Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

“Un lutteur et un bourreau de travail”. Encore un article de la “Pravda” sur Grigori Romanov

Un jour peut-être comme en Russie aujourd’hui on se souviendra que rien n’était joué, que l’histoire aurait pu être différente, s’il n’avait pas été accepté la forfaiture et les manœuvres politiciennes au lieu d’une perspective révolutionnaire qui exigeait travail, engagement, d’être simplement à la hauteur de cette classe ouvrière que l’on prétendait représenter à bon compte. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)

https://kprf.ru/history/party/216499.html

Le 7 février, jour du centième anniversaire de la naissance de Grigory Romanov, éminent homme d’État et chef du comité régional du PCUS à Leningrad, les patriotes de la capitale du Nord ont déposé des fleurs sur le panneau commémoratif de la maison où il vivait. Pendant les treize années où il a travaillé, de 1970 à 1983, en tant que premier secrétaire du comité régional de Leningrad du PCUS, il a beaucoup fait pour le développement et la prospérité de la ville-héroïne de Leningrad.

Par Andrei ANTONOV, premier vice-président de l’Académie des sciences et des arts Petrovsky, membre de l’Union des écrivains russes.

2023-02-09

La sphère sociale se développait activement. La construction et le soutien d’écoles, de jardins d’enfants, de sanatoriums, de maisons de repos, de maisons et de palais de la culture, de musées, de théâtres – tels étaient les traits caractéristiques de la capitale du Nord à l’époque où G. V. Romanov était à la tête de la ville et de la région. Leningrad était presque entièrement approvisionnée en denrées alimentaires produites dans la ville et la région. De grandes associations de recherche, de production et d’agriculture ont été créées. Un vaste réseau d’enseignement professionnel a été mis en place pour former le personnel des entreprises urbaines et rurales.

A la cérémonie de dépôt des gerbes ont assisté entre autres, le membre du présidium du comité central du KPRF, premier secrétaire du comité de la ville de Saint-Pétersbourg du KPRF, le chef de la faction du KPRF à l’Assemblée législative de la ville, R. Kononenko, le chef adjoint de la faction du KPRF à l’Assemblée législative, V. Borodenchik, le président honoraire de l’Académie des sciences et des arts Pierre-le-Grand, A. Vorontsov, etc.

Cependant, aucun représentant de l’administration de Saint-Pétersbourg ou des médias de la ville n’a daigné se déplacer. Le soir du même jour, dans une émission diffusée sur une chaîne de radio à ondes courtes assez connue, j’ai entendu des insinuations grossières et insultantes, totalement fantaisistes, à l’égard du chef de notre ville, qui a vécu la Grande Guerre patriotique et les années de dévastation de l’après-guerre. Romanov était accusé de persécution de travailleurs culturels connus, d’antisémitisme et autres ‘péchés’ imaginaires.

Cela me fait penser à une campagne de calomnies similaire datant d’il y a plus de 10 ans. Le 23 avril 2010, le gouvernement de Saint-Pétersbourg avait adopté le décret n° 427 “relatif à l’installation d’une plaque commémorative à la mémoire de Grigory V. Romanov” sur la façade du bâtiment n° 1/5, rue Kuibyshev, avec le texte suivant : “Grigory V. Romanov, premier secrétaire du Comité régional de Leningrad du PCUS, a vécu dans ce bâtiment de 1972 à 1984”.

Peu après la promulgation du décret n° 427, des appels aux dirigeants de Saint-Pétersbourg, pompeusement appelés “appels des citoyens de Saint-Pétersbourg”, ont été publiés dans la presse de la ville. L’un d’entre eux, rapporté par Zaks.ru, émanait du bureau de Yabloko, basé à Saint-Pétersbourg, rédigé en ces termes : “Grigory Romanov est un homme dont le nom est associé à des pages sombres et oppressives de l’histoire de Leningrad. Il a détruit et persécuté des personnalités culturelles, banni de la ville Sergeï Iourski* et Arkadi Raïkine*, Joseph Brodsky* et Sergeï Dovlatov*, et persécuté Gueorgui Tovstonogov*. Il réprimait toute pensée libre et se distinguait par son antisémitisme pathologique… (…) Le bureau de Saint-Pétersbourg du parti Iabloko exige l’annulation immédiate de la décision honteuse de perpétuer la mémoire de Romanov.

