Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Vu des USA : la France a de grands projets pour l’Indo-Pacifique mais sans but ni les moyens de sa politique


National interest

Nous poursuivons aujourd’hui 19 janvier 2023, jour de la première grande manifestation contre la politique intérieure de Macron, notre zoom sur la situation géopolitique ou la guerre d’Ukraine-OTAN, replacée dans un contexte plus large, et sans doute encore plus déterminant : le Pacifique et les tentatives de coalition anti-Chine. Quel rôle prétend jouer Macron ? Ce site des forces armées américaines s’interroge sur la stratégie française, celle de Macron, pas seulement les incompréhensibles zig et zag en matière de soutien à l’Ukraine, mais celle à l’œuvre dans le Pacifique où Macron a prétendu incarner une troisième voie entre le ralliement à la Chine et celle aux Etats-Unis. Comme il n’en a ni la volonté ni les moyens, là aussi Macron macronne, il brasse du vent pour mieux s’aligner et quémander une place pour pouvoir vendre ses armements. Cette analyse témoigne du mépris, le mot est faible que le président français inspire au niveau international en particulier au suzerain les Etats-Unis. Nous Français mesurons bien que notre inapte dirigeant par sa livraison de chars qui a donné le “la” ou a prétendu le faire, non seulement est un dérivatif à la situation intérieure, à la colère qui monte devant la manière dont la France est détruite au profit des sociétés financières nord-américaines, mais aussi à la pression des sociétés d’armements et de la reconstruction pour que la France conserve une place à la table des négociations pour y défendre les intérêts de ses capitalistes. Démonstration de la nécessité pour le mouvement social français d’élargir sa perspective géopolitique en exigeant la paix face à toutes ces manœuvres qui mènent à la guerre (1) (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

14 janvier 2023  Sujet: FranceRégion: AsieÉtiquettes: FranceEmmanuel MacronCompétition des grandes puissancesAUKUSStratégie indo-pacifique

L’avenir de Français stratégie indo-pacifique réside peut-être dans la capacité de Paris à « européaniser » son approche, par Jean-Loup Samaan

Plus d’un an s’est écoulé depuis la formation d’AUKUS – un pacte de sécurité trilatéral entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie – et la crise diplomatique qui a suivi entre la France et l’Australie. Après le choc initial provoqué par l’annonce d’AUKUS, la France n’a eu d’autre choix que de revoir sa politique de partenariat dans l’Indo-Pacifique.

Le différend a non seulement terni les relations bilatérales entre Paris et Canberra, mais a également compliqué les plans de la France dans la région. Bien que les médias aient d’abord interprété le mécontentement français comme un différend commercial sur l’annulation de la commande australienne de plusieurs milliards de dollars pour les sous-marins français Naval Group, l’accord n’était qu’un élément d’une stratégie plus large visant à ancrer la France dans l’Indo-Pacifique.

Jusqu’en septembre 2021, cette stratégie était censée reposer sur deux jambes. Le rapprochement de la France avec l’Inde a fourni la partie « indo », tandis que le partenariat avec l’Australie représentait le partenariat « pacifique ». C’était d’autant plus crucial que, historiquement, la France a été plus impliquée dans l’océan Indien que dans le Pacifique, et le partenariat avec Canberra devait en partie corriger ce déséquilibre.

Depuis le différend AUKUS, l’engagement indo-pacifique de la France a pris plusieurs formes. Sur le plan bilatéral, l’une des évolutions les plus significatives a été le rapprochement de la France avec l’Indonésie. Au cours de la dernière année, les échanges entre les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des deux parties se sont intensifiés. En juillet, le ministre indonésien de la Défense, Prabowo Subianto, a qualifié la France de « principal partenaire stratégique de l’Indonésie ». Quelques mois plus tard, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a poursuivi en affirmant qu’« une puissante intimité stratégique […] est née entre l’Indonésie et la France. Le rapprochement n’est pas seulement en paroles : au milieu des plans indonésiens de modernisation de ses forces armées, la France a conclu un accord pour vendre quarante-deux chasseurs Rafale à l’Indonésie, qui pourrait être suivi par la vente de deux sous-marins d’attaque de classe Scorpène français.

Entre-temps, la France a adopté l’approche « minilatérale ». En 2020, la France a lancé un dialogue trilatéral avec l’Inde et l’Australie, mais il s’est arrêté après la crise AUKUS. Cependant, en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre dernier, les diplomates français ont rencontré leurs homologues de l’Inde et de l’Australie afin de relancer ce cadre.

