Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les enfants perdus de la France à la dérive…

Samedi soir exceptionnellement j’ai erré dans les rues marseillaises de nuit… en remontant du restaurant avec mon copain Abram, venu d’Ethiopie. Il se moquait en m’expliquant que quand il voulait aider les vieilles dames du quartier qui tiraient leurs caddies avec peine, celles-ci le fusillaient du regard en le soupçonnant de vouloir leur voler leur modeste bien. J’ai marmonné quelques réprobations mais Abram m’a dit “mais c’est normal, elles ne savent pas à qui elles ont affaire! Cette société est bien malade, la peur est entre tous. Chez moi aussi ça a commencé comme ça, depuis que je suis arrivé chez vous j’ai vu tout ça évoluer comme chez moi, j’avais envie de vous prévenir a-t-il ajouté mais vous êtes comme les vieilles dames qui refusent que je touche à leur caddie et je ne peux même pas vous donner tort.”

La vie de chacun est en effet aujourd’hui faite de petites découvertes qui minent tout effort vers les autres. Souvent je reçois des propositions comme celle d’aujourd’hui : Je lis, avec ma femme, avec beaucoup d’intérêt, vos longs messages quasi quotidiens consacrés à “l’Opération spéciale en Ukraine”.
D’habitude, les sites crient misère ; je n’ai pas lu de votre part d’appel à DON.
Cela n’est pas le seul, à me proposer une sorte d’association type “les amis d’histoireetsociete” En effet, on pourrait envisager la création d’un cercle au moins marseillais qui regrouperait les lecteurs d’histoire et société, comparable à celui que nous mettons en place pour Cuba, d’autres ont tenté avec des fortune diverses vers de telles formules. Mais il s’avère que je ne crois pas dans l’état de notre société à des cercles qui se contenteraient de discussion, il faut des activités pratiques, agir pour transformer. Mais là se pose la création d’un groupe capable de s’investir dans la réflexion et dans l’action et l’état réel des rapports sociaux : la difficulté d’établir la bonne distance politique entre l’engagement collectif et la maladie qui semble se propager en rendant cet engagement impossible. Les jeunes qui ne savent plus ou donner de la tête sont particulièrement concernés.

Le pourrissement, les formes concurrentielles et ses divisions sont arrivés à un niveau tel qu’ils imprègnent les rapports sociaux, les relations humaines. Il faut de tels efforts pour maintenir le moindre collectif, les passions, les rancunes, les paranoïas sont si délirantes qu’il devient difficile de les assumer. J’oscille à propos de ce blog, de toutes les activités que nous tentons de faire entre l’idée d’en faire une modeste voix capable de revendiquer un autre monde, et de le défendre et le désespoir devant l’ampleur de la vague qui ne cesse de nous envahir, depuis la propagande digne de Goebbels, jusqu’à la folie le mot est faible des haines qui tiennent lieu de projet et dans lesquels les relations interindividuelles deviennent terrifiantes… de bêtise et de diversion. Je suis partagée entre le refus de baisser le bras et l’ennui profond à l’idée de supporter pareille absurdité autodestructrice sans que dans mon malheureux pays : la France, où dans les moments de découragement je me demande si l’on peut chercher une seule force politique, un seul groupe humain en état d’échapper à “l’ukrainisation” du continent… Ce délire de haine que l’on croit protecteur de l’identité et qui n’est qu’une des formes de l’autoconviction de chacun de la fascisation. OUI… Tout cela vous parait abstrait mais revenons-en à cette découverte de cette foule de jeunes de mon quartier…

Donc revenons-en à ce face à face avec l’état de tout une jeunesse que la nuit révélait. Tout à coup, sur l’avenue des Chartreux, à proximité de la rue Lacépède, là où je passe tous les jours, et où je sais qu’il y a quelques boutiques dont des squatters se sont emparés, des appartements aussi mais je n’imaginais pas l’ampleur du phénomène.

LA JONCTION LIBERTAIRE ?

