Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Nanni Moretti : quel dommage… Nous nous sommes tant aimés…

Si vous avez mes goûts en matière de cinéma, un conseil n’allez pas voir le dernier Nanni Moretti… Au vu de son évolution depuis les années 2000, pourtant je me dis que j’ai été bon public, j’ai même cru à un rebond documentaire avec Santiago Italia en 2018… Une trouée dans la fadaise généralisée,une vague lumière venue de là où tout avait débuté, la conterévolution conservatrice à la Reagan, les Chicago boys flanqués de Pinochet devenus les heraults des droits de l’homme… Nanni Moretti daignait s’effacer derrière la parole des torturés et massacrés, du temps où l’italie se mobilisait pour les chiliens… Quelqu’un parmi ces gens de l’Eurocommunisme allaient enfin s’apercevoir de la manipulation dont nous étions tous victimes…

On l’a tant aimé dans les années quatre vingt quand il vituperait ses indignations dans les années 70/80 (Je suis un autarcique, Bianca, la messe est finie, Palombella Rossa), Et encore dans les années 90 malgré la chute de l’URSS, il maintenait quelque chose de gauche une protestation de Journal Intime ou Aprile. Ce n’était pas grand chose, une sorte d’inconfort des bobos qui nous faisait revisiter Rome avec sa vespa.. Mais en 2001, le fils repenti Moretti remportait la Palme d’or avec La Chambre du Fils, en marquant le renoncement à l’engagement politique, ce fut salué comme une sortie de la zone de confort du communisme, enfin il aceptait d’aller jusqu’au bout de l’humanisme des biennales, celle prête à accueillir les dernières productions ukrainiennes… A faire un triomphe à Konchalovsky sur une méprise, en imaginant qu’il dénonçait le stalinisme alors qu’il haissait les reniements khrouchtcheviens sans oser rompre totalement avec la main qui pourrait le nourrir… Le genie comme celui de michel ange devait s’accommodait des moeurs vaticanes d’aujourd’hui sinon fini l’accès aubloc de marbre…

Certes en regardant ce dernier film, les trois étages, les trois plans de trois histoires qui ne se croisent pas,mais disent encore et toujours l’inconfort des temps de ceux qui vivent dans les beaux quartiers et qui sontmême prêts à aller porter les vêtements que l’on n’utilise plus, aux immigres des foyers…. Aller comme Audiard contempler les cités du XIII e arrondissement pour nous faire croire qu’ils sont peuples… on pourrait croire au renouvellement!

Oui en se forçant un peu on pourrait croire au renouvellement puisque Nanni Moretti, l’acteur comme le metteur en scène, a renoncé au personnage un tantinet hystérique de Michele Apicella. le maladroit perdu dans une évolution qui en finit avec le grand écran comme avec un peuple qui aurait des combats pour sa dignité, un grand imbécile de fils à papa, qui ne cesse d’être en porte à faux par rapport à la societé et insulte les autres protagonistes en leur reprochant leur stupidité réactionnaire, allant jusqu’à la gifle de Palombelle rossa . Quel soulagement cette baffe que nous avons tous rêvé d’expédier à une Léa Salamé… Dans tre piani, il a même abandonné tout humour n’aspirant même plus à être le Woody Allen transalpin… Il est sans complexe le bourgeois, le juge jadis joué par papa… Et il se prend même la râclée de fiston que jadis il destinait à ses propres parents… fiston, lui après un séjour en taule, cinq ans passés à macérer sa haine oeudipienne, devient apiculteur comme Angelopoulos. Le dernier grand à avoir eu le regard d’ULYSSE, au retour d’une manif, perdu dans un grand drapeau rouge tandis que la statue de Lénine remonte le danube… Mais ne vous y tompezpas fiston connait la rédemption et envoit un pot de miel au mari de la dame qu’il a tué et c’est pour se réconcilier avec Maman qui a osé rompre avec les gouts austères de papa et se mettre une robe à fleurs… Discrète allusion au pollen à butiner, on n’ose y penser et pourtant si c’est inconscient c’est encore plus desespérant … l’autre femme a pardonné à son époux obsessionnel de lolita et la troisième n’a pas résisté à l’absence de l’éternel mari préférant son travail à l’étreinte conjugale et elle voit des “oiseaux” de noirs corbeaux égarés d’un HITCHKOCK ?