Vu de Paris, le remplacement du Premier ministre australien Scott Morrison par Anthony Albanese après les élections de mai 2022 était une condition préalable au rétablissement de ces liens. Puis, une visite d’Albanese à Paris en juillet a permis de relancer le dialogue franco-australien au plus haut niveau. Le président Emmanuel Macron a même suggéré cette année-là que l’accord sous-marin était toujours « sur la table » si le nouveau gouvernement australien était ouvert à l’idée (ce n’est pas le cas jusqu’à présent). Le sentiment de « trahison » autour du conflit AUKUS a laissé de profondes cicatrices dans la politique étrangère française et dans l’entourage du président. Bien que des consultations bilatérales puissent se poursuivre, on ne s’attend pas pour le moment à ce que la France reconsidère le partenariat avec Canberra en tant que pilier de la stratégie indo-pacifique de la France.

Il est intéressant de noter qu’une autre réunion trilatérale a eu lieu pendant l’Assemblée générale des Nations Unies à New York. En marge de l’Assemblée générale, l’Inde, la France et les Émirats arabes unis (EAU) ont tenu leur première réunion commune. Ce partenariat trilatéral s’est vraiment développé après la débâcle de l’AUKUS, bien que les responsables français rejettent soigneusement toute causalité entre les deux événements et soulignent que le rapprochement entre les trois pays était en cours depuis plusieurs années.

Les Émirats arabes unis accueillent le commandement naval français pour l’océan Indien depuis 2009, ainsi qu’environ 800 soldats français. Par coïncidence, le 15 septembre 2021, le jour de l’annonce d’AUKUS, Macron a accueilli le dirigeant émirati, Mohammed bin Zayed, qui a ses propres griefs avec les États-Unis. Trois mois plus tard, au milieu de la suspension des pourparlers controversés sur les F-35 entre Abou Dhabi et Washington, les Émirats arabes unis ont annoncé leur intention d’acheter quatre-vingts avions de combat Rafale français. Entre-temps, les Émiratis et les Indiens ont également transformé leur relation en un partenariat stratégique qui implique désormais une coopération antiterroriste et des investissements émiratis majeurs dans les infrastructures de l’Inde. En 2021, les marines des trois pays ont organisé des exercices conjoints dans le golfe Persique.

Il est trop tôt pour dire jusqu’où peut aller ce bloc trilatéral naissant. La France semble désireuse de promouvoir des discussions sur une coopération industrielle de défense commune, d’autant plus que la société Dassault produit des avions de combat Rafale pour Abu Dhabi et New Delhi. Il est également possible de renforcer les consultations dans le domaine de la sécurité maritime dans l’océan Indien, bien que les capacités navales limitées des Émirats arabes unis puissent limiter ces ambitions.

La stratégie indo-pacifique de la France a également pris un caractère plus ambitieux au niveau multilatéral. Au cours des deux dernières années, Paris a approfondi son engagement auprès des organisations régionales. En 2020, il est devenu membre officiel de l’Association des pays riverains de l’océan Indien, faisant valoir que ses territoires dans la région – La Réunion et Mayotte – en faisaient un État souverain de la région au même titre que le Bangladesh ou le Sri Lanka. En novembre 2022, la France a également obtenu le statut d’État observateur lors des réunions des ministres de la Défense de l’ASEAN Plus, la plate-forme de consultations militaires de l’ASEAN avec des partenaires extérieurs tels que l’Australie, l’Inde et les États-Unis.

En outre, en novembre 2022, Macron a été le premier dirigeant européen à prononcer un discours lors du sommet du forum de coopération économique Asie-Pacifique à Bangkok, ce qui lui a permis de souligner l’approche française à l’égard de la région, souvent décrite par l’expression « puissance d’équilibre », un concept aussi vague en anglais qu’en français.

Les responsables français insistent sur le fait que Paris rejette la notion de « confrontation » entre les grandes puissances de la région. L’objectif de la stratégie indo-pacifique de la France n’est pas de contrer la Chine mais de promouvoir des partenariats axés sur des intérêts communs plutôt que sur des menaces communes. Une telle rhétorique française joue comme une critique à peine voilée de la posture américaine, perçue à Paris (ainsi que dans certaines capitales asiatiques) comme trop polarisante.

