Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Novikov, L’impérialisme aujourd’hui : caractéristiques, tendances, menaces pour l’humanité.

Un texte fondamental, un rapport de 45 minutes et de 15 pages présentés par Dmitri Novikov, vice-président du KPRF. Comme me le signale Andrei Doultsev qui a servi de traducteur dans cette conférence internationale, les communistes allemands qui sont dans une situation bien pire que les Français ont vécu les mêmes affres cherchant les raisons de leur échec et aujourd’hui avec courage ils ont décidé simplement de faire face aux défis de l’impérialisme, le bellicisme en particulier et les dangers de guerre de l’OTAN. Je dois dire que le contraste est effectivement saisissant entre le contenu de ce rapport et le délire de la campagne présidentielle en France. Un jour peut-être on s’étonnera de l’étrange et dérisoire manière dont le député, candidat à la présidentielle, secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a du faire face à un tombereau d’insultes pour avoir prononcé quelques phrases banales sur la gastronomie française et sur la nécessité d’avoir une politique alimentaire pour nos concitoyens. C’est stupéfiant de stupidité, mais dans le même temps ce n’est pas un hasard parce que ceux qui se lancent dans ce genre d’âneries, sont aussi ceux qui veulent masquer tout ce que dit ici Novikov et qui sont “à gauche” les plus intégrés à l’Europe de l’OTAN et de fait à la collaboration atlantique et qui caricaturent l’antiracisme pour mieux accroître nos divisions internes comme aux USA; (note de Danielle BLEITRACH traduction de Marianne Dunlop)

La revue de gauche allemande “Junge Welt” commence traditionnellement la nouvelle année par la couverture d’une conférence internationale qui s’est tenue à Berlin. Cette année, Dmitri Novikov, vice-président du Comité central de la KPRF, a été invité à l’ouvrir par un discours de la première demi-heure. De son propre aveu, son principal objectif était de proposer aux participants les thèses idéologico-théoriques et politiques clés du KPRF sur l’impérialisme moderne.

10 février 2022

https://kprf.ru/party-live/cknews/207804.html

Nous présentons à nos lecteurs le texte du rapport “L’impérialisme aujourd’hui : caractéristiques, tendances, menaces pour l’humanité”.

L’aggravation de la situation internationale aujourd’hui est un fait évident. Il y a clairement une “odeur de poudre à canon” dans l’air. La probabilité d’une guerre majeure est probablement la plus élevée depuis la crise des missiles de Cuba. Même les personnes qui adoptent habituellement une attitude conciliante le reconnaissent.

En septembre 2021, lors de la 76e session de l’Assemblée générale des Nations unies, le secrétaire général António Guterres a évoqué la “cascade de crises sans précédent” qui a frappé l’humanité. Selon lui, elles ont amené le monde au bord de l’abîme. Citant les pandémies, le changement climatique et les inégalités croissantes, M. Guterres a placé l’aggravation des conflits en tête de sa liste. Il a également attiré l’attention sur l’émergence de deux centres mondiaux ayant des approches différentes en matière d’économie, de commerce, d’intelligence artificielle et de stratégies militaires et politiques. La confrontation entre les États-Unis et la Chine, a conclu le secrétaire général des Nations unies, pourrait avoir des conséquences plus imprévisibles et dangereuses que la guerre froide.

La pandémie de coronavirus est la toile de fond d’événements extrêmement dramatiques. Les conflits au Moyen-Orient se poursuivent sans relâche. L’Afghanistan reste une menace pour les autres pays. La guerre civile fait rage en Éthiopie. Les affrontements sanglants s’intensifient en Afrique de l’Ouest. Un arc de tension se forme autour de la Chine, notamment en mer de Chine méridionale, à Taïwan et dans l’archipel des Senkaku. Du sang est versé dans le Donbass. Dans le même temps, la propagande occidentale fait état des ‘préparatifs’ de la Russie pour une attaque contre l’Ukraine. Sous ce prétexte, l’OTAN renforce sa force de frappe en Europe orientale et dans la mer Noire.

Même les microscopiques États du Pacifique ne sont pas épargnés par le “chaudron en ébullition”. Fin 2021, des émeutes ont éclaté dans les îles Salomon, dont les autorités ont choisi de coopérer avec Pékin. Ils sont maintenant soumis à une pression énorme.

Les processus de conflit sont évidents pour tous. Mais leurs antécédents et leurs forces motrices font l’objet de débats et de spéculations. Ainsi, les organisateurs du “Sommet pour la démocratie”, initié par les États-Unis en décembre 2021, désignent la confrontation entre démocraties et autocraties comme le cœur des relations sur la scène mondiale. Comme l’a déclaré Joseph Biden : « En exerçant une pression extérieure, les autocraties cherchent à consolider leur propre pouvoir, à exporter et à étendre leur influence dans le monde, et à justifier des mesures pratiques répressives. »

Une “initiative de renouveau démocratique” a été proposée pour se défendre contre les “autocraties”. Dans la pratique, il s’agit ni plus ni moins de l’exportation de l’influence occidentale. Des centaines de millions de dollars seront alloués pour “promouvoir les réformes démocratiques”, pour “protéger les élections libres” et autres “délices”.

