Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Guerre en Ukraine VU DE CHINE : le temps de l’hégémonie américaine est révolu

Vu de Chine. 

Ce ne sont plus seulement les articles de Global Times qui disent la colère de la Chine, c’est devenu le propos officiel qui dénonce le bellicisme occidental. Dans un éditorial virulent et implacable, la presse officielle du Parti communiste chinois accuse les États-Unis de tous les maux : ils colportent des mensonges sur la Chine, sont de mauvais conseillers de l’Europe dans le conflit en Ukraine et de vrais fauteurs de troubles et d’atteinte aux droits humains.Renmin RibaoTraduit du chinoisPublié aujourd’hui à 05h00 .

Dessin de Kal paru dans The Economist, Londres.
Dessin de Kal paru dans The Economist, Londres. ANDREWS MCMEEL SYNDICATION

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Récemment, des responsables gouvernementaux américains en visite officielle à Bruxelles ont encore disséminé leur virus politique consistant à se servir de la crise ukrainienne pour attaquer et diffamer la Chine [menaçant Pékin de représailles au cas où la Chine passerait outre les sanctions contre la Russie] ; ils ont saisi l’occasion du sommet avec l’Union européenne pour critiquer sans retenue la politique intérieure chinoise [sur la situation des droits de l’homme et ses pratiques commerciales]. En jetant ainsi de l’huile sur le feu, les États-Unis font obstacle aux pourparlers de paix et cherchent à faire durer le conflit russo-ukrainien.

Engagés dans une diplomatie coercitive, ils n’hésitent pas à répandre des rumeurs sur la Chine, pêchant dans l’eau trouble de ce conflit pour atteindre l’objectif stratégique qu’ils se sont fixé : limiter l’influence de la Chine dans la région Asie-Pacifique et dans le monde. Ainsi, pendant que certains œuvrent pour la paix et la stabilité sur terre, d’autres, cramponnés à leur mentalité de guerre froide, mettent tout cela en péril.LIRE AUSSI Point de vue. Adieu l’Europe, l’avenir de la Russie est en Asie

Si certains politiciens américains aiment à parler d’un “ordre international fondé sur des règles”, c’est pour s’en présenter comme les défenseurs. Or, ce qu’ils désignent comme “règles” ne sont en réalité que celles liant entre eux les membres de leur propre clan, pour leur plus grand bénéfice. Leur “ordre international” ne concerne en réalité que le “petit cercle” et leur propre groupe politique. Ce qu’ils cherchent à défendre, c’est leur propre hégémonie, ignorant l’évolution du monde et la réalité des relations internationales.https://f3d2651e84135ab930dcc37b3ce51669.safeframe.googlesyndication.com/safeframe/1-0-38/html/container.html

Défendre l’ordre international

Les États-Unis doivent comprendre que le renforcement de la Chine est une tendance historique inéluctable. Mieux vaudrait pour ces politiciens réfléchir à la façon de s’entendre avec une Chine qui ne craint pas d’assumer ses responsabilités de grande puissance avec toujours plus de confiance. Les États-Unis doivent comprendre que le temps où une minorité de pays manipulaient les affaires du monde est révolu. Ils doivent réaliser que se tenir du bon côté de l’histoire, c’est œuvrer à la défense d’un ordre international articulé autour des Nations unies, fondé sur leur charte et le droit international.LIRE AUSSI Analyse. Et si la Chine emboîtait le pas à la Russie ?

S’il y a bien un pays qui n’hésite pas à mettre en péril l’ordre international et à piétiner ses règles, ce sont les États-Unis. N’ont-ils pas bombardé la Yougoslavie, et envahi l’Irak et la Syrie sans l’aval du Conseil de sécurité des Nations unies ? Sourds aux inquiétudes de sécurité de la Russie, ils se sont servis de l’Otan pour exacerber les tensions régionales. Après le déclenchement du conflit entre la Russie et l’Ukraine, sans tenir compte des difficultés de la reprise de l’économie mondiale ni du sort des populations, ils n’ont fait qu’accentuer les sanctions de manière unilatérale.

Quand ils n’en font qu’à leur tête, comment croire que les États-Unis agissent pour le bien d’un ordre international fondé sur les Nations unies et le droit international ? Les responsables américains n’ont que règles et ordre à la bouche, mais c’est leur propre hégémonie qu’ils cherchent à imposer.