“Les ‘chercheurs de vérité’ de Iabloko ont choisi pour être plus convaincants des membres de la communauté juive, à l’exception de Tovstonogov (père est russe, mère géorgienne), présentés comme des personnes “persécutées”. Mais il convient de rappeler comment Romanov a “persécuté” et “banni” les personnalités culturelles susmentionnées.

À l’époque, aucun prix important décerné à une personnalité culturelle n’a jamais été remis à l’insu de la direction du parti communiste. En 1971, Arkadi Raïkine a été décoré de l’Ordre du Drapeau rouge du travail et, en 1980, il a reçu le prix Lénine. En 1981, il reçoit le titre de Héros du Travail Socialiste avec l’Ordre de Lénine. Ce n’est qu’en 1982 que le théâtre de variétés et de miniatures dirigé par Raïkine (qui en était le directeur depuis 1942) est transféré de Leningrad à Moscou. En 1985, il est décoré de l’Ordre de la Grande Guerre Patriotique au 1er degré. Enfin, Romanov est secrétaire du comité central du PCUS en 1983-1985 et siège au Kremlin de Moscou. De quel type de persécution pouvons-nous parler ?

Gueorgui Tovstonogov est le directeur en chef permanent du Grand Théâtre Dramatique (BDT) depuis 1956. Il a été décoré de l’ordre de Lénine en 1973 et a reçu le prix d’État en 1978. En 1983, il est devenu Héros du Travail Socialiste avec l’Ordre de Lénine. À l’époque de Romanov, il a été député du Soviet suprême de l’URSS lors des 7e et 8e convocations.

Sergeï Iourski est un acteur du BDT de 1957 à 1978, et depuis 1968 – artiste honoré de la RSFSR. En 1970-1978, il a joué de nombreux rôles ; en tant que directeur de production, il a mis en scène au BDT la pièce de Mikhaïl Boulgakov La cabale des Hypocrites [connue aussi sous le titre de Molière, NdT] et Les fantaisies de Fariatiev d’A. Sokolova, et joue dans des dizaines de films. Depuis 1978, il travaille comme acteur au théâtre moscovite de Mossovet. Le théâtre Mossovet l’a accueilli en tant qu’acteur, puis en tant que metteur en scène.

L’abrogation du décret n° 427 du gouvernement municipal est également demandée par des “Pétersbourgeois profondément offensés”, dont l’artiste du peuple de l’URSS Oleg Basilashvili*, le réalisateur Alexeï Guerman*, l’écrivain Boris Strougatski*, le poète Alexandre Kouchner* et d’autres encore, soit 30 signataires au total. « Nous nous souvenons bien de Grigori Romanov, premier secrétaire du comité régional du PCUS, un homme qui a étouffé la culture, la science, l’art et la liberté, détesté les intellectuels, expulsé les artistes, les poètes et les peintres de la ville et fait tout ce qu’il pouvait pour transformer Leningrad en “une grande ville au destin régional” », peut-on lire dans la pétition.

La façon dont Romanov a “étranglé” les personnalités culturelles est illustrée par les biographies des signataires eux-mêmes. En 1977, Oleg Basilashvili est devenu artiste du peuple de la RSFSR et, en 1979, il a été décoré de l’Ordre du Drapeau rouge du travail. En 1984, il a reçu le titre d’artiste du peuple de l’URSS. Oleg Basilashvili est entré au BDT en 1959. De 1970 à 1983, il a joué de nombreux rôles au théâtre et a joué dans plus de 20 films.