Aucune démagogie ne pouvait dissimuler le véritable objectif du rassemblement à Washington. Il suffit de regarder de près pour voir que parmi les “démocraties avancées” se trouvaient des pays loin d’être démocratiques. Les États-Unis veulent “renouveler le monde” avec l’État monarchique des Tonga dans le Pacifique, ainsi qu’avec la Colombie, les Philippines, le Congo et d’autres pays où l’opposition est muselée et où la répression des travailleurs et des militants sociaux est courante. En outre, la délégation taïwanaise et des personnalités telles que Svetlana Tikhanovskaya du Belarus, Juan Guaido du Venezuela et Nathan Lo de Hong Kong ont également eu droit à la parole lors du sommet. En tant que dirigeants de la Cinquième Colonne, ils ont ouvertement appelé les États-Unis et l’ensemble du “monde démocratique” à s’ingérer dans les affaires de leurs pays.

Les slogans de la démocratie et des droits de l’homme ont depuis longtemps été transformés en outils politiques des puissances capitalistes. Les militaires, de leur côté, y vont plus franchement. La veille de l’ouverture du sommet sur la démocratie, Mark Milley, président des chefs d’état-major interarmées de l’armée américaine, a accusé la Chine d’avoir l’intention de changer l’ordre mondial et a déclaré que le maintien de la supériorité militaire de Washington était sa principale préoccupation. À son tour, le chef du Pentagone, Lloyd Austin, a qualifié Pékin de “défi crucial” pour la sécurité nationale des États-Unis.

Si vous analysez n’importe quel domaine des relations internationales, vous verrez les crocs du conquérant sous son masque de paix, de “marché libre” et de valeurs démocratiques. Dans l’économie, nous assisterons à l’offensive agressive des entreprises capitalistes et au harcèlement des concurrents (pensez aux problèmes créés pour l’entreprise chinoise Huawei). En politique, nous assisterons à une pression sur les régimes indésirables par le biais de sanctions, de démarches diplomatiques, de diffamation, de la création de blocs agressifs et de provocations militaires. Dans le domaine de l’information, il est difficile de ne pas remarquer la guerre avec l’invention de fake news et autres technologies de manipulation de la conscience.

Mais posons-nous la question : tout ce qui se passe est-il quelque chose de fondamentalement nouveau, caractéristique uniquement du début du XXIe siècle ?

Depuis plus d’un siècle, des phénomènes similaires ont été analysés par Lénine. Dans L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, il écrit : « La relation de domination et la violence qui lui est associée sont caractéristiques de la “dernière phase du développement du capitalisme” ; c’est ce qui (…) découle inévitablement de la formation de monopoles économiques tout-puissants ».

Les apologistes bourgeois ne se lassent pas de répéter que Marx, Engels et Lénine sont “dépassés”. Mais c’est une manipulation typique de la conscience. Tout comme les déclarations sur la disparition des classes et l’épuisement des contradictions capitalistes. La pertinence de la doctrine de Lénine sur l’impérialisme se confirme chaque jour.

Rappelons-nous : Lénine a distingué cinq caractéristiques principales de l’impérialisme. Tout d’abord, la concentration de la production et du capital au point de créer des monopoles qui jouent un rôle décisif dans la vie économique. Deuxièmement, la fusion du capital bancaire avec le capital industriel et la création du “capital financier”, une oligarchie financière. Troisièmement, l’importance particulière de l’exportation de capitaux par rapport à l’exportation de marchandises. Quatrièmement, la formation d’alliances monopolistiques internationales de capitalistes se partageant le monde. Cinquièmement, l’achèvement du partage territorial de la planète par les grandes puissances capitalistes.

Les cinq caractéristiques de l’impérialisme se reflètent dans la base et la superstructure de la société capitaliste au stade actuel également.

La concentration du capital s’accélère. En 2020, le volume des fusions et acquisitions s’est élevé à 3,6 trillions de dollars. Les résultats de 2021 ne sont pas encore connus, mais l’année promet d’être record. Plus de 40 000 fusions et acquisitions d’une valeur de près de 4 000 milliards de dollars ont eu lieu au cours du seul premier semestre de l’année.

Parmi les plus grosses affaires :

– L’achat par AerCap, société cotée en Irlande, de la division de location d’avions de General Electric Corporation pour un montant de 30 milliards de dollars,

– la fusion du Chemin de fer Canadien Pacifique avec son rival américain Kansas City Southern,

– la fusion des entreprises canadiennes de télécommunications Rogers et Shaw.

Le secteur de la haute technologie a été leader en termes de fusions et d’acquisitions. Ici, le montant total des transactions s’est élevé à 832 milliards de dollars. C’est trois fois plus que pendant la même période en 2020. Suivent le secteur financier, l’industrie, l’énergie et les soins de santé.

Aux États-Unis, au début du XXe siècle, 0,9 % des entreprises contrôlaient 38 % du capital productif et 25 % de la main-d’œuvre. Aujourd’hui, 0,002 % des entreprises des États-Unis contrôlent 70 % des actifs et 33 % de la main-d’œuvre. Le niveau de concentration de la production a donc augmenté des centaines de fois en un siècle dans ce pays.

Ce processus est caractéristique de la Russie d’aujourd’hui. De janvier à juin de l’année dernière, près de 300 fusions ont eu lieu dans notre pays pour un montant de plus de 17 milliards de dollars.

L’ampleur de la concentration de la production et du capital est également mise en évidence par la croissance de la capitalisation boursière. Rien qu’entre mars 2020 et mars 2021, la capitalisation des 100 plus grandes entreprises du monde a augmenté de 48 % pour atteindre un record de 31 700 milliards de dollars. La première place est occupée par Apple Inc. – 2,4 trillions de dollars. Il est suivi par Saudi Aramco, Microsoft Corp.

