Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

LES BOULEAUX, la patrie soviétique, immense et multiple (chanson)

Les Bouriates, dont la population s’élève actuellement à 515 000 individus, sont le plus important groupe ethnique minoritaire de Sibérie où ils sont principalement concentrés dans leur région d’origine, la République de Bouriatie et il y a également des populations bouriates importantes dans le Nord de la Mongolie ainsi qu’une petite minorité en Chine dans la région autonome de Mongolie Intérieure. Les Bouriates sont une ethnie mongole de religion bouddhiste, ils partagent beaucoup de points communs avec leurs voisins de Mongolie, notamment l’élevage nomade et la yourte comme habitat traditionnel. Aujourd’hui, la majorité des Bouriates vivent à et autour d’Oulan-Oudé, la capitale de la république, bien qu’ils soient encore nombreux à vivre plus traditionnellement dans la steppe. Leur langue est la langue bouriate. Le parti communiste est très présent et est la force politique principale. Ce soldat bouriate qui chante cette chanson dit l’animisme russe, cette relation à la nature si mystérieuse de cet immense pays, il porte d’ailleurs sur l’épaule gauche l’écusson de l’URSS, comme pour dire à la fois l’immensité, l’éternité de l’espèce, ses luttes face à la nature, l’émancipation humaine et donc l’avenir dans l’immémorial ce que serait aussi la Révolution dans la lutte pour toutes les patries. Je voudrais faire à tous une proposition concernant la manière dont nous les anciens nous pourrions jouer un rôle spécifique dans un mouvement contre la guerre… (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)

Un soldat bouriate sur le front chante cette chanson du groupe Liubé (2004)

LES BOULEAUX

Pourquoi les bouleaux en Russie nous parlent ainsi ?

Pourquoi les bouleaux blancs comprennent-ils tout ?

Penché dans le vent au bord des routes

Ils jettent leurs feuilles si tristement.

Je vais suivre la route, j’aime l’espace ouvert,

Peut-être est-ce tout ce que j’apprendrai dans la vie.

Pourquoi les feuilles volent si tristement,

Sous ma chemise, elles caressent mon âme ?

Et mon cœur est chaud et chaud encore,

Et encore et encore sans réponse.

Une feuille de bouleau est tombée sur mon épaule,

Comme moi, détachée de la branche.

Asseyons-nous pour la route, ma chérie, tous les deux,

Tu comprends, je vais revenir, ne sois pas triste, ne le sois pas.

Et la vieille femme fera un signe d’adieu,

Et fermera la porte derrière moi.

Pourquoi les bouleaux en Russie nous parlent ainsi ?

Pourquoi l’accordéon joue-t-il si bien ?

Les doigts sur les touches volent comme le vent,

Et la dernière, la dernière, s’arrache…

Et mon cœur est chaud et chaud encore,

Et encore, et encore, sans réponse.

Une feuille de bouleau est tombée sur mon épaule,

Comme moi, détachée de la branche.

Chanson pour chanson j’ai envie de saluer ce chanteur bouriate par une anecdote sur l’état de l’opinion publique en France et une Proposition pour lutter tous contre la Guerre…

PROPOSITION AUX ANCIENS POUR UN RÔLE SPÉCIFIQUE DANS LA LUTTE CONTRE LA GUERRE…

Tout est parti comme toujours, loin des médias, dans la rencontre au quotidien avec l’opinion des petites gens ordinaires, ceux à qui l’on dénie le droit au respect de leur avis…

Deux fois par semaine, la vieille dame que je suis va dans une salle de sport. Mon coach Kine est un charmant jeune homme d’une trentaine d’années, fils de communistes de Vaux en Velin. Il n’a pas le temps de militer entre travail et vie familiale mais il est politisé comme ses parents et nous avons de fréquentes discussions. Il nous arrive même de les partager à haute voix avec le reste du personnel soignant et des patients (ces derniers tous en rééducation ou en lutte contre les effets de l’âge).

Le refus de la réforme des retraites étant général, mais cela va plus loin, règne un scepticisme généralisé sur la politique du gouvernement et de Macron, et un refus de la guerre, l’idée que celle-ci fait partie de l’arsenal de l’enfumage.

Donc jeudi 26 janvier, j’interpelle mon jeune coach kine en lui disant: vous avez l’âge d’être mobilisé et parti comme c’est parti cela peut devenir une réalité… Il me regarde froidement et me dit : “je refuse de faire la guerre.”, je lui dis “s’ils la font vous serez obligé”. “je n’irai pas faire la guerre à Poutine et s’il le faut je la ferai à l’Elysée” m’oppose-t-il toujours sans la moindre trace d’humour mais avec une farouche détermination. Il y a réfléchi.

Cela fait des années depuis la guerre d’Algérie que je n’avais pas vu un tel regard dans les yeux d’un jeune homme. En riant à moitié je lui ai dit : nous les vieux il faudra que l’on se place devant vous comme des boucliers, il faut bien mourir de quelque chose et devenir votre gilet pare-balle ça vaut mieux que le stade final du cancer…

J’ai dit, cela me rappelle les raisons pour lesquelles je me suis engagée, je ne les renie pas au contraire, même si je ne suis plus capable de grand chose, encore que avec un peu d’exercice, et je me suis mise à esquisser les sauts avec lesquels nous manifestations pour soutenir le peuple vietnamien, sauts, dont je ne croyais plus être capable, et je me suis mise à avancer en chantonnant : “ho ho ! ho Chi minh!”, ce qui s’avère un excellent exercice pour l’équilibre toujours précaire chez les seniors avancés… avec le mérite de faire fermer leurs gueules à toutes les armées impériales…

Petit frère bouriate, honnêtement je n’ai pas grande confiance en Poutine et en l’oligarchie, mais en toi oui… et surtout je sais que les pires du lot ce sont mes “propres généraux”, que la paix passe par la défaite de l’OTAN et des USA, et cette défaite ne sera complète que si nous allons toi et moi, mon jeune kine jusqu’au bout de la défaite de tous les capitalistes et l’instauration du socialisme, de la paix. Alors je plaisante à peine quand je propose comme ultime utilité de devenir les gilets pare-balles des jeunes de votre âge…

Mais ça s’est terminé d’une manière moins combative avec une autre vieille dame par la chanson “nous sommes les sœurs jumelles… ” Alors mes sœurs octogénaires, mes jumelles, qu’est-ce que vous en pensez est-ce que cela ne serait pas digne du meilleur de notre génération, de ce que notre forme éblouissante doit aux combats de la IIe guerre mondiale, qui a permis de vaincre le nazisme et nous a offert la sécurité sociale, digne de nos luttes pour devenir libres et égales mais pour toute l’humanité, est-ce que nous n’avons pas à donner nos ultimes forces pour protéger nos enfants menacés par la guerre ?

Danielle Bleitrach

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