Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Lettonie : le média russe en exil, héros de l’Occident, Dojd’ sommé de cesser d’émettre ses programmes

La Lettonie fait partie de ces États qui désormais en Europe, non contents de célébrer avec des défilés les anciens nazis mènent une politique de purification ethnique qui frise souvent le grotesque (Nous avons rappelé dernièrement la colère des autorités de l’Estonie voisine devant l’arrivée de réfugiés ukrainiens qu’elles accusent de parler russe et les menace d’expulsion s’ils n’apprennent pas la langue nationale). La télévision indépendante russe en exil Dojd’ doit cesser d’émettre d’ici à 48 heures. Les autorités lettonnes ont décidé de révoquer sa licence, pour une série de faux pas. Oui mais voilà il y a peu cette chaîne était célébrée comme l’exemple du courage continuant à informer les pauvres russes privés de la “vérité”, la nôtre, bien sûr. Cela se passe dans l’UE et nous laisse entrevoir ce qu’est l’ukrainisation des esprits. (Note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

illustration : Le rédacteur en chef de Dojd, Tikhon Dzyadko, en septembre 2022 dans les locaux du média russe exilé en Lettonie.© DAMIEN SIMONART / AFPTV / AFP

L’affaire est d’autant plus caractéristique qu’il y a peu tous les médias français et européens célébraient avec des trémolos dans la voix l’indépendance d’esprit et le courage de Tikhon Dzyadko, “rédacteur en chef de la télévision indépendante DODJ’. Le Monde, l’Express, Euronews, bref la fine fleur, cela ne m’étonnerait pas que l’Humanité et la Marseillaise aient interviewé ce russe “libre”. En tous les cas, il était affirmé qu’exilés en Lettonie après le début de la guerre en Ukraine, des médias libres russes s’efforcent à fournir des informations indépendantes à des millions de Russes soumis à la propagande du Kremlin.

“Ceux qui contrôlent l’information contrôlent la situation”, explique à l’AFP Tikhon Dzyadko, rédacteur en chef de la télévision russe indépendante Dojd. “Notre objectif est que le plus grand nombre possible de gens reçoivent de vraies informations, non pas cette propagande diffusée par les chaînes russes”, ajoute-t-il

Heureusement, “la Russie n’est pas l’URSS avec le rideau de fer, et on peut obtenir des informations via Internet, des médias sociaux. Le rideau de fer numérique n’est pas solide”, souligne-t-il, dans une rédaction installée à Riga. Rare média indépendant de Russie, critique du Kremlin, Dojd’ (la Pluie) a été bloqué début mars. Pourtant moi à leur place je me serais méfiée premièrement affirmer que la Russie n’est pas l’URSS c’était déjà suspect mais raconter une imbécilité comme être menacé si l’on parle de guerre c’est pas clair (1), comme l’espion du KGB qui sévissait sur LCI, trop c’est trop…

Après l’adoption par Moscou d’une loi pénalisant la diffusion “d’informations mensongères” sur l’armée russe et le conflit en Ukraine, un véritable arrêt de mort pour les médias libres, “il devenait impossible de travailler en Russie, parce que pour avoir appelé une guerre une guerre, nous risquions jusqu’à 15 ans de prison”, explique M. Dzyadko.

Mais l’idylle n’a pas duré, soit ce fier héros de la liberté de l’information était un gros naïf qui croyait réellement qu’en Occident il y avait la possibilité d’avoir une parole autre que celle du consensus médiatique et qui est tombé de haut. Soit, c’était en fait, comme l’en accusent les autorités lettones un espion agissant en faveur des Russes… un admirateur secret de Poutine ou pire encore un communiste…

Voici la nouvelle qui est tombée hier telle que nous la rapporte RFI :

La télévision indépendante russe en exil Dojd doit cesser d’émettre d’ici à 48 heures. Les autorités lettonnes ont décidé de révoquer sa licence, pour une série de faux pas. La chaîne s’était exilée à Riga après l’invasion russe de l’Ukraine, avec pour objectif de fournir une information indépendante et de contrer la propagande du Kremlin. Mais les autorités lettonnes ont pointé plusieurs violations qu’elles considèrent comme suffisamment graves pour justifier cette décision. On retrouve l’interdiction de parler russe (alors que c’est le cas de beaucoup de Lettons et en particulier la population russe -30% environ qui subit une véritable discrimination, devenant des citoyens de seconde zone. Mais si la situation n’était pas tragique, elle serait cocasse tant dans la masse des réfugiés plus personne ne sait qui et qui, et plus la population résidente est soupçonnée de sympathies inavouables, plus la paranoïa et les mesures vexatoires, sans parler des expulsions, emprisonnements gagnent du terrain. L’unanimité devient comme chez nous la loi, simplement le “politiquement correct” derrière l’OTAN en est à l’interdiction, la répression…

Le Conseil national des médias électroniques de Lettonie, qui a décidé de révoquer la licence de Dojd, estime que ces violations constituent une « menace pour la sécurité nationale et l’ordre public ».