Responsables de tragédies

Les politiciens américains inventent des mensonges sur la situation des droits de l’homme en Chine, mais ils demeurent aveugles aux tragédies causées par leur pays dans ce domaine, donnant en spectacle l’hypocrisie d’une question utilisée à des fins politiques. L’histoire des États-Unis n’est-elle pas marquée par le génocide des Amérindiens, et leur société, par une discrimination raciale systémique persistante ?

Le laxisme avec lequel ils ont lutté contre l’épidémie de Covid-19 a causé la mort de près d’un million de personnes. Les États-Unis ont pris l’habitude de s’ingérer grossièrement dans les affaires intérieures de pays tiers et n’hésitent pas à déclencher des guerres au nom de la “démocratie” et des “droits de l’homme”.

Le 3 mars dernier, ils n’avaient admis sur leur sol que 12 réfugiés ukrainiens, alors même que ce sont eux qui sont à l’origine de la crise avec la Russie, laissant des milliers d’autres réfugiés de ce pays bloqués à leur frontière avec le Mexique. Les États-Unis ne sont-ils pas le pays le moins enclin du monde à respecter les droits de l’homme ? [Selon le Wall Street Journal, plus de 20 000 Ukrainiens ont pu entrer légalement par le Mexique, mais cette voie n’a plus cours et 200 personnes sont en attente au Mexique.]LIRE AUSSI Hypocrisie. La Chine à l’Occident : “Cessez la comédie des droits de l’homme !”

Qui offre des opportunités à l’Europe, qui menace sa sécurité et sa prospérité ? Les faits parlent plus que les discours. En 2020, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Union européenne, tout comme l’UE l’a été pour la Chine en janvier et février 2022. À l’inverse de cet esprit de coopération sino-européenne, les États-Unis utilisent la crise ukrainienne pour prendre l’Europe en otage. Ils feignent de ne pas voir que plus de 5 millions de réfugiés ukrainiens ont afflué en Europe, et incitent celle-ci à intensifier les sanctions contre la Russie, avec pour conséquence une inflation annuelle dans la zone euro ayant atteint un record historique de 7,4 % au mois de mars.

Dans le même temps, on assiste à une hausse prodigieuse du cours des actions des géants de l’armement américain, tandis qu’une grande partie des placements européens dans les valeurs refuges sont désormais investis aux États-Unis et que ces derniers se préparent à vendre au prix fort de plus grandes quantités de gaz aux Européens.

L’Europe doit se dégager de l’emprise américaine

La Chine et l’Europe sont deux grandes puissances engagées dans la préservation de la paix dans le monde, deux grands marchés propices à un développement conjoint, deux grandes civilisations animées par la volonté de faire progresser l’humanité. La stabilité de leurs relations contribue à atténuer les incertitudes de la situation internationale. Leur collaboration dans un esprit d’ouverture contribue à répondre aux défis propres à l’âge de la mondialisation.

En forgeant de toutes pièces la fable d’une “menace chinoise”, en orchestrant une concurrence hostile à la Chine, en prônant sa désignation comme “rival systémique” [terme employé par l’Union européenne en 2019], les États-Unis ne font qu’afficher leur caractère profondément hégémonique. Le développement de relations stables entre la Chine et l’Europe leur est insupportable. L’Europe, puissance majeure pour un monde multipolaire, se doit d’adopter au plus vite une approche plus indépendante, objective et rationnelle à l’égard de la Chine, et d’acquérir une autonomie stratégique.

De belles paroles ne trompent pas. Calomnier un pays ne peut conduire qu’à s’éloigner de ses propres objectifs et à perdre l’occasion de répondre à ses propres défis comme à ceux de son temps. Certains politiciens américains devraient faire leur examen de conscience, renoncer au plus vite à leur mentalité de guerre froide et à leurs réflexes claniques, et s’employer plutôt à agir véritablement en faveur du développement, de la paix et de la stabilité dans le monde.L’auteur : Zhong Sheng

Ce commentaire est signé Zhong Sheng, un nom de plume que l’on pourrait traduire littéralement par “Son de cloche”, mais qui par homophonie se transforme aisément en “Voix de la Chine”. Il représente depuis 2011 le service international du quotidien Renmin Ribao, l’organe du Parti communiste chinois, et à ce titre exprime une ligne officielle du gouvernement chinois.Courrier International

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