Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Il faut laisser du temps au temps

Quand l’urgence parait nous étrangler c’est en général le moment où il faut de la patience et quand on en a les moyens se replier sur la réflexion théorique, une mise à distance indispensable. C’était ainsi qu’agissait entre autres Lénine, sans parler de tous ceux qui transformèrent les années de prison en lieu de maturation et de réflexion et si aujourd’hui nous n’avons pas en magasin quelqu’un de cette envergure il n’en demeure pas moins que nous devons savoir attendre.

il y a toujours urgence, fébrilité quand la guerre se rapproche à grand pas, particulièrement pour certaines personnes haïssant particulièrement cette violence imbécile, nous y sommes déjà. Il y alors ce sentiment d’être étranglé par l’horreur mais aussi par la médiocrité de ceux qui nous ont mené là. Frappés d’impuissance comme nous le sommes devaient être les spectateurs de l’union sacrée autour de la première guerre mondiale si l’on excepte quelques caractériels comme Rosa Luxembourg et Jaurès réunis, Lénine. J’imagine qu’ils devaient ressentir ce sentiment de vivre un cauchemar, de même ceux qui ont vécu la guerre d’Espagne, Munich et l’étrange défaite… Les chiens se jetèrent sur eux quand ils refusèrent de voir autre chose dans le pacte germano-soviétique que le réflexe de tant d’années d’abandon et d’incitation à aller attaquer les bolcheviques…

Le contexte politique, ses médiocrités, sa censure des temps de guerre deviennent intolérables pour qui prétend comprendre les origines de la guerre pour y faire face.

En France, nous sommes aujourd’hui en avril 2022, il est vrai particulièrement plongé dans le caractère onirique des “démocraties”. Ce qui ont fait dire à certains :”Si voter devait réellement servir à quelque chose, les capitalistes l’auraient interdit”. Il ne s’agit pas du vote mais de la cuisine que les mêmes ont réussi à faire de cette élection: le jeu des procédures, la manière dont l’intervention citoyenne en devient de fait une parodie.

Les institutions des pays s’autoproclamant démocratiques ont tellement raffiné dans l’impossibilité pour le peuple de changer réellement les choses, multipliant les modes de scrutin, les règles et les jeux procéduriers, qu’ils en sont comme pour les sanctions, blocus, qu’ils imposent en toute illégalité, en train de s’y prendre les pieds dedans.

Après une présidentielle, qui a abouti à l’élection d’un président qu’une grande partie de ceux qui l’ont élu détestent cordialement, nous avons dans la foulée l’élection de l’Assemblée nationale. Comment un président va-t-il tenter de s’assurer une majorité alors qu’il est la seule pièce de son propre dispositif et qu’il est ainsi détesté par la majorité des citoyens de son pays? En tentant de couvrir l’échiquier , d’en bloquer le jeu des pièces. Actuellement, il se déplace vers la gauche puisque le leader que celle-ci s’est apparemment donné avec le vote utile est un atrabilaire mégalo qui poursuit son œuvre de destruction, MACRON va tabler sur l’exode des individus vers lui .

En effet, toujours selon la logique du “vote utile”, on se retrouve avec deux leaders de l’opposition incapables non seulement de la fédérer mais ne cherchant qu’à soumettre leur camp à leur dictature personnelle. Quitte comme MELENCHON à lancer un mythique “premier ministre” à 32 % -sans aucune réserve- alors que ce slogan démagogique ne vise qu’à éliminer les rebelles à son pouvoir autocratique issu de la présidentielle. MELENCHON a certes pas mal de défauts, mais il a suffisamment de bouteille pour ne pas ignorer que ce comportement va complètement a contrario des législatives et de ce qui a été implanté toujours par le mode de scrutin de notabilité locale. Simplement il veut poursuivre les effets du vote utile. Ce que n’a pas manqué de noter Cambadelis qui a poussé le bouchon un peu loin en faisant de Mélenchon l’inventeur du vote utile, comme si Mitterrand assurant la promotion de le PEN pour tuer Roccard entre autres n’y était pour rien… mais rien de plus vache qu’un trotskiste contre un autre trotskiste, leur entrisme dans la gauche n’a pas favorisé de la hauteur de vue mais une vision qui fait du partenaire l’ennemi. (1) .

déjà les élections sous les bourgeois sont une sorte de jeu avec ses règles ^propres comme le bridge ou le poker, et celui qui joue sans les respecter n’est pas un politicien digne de la démocratie pour les initiés. Ainsi si l’on veut obtenir une force d’opposition parlementaire il faut changer complètement de logique depuis la présidentielle et il faut favoriser une discussion de charcutier sur les circonscriptions, un marchandage qui n’a certes rien d’exaltant mais qui là encore crée une logique territoriale de notables opposée à la monarchie présidentielle.