Il y avait là devant une toute petite boutique une foule de jeunes d’au moins trois cent personnes. La boutique était squattée et elle offrait contre une somme au choix de chacun des livres, des vêtements guenilles ramassés dans les poubelles (tout le boulevard de la libération est couvert de friperies de ce type mais là c’est encore plus dégradé et dans un temps où abondent les punaises de lit le matériel semble en regorger). Tous ces gens-là en général des enfants des couches moyennes d’origine européenne formaient donc cette nuit-là, si douce, et néanmoins inquiétante, une foule de plus de trois cent personnes qui fêtaient l’entrée dans la trêve hivernale. Ils ne pourraient plus être chassés des lieux qu’ils occupaient. Mais dans les zones les plus obscures, il y avait des vendeurs de drogue venus des cités et les clients ne se contentaient pas de la consommation du shit. Pas plus que sur la place des Chartreux où j’habite et où pour rentrer chez moi je dois écarter les vendeurs consommateurs, nous sommes là à la sortie du collège, les revendeurs ne se cachent même plus. Cela consommait sur les marches des immeubles, sous les porches. Pas le moindre policier à l’horizon du moins en uniforme, je ne les regrettais pas d’ailleurs…

Je n’avais pas peur mais j’aurais voulu savoir qui étaient ces gens-là… A quoi correspondait ce mouvement des squatteurs, quelles aspirations mais aussi quelles ruptures avec l’univers familial? La peur est un phénomène stupide et il me suffisait de repenser à ma propre adolescence pour avoir le désir de m’approcher d’eux et de parler… mais l’actualité était là avec son prisme et elle me rendait méfiante…

Le contexte, d’abord celui de cette imbécillité d’un tableau “les tournesols” recouvert d’une soupe à la courge pour alerter sur le danger climatique. Une sorte de malentendu engendré par le capital qui place dans ce pauvre SDF malade, ivrogne, qui n’a jamais vendu un tableau de sa vie ses capitaux… Et ce geste imbécile approuvée par la caricature qu’est Sandrine Rousseau. Malheureux Van Gogh méprisé, humilié par toute la bourgeoisie de ton temps te voilà dans un musée et sali par les petits-enfants tout aussi conformiste de la même petite-bourgeoisie et cette femme qui croit faire avancer dieu sait quoi par l’approbation de cet acte minable. Les jeunes qui étaient là dans cette fête hivernale couvrent le quartier de tags sans aucun intérêt, comme ils avaient décidé de planter des végétaux que personne n’entretient dans des pneus pourris, c’est sale d’une laideur incroyable et chacun tente de slalomer entre les immondices de chiens, les poubelles éventrés quand les rats ne passent pas à l’attaque en plein jour. Bref j’éprouvais pourquoi le cacher une hostilité spontanée contre ceux que j’imaginais comme des petits-bourgeois agissant au gré de leurs humeurs.

Il y a ce désir d’en finir avec “la propriété” complètement dévoyé et qui ne profite en fait qu’aux rats de toute espèce. La faute à qui, réfléchissez bien à cette spéculation sur Van Gogh et même la manière de nous vendre la solitude, le malheur, la maladie mentale comme un plus pour la spéculation… C’est du même tonneau que ces abominables débats à l’Assemblée nationale où un fait divers (mais parle-t-on d’autres choses que de faits divers) s’empare ignominieusement du fait qu’une malade mentale qui devrait recevoir des soins torture et tue une enfant… Ils ont réussi à vendre comme argument du fascisme la destruction du service public de santé comme ils ont trouvé des gens pour s’opposer aux vaccins au lieu de se battre pour le vaccin pour tous… Je n’en peux plus…

L’autre contexte c’est la guerre en Ukraine, celle où tous les conformismes s’imaginent mener une lutte pour la liberté…