C’est le secteur technologique qui est le plus important en termes de capitalisation (10 500 milliards de dollars). Dans le même temps, les États-Unis sont en tête tant pour le nombre de ces entreprises que pour leur capitalisation globale.

La capitalisation des 100 premières entreprises représente près de 40 % du PIB mondial. C’est un tiers de plus que le PIB des États-Unis. La capitalisation de la seule société Apple Inc. est à peine inférieure au PIB combiné de 54 États indépendants d’Afrique.

Un réseau mondial de sociétés transnationales (STN) a enserré la planète et contrôle les processus les plus importants de l’économie mondiale. Elles contrôlent plus de la moitié de la production industrielle mondiale, plus de 60 % du commerce mondial, plus de 80 % des brevets et licences de nouvelles technologies dans le monde.

Les multinationales sont des monopoles qui se sont mondialisés. En répartissant la production entre les pays, elles évitent les barrières douanières, accumulent les capitaux dans les zones les plus rentables et disposent des plus grandes ressources pour la recherche et le développement.

Comme à l’époque de Lénine, la domination des monopoles est basée sur l’exportation de capitaux. Les investissements directs étrangers des multinationales ont été multipliés par 20 au cours des 40 dernières années. Les multinationales représentent 90 % des investissements, et les 1 % de sociétés les plus importantes contrôlent la moitié des investissements étrangers.

L’ampleur des sorties de capitaux a considérablement augmenté au cours du siècle. Les “programmes d’aide” du FMI, de la BIRD et de la Banque mondiale servent à asservir les pays les plus pauvres et à maintenir leur retard économique. L’exportation de capitaux par les États impérialistes vers les pays en développement est la base économique du néocolonialisme. Une part de plus en plus importante de la richesse mondiale combinée est redistribuée aux États rentiers. Selon le FMI, la dette des pays les plus pauvres n’a jamais été aussi élevée qu’en 2021. En Angola, au Ghana, au Nigeria et dans un certain nombre d’autres pays, les paiements de la dette représentent la moitié de toutes les recettes budgétaires.

Le capital financier spéculatif est devenu dominant dans le monde. En 2013, le rapport politique du Comité central du KPRF au 15e Congrès du Parti a noté que le pillage de pays formellement indépendants et leur colonisation effective par le grand capital sont réalisés à l’aide de mécanismes tels que la spirale de la dette, l’encouragement des zones financières offshore et les activités des agences de notation.

Bien sûr, le capital est également centralisé par la privatisation et la destruction de la fonction sociale de l’État. La spéculation financière a pris une importance considérable. La valeur ajoutée est de plus en plus transférée de la production vers les poches des monstres financiers. Déjà Lénine écrivait : « Bien que la production de marchandises “règne” encore et soit considérée comme la base de toute l’économie, en réalité elle est déjà minée, et les principaux profits vont aux “génies” de la spéculation financière ». Le parasitisme de l’impérialisme se manifeste clairement dans le fait qu’une grande partie de la classe dirigeante n’est pas impliquée dans le processus de production sociale et ne vit que pour “toucher des coupons”.

Le caractère parasitaire du capitalisme est évident. Le système néolibéral déclare que l’accumulation illimitée du capital est son seul objectif. Le principe universel de la dette et la vie à crédit sont imposés. La servitude pour dettes est caractéristique à tous les niveaux, du travailleur pauvre aux gouvernements des grandes nations.

L’hégémonie financière du capitalisme accentue la répartition inéquitable des revenus entre le travail et le capital. Le fait de l’asservissement néocolonial est prouvé par la dette extérieure croissante des pays en développement. Au cours des neuf premiers mois de l’année dernière, elle a augmenté de 5,7 billions de dollars pour atteindre 92,5 billions de dollars.

Le développement inégal et la vie indigente des masses sont des conditions inévitables du mode de production capitaliste. Comme l’écrivait Lénine, « le capital excédentaire n’est pas utilisé pour élever le niveau de vie des masses », mais pour augmenter les profits des capitalistes « en exportant le capital à l’étranger », où « le prix de la terre est comparativement bas, les salaires misérables et les matières premières bon marché ».

Les lauréats du prix Nobel d’économie 2019, Abhijit Banerjee et Esther Duflo, soulignent : « nous vivons dans un monde où une extraordinaire concentration du pouvoir économique est entre les mains d’une petite poignée de super-riches ». Ce constat est confirmé par les recherches du World Inequality Lab, un groupe d’experts dirigé par Tom Piketty. Il convient de noter que la richesse combinée des milliardaires n’a fait qu’augmenter pendant la pandémie. Elle est passée de 9 000 à 13 000 milliards de dollars.

La croissance de la richesse de l’oligarchie mondiale est proportionnelle à l’appauvrissement de la population. Selon les Nations unies, au cours de la première année de la pandémie de coronavirus, le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde est passé de 650 millions à 811 millions. À la fin de l’année dernière, le nombre de personnes souffrant de la faim devrait atteindre 960 millions. Un sur six d’entre eux risque de mourir de faim.

Selon Oxfam, chaque minute, 11 personnes meurent de faim dans le monde. L’ONU a reconnu l’échec des plans visant à éliminer la faim d’ici à 2030. Arif Hussain, économiste en chef du Programme alimentaire mondial des Nations unies, a déclaré : « Nos pires craintes se réalisent. Il faudra des décennies pour inverser des niveaux aussi élevés de faim chronique. »

Le parasitisme du capitalisme ne concerne pas seulement les profits vertigineux de l’oligarchie. Il se manifeste également dans le fait qu’un ouvrier d’usine gagne un montant dérisoire, alors qu’un ingénieur d’Apple ou un designer de Nike touche un salaire exorbitant. Cela se voit également dans le fait que les taxes et les dépenses de lobbying des grandes entreprises finissent dans les poches des politiciens, des bureaucrates et des militaires. Et, bien sûr, cela se manifeste par le fait que les habitants des pays développés consomment les biens du marché mondial à bon marché et en grande quantité – de manière disproportionnée par rapport à leur contribution à la production mondiale.