En l’état, il parait probable qu’au meilleur des cas le président Macron n’ait pas de majorité absolue. Mais il pense surnager en tablant sur une opposition en ordre dispersée et ne s’entendant sur rien tandis que son gouvernement s’appuierait sur des votes obtenus en piochant dans le vivier de droite ou de gauche non sur des idées mais sur des avantages d’individus et de groupes. Nous y sommes déjà puisque non seulement Macron ne nomme pas un nouveau gouvernement et fait du prochain le produit de transactions sur le terrain et dans les couloirs, laissant entendre que l’ennemi à réduire est Edouard Philippe alors qu’en revanche la réconciliation avec Hollande et les siens est à l’ordre du jour. Bref non seulement l’élection en ce cas n’aboutira pas à un équilibre des pouvoirs mais à une autocratie renforcée face à une situation difficilement gérable et qui avait mis hors course la gauche plurielle en 1997.

C’est Jospin qui d’ailleurs a tenté de renforcer la logique présidentielle en instituant un quinquennat dont ils espérait qu’il lui assurerait à lui et au PS, dans la continuité miterrandienne ce coup d’ETAT permanent. Mélenchon est certes caricatural mais que dire du PS et des verts qui dénoncent ou se rallient aux négociations à chaque poste refusé ou obtenu, le tout sans la moindre consultation de leur base. C’est bien ce que tente Macron: recueillir partout les fruits du mécontentement et les espérances de ceux qui sont avides des retombées du pouvoir, n’attendant plus rien du quarteron de dirigeants sans troupe à la tête des formations nationales. MACRON attend que les fruits murs de l’opportunisme sur le mode manuel VALLS tombent dans l’escarcelle présidentielle, la droite étant laminée, il se jette sur le gauche en tablant ce que les délires mélenchoniens rabattent sur lui.

Si j’avais vingt ans que ce que m’offre l’avenir soit tout sauf la mobilité ascendante qu’on vécu mes parents et si je devais m’initier à ces méandres dites démocratiques le tout sur fond de guerre qui m’incite à me réfugier dans le giron de l’OTAN, en subissant jour après jour une hystérisation belliciste, je me demande ce qu’il en résulterait ? Au meilleur des cas je serais mur pour les aventures les plus improbables et les confusions les plus opportunistes. C’est ce que visiblement certains ont choisi et après s’être fait duper par le vote utile en faveur de MELENCHON, les protégeant du duo l’exécré MACRON et la “raciste” LE PEN, chanson qui a reçu les faveurs des bobos autoexploités et des quartiers avec une majorité d’immigré, tandis que l’outre mer dont ils étaient issus votaient au deuxième tour dans le désarroi total pour MARINE LE PEN, ces braves petits soldats suivront-ils le joueur de flute qui leur chantera “Mélenchon premier ministre”?

Il y aurait de quoi baisser les bras si l’expérience ne m’incitait à attendre la suite en me disant de surcroit que la période est passionnante et qu’elle a l’immense mérite de rendre toute stagnation impossible. Voici un président élu qui a vidé les caisses pour arroser ses copains, pour suivre les Etats-Unis dans leur guerre et qui ne peut pas s’arrêter en chemin. Il ne peut s’abriter derrière rien et n’a pas grand chose pour le protéger probablement même pas un premier ministre fusible comme la Constitution le prévoit. Il n’a à sa disposition qu’un personnel politique en pleine débâcle, entre démagogie et vassalité. Voici un peuple qui n’en peut plus de voir se dégrader ses conditions d’existence, le tout dans un contexte de changement historique dans lequel se décide la plupart des défis auxquels l’humanité est confrontée.

Que sortira-t-il de tant de circonstances politiques incapables de faire face à une situation qui s’aggrave de jour en jour, devant tant d’incapacités cumulées ? La catastrophe imminente sans moyen de la conjurer vu que nous n’avons ni Lénine, ni parti bolchevique ? Il est certainement trop tôt pour tirer des enseignements pertinents, il faut attendre.

Personnellement, il m’arrive de me sentir dans la peau de cet évêque qui dans le rouge et le noir laisse les prêtres et vicaires se faire la peau tout en lisant Horace. j’attendrais ce qui ne devrait pas manquer d’arriver, bien sur je ne connais rien d’autre qui puisse imposer la paix que les communistes, ce sont eux qui ont réussi à imposer cette finalité, la souveraineté des nations, le droit à l’autodétermination des peuples comme le but des relations internationales qui jusqu’alors étaient gouvernées par les mariages dynastiques et les guerres… On semble l’avoir oublié, ils l’ont laissé oublier et de ce fait peut-être qu’en France du moins ils seront incapables de relever le défi et il naitra autre chose.

DANIELLE BLEITRACH

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