Le contexte : les ministres des Affaires étrangères des pays de l’UE ont approuvé ce lundi la création d’une mission de formation de soldats ukrainiens (EUMAM Ukraine). Le commandant de la mission sera un Français, Hervé Bléjean, vice-amiral de la Marine «nationale», mais otanisée, française. Bléjean est aussi le chef de l’état-major de l’Union européenne depuis 2020. « L’EUMAM n’est pas seulement une mission de formation, c’est une preuve claire que l’UE soutiendra l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra », a déclaré Josep Borrell.Le quartier général opérationnel de la mission sera situé à Bruxelles – où se trouve aussi celui de l’OTAN, afin d’assurer la coordination stratégique. La mission coûtera au contribuable européen 106,7 millions d’euros. Il y a la potentielle fascisation de notre armée aux côtés de ces “volontaires” et mêmes des recrues avec les bureaux ouverts…

Parce que voici les affiches qui se sont multipliées dans le quartier… Il n’y a personne pour dire à ces jeunes-là ce qui se joue en Ukraine… Les vieux ont peur des jeunes mais ils sont tous d’accord pour ingurgiter la télévision et pour feindre de s’opposer à la dictature… ailleurs…

l’affiche qui orne les murs de mon quartier

Mais il faut aussi que je vous raconte l’épisode ultime qui dit plus encore que les autres l’état réel de mon malheureux pays, de ma rue, de ma ville…

Il s’avère que j’ai été mêlée à mon corps défendant à la paranoïa des relations d’une mère avec sa fille, quelque chose d’insoupçonnable et complètement stupéfiant, que l’on veut éviter mais qui vous atteint de plus en plus comme des bombes sur les civils… il a fallu assumer ce qui semble se multiplier et nourrir ce mouvement des squatters. Et là j’ai découvert la débâcle des institutions, leur inefficacité. Loger pour la nuit une jeune femme de 24 ans en rupture familiale est une entreprise impossible, le mercredi après midi le service est fermé, le 115 service d’urgence ne répond pas, les paroisses vous font des discours, tout le monde a un discours de prêt mais personne n’apporte la moindre aide si ce n’est des paniers repas alors que la jeune femme va se retrouver à la rue. On peut comparer cette débâcle de tous les services sociaux, l’absence de centralisation et le désarroi des personnels avec la manière dont les Ukrainiens bénéficient de tous les droits et de toutes les disponibilités grâce à l’implication personnelle du maire qui avec d’autres élus verts et socialistes a récemment rencontré Zelensky et a envoyé un bateau d’aide. Mais il faut aussi mesurer que la grande démission des services publics face à la vague de situations d’une jeunesse en déshérence voit se constituer des réseaux parallèles. Cette incurie donne de la force aux réseaux communautaires qui se mettent en place et qui sont d’autant plus efficaces que leurs ressources sont suspectes.

Mais il y a aussi ce qui se passe dans mon quartier ce mouvement des squatters qui se veut politique et qui peut être travaillé par la délinquance et d’autres forces, une tentative collective que l’on devrait pouvoir saluer mais dont on n’ose pas connaitre les tenants et les aboutissants.

Quand on est une jeune femme de 20 ans en rupture avec sa famille, ce qui se multiplie indéniablement, que reste-t-il comme issue face à l’état réel, concret, et quel rôle joue ce mouvement des squatters non tel qu’une Sandrine Rousseau se l’imagine mais tel qu’il est réellement et qu’est-ce qu’il est possible de faire sinon de parer à l’urgence, ce que je ne cesse de faire depuis plus de 20 ans. L’urgence c’est de mobiliser les réseaux d’amis et de camarades qui ont souvent leur propres difficultés et veulent vous en faire part plutôt que répondre à votre sollicitations, c’est la même réponse que pour le militantisme d’ailleurs. Se battre contre le blocus de Cuba, pour la paix, contre les menées de l’OTAN relève des mêmes difficultés et des mêmes a priori, des méfiances de tous contre tous. Celle des vieilles dames apeurées qui refusent qu’un éthiopien les aide à tirer leur caddy.

Il faut peut-être tenter de reconstruire un collectif et tenter ensemble de faire face à la peur et aux divisions que l’impérialisme à son stade suprême mais non “final” engendre… Mais entre nous je suis une vieille dame, indigne certes mais un peu lasse.