Alexeï Guerman est directeur de production aux studios Lenfilm depuis 1964. Sous le règne du “féroce” Romanov, il existait un studio de cinéma qui travaillait activement et sortait des films. Et quel studio ! Bizarrement, après des années de démocratie “avancée” bien-aimée des “habitants offensés de Saint-Pétersbourg”, on n’entend plus parler ce de studio. Dans les années 1970 et au début des années 1980, A. German a réalisé un certain nombre de films en tant que réalisateur, et il est apparu dans plusieurs films en tant qu’acteur. En 1985, il devient secrétaire de l’Union des directeurs de la photographie de l’URSS.  

Boris Strougatski dirige depuis 1972 le séminaire de Leningrad pour les jeunes auteurs de science-fiction (Boris Strugatsky Seminar). Une dizaine d’œuvres d’Arcady et Boris Strougatski (leur père, Nathan Zalmanovich Strougatski, critique d’art et membre du parti communiste russe depuis 1916 a participé à la guerre civile) ont été publiées dans les années 1970 et dans la première moitié des années 1980. La petite planète 3054, découverte en 1977, porte le nom de Strougatski. En 1979-1982, des versions cinématographiques de leurs œuvres ont été réalisées : “L’hôtel du montagnard perdu”, “Stalker”, “Les magiciens”.

La liste des personnalités culturelles dont la carrière créative s’établit à Leningrad dans les années 1970 et 1980 et qui ont bénéficié du soutien des autorités de la ville pourrait s’allonger à l’infini. Je n’ennuierai pas le lecteur. Mais une chose est claire : les soi-disant pourfendeurs de l’antisémitisme, d’hier et d’aujourd’hui, déforment manifestement les faits. Je pense que c’est pour satisfaire des intérêts douteux.

Je n’idéalise pas Grigori Vasilyevitch. Mais j’ajouterai à ce qui précède que, sous son égide, des théâtres et des musées ont été restaurés et créés. Le palais Menshikov, par exemple, a commencé à fonctionner comme musée en 1981. À Leningrad et dans la région, il y avait des palais et des maisons de la culture en activité, avec de nombreuses sections pour les enfants, les jeunes et les adultes. Il y avait des groupes créatifs dans les universités et les entreprises. Où sont ces groupes et ces clubs aujourd’hui ? Il est vrai qu’il n’y avait pas de défilés pour la gaypride ni de clubs pour les minorités sexuelles, dont les libéraux modernes nous rabâchent souvent les oreilles avec leurs droits.

Pourquoi G.V. Romanov suscite-t-il tant de rancœur de la part d’une partie limitée de la société ? Peut-être parce qu’il était Russe et patriote de sa patrie, défendant les intérêts de son pays natal ? Ou parce que, malgré ses erreurs et parfois ses échecs, il a amélioré le bien-être matériel et spirituel non seulement de quelques privilégiés, mais aussi de toute la population respectable de Leningrad. Pourquoi falsifier l’histoire, salir notre passé et les dignes dirigeants du pays ?

Face aux mérites de Romanov et d’autres dirigeants soviétiques, le travail de nombreux hommes d’État contemporains de diverses envergures est insignifiant. Ces derniers devraient prendre exemple sur leurs prédécesseurs soviétiques. Ils devraient lutter contre les tentatives de falsification de l’histoire de notre pays, respecter les réalisations de la patrie, y compris celles de la période soviétique. En effet, selon l’article 67.1 de la Constitution de la Fédération de Russie, la Russie est le successeur et l’héritier de l’URSS. Et cela ne doit pas seulement être déclaré, mais aussi mis en œuvre dans les politiques intérieures et étrangères de l’État russe.

* Toutes ces personnalités citées sont mondialement célèbres et des fiches Wikipédia bien remplies (y compris Grigori Romanov) [NdT]

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