Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Chine : quand un ami dans le besoin est victime de la cupidité ou comment les USA poignardent les européens dans le dos…

Le G20 a offert l’opportunité d’une rencontre entre Biden et Xi jinping, la discussion a été “franche” et efficace, c’est-à-dire que chacun a dit à l’autre clairement ce qu’il en était. La Chine en appelle à la raison, et aux responsabilités des grandes puissances. Est-ce à dire que la Chine se fait des illusions? Certainement pas et la décision aussitôt prise par la Chine sur son vote à l’ONU confirme le positionnement chinois comme d’ailleurs son appel à en finir avec les sanctions économiques ou autres blocus. La Chine votera contre le projet de résolution ukrainien de l’Assemblée générale des Nations Unies sur les “réparations” à Kiev de la Russie selon le représentant permanent de la Chine auprès de l’ONU. De surcroit, la Chine non seulement ne bouge pas d’un pouce sur Taïwan mais à travers deux exemples celui de l’Australie et celui des Européens elle montre comment les États-Unis poignardent leurs alliés dans le dos, en gros les Etats-Unis doivent changer mais ils ne changeront que si le rapport des forces les y oblige. Le message ne souffre aucune ambiguïté, les Etats-Unis ne sont que cupidité et ils n’ont d’amis que par cupidité. Notons le sort particulier réservé à l’Allemagne et à la France, ce pauvre Macron est tout à fait lucide sur les Etats-Unis mais il n’a pas la carrure pour leur résister. Par Xin Ping Publié: Nov 14, 2022 02:05 PM   Illustration pour l’Europe aux États-Unis : Liu Rui/GT

Illustration pour l’Europe aux États-Unis : Liu Rui/GT

Lorsque les Amérindiens ont accueilli les ancêtres des Américains avec nourriture et gentillesse, ces derniers les ont remerciés avec des fusils et des balles. Les temps ont changé, mais la tradition s’est perpétuée. Les États-Unis se sont avérés à maintes reprises être un « ami » rusé et indigne de confiance pour les autres nations.

Lorsque le président français Macron s’est plaint du prix astronomique que l’UE devait payer à l’industrie énergétique américaine, il aurait pu rappeler que ce sont ses amis américains et britanniques qui ont sapé le contrat de sous-marins à propulsion nucléaire français avec l’Australie il y a seulement un an, ce qui a été dénoncé comme « un coup de poignard dans le dos » par le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.

La France n’est pas la seule victime parmi les partenaires européens de l’Amérique. En ce qui concerne les tactiques de l’Amérique pour contenir ses ennemis et ses alliés, la stratégie la plus prisée est d’attiser les conflits géopolitiques. L’histoire a démontré à quel point cette méthode fonctionne parfaitement, depuis le « long télégramme » de George Kennan à la crise ukrainienne en cours. Pour les États-Unis, la situation en Ukraine est en fait une fenêtre d’opportunité. Le conflit brûlant a non seulement revitalisé l’ancienne organisation militaire transatlantique OTAN, mais a également réduit la coopération et les choix commerciaux pour l’Europe.

En encourageant l’Ukraine à « combattre la Russie jusqu’au dernier Ukrainien », les États-Unis ont généré d’énormes commandes pour leur complexe militaro-industriel. Selon un rapport de The Hill en mars, depuis le début de la nouvelle année, les actions de Lockheed Martin ont grimpé de près de 25%, tandis que Raytheon, General Dynamics et Northrop Grumman ont chacune vu leurs cours augmenter d’environ 12%. Alors que le conflit s’éternise, les États-Unis ont également considérablement accru leur présence militaire en Europe. Le 29 juin, le département américain de la Défense a confirmé que 20 000 hommes supplémentaires avaient été déployés en Europe depuis le début du conflit, mettant fin à un record de 30 ans de déclin du déploiement des forces américaines en Europe. Au niveau stratégique, les États-Unis ont réussi à ressusciter l’OTAN « en état de mort cérébrale » et à écraser le rêve européen d’indépendance de la défense. Les États-Unis ont-ils vraiment tenu leur promesse de « ne jamais laisser leurs alliés seuls » ? N’oublions pas ce qui est arrivé aux alliés afghans de l’Amérique l’année dernière.