J’ai toujours su créer mouvement mais qui peut aujourd’hui dans l’état réel de notre idéologie sociétale (la représentation de nous-mêmes, de nos rapports sociaux, de notre histoire dans celle d’un monde en plein bouleversement) assumer une telle vague ?

Danielle Bleitrach

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4 Commentaires

  • Alain Girard
    Alain Girard

    Le premier acte de résistance est de penser, puis d’analyser aboutissant à s’organiser pour peser dans tous les compartiments.
    Politzer avait posé les chose sans simplisme mais rendant le combat compréhensible à tous, enfin aux communistes
    Pour le marxiste, la lutte des classes comprend :

    a. Une lutte économique.

    b. Une lutte politique.
    qu’on ne peut lutter pour du pain sans lutter pour la Paix
    c. Une lutte idéologique.

    Le problème doit donc être posé simultanément sur ces trois terrains.

    a. On ne peut pas lutter pour le pain sans lutter pour la paix, sans défendre la liberté et sans défendre toutes les idées qui servent la lutte pour ces objectifs.

    b. Il en est de même dans la lutte politique, qui, depuis Marx, est devenue une véritable science : on est obligé de tenir compte à la fois de la situation économique et des courants idéologiques pour mener une telle lutte.

    c. Quant à la lutte idéologique, qui se manifeste par la propagande, on doit tenir compte, pour qu’elle soit efficace, de la situation économique et politique.

    À partir de ces évidences marxistes , tout groupe d’analyse, de réflexion est soit condamné à tourner en boucle sans prise sur le réel soit amené à concrétiser en actes.
    C’est là où, bien évidemment, ça pêche et pas qu’un peu.

    Le PCI est une leçon, reconstruire en croyant que les bases sont demeurées solides hé bien non, le PCI était miné de l’intérieur depuis bien avant que ne surgisse l’Euro communisme dont il ne reste que l’Euro d’ailleurs.

    Le nombre de groupes, sectes, paroisses se réclamant du défunt PCF tapent dans le mur, s’échinent à travailler à l’achever croyant ainsi en récupérer des forces.

    Le PCF a disparu des entreprises, des quartiers populaires, de certains départements carrément et rien n’est parvenu à s’y susbtituer.

    On peut évoquer le 93 et la razzia LFI mais cette razzia est loin d’être convaincante dans un département où le vote est un luxe, réservé comme tout luxe. Par contre sur les trois axes de Politzer, rien en vue, rien hormis une sociale démocratie vertueuse n’hésitant pas à jouer avec le feu des populismes sachant que c’est toujours celui de droite qui finit de l’emporter , au moins dans les esprits.

    Le PCF va toujours mal, le dernier conseil national a vu 35 voix contre 45, quel communiste encarté peut dire ici ou ailleurs qu’il a été consulté, informé…

    Le déficit démocratique au sein du PCF n’est pas nouveau, pourtant lors de l’abandon de la notion de la dictature du prolétariat, j’ai le souvenir de réunions et de conférences et congrès durant des heures dans un débat passionné, passionnant et sans censure.

    Depuis l’avènement de Bouge l’Europe, des Herzog, Hue, Buffet et Laurent, c’est apocalypse now, détruire les orgas à l’entreprise sous le fallacieux prétexte de ne pas nuire à la vie syndicale, aujourd’hui le pas nuire c’est un syndiqué cgt sur quatre qui votre RN.

    Aucun des dirigeants du PCF ne peut arguer qu’il ne savait pas où cela allait amener le parti et par ricochet le salariat, la classe ouvrière.

    Francette Lazard proclamera que le parti ne définit plus sa ligne en fonction de la classe ouvrière, que la crise du capitalisme ouvrait la porte au socialisme et que le pouvoir était presque à ramasser, sans se baisser.

    Ce fut la porte à droite.

    Il y a une exigence qui, à mon sens, pour savoir où l’on ou veut aller qui est de puiser dans ce passé quoi ouvre sur des possibilités, minces mais possibles.