La dégradation économique sous l’impérialisme se manifeste également par l’exclusion de larges sections de la population du travail socialement utile. Ainsi, selon diverses estimations, le nombre de personnes travaillant dans la production dans la Russie d’aujourd’hui se situe “dans la fourchette” de 12 à 30 millions de personnes sur une population de 148 millions d’habitants. Une proportion croissante de la population mondiale est engagée dans la satisfaction des besoins de la bourgeoisie. Des ressources financières, humaines et intellectuelles considérables sont consacrées au développement et à la production de moyens de destruction. Il existe une tendance croissante à la stagnation, au rejet du développement de la technologie, à l’interdiction de sa mise en œuvre rapide. La cosmonautique ne s’est guère développée au-delà de l’orbite terrestre, le développement de l’espace profond n’étant pas commercialement rentable. La monopolisation dans un certain nombre de sphères économiques a atteint un niveau tel que la concurrence n’est plus possible et que les mécanismes du marché ne fonctionnent plus.

L’histoire a confirmé une autre thèse léniniste. Les 100 dernières années ont été une période de lutte incessante des impérialistes pour le redécoupage du monde. Les conflits militaires mondiaux et locaux ont apporté à l’humanité une mer de souffrances et des rivières de sang. Après la Première Guerre mondiale, les États-Unis sont devenus une superpuissance. En Europe, cependant, une bombe à retardement a été laissée derrière elle. Le traité de Versailles a mis fin à la guerre, mais n’a pas résolu les causes du conflit.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont pris le contrôle de l’Atlantique Nord. Ils ont stationné leurs troupes en Europe et au Japon. Par la suite, les États-Unis ont déstabilisé et détruit l’Union soviétique. Washington a déclenché des conflits sanglants en Éthiopie, en Yougoslavie, en Irak, en Libye, en Afghanistan et en Syrie. Des coups d’État ont été organisés au Pakistan, au Chili, au Soudan, aux Philippines, au Liberia, en Haïti, en Équateur, aux Fidji, en Mauritanie, en Guinée, à Madagascar, au Honduras, au Niger, en Géorgie, en Côte d’Ivoire, aux Maldives, au Mali, en Guinée-Bissau, en Égypte, en Ukraine, au Burkina Faso, au Yémen, en Tunisie et dans de nombreux autres États. Les tentatives de déstabiliser la Russie, la Chine, l’Iran, le Belarus, la Corée du Nord, Cuba, le Venezuela et le Nicaragua sont devenues une caractéristique constante de la politique de Washington. Les coups d’État et les guerres restent le principal moyen pour les impérialistes de rediviser le monde.

Nous avons toutes les raisons de souligner que les traits de l’impérialisme sont caractéristiques de toutes ses étapes. Dans le même temps, nous devons également voir ses transformations. La victoire de la grande révolution socialiste d’octobre a, tout d’abord, privé le capital mondial de l’énorme marché russe. Deuxièmement, elle a donné un puissant élan au mouvement de libération nationale et ouvrière. Elle a finalement conduit à la libération de dizaines de pays du joug colonial et semi-colonial. Il s’agit notamment de la Chine, de l’Inde, de l’Indonésie et de plusieurs pays d’Afrique. Beaucoup ont alors opté pour une voie de développement non capitaliste.

Dans les pays occidentaux, les luttes des travailleurs, menées par les communistes et les syndicats, ont contraint le capital à faire de sérieuses concessions. Sur le plan idéologique, cela s’est traduit par les concepts du New Deal, de l’État providence, etc. Une redistribution plus équitable de la richesse sociale était leur marque de fabrique.

Tout cela a changé dans les années 1980 et 1990. Tout d’abord, les forces néolibérales des principaux pays capitalistes ont gagné, visant l’abolition de l’État-providence et l’expansion du capital. Puis vint la victoire de l’Occident impérialiste dans la guerre froide. L’impérialisme a trouvé un “second souffle”. Il a remporté un marché colossal de 500 millions de personnes dans l’ex-URSS et les pays d’Europe de l’Est. D’autres États socialistes ont été victimes du néocolonialisme.

Le capitalisme a jeté la “bride” que lui avaient mise les victoires du socialisme. Des innovations telles que la planification indicative de l’État, les garanties sociales, l’éducation et la médecine abordables ont été rapidement “digérées” par la réaction néolibérale.

L’ensemble de ces circonstances nous permet de parler d’une nouvelle étape dans le développement de l’impérialisme – le mondialisme.

Il y a vingt ans, en 2002, a été publié le livre de Guennadi Ziouganov, président du comité central du KPRF La mondialisation et le destin de l’humanité. Les idées de cet ouvrage ont été développées dans des travaux ultérieurs :Asservissement global de la Russie, ou la mondialisation à l’américaine, La nouvelle arme des mondialistes et d’autres.

En 2013, la définition du mondialisme comme l’impérialisme de l’ère de la mondialisation a été incluse dans le rapport politique du Comité central du KPRF au 15e Congrès du Parti. Afin d’éviter toute confusion terminologique et sémantique, il est nécessaire de faire la distinction entre la mondialisation en tant que processus historique objectif de convergence des peuples, de formation d’un monde unique interdépendant et le mondialisme en tant que forme moderne d’impérialisme.