Autre renouvellement la sobrieté dans la mise en scène et là dessus il s’est expliqué en réclamant un retour vers le cinéma de papa celui qui a besoin des salles de cinéma… Toutes choses pour lesquelles je pourrais éprouver de la sympathie si cela n’était pas au service des idées reçues les plus éculées. On a renoncé à l’édifiant stalinien mais c’est pour adopter celui des nains de jardin d’Amélie Poulain et des amours à la Lellouch, ou de Marius et jeanette avec l’accent forcé, Robert Hue, notre maitre à tous…

Tous les clichés sont convoqués! En tête, la femme est l’avenir de l’homme, celle qui rompt avec la rigidité du mâle qui fqit l’amour comme un reflexe conditionné, pour tenter de rendre la vie plus supportable, je dois dire que cette femme, cette vierge marie salvatrice desvieillards qui se pissent dessous et se lancent dans des procès en viol digne de me too, me sont aussi insupportables que les Africains qui mangent en groupe amical dans les foyers et que la baignoire qui détend plus que la douche…

Oserai-je vous dire que c’est comme du Tarentino, il ne leur reste plus qu’à immigrer en Israêl pour défendre la gauche démocratique soupçonnée d’abus de fillettes. Et adopter une vision du monde dominée par l’ancien testament, celui du juge qui ne pardonne à personne… En espérant ue la vierge marie errante des quais de gare au tango des voisins dans les beaux quartiers romains pour répondre aux haines anti-immigrés, trouvera sa liberté et la notre… Mais qu’est-cequi lui prend ? ce n’est pas seulement parce que pour une fois le scénario n’est pas de lui mais d’un romancier israélien Eskhol Nevo retravaillé par NAnni, moretti flanqué de deux femmes Valia santella et Frederica Pontremoli qui ont sans doute veillé au côté féministe mais non manichéen,: resultat fini le marxisme,fini le catholicisme qui portèrent le cinéma italien sur les fonds baptismaux où nous l’avons tant aimé…Visconti dans SENSO et Rosselini du voyage en Italie… Ces deux “oui” édifiants de la victoire des troupes de STALINE… C’est loin de tout ce qui nous fit vibrer jusquà la mauvaise foi avec Scola…en feignant d’gnorer les faiblesses de ce cinéma dont Berlusconi sonnait le glas et qui se refugiait en France autour de Mitterrand,jacklang et l’autre jack Ralite pour le fun.

Nous sommes dans ce conformisme bourgeois pimenté de coups de gueule qui plaisent tant dans les biennales, l’appel à l’aide aux migrants et le bal populaire qui nous sauvera tous.

on ne sort pas de l’immeuble ultra chic. et même si le début fracassant prétend ouvrir l’espace au propre comme au figuré puisque la voiture du fils ivre finit sa course dans le mur de claustrat et s’encastre directement dans l’appartement de l’obsessionnel du viol de sa fille mineure qui sera lui-même la proie d’une Lolita, nous n’échappons pas à la tarte à la crème d’une femme fauchée par le conducteur ivre tandis qu’à côté un autre donne naissance à une petite fille…

le spectateur est le seul à raccorder ces subjectivités qui n’échangent pas vraiment, cela pourrait se passer partout et dans un temps sans actualité…

Les hommes confondant la loi et leur fantasmes et les femmes obligées de réparer tout ça par les souffrances de l’enfantement et le contact avec le petit peuple.. Nannie Moretti suit un peu le même parcours que Robert guediguian et comme lui son “humanisme” pue le ralliment mitterrandien des années quatrevingt ne sait qu’enfiler tout le politiquement correct de notre temps. Il avait incontestablement du talent mais quel “talent” est capable de résister à tant de conformisme ?

Il y a des amateurs pour ce cinéma là qui n’est pas déplaisant ,voilà vous savez moi j’ai le sentiment d’y perdre mon temps…J’aimerais bien savoir ce que vous en pensez et s’il n’y a que moi pour trouver ces gens totalement épuisés comme d’ailleurs les festivals dans lesquels ils se produisent et dont le public fuit les palmares comme ce grincheux de Nanni Moretti.