    Politzer rappelait qu’on ne peut lutter pour du pain sans lutter pour la Paix.

    Dans ce temps Fabien Roussel a bien repositionné et en grande partie, le combat pour le pain, la vie digne, le monde du travail.

    Dans le même temps, il s’est coupé de l’autre pan vital du combat d’émancipation, le camp de la Paix et qui ne peut que s’appuyer sur une analyse marxiste des situations, y compris avec nombre de divergences, de désaccords au sein du mouvement communiste international.
    Au moins tous les partis communistes et ouvriers sont sur ce combat, pour l’essentiel d’entre eux.

    Même dans ses délires le PCF via sa direction appelle à cesser le feu et à négocier, heureusement ce n’est pas à lui de fixer les base de la négociation qui sera un jour car là c’est le néant.

    La Paix est indissociable de toute idée de progrès social, de transformation de la société, en prenant à la légère ce pan de lutte, le PCF de F Roussel, le mien, est unijambiste, de là risque de la béquille du capital, rappelons-nous ces chiens de guerre à l’Assemblée ovationnant F Roussel sans que lui et son équipe ne s’en étonne et ne se pose cette question élémentaire: pourquoi ?

    Donc retour au combat pour la Paix, contre le nucléaire, militaire celui-là.

    Histoire et société apporte une contribution importante pour éclairer les esprits et le chemin.

    Demeure la Question ?

    Que faire, avec qu, pour aller où ?

    Déjà exister c’est résister ensuite Histoire et société peut peut-être s’étoffer et permettre au commun des communistes d’accéder à une formation anéantie par ailleurs.

    Danielle Bleitrach par ses aptitudes, communiste, enseignante et militante a selon moi un rôle qui lui échoit, consentante ou non, celui de de pousser les feux , ceux de Politzer.

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  • etoilerouge
    etoilerouge

    Bravo Danielle . Marseille abandonnée par les zélés zelenskistes ,kistes du fascisme, et cette Rousseau qui insulte jean jacques, ce fascisme gaucho et cette magnifique réponse que ns avons oublié de Jean le grand ,ferrat avec la beauté des oeuvres de van ghog. Cela ne change peut être pas ce monde en cet instant mais cela m’apporte du bonheur de comprendre, d’entendre une ,des voix aimées et cet appel à agir en ouvrant les yeux,les oreilles et le coeur ds un immense choeur humain

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  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Ce qui me semble le plus marquer ces dernières années c’est la solitude.

    Solitude au cœur même de ces villes.

    Le dealer qui vend sa merde aux paumés, indifférent l’un a l’autre, tous les deux cherchant à fuir la réalité celle d’un monde d’exclusion et sans perspectives.

    Ceux qui restent dans la ligne courent après un contrat de travail au SMIC et à temps plein ça devient presque un luxe. En attendant décrocher un contrat intérimaire, un CDD, un stage rémunéré c’est déjà ça. Les plus optimistes vont s’auto exploiter pour parvenir à un revenu que le salaire ne permet plus.

    Les étudiants selon leur fortune, c’est petits boulots, pas ou peu de vacances, le stress pour trouver le stage obligatoire sans lequel pas ce putain de diplôme qui ne garanti rien, seuls face à l’escroc qui demande un loyer et qui choisi qui il loge, après ces années d’études parfois d’errance car personne ne les accompagne dans leurs choix la fin des études signe aussi la fin du petit collectif et le chacun sa merde dans le marché des ressources humaines.

    Pôle emploi et sa machine administrative à broyer dont les chefs de service doivent veiller non pas à trouver un bon emploi mais à réduire le taux de chômage, formations de merde, énième stage pour apprendre à faire un CV don chaque intervenant propose une formule magique différente.

    Le DRH, le chef d’établissement, le responsable du personnel des académies, la chef du bureau des infirmières tous pressés à gérer les pénuries dans des métiers nobles mais que personne ne veut plus faire tant les conditions de travail sont devenues déplorables.