Nous affirmons que la formation du pouvoir global du capital transnational est une caractéristique importante du mondialisme. Les STN empiètent de plus en plus sur la souveraineté politique et économique d’États entiers. Comme l’a noté le 13e Plénum (janvier) du Comité central du KPRF en 2021, le capital mondial écrase les institutions étatiques les plus importantes et détruit tout ce qui empêche la plénitude de son pouvoir – les frontières politiques, culturelles et morales.

Le XVe Congrès du KPRF a établi : « Les impérialistes augmentent la concentration du pouvoir économique et politique dans les mains des plus grands groupes financiers et économiques. Dans chaque pays, le capital est de plus en plus dépendant du capital transnational. Le pouvoir des grands monopoles s’accroît. Leur influence sur les structures supranationales : FMI, Banque mondiale, OMC, OTAN est croissante… Rapidement, le pouvoir économique du capital fusionne avec les institutions du pouvoir politique et met à sa disposition l’appareil répressif des Etats les plus forts. L’impérialisme intensifie la politique d’une nouvelle colonisation du monde ».

Les créateurs de ce modèle de gouvernance de l’humanité utilisent le pouvoir du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale, de l’OTAN, de Facebook, d’Hollywood, de CNN et d’autres segments divers de l’impérialisme mondial. Ils installent leurs vice-rois dans les gouvernements des différents pays. Au besoin, ils s’appuient activement sur les forces des traîtres libéraux locaux. Dans ces conditions, les vestiges des entreprises nationales, en particulier les moyennes et petites entreprises, perdent du terrain dans la concurrence avec les multinationales.

La dictature de l’information est un autre trait caractéristique du mondialisme. Elle est façonnée par les médias grand public avec l’aide de “leaders d’opinion” moulés par le capital et de nombreux pseudo-experts. Ils sont “façonnés” et financés en tant qu’agents de l’idéologie néolibérale. Chacun d’entre eux est un rouage d’un réseau d’information omniprésent. Le but de ce système est l’asservissement intellectuel et spirituel de l’homme et de l’humanité.

Les moyens de communication sont déjà capables d’assurer un contrôle total sur l’individu. Les valeurs et les intérêts imposés forment la ressource humaine dont le mondialisme a besoin – les masses de consommateurs. Ils reçoivent un traçage comportemental qui les empêche de comprendre l’injustice de l’ordre social. Les mesures de quarantaine introduites sous couvert de la pandémie de coronavirus avec leur “QRcodification” sont un pas de plus vers un “camp de concentration numérique”.

Aujourd’hui, l’impérialisme agit comme une force profondément réactionnaire. En affirmant sa domination, il détruit la démocratie et corrompt la société. La philosophie et l’histoire occidentales, la littérature et l’art, les médias et le contenu des médias sociaux sont imprégnés d’idées réactionnaires. Ils prêchent des goûts pervers et les imposent afin de corrompre les masses et de détourner les peuples de la lutte pour la libération politique et sociale.

L’évolution idéologique de l’impérialisme détruit les valeurs morales. Les idées d'”ultra-nationalisme” du modèle de 1914 ont été remplacées par la “théorie raciale”. La seconde moitié du siècle dernier avait été marquée par la prédication des “valeurs universelles”. En ce début de XXIe siècle, la société est bercée de “multiculturalisme”, “tolérance” et “protection des droits de la communauté LGBT”.

Un esprit délétère est introduit dans toutes les sphères de la vie publique, politique et spirituelle. Les tentatives de protection des cultures nationales sont déclarées anti-démocratiques et nationalistes. Cependant le multiculturalisme n’encourage pas l’amitié, mais la séparation des peuples. Dans son contenu interne, il est le contraire de l’internationalisme prolétarien.

Les principales cibles des “cerbères” de l’information sont les idées de justice sociale, la théorie du communisme et tout ce qui peut constituer une menace pour le mondialisme. Des tonnes de saletés sont déversées sur la Chine, l’Iran, le Belarus, Cuba. La russophobie ne connaît plus de limites. Ce processus est étroitement lié à la révision rampante des résultats de la Seconde Guerre mondiale et à la propagande anticommuniste. Les politiciens occidentaux assimilent de manière obsessionnelle l’URSS et le bloc fasciste. Cela crée un terrain fertile pour, entre autres, le renforcement des mouvements d’extrême-droite.

Tout est fait pour priver la classe ouvrière et les masses laborieuses de leur subjectivité historique. Selon la Confédération syndicale internationale, le nombre de pays dont les autorités empêchent l’enregistrement des syndicats est passé de 89 à 109 l’année dernière. La proportion d’États où le droit de grève est violé est passée de 63 % en 2014 à 87 % en 2021. Il y a des meurtres de syndicalistes dans un certain nombre de pays, notamment au Brésil, en Colombie, au Guatemala, aux Philippines et au Nigeria. Pourtant, les grands médias occidentaux ne s’en font pas l’écho. Et les pays où cela se produit n’ont pas été mis à la porte lors du “Sommet pour la démocratie” de Washington.

Les raisons sont claires. Seuls les “défenseurs des droits de l’homme” qui contribuent à établir l’hégémonie de l’oligarchie impérialiste sont reconnus dans le miroir tordu du mondialisme. Et ces représentants de la “cinquième colonne” ont des noms et des prénoms bien précis. Parmi eux figurent Tihanovskaya, Navalny et Guaido. Mais les opinions, les fortunes et même les vies des autres “dissidents” n’ont aucune valeur pour le capital mondial.

