Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

CINEMA : à propos de la russification du Donbass ? revoir La Jeune Garde

La relation entre cinéma et histoire, la manière dont s’articulent fiction et réalité, intimité et épopée est passionnante, le cinéma est affaire de temps et d’espace et du jeu des cadrages entre ces moments, ces plans. Ce film tourné sur les lieux mêmes du combat d’aujourd’hui, alors que le festival de Cannes croit revivre une scène de Chaplin avec le dirigeant qui traque et torture les communistes, interdit le passé y compris cinématographique soviétique, j’ai envie de vous en parler pour au moins créer une lucarne dans la propagande indigne. A propos de cinéma, ce qu’il faut savoir encore c’est à quel point le cinéma soviétique est demeuré vivant pour les Russes. Aujourd’hui longtemps après la fin de l’URSS, les films passent à la télévision et les Russes les préfèrent aux films contemporains surtout ceux faits pour le festival de Cannes et qu’ils trouvent abscons et parfois déshonorants. Donc ce film, un des plus célèbres, nous parle de la manière dont la mémoire russe mais aussi celle du Donbass voit un des lieux depuis 2014 en guerre contre un gouvernement qui veut interdire cette mémoire, supprimer peu à peu la langue russe et y imposer l’ukrainien; j’aurais également pu vous parler de Donbass, le film de Dziga Vertov.

FICHE DE LECTURE

СССР – Официальная группа  · 

Карл Фридрих Фон  · 

PHOTO · UN moment dans le film “Jeune garde” de Sergei Gerasimov – exécution des jeunes gardes.

Selon les souvenirs de l’actrice Clara Luchko, la scène a été tournée de nuit à Krasnodon, près de la fosse où les corps des gars ont été jetés. Des milliers de personnes de toute la région, qui connaissaient les jeunes gardes, sont venues à ce tournage, parce que le film n’a été tourné que cinq ans après les événements. Quand l’acteur Vladimir Ivanov, qui jouait Oleg Koshevoy, a fait un discours, les habitants ne se contentaient pas de pleurer, ils sanglotaient et les parents des héros se sont évanouis.

LE REALISATEUR

Sergueï Guerassimov est souvent considéré comme l’archétype du plus grand cinéaste du réalisme socialiste. Personnage public, il appartient à toutes les institutions possibles, du Soviet suprême à la rédaction de la revue Iskousstvo Kino. Son premier film marquant, Les Sept Braves, date de 1936. Après La Jeune Garde (1948), tiré du roman d’Alexandre Fadeïev, Guerassimov confirme son goût pour les adaptations littéraires avec les trois longs métrages du Don paisible (1957-1958), d’après Cholokhov, et conclut avec une version télévisée en cinq épisodes du Rouge et le Noir (1976), avant de consacrer en 1984 son film testament à Tolstoï (dont il tient le rôle).

Guerassimov est avant tout connu pour sa Jeune Garde. Ce film en deux parties consacré à la résistance antinazie en Ukraine enthousiasma les militants à l’étranger.

Il fut tourné en un an et demi sur les lieux mêmes de l’action. Mais dans le cadre du film héroïque exaltant le collectif socialiste une des forces de Guerassimov est tout en tournant des films d’action de faire la part à l’intimisme qu’il retrouvera dans d’autres films, son modèle reste Tchekhov dont il aurait voulu montrer la vie et l’oeuvre: « Je rêve de montrer le sens de la modestie combiné au talent. » C’est cette préoccupation qui nourrit ses films, à dominante contemporaine, dont il écrit souvent lui-même le scénario : ainsi, la « tétralogie » constituée par Hommes et bêtes (1962), Le Journaliste (1967), Au bord du lac Baïkal (1969) et Pour l’amour de l’homme (1972). Celui qui anima pendant des années un atelier de réalisation et d’art dramatique au V.G.I.K. (Institut central du cinéma), confiant ses premiers rôles à des comédiens jeunes, qui étaient parfois ses élèves, maintenait une continuité – ténue, sans doute – avec la « Fabrique de l’acteur excentrique », la F.E.K.S., où il avait fait, à la fin des années vingt, d’impressionnants débuts devant la caméra, sous la direction de Kozintsev et Trauberg. On le voit ainsi dans Michka, Le Manteau, La Nouvelle Babylone.

Il devait revenir à ce premier métier dans son propre Mères et filles (1974), « mélodrame à l’italienne étonnant de jeunesse et de liberté de ton » (E. Breton), dans lequel il campe avec ironie un académicien toujours entre deux avions : autoportrait moins solennel que bien d’autres. A ce titre, il épouse l’évolution du cinéma soviétique qui tend à passer du réalisme socialiste au réalisme à l’italienne.

L’UKRAINE MAIS PAS QUE L’UKRAINE, le Donbass

Krasnodon (en russe : Краснодон) est une ville de l’oblast de Lougansk, en Ukraine. Elle est incorporée en tant que ville d’importance régionale et sert de centre administratif de Krasnodonny Rayon (district), bien qu’elle n’appartienne pas au Rayon. Sa population est d’environ 42 582 habitants (est. 2021).

La population de Krasnodon en 1972 était de 70 400 habitants, en 1989 d’environ 53 000 habitants, en 2001 de 49 921. En 2016, la ville a été rebaptisée Sorokyne (ukrainien: Сорокине; russe : Сорокино) dans le cadre de la décommunisation en Ukraine. Le processus de changement de nom de la ville a été temporairement suspendu car elle n’est plus contrôlée par le gouvernement ukrainien.

Krasnodon a été créé en 1914 le long des rives de la Velyka Kamenka, un affluent de la rivière Seversky Donets, comme la colonie de Sorokyne. Il est rapidement devenu l’un des centres de l’industrie minière du charbon de la région du Donbass. Par décision du Présidium du Soviet suprême de l’URSS, le 28 octobre 1938, il a été rebaptisé Krasnodon [le Don rouge].

Un journal local est publié dans la ville depuis septembre 1930.

Pendant la guerre germano-soviétique, Krasnodon a été occupée par l’Allemagne nazie du 20 juillet 1942 au 14 février 1943. La Jeune Garde de résistance de l’organisation soviétique Komsomol a opéré dans la ville d’octobre 1942 à janvier 1943, c’est alors que la plupart de ses membres ont été arrêtés et exécutés. La Jeune Garde est commémorée avec des monuments et un complexe commémoratif à Krasnodon.

Depuis 2014, Krasnodon est contrôlée par la République populaire de Lougansk et non par les autorités ukrainiennes.

langue parlée :
Russe : 90,75 %
Ukrainien : 8,46 %
Roms : 0,17 %
Arménien : 0,15 %
Biélorusse : 0,12 %

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