    Seuls devant les cadences, les exigences absurdes, alcool, calmants, drogues pour tenir, pour certains c’est la corde car personne avec qui parler de sa souffrance à part les structures pour la gestion des “risques psychosociaux”, mais pas de camarades, pas de syndicats, personne avec qui ne serais-ce que gueuler.

    Toutes les activités semblent être organisée pour rester seul, retour dans sa voiture individuelle pour rentrer dans sa cage à lapin ou sa maison individuelle, se perdre devant les écrans, aujourd’hui individuels, les gamins, les adultes chacun la tête dans sa bulle d’algorithmes.
    Presque aucun partage, chacun regarde son film, sa série, sa vidéo fabriqués selon les nouvelles règles du neuro marketing. Tout devient jeu même quand il n’y a rien de drôle, des serious game pour améliorer son employabilité. Tiens aucun serious game sur comment faire la Révolution.
    Quartiers et villes dortoirs où boire une bière ou un café est un luxe quand le lieu existe.
    Sans espaces publics communs, sans espaces de rencontre gratuits ou bon marché.

    Les chanceux pourront partir un peu en vacances, voir des pierres et des pierres, des paysages, des boutiques souvenir et des centaines des restaurants, certains feront un peu de sport pour profiter du plein air et d’un peu de nature, à condition de payer cher le voyage et le logement.
    Moments brefs où l’on ne rencontre pas les gens chez qui l’on va, les relations se limitent au commerce, éventuellement quelques mots échangés avec un autre touriste. Mais le plus souvent on reste en famille, entre amis, ou seuls.

    L’Histoire met en avant les grands hommes et presque jamais ceux qui ont construit les palais de leurs mains et les ont nourri. Quelques vedettes pour faire croire que l’ont peut seul échapper au sort collectif, à la banalité, à la médiocrité de l’existence ; seul le rêve est permis et encore.

    Tout problème social se voit proposer une solution individuelle, sauf curieusement pour l’étranger bouc émissaire responsable de tous les malheurs.

    Personne n’est content mais personne n’est capable de s’organiser sur des problèmes communs, l’accès aux soins qui manque au pauvre éthiopien comme au français, les classes surchargés, les élèves stressés dès le plus jeune âge, le logement cher, indisponible, mal placé, les transports minables, l’accès à la culture élitiste, la paix, la tranquillité.

    Pourtant cette base commune rassemble la plupart des opinions mais elle ne trouve pas d’expression politique. Ceux qui sont censés représenter ces aspirations sont divisés, opportunistes et n’ont finalement aucun intérêt à la fin de la comédie, leur place est en général bien payée. Discrédités jusqu’à la moelle, le peuple les boudes, et parfois surgit, comme les gilets jaunes un rare mouvement populaire collectif, qui refuse la “Récupération” et n’aboutit à rien, les sorties hebdomadaires syndicales ressemblent à des promenades ou réunions des retraités de la CGT.

    Ni le peuple ni les organisations des travailleurs ne semblent actuellement avoir la volonté ou la stratégie pour changer la donne. C’est le cas non seulement en Europe mais partout où finalement le sort commun est laissé entre les mains d’une poignée, les peuples laissés dans l’ignorance, la servitude et l’habitude d’attendre celui qui va changer leur vie.

    Les bourgeois ne changeront pas, le spontanéisme du peuple reste une impasse, la gauche reste dans les bureaux des institutions.

    Finalement la devise de la République c’est:

    Chacun sa merde !

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  • jo nice
    jo nice

    Votre photo confirme ce que j’avais vu sur le site “autonome” lundimatin, l’extrême gauche soutient les siens parti faire le coup de feu en ukraine au coté de milices nazi et d’une armée soutenu par l’OTAN… c’est quand même surréaliste de la part d'”anarchistes” et autres anti-autoritaires.
    Et sacrément hypocrite de traiter tout le monde de facho en France alors qu’on soutient des natio ukrainiens qui font passer Marine le pen pour une gauchiste.

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