L’essence du mondialisme est bien plus inhumaine et injuste que la domination du “premier monde” sur le “tiers monde”. Même au sein des puissances impérialistes les plus riches, une infime minorité jouit de droits étendus. La majorité est confrontée à l’élimination des restes de garanties de l’État et à une “optimisation” totale de la sphère sociale. Le monde entier a vu des personnes mourir à la porte des hôpitaux aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Italie et dans d’autres pays occidentaux avant d’avoir pu recevoir des soins médicaux.

Dans ce contexte, la publicité généralisée pour les projets de “décarbonisation” ou de réduction des émissions de gaz à effet de serre semble un nouveau stratagème. D’une part, l’attention des gens est détournée de problèmes sociaux bien plus urgents. De fausses priorités leur sont imposées. D’autre part, le capital obtient un outil supplémentaire pour influencer les pays du monde. Par exemple, les ambassadeurs des pays occidentaux ont lancé un ultimatum à l’Afrique du Sud pour qu’elle réoriente son secteur énergétique vers des “sources propres” et ont offert hypocritement leur aide. Pour un pays dont plus de 80 % de l’électricité est produite par des centrales thermiques au charbon, cela ne signifie rien de moins qu’une réduction de la souveraineté et l’asservissement.

Selon le KPRF, la mondialisation n’a pas rendu le monde plus sûr ou plus juste. Oui, elle est basée sur des processus mondiaux objectifs. Mais ils sont transformés par le capital en un outil pour renforcer sa domination. Le mondialisme brouille la ligne entre les méthodes violentes et non violentes de la politique impérialiste. Les “agressions humanitaires” alternent avec les “révolutions de couleur”. Les outils du FMI, de la Banque mondiale et des agences de notation sont utilisés pour étrangler les pays.

Le parti communiste considère les points suivants comme les tâches essentielles des créateurs de l’ordre mondial mondialiste :

Premièrement. Parvenir à une formation ouverte et juridiquement consacrée du monde dans une “pyramide de subordination”. À son sommet, il faut placer le principal centre mondialiste des États-Unis, puis leurs alliés, et en bas – les États du “tiers monde”.

Deuxièmement. Créer non plus un pouvoir de l’ombre mais une structure de pouvoir supranationale déclarée, un pouvoir dictatorial, hostile aux milliards d’habitants de la planète. Les tentatives de saper l’autorité et l’importance de l’ONU sont l’une des étapes dans cette direction.

Troisièmement. Établir un contrôle sur les sources d’énergie et les matières premières du monde. Pour subvertir le système financier et ainsi prendre le contrôle de l’ensemble de l’économie de la planète.

Quatrièmement. Créer un climat de peur dans la société face aux menaces de guerres, d’épidémies et de terrorisme. Cela prive l’humanité laborieuse de la volonté de lutter pour ses droits, pour une voie de développement social fondamentalement différente.

Cinquièmement. Assurer un contrôle strict des flux d’informations. Imposer leur système de valeurs au monde. Supprimer les dissidents en les accusant d’être antidémocratiques, destructeurs et terroristes.

Sixièmement. Vaincre les pays qui tentent de défendre leurs intérêts nationaux. Écraser ceux qui s’opposent à l’hégémonie américaine.

Septièmement. Bloquer complètement les forces des États qui sont capables de s’opposer aux plans des mondialistes sur la scène mondiale. Les principales cibles sont la Russie et la Chine.

Le temps prouve la validité de ces évaluations. Les interventions contre l’Irak et la Libye, les tentatives de renversement des régimes légitimes en Syrie, au Venezuela, en Biélorussie, et le coup d’État des Banderistes à Kiev les ont confirmés. Les cercles dirigeants d’Ukraine, de Géorgie et de Moldavie ne cessent de s’impliquer dans les aventures du capital mondial. La pression sur la Chine, la Russie, l’Iran et d’autres pays augmente. L’OTAN élargit son champ d’action.

La crise économique et la pandémie de coronavirus ont exacerbé les contradictions fondamentales du capitalisme, aiguisant l’essence agressive de l’impérialisme. Par conséquent, les tendances suivantes en matière de relations internationales peuvent être identifiées :

Premièrement, les élites mondiales sont de plus en plus enclines à déclencher un conflit militaire de grande ampleur. La guerre a toujours été une caractéristique essentielle du capitalisme et l’un des principaux outils pour s’emparer de nouveaux marchés et réaliser des profits. Mais le développement sous le régime de la mondialisation devient encore plus conflictuel.

Visant l’asservissement total et complet de la planète avec toutes ses ressources, et la destruction de la moindre manifestation de dissidence, le capital ne recule devant aucun moyen. Dans l’article de 2002 intitulé Le mondialisme et le nouvel “impérialisme”, G. Ziouganov a déclaré : « La guerre est le compagnon inévitable de la mondialisation impérialiste. L’humanité est assise sur un baril de poudre, autour duquel jaillissent de plus en plus d’étincelles. Chacun d’entre eux pourrait provoquer une réaction en chaîne de la violence à travers le monde. »

Les nouvelles possibilités techniques, notamment dans le domaine de la communication, sont au service du capital. La diffusion mondiale d’Internet, l’émergence des réseaux sociaux et des messageries instantanées avec des milliards d’utilisateurs ont facilité les tâches d’approfondissement de l’influence bourgeoise. Cela a permis de parler d’un nouveau type de guerre – la guerre hybride. Son analyse détaillée a été présentée lors du XIIIe Plénum (janvier) du Comité central du KPRF en 2020. Le parti a déclaré que « l’agression informationnelle aux niveaux mondial et national acquiert rapidement des contours extrêmement dangereux », qu’elle est devenue « le maillon central des guerres hybrides » et que « les médias de masse aux mains des mondialistes se sont transformés en une arme mortelle pour tout régime et dirigeant politique ». Même le président américain Donald Trump en a fait pleinement l’expérience, notamment dans sa tentative de briguer un second mandat.

