraine, déjà reportée à l’été, ne bénéficiera pas de l’effet de surprise précédent et se heurtera à des défenses russes plus puissantes que les offensives qui ont permis à l’Ukraine de récupérer une partie des territoires qu’elle avait perdus à l’automne dernier.

Un document du Pentagone ayant fait l’objet d’une fuite prévient que « les déficiences persistantes de l’Ukraine en matière d’entraînement et d’approvisionnement en munitions vont probablement freiner les progrès et exacerber les pertes au cours de l’offensive », et conclut que les gains territoriaux seront probablement moindres que ceux des offensives de l’automne.

Comment une nouvelle offensive aux résultats mitigés et aux pertes plus élevées peut-elle renforcer la position de l’Ukraine à une table de négociation actuellement inexistante ? Si l’offensive révèle que même d’énormes quantités d’aide militaire occidentale n’ont pas réussi à donner à l’Ukraine une supériorité militaire ou à réduire ses pertes à un niveau soutenable, elle pourrait bien laisser l’Ukraine dans une position de négociation plus faible, au lieu d’une position plus forte.

Entre-temps, des offres de médiation pour des pourparlers de paix ont afflué de pays du monde entier, du Vatican à la Chine en passant par le Brésil. Cela fait six mois que le général Mark Milley, chef de l’état-major interarmées des États-Unis, a suggéré publiquement, après les gains militaires de l’Ukraine à l’automne dernier, que le moment était venu de négocier en position de force. « Lorsque l’occasion de négocier se présente, lorsque la paix peut être obtenue, il faut la saisir », a-t-il déclaré.

Il serait doublement ou triplement tragique qu’en plus des échecs diplomatiques qui ont conduit à la guerre et de l’échec des négociations de paix menées par les États-Unis et le Royaume-Uni en avril 2022, l’opportunité diplomatique que Milley voulait saisir soit perdue dans l’espoir déçu d’atteindre une position de négociation encore plus forte, ce qui n’est pas vraiment réalisable.

Si les États-Unis persistent à soutenir le plan d’une offensive ukrainienne, au lieu d’encourager Zelensky à saisir le moment de la diplomatie, ils partageront une responsabilité considérable dans l’échec à saisir la chance de la paix, et dans les coûts humains effroyables et toujours croissants de cette guerre.

Les experts qui ont signé la déclaration du New York Times ont rappelé qu’en 1997, 50 experts américains de haut niveau en politique étrangère avaient averti le président Bill Clinton que l’élargissement de l’OTAN était une « erreur politique de proportions historiques » et que, malheureusement, Clinton avait choisi d’ignorer cet avertissement. Biden, qui poursuit aujourd’hui sa propre erreur politique aux proportions historiques en prolongeant cette guerre, ferait bien de suivre les conseils des experts politiques actuels en aidant à forger un règlement diplomatique et en faisant des États-Unis une force pour la paix dans le monde.

Medea Benjamin

Medea Benjamin, cofondatrice de Global Exchange et de CodePink : Women for Peace, est l’auteure du livre « Inside Iran : The Real History and Politics of the Islamic Republic of Iran » [La véritable histoire et la politique de la République islamique d’Iran, NdT]. Ses précédents ouvrages comprennent : « Kingdom of the Unjust : Behind the US-Saudi Connection » [Le Royaume de l’injustice : au-delà la relation USA-Arabie saoudite, NdT. 2016] ; « Drone Warfare : Killing by Remote Control » [La guerre par drones : tuer à distance, 2013. NdT] ; « Don’t Be Afraid Gringo : A Honduran Woman Speaks from the Heart » [Ne sois pas effrayé gringo : une Hondurienne parle du fond du coeur, NdT. 1989), et (avec Jodie Evans) « Stop the Next War Now (Inner Ocean Action Guide) » [Stoppons la prochaine guerre maintenant, NdT. 2005].

Nicolas J. S. Davies

Nicolas J. S. Davies est un journaliste indépendant et un chercheur de CodePink. Il est le co-auteur, avec Medea Benjamin, de « War in Ukraine : Making Sense of a Senseless Conflict » [La guerre en Ukraine : donner du sens à une guerre insensée, NdT], disponible chez OR Books en novembre 2022, et l’auteur de « Blood On Our Hands : the American Invasion and Destruction of Iraq » [Du sang sur nos mains : l’invasion et la destruction par les Etats-Unis de l’Irak, NdT].

Source : Common Dreams, Medea Benjamin, Nicolas J. S. Davies – 16-05-2023

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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