Et pour conclure et dire et redire ce que je ne cesse de proclamer, le nécessaire retour à la tentative d’Aragon pour “sauver les meubles” avec la Semaine sainte et le fou d’Elsa, cette élucidation de lukacs réagissant à la dénonciation de l’édifiant réalisme socialiste, au stalinisme, à la promotion de Solejenitsyne (dans lequel il a espéré) :

Donc voici ce que lukacs disait déjà du “renouveau” des litteratures et narrations occidentales et de leur débâcle par rapport à tout ce que l’on peut dire du “réalisme socialiste”… Est-ce un hasard si après leffort de lucidité de SANTIAGO- Italia, comme documentairede 2018, voici Nanni Moretti faisant appel à la littérature pour porter son “non” d’aujourd’hui ?

alors que la grande masse des expressionnistes, des surréalistes, etc n’a jamais rompu vraiment avec le naturalisme,dès lors, on conçoit aisément pourquoi l’opposition au réalisme socialiste de l’ère stalinienne cherche et pense trouver si souvent sa porte de salut dans la litterature moderne. En effet, ce passage peut s’accomplir sans bouleverser radicalement le rapport de l’écrivain à la réalité sociale, sans l’obliger àdépasser son optique naturaliste, à vivre et approfondir les grands problèmes de l’époque au niveau d’une spontanéité purement subjective. Mieux encore, aucue rupture avec la “litterature édifiante” n’est en ce cas nécessaire; dans les années trente on fabriquait déja à la chaînedes romans qui mettaient en oeuvre toutes les acquistions de l’expressionisme, du néo-réalisme, de la mode du collage, etc.Mais qui ne se distinguaient que par la technique exterieure d’avec la moyenne de la production littéraire de l’époque.Et ceci pourrait bien se répéter aujourd’hui, comme semblent l’indiquer certains indices attestant qu’un “non” pur et simple, obstinément subjectif, est loin, très loin, de signifier le dépassement dans les idées et dans l’art du “oui” de l’ère stalinienne.

DANIELLE BLEITRACH

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4 Commentaires

  • Smiley
    Smiley

    Sans doute..
    Au passage Nanni est le diminutif de Giovanni c est à dire Jean .
    Nannie c est je crois une grand mere gateau ( gâteuse?) ce que Moretti est peut être devenu pour toi car l inconscient est structuré comme un langage .

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    • Danielle Bleitrach
      Danielle Bleitrach

      tu as parfaitement raison je suis la reine du lapsus et c’est exactement ce que je pense…

      A Pierre Alain MILLET, effectivement vous êtes depuis toujours ceUx qui miraculeusement n’êtes ni méchants, ni paranoÏaques, ni envieux même si vous êtes parfois mal entourés, vous aviez mieux à faire et c’est très bien… Moi je sature et je fais une cure de lectures, de cinéma, de promenades, c’est comme si je prenais une douche… TROP C’est trop la haine concurrentielle, les coups de tous côtés, on a beau se dire que ce sont de sales cons, leur force c’est qu’ils sontnombreux et que je me sens un peu seule… CELA me fait souvenir de ce que me disait aragon et que je rappelle dans mes mémoires, il me disait “pour des gens comme vous et moi, ce parti que j’ai tant aimé devient PARFOIS un mauvais lieu,un coupe gorge… je dois dire que ce que ces salopards font d’Aragon est une des raisons les plus profondes de mon mépris… je n’ai hélas pas son génie mais j’ai au moins le petit talent de comprendre un peu de quoi il est fait et de le respecter… ces minables en sont incapables,ils “marchandisent” selon le mot de lukacs toute la littéragture, pour leurs petits profits…

      A jeanne, tu as parfaitement raison de souligner que lénine quand la situation politique était la plus périlleuse faisait un détour théorique… ET se réfugiait par exemple dans la lecture de hegel…

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      • Jean-Pierre Combe
        Jean-Pierre Combe

        A Danielle Bleitrach,
        Je ne suis pas sûr du tout que tes allusions au réalisme socialiste, au stalinisme, soient pertinentes: je les crois beaucoup trop influencées par la propagande de la bourgeoisie, et de ce fait, très réductrices… Je pense notamment à la nécessité d’un approfondissement sur l’émergence du réalisme socialiste, qui doit beaucoup à l’histoire du réalisme dans la littérature française, et qui a eu lieu avant que Staline ait vu concentrées dans ses mains ce que la bourgeoisie appelle son “pouvoir”: la filiation qui mène de la fonction critique du réalisme dans la littérature française à la prise du parti en littérature pour le socialisme me semble en effet directe!… Mais c’est un sujet d’études qu’il vaudrait vraiment la peine de creuser…

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        • Danielle Bleitrach

          CELA mérite effectivement discussion approfondissement et ily a une abondante littérature surle sujet… JE NE CROIS PAS EN REVANCHE être influencée par la vision “bourgeoise”…

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