Une guerre de l’information brutale est en cours contre les États qui se mettent en travers du chemin des mondialistes. La Chine est confrontée à une campagne de mensonges. Elle est accusée d’avoir créé des camps de concentration pour les musulmans dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang et d’avoir violé les droits de l’homme au Tibet et à Hong Kong. La Chine se préparerait à attaquer Taïwan et à “récupérer” les territoires d’autres nations.

L’Iran est accusé d’avoir l’intention d’attaquer Israël, tandis que la Russie est accusée d’attaquer l’Ukraine. On en arrive au point de l’absurdité. Comme “preuve du comportement agressif de Moscou”, les faits de redéploiement des troupes russes sur son propre territoire sont cités. Dans le même temps, les “médias de désinformation” ne se demandent pas ce que font les soldats et les officiers américains à des milliers de kilomètres de leur pays d’origine – en mer Noire et en mer de Chine méridionale, dans le golfe Persique et dans le détroit de Taïwan, dans les États baltes et au Japon.

Les gouvernements impérialistes, sans abandonner les méthodes d’expansion militaire, établissent des bases militaires, construisent des blocs militaro-politiques et mènent des provocations contre leurs adversaires en utilisant des pays satellites. L’Ukraine est utilisée contre la Russie, l’Arabie saoudite et Israël sont utilisés contre l’Iran, le Quartet (États-Unis, Australie, Japon, Inde) et les blocs AUKUS (États-Unis, Royaume-Uni, Australie) ont été créés pour contrer la Chine.

Les mondialistes perdent “à plate couture” la compétition économique pacifique au profit de la Chine socialiste. Par conséquent, parier sur la sphère militaro-politique est une chose naturelle. Les États-Unis et leurs alliés ont un avantage relatif dans ce domaine pour le moment. Se sentant menacé dans son hégémonie, le capital pourrait déclencher une nouvelle guerre mondiale.

Des mécanismes politiques et une diplomatie en coulisses sont utilisés pour monter la Chine et la Russie l’une contre l’autre. Les stratèges politiques occidentaux estiment qu’il est fondamental d’empêcher leur alliance à grande échelle dans laquelle le potentiel économique de Pékin serait renforcé par la puissance militaire de Moscou héritée de l’URSS.

Deuxièmement, le facteur des contradictions inter-impérialistes “fonctionne”. Même au sein du camp occidental, les divisions sont de plus en plus évidentes. Derrière lesquelles se cache une concurrence accrue entre les entreprises et les groupes financiers.

Le conflit en Libye en est un exemple éloquent. En 2011, les États-Unis et leurs alliés ont renversé le gouvernement de Mouammar Kadhafi. La Libye a été plongée dans une guerre civile prolongée, avec des capitaux étrangers derrière chaque camp. Ainsi, la France, la Russie, l’Arabie saoudite et l’Égypte soutenaient plutôt le gouvernement “oriental” et les troupes du maréchal Haftar. Grâce à cela, la société pétrolière et gazière française Total a obtenu l’accès à un certain nombre de champs importants – Waha, Sharara, Mabrouk, etc. Pour leur part, les autorités de Tripoli ont obtenu le soutien de l’Italie, de la Grande-Bretagne, de la Turquie et du Qatar. Cela a permis à la société italienne Eni de conserver le contrôle de la production de gaz. La société britannique BP a négocié des contrats lucratifs pour l’exploration et la production de pétrole. La Turquie a obtenu de Tripoli un accord de partage du plateau méditerranéen et a déployé son contingent militaire en Libye. Les États-Unis ont choisi de travailler avec les deux parties du conflit, mais pas dans le but de rétablir la paix. Chevron et Conoco-Philips ont obtenu des contrats dans les deux parties d’une Libye divisée.

Un exemple des tensions inter-impérialistes est la situation des sous-marins pour l’Australie. En septembre 2021, Canberra a mis fin au contrat avec la France en faveur du Royaume-Uni et des États-Unis, ce qui a entraîné un conflit diplomatique.

L’affaiblissement de l’hégémonie mondiale de Washington a fait entrer de nouvelles forces impérialistes dans l’arène. Auparavant, elles étaient dans l’ombre de l’influence américaine. Aujourd’hui, elles affirment leurs revendications avec de plus en plus d’audace. C’est ce que fait la Turquie en revendiquant la suprématie en Méditerranée orientale, en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Transcaucasie. Cela conduit à un affrontement avec d’autres puissances. En Libye et en Méditerranée orientale, par exemple, Ankara est contrée par Paris, tandis qu’en Syrie, la Turquie est en désaccord avec les États-Unis et la Russie.

Troisièmement, les contradictions entre le capital national et transnational s’approfondissent. Autrefois, l’impérialisme était principalement constitué de monopoles d’État. Aujourd’hui, les multinationales suppriment de plus en plus l’État. Dans ces conditions, les entreprises nationales entrent dans une lutte pour protéger le marché intérieur. Dans ce contexte, le nationalisme et le protectionnisme connaissent une renaissance. La victoire de Donald Trump aux États-Unis et la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne en sont des exemples notables.