Les pays européens se retrouvent aujourd’hui pris au piège non pas de la seule situation. Il faut leur rappeler que l’Amérique n’hésiterait jamais à protéger ses intérêts nationaux aux dépens des autres, y compris de ses alliés. C’est généralement bien caché et camouflé avec des slogans comme « valeurs partagées » ou « démocraties partageant les mêmes idées », mais l’administration Trump a audacieusement dévoilé la véritable intention de l’Amérique en imposant des droits de douane sur l’acier et l’aluminium européens.

Maintenant, avec la détérioration des relations diplomatiques avec la Russie, l’Europe est devenue plus dépendante de l’énergie américaine pour traverser l’hiver à venir. Les États-Unis considèrent l’Allemagne comme un « fauteur de troubles » majeur depuis que la chancelière Angela Merkel a lancé le projet de gazoduc Nord Stream 2 avec la Russie. Pendant des années, les États-Unis ont tenté de saboter ce projet, en forçant les Allemands à rentrer dans le rang. Le déclenchement du conflit ukrainien a finalement poussé l’Allemagne et la plupart des autres pays européens à renoncer à un « soutien autoritaire » et à se tourner vers « l’énergie démocratique ».

Selon l’Agence internationale de l’énergie, l’approvisionnement américain en gaz a dépassé celui de la Russie en juin. Une cargaison américaine vendue en Europe pourrait rapporter un bénéfice de 200 millions de dollars. Laurent Segalen, banquier d’affaires dans le secteur de l’énergie qui héberge le podcast Redefining Energy indique que les entreprises américaines peuvent remplir et envoyer un navire à travers l’Atlantique pour quelque 60 millions de dollars, puis revenir avec 275 millions de dollars.

« Ce n’est pas exactement le sens de l’amitié », s’est plaint Macron, soulignant que les pays européens paient quatre fois plus que le prix que les États-Unis vendent sur le marché intérieur. Peut-être que c’est d’abord simplement parce qu’il n’y a là aucune amitié. Les États-Unis demandent aux pays européens de payer pour les « valeurs démocratiques » supplémentaires celles attachées au gaz américain.

Alors que les Européens ont du mal à remplir leurs réservoirs d’essence avant l’hiver, la Réserve fédérale a accéléré sa politique de dollar fort dans un contexte de récession mondiale, augmentant les taux d’intérêt de 75 points de base pour la sixième fois cette année, son plus haut niveau depuis 2000. Grâce au dollar fort, la zone euro va vraiment dans le mur. Selon un article de Capital, le taux de change EUR/USD est tombé sous la barre des 99 cents, atteignant son plus bas niveau en 20 ans. Rejetant les risques d’un dollar américain fort, le président américain a accusé la croissance anémique et les erreurs politiques dans d’autres parties du monde, y compris en Europe, de tirer l’économie mondiale vers le bas. « Notre économie est forte comme l’enfer », a annoncé le président Biden.

En fin de compte, c’est un appel européen à décider de l’avenir de l’Europe. Plutôt que de compter sur un « ami fatal », l’UE devrait prendre des mesures sérieuses pour obtenir une autonomie stratégique et chercher un vrai ami plutôt qu’un ami par cupidité.

L’auteur est un commentateur des affaires internationales, écrivant régulièrement pour Xinhua News Agency, Global Times, CGTN, China Daily, etc. On peut le joindre à xinping604@gmail.com.

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2 Commentaires

  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    L’Europe est coupé de l’énergie Russe après avoir perdu le marché agricole il y a quelques années et pour la France par le refus de vendre deux frégates à la Russie grâce à notre président “Normal” dont le rêve pour la France était le tourisme, un mélange de top chef et de DisneyLand.