La chaîne était déjà dans le viseur des autorités pour plusieurs manquements, comme l’absence de traduction en letton.

Elle avait aussi écopé d’une amende de 10 000 euros pour avoir diffusé une carte montrant la Crimée comme faisant partie de la Russie.

Mais ce sont les propos tenus pas un présentateur la semaine dernière, qui ont sans doute constitué la goutte d’eau. Alexei Korostelev a déclaré, en direct à l’antenne, que la chaîne de télévision serait en mesure d’aider les soldats russes mobilisés à s’équiper sur le front.

Ce qui s’est avéré être une maladresse de la part du journaliste et qui lui a valu un licenciement, ne passe pas auprès du régulateur letton, qui a même ouvert une enquête.

Le rédacteur en chef a eu beau présenter ses excuses et préciser que la chaîne « n’avait pas été, n’était pas et ne serait pas impliquée dans l’aide à l’équipement de l’armée russe », les autorités lettonnes restent inflexibles.

Dojd dénonce des accusations « injustes et absurdes » et promet de continuer sa diffusion sur YouTube.

*** Mais on ne peut à la limite que plaindre ces gens-là qui se sont cru peut-être sincérement des héros de la liberté, une bande de bobos comme il en existe chez nous, qui s’imaginent être au service d’une cause noble et qui sont des larbins de l’OTAN en fait… Il suffit d’écouter cette femme en plein désarroi, surjouant sans doute pou tenter d’émouvoir on ne sait qui mais réellement ne sachant plus où elle habite…

Natalia Sindeyeva, PDG de la chaîne Dozhd TV (reconnue comme agent étranger en Russie), a publié un message vidéo dans lequel elle présente ses excuses au présentateur licencié Alexei Korostelev, dont les propos ont été à l’origine du retrait de la licence de la chaîne en Lettonie.

Mme Sindeyeva a déclaré sur sa chaîne Telegram que M. Korostelev avait été licencié “pour une erreur”. “Nous avons licencié Liosha (Alexei Korostelev) à cause d’une erreur. C’est la pire chose que nous aurions pu faire dans cette situation. On aurait dû retirer Lesha de l’antenne, le laisser souffler. Et pendant ces quatre jours, j’ai voulu corriger cette erreur et dire : “Liosha, je suis désolée”, a déclaré Mme Sindeeva.

Elle a également demandé à la commentatrice économique Margarita Lyutova et au présentateur Vladimir Romensky (reconnu comme agent étranger en Russie) de reprendre le travail. “Lyosha, Rit, Romensky, les gars, revenez à Dozhd. C’était une erreur, aucune intention malveillante. Nous avons commis une très grave erreur, et les Ukrainiens ne nous le pardonneront peut-être pas, mais c’était une erreur”, a déclaré Mme Sindeyeva dans son message vidéo.

“Mes chers collègues, je vais vous décevoir probablement maintenant parce que vous n’êtes pas d’accord avec ma décision. Vous avez le droit de vous comporter comme bon vous semble. Mais je ne peux rien faire de plus. Je veux rester humaine”, a-t-elle ajouté.

Mme Sindeyeva estime qu’après sa déclaration, “tout pourrait s’écrouler” : “Et peut-être qu’il n’y aura plus de chaîne de télévision – eh bien, personne n’aura besoin de cette merde”.

(1) Il existe effectivement une loi interdisant de parler de “guerre”, mais elle n’est pas vraiment appliquée (comme hélas beaucoup de lois qui sont juste là comme une épée de Damoclès, ouvrant la voie à l’arbitraire). Comme vous avez pu le remarquer, nos journalistes sont à l’affut du mot “guerre” dans la bouche des personnalités russes interviewées, ce qui suscite leurs sarcasmes. En fait, tout dépend du contexte. Ziouganov, le secrétaire général du Parti communiste russe, a depuis longtemps employé le mot sans être inquiété. Mais il ne réfute pas non plus l’expression “opération militaire spéciale” : c’est l’OTAN qui mène une guerre de plus en plus totale contre la Russie, qui depuis le début des opérations ne cherche qu’à contraindre l’Occident à lui donner des garanties de sécurité. (Note de Marianne Dunlop)

Print Friendly, PDF & Email

Vues : 134

Suite de l'article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.