Des initiatives récentes telles que le rapprochement avec l’Indonésie, le lancement du dialogue entre les Émirats arabes unis et l’Inde et la résurrection du dialogue avec l’Inde et l’Australie ont donné un nouvel élan à la stratégie indo-pacifique de la France. Certes, le partenariat avec Abu Dhabi et New Delhi a ses propres limites : il peut renforcer la présence de la France dans l’océan Indien occidental mais guère au-delà de cette zone. C’est encore ce qui rend le partenariat de la France avec Canberra si crucial.

En conséquence, la France est toujours à l’étude des moyens d’élargir sa politique de partenariat. Certains observateurs spéculent que l’Indonésie pourrait rejoindre le cadre Inde-Émirats arabes unis. En plus de son récent rapprochement avec la France, le pays d’Asie du Sud-Est a également cultivé des liens étroits avec l’Inde et les Émirats arabes unis. Singapour est également fréquemment mentionnée, notamment en raison de son importante coopération diplomatique et militaire avec Paris. Tout en maintenant une position soigneusement équilibrée entre les États-Unis et la Chine, Singapour pourrait également trouver la rhétorique de la France plus attrayante que la position actuelle à Washington.

Enfin, dans cette recherche de partenariats locaux pour consolider sa stratégie indo-pacifique, la France doit faire face à deux questions fondamentales. Le premier concerne sa capacité à façonner l’environnement local. Les cercles politiques asiatiques restent sceptiques quant à la puissance militaire et économique qu’un pays comme la France peut déployer dans l’Indo-Pacifique par rapport aux grandes puissances comme Washington et Pékin. Paris est bien conscient de la nécessité de combler ce déficit de crédibilité et a annoncé l’année dernière de nouveaux déploiements navals pour accroître sa présence dans les eaux asiatiques. Les dépenses militaires françaises devraient également augmenter, mais celles-ci sont moins motivées par les défis de sécurité de l’Asie que par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Personne à Paris n’a l’illusion que la France pourrait égaler les capacités américaines et chinoises. Au lieu de cela, l’objectif est de maintenir des ressources suffisantes pour amener les puissances moyennes asiatiques à considérer la proposition française comme une véritable alternative. La définition de ce niveau de suffisance reste toutefois incertaine.

Cela nous amène au deuxième enjeu auquel Paris est confronté, qui a trait à la nécessité de clarifier sa posture régionale. Bien que les diplomates français vantent la nature distinctive de la stratégie indo-pacifique du pays vis-à-vis des États-Unis, des slogans tels que « la troisième voie de Paris », « pouvoir d’équilibre » ou la France en tant que « puissance d’initiatives » ne sont pas convaincants. Elles peuvent ressembler à des déclarations superficielles cachant une absence d’objectifs concrets ou, pire, pourraient être rejetées comme une rhétorique noble dissimulant la véritable priorité de Paris, c’est-à-dire la vente d’armes.

La politique indo-pacifique de la France n’est pas aussi différente de celle de l’Amérique que sa rhétorique le suggère. La France reste un allié de Washington au sein de l’OTAN et elle a également dénoncé la politique de la Chine en mer de Chine méridionale et ses investissements prédateurs en Asie et en Afrique. En outre, lorsqu’elle travaille avec un public américain, la France a tendance à modérer le discours sur sa « troisième voie », promouvant sa stratégie indo-pacifique comme complémentaire à celle de Washington. C’est une entreprise difficile pour la France de se positionner comme un acteur alternatif de la politique étrangère aux États-Unis tout en persuadant Washington que cette approche profite aux deux pays.

En fin de compte, la crédibilité des capacités et des intentions de la France est une question interdépendante, et la clé pour la résoudre réside peut-être dans sa capacité à mener à bien sa stratégie indo-pacifique. Selon cette approche, l’UE fournirait des ressources que la France ne peut pas offrir seule, soutenant éventuellement la capacité de l’Europe à agir comme une véritable alternative à la concurrence américano-chinoise. Pour les diplomates français, cela signifie qu’ils doivent maintenir l’UE engagée en Asie à un moment où elle se concentre sur la guerre en Ukraine. En d’autres termes, l’avenir de la stratégie indo-pacifique de la France peut se jouer à Bruxelles autant que dans les capitales asiatiques.

(1) je ne saurais trop recommander à nos lecteurs de signer la pétition en faveur de la paix dont Marianne est une des initiatrices et que j’ai signée puisqu’elle est désormais ouverte à tous… comme d’ailleurs de participer et de faire de la publicité à toute initiative en faveur de la paix (je pense en particulier en février à la manifestation initiée par le PRCF et l’ANC à Paris, mais nous y reviendrons ; note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete) :

http://oserlapaix.fr/Petition-Oser-la-paix

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