    Mais les USA cherchent surtout à nous couper des nouvelles routes de la soie.
    La route commerciale ferroviaire la plus longue du monde relie Yiwu à Madrid

    Pour comprendre où les USA mettent leurs salles pattes de gangster il suffit de lire cet article :

    https://mediarail.be/Chine/OBOR/Intro.htm

    Nous y trouvons tous les pays et régions en conflit avec les USA traversés par les routes de la soie: Russie, Ukraine, Bielorussie, Kazakhstan, Iran, XiJiang ; mais aussi des pays où des tensions diplomatiques et politiques s’affirment Hongrie, Turquie, Grèce, Macédoine.

    Au Nord la Finlande et la route dur Nord ont perdu leur neutralité avec l’adhésion à l’OTAN.

    Le commerce entravé avec la Chine par les USA coûte déjà aux industriels Européens le fabriquant de machines de lithogravure ASML est le numéro un mondial et le plus avancé dans l’outillage pour la gravure des puces électroniques ou au britannique Qualcomm qui équipe 28% des smartphones battu récemment par le Taïwanais Mediatek. Rappelons que la totalité ou presque des smartphones sont produites en Chine.

    https://www.globaltimes.cn/page/202211/1279232.shtml

    Macron trouve que la France paie cher l’énergie aux pirates américains ? Alors que dire des dividendes qui vont dans les fonds spéculatifs et fonds de pensions américains pour payer les retraites des yankees en même temps qu’une réforme des retraites va être imposée aux français pour engraisser encore ces mêmes charognards.

    Par exemple les USA détiennent 35% de TOTAL. Les milliards qu’empochent les actionnaires de TOTAL ne sont pas du seul fait des USA. Nationalisons et confisquons les entreprises stratégiques ! Nul besoin de racheter ce qui est volé.

    Ce pays inondent les européens de leurs “culture” et paye très chers des agents pour diffuser leur pouvoir, ces agents sont certains pseudo intellectuels et journalistes qui monopolisent nos sources d’information.

    Ce qui est certain c’est que les français de droite comme de gauche n’ont rien à gagner aux USA sauf pour une poignée de traîtres.

    S’il y a un seul blocus a organiser dans le monde c’est contre les USA.

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  • sasa
    sasa

    Attention, le contrat de 40 milliards franco-australien portait sur des sous-marins diesels, pour se conformer à la “non-prolifération des technologies nucléaires”.
    Mais il semble que les USA soient bien moins regardants sur la non-prolifération, dès lors que ce ne soit pas destiné à l’Iran ou que soit dans leur propre intérêt.
    La question du mode de propulsion aurait pu être orientée vers de la propulsion nucléaire, si la demande australienne avait été celle-ci, mais elle portait sur de la propulsion classique.
    Il est donc probable que ce changement de stratégie soit le fruit d’un long et puissant lobbying américain auprès des autorités australiennes, et dans le dos des froggies, “alliés dans l’OTAN”… et dindons de la farce.
    Il faut noter également que la vente d’Alstom, et des excellentes turbines Arabelle à General Electric, que notre président a bien signée de sa main, pose toujours une douloureuse question.
    Car ce sont des adaptations de ces turbines civiles à la propulsion nucléaire militaire, qui meuvent le porte-avion Charles de Gaule, les sous-marins lanceur d’engins (SNLE), sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) et mouveront le futur porte-avion français.
    Précisons que, Alstom Energie “devrait être racheté courant 2023″… mais que les américains (GE) conserveront la jouissance des licences et brevets sur les deux continents américains, ce qui signifie que ces deux continents, seront le pré carré américain sur ces technologies stratégiques.
    Et dieu sait – c’est aussi son métier! – que l’énergie est bien l’enjeu stratégique de notre avenir.
    Et que les brevets et savoir-faire, ainsi que les personnels, récupérés, éparpillés, ou virés par GE vont cruellement nous manquer.
    Arrivez-vous à imaginer les Etats-Unis vendre à la concurrence étrangère, les brevets propulsant leurs sous-marins, porte-avions, et autres navires de leur marine, et en externaliser la maintenance, ainsi que celles de leurs réacteurs nucléaires civils?
    Sérieusement??

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