Les contradictions entre le capital national et transnational s’incarnent dansles tendances xénophobes, racistes et néo-fascistes. Des forces telles que la Fraternité italienne, le Vox espagnol, Alternative pour l’Allemagne et le Rassemblement national français jouent sur les sentiments patriotiques. Les conditions préalables à la confrontation dans la société s’élargissent.

Quatrièmement, l’impérialisme aggrave les contradictions de classe à l’extrême. Lors du IXe plénum (octobre) du Comité central du KPRF en 2019, un rapport de G.A. Ziouganov a souligné que la base idéologique du mondialisme est le néolibéralisme, qui vise à l’élimination complète des fonctions sociales de l’État. Pour les néo-libéraux, l’État est un appareil de surveillance destiné à protéger le capital mondial contre le peuple. Ils privatisent non seulement les entreprises mais aussi le pouvoir d’État. Sous le slogan de la démocratie, le néolibéralisme affirme le pouvoir total du capital, le droit des riches à vivre de leurs richesses et le droit des autres à être pauvres et misérables. L’idéal du néolibéralisme est une société de biorobots, des consommateurs obéissants dépourvus d’idéaux moraux.

Au XXIe siècle, le néolibéralisme est la troupe de choc du capitalisme et le principal adversaire de l’humanité. Sa nature garantit l’appauvrissement des travailleurs, l’approfondissement des inégalités et l’intensification de la réaction. Les théories de l'”humanisation du capitalisme” sont totalement disqualifiées.

La preuve est flagrante. L’inégalité des revenus dans le monde s’est considérablement accrue au cours des 30 dernières années. Sa croissance est la plus rapide aux États-Unis, en Russie, au Moyen-Orient et en Amérique latine. La privatisation totale, les allègements fiscaux pour les personnes et les entreprises les plus riches, l’accès restreint à l’éducation, la réduction des programmes sociaux font leur travail. La moitié de l’humanité ne reçoit que la moitié des revenus des 1% les plus riches.

L’inégalité croissante crée un mécontentement généralisé. L’année dernière, des grèves ont eu lieu en Corée du Sud, en Inde, en Italie, en Grèce, en Colombie, en Afrique du Sud et au Brésil. Des millions de travailleurs y ont participé. Selon une étude conjointe d’un groupe de réflexion allemand et colombien, le nombre de manifestations majeures dans le monde a triplé entre 2006 et 2020. La phase actuelle y est comparée à 1848, 1917 et 1968, lorsque des masses de personnes « se sont révoltées contre les politiques précédentes et ont exigé un changement ».

Lénine a identifié la tendance à la stagnation et à la décomposition du capitalisme. Aujourd’hui, sa transformation en un frein au progrès est de plus en plus évidente. La volonté de condamner des milliards de personnes à la pauvreté et de plonger l’humanité dans un conflit mondial sont des signes évidents de pourrissement. L’impérialisme entrave le progrès de l’humanité, la contraint à entrer dans un cadre où se produit la dégradation de l’individu.

La stagnation des relations sociales et industrielles, le parasitisme de couches sociales entières et d’États dirigeants, la menace de guerre, l’émergence de tendances contre-progressistes dans la science et la technologie sont autant de taches indélébiles de l’impérialisme. Ce fait a permis à Lénine de parler de la décadence et de la dégénérescence du capitalisme. Non seulement la modernité n’a pas supprimé ce problème, mais elle en a exacerbé la profondeur et l’étendue. C’est pourquoi les mots de Lénine selon lesquels l’impérialisme est la veille de la révolution socialiste n’ont pas perdu leur pertinence.

Le socialisme, en tant qu’alternative unique et éprouvée, offre la voie d’une transformation dans le sens du progrès. Des millions de personnes sur la planète comprennent la nature sans issue du capitalisme. C’est la tâche des communistes de diriger la protestation, de lui donner un caractère organisé et de canaliser l’énergie des masses pour obtenir la victoire du socialisme.

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1 Commentaire

  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Dans l’article : “Selon une étude conjointe d’un groupe de réflexion allemand et colombien, le nombre de manifestations majeures dans le monde a triplé entre 2006 et 2020.”

    Dans cette même période la quantité de monnaie centrale a explosé dans le monde en particulier le dollar et là je ne parle que de la partie dite base monétaire, c’est à dire sans les crédits commerciaux.

    Rien qu’aux USA cette fois ici uniquement la base monétaire c’est à dire la monnaie produite par la FED uniquement. Admirez la courbe.
    (billets pièces et monnaie banque centrale):

    Déc 1991: 335 400 Millions de $

    Nov 2021: 6 335 400 Millions de $ (soit 19 fois plus)

    https://fred.stlouisfed.org/series/BOGMBASE/

    Évolution de la masse monétaire mondiale (M0 à M4 avec la monnaie commerciale):
    https://donnees.banquemondiale.org/indicator/FM.LBL.BMNY.GD.ZS

    En complément un documentaire sur le rôle de la monnaie dans le pouvoir sous le capitalisme :
    97% Owned | Creation of Money | Finance Documentary | Debts Explainedhttps://youtu.be/3lLXgl2CHDE

    P.S: La monnaie est probablement une des institutions les moins bien connues du public alors qu’elle conditionne notre quotidien et l’organisation de nos sociétés.
    Je ne sais pas si c’est un sujet qui peut intéresser les lecteurs du blog.

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