Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Soros met en garde Wall Street contre les investissements en Chine

Dans une tribune publiée dans le Wall Street Journal, le milliardaire hungaro-américain George Soros s’en prend au plus grand gestionnaire d’actifs du monde, BlackRock. Cette entreprise a lancé une offensive de charme en Chine, ce qui n’est pas du goût du fondateur de l’Open Society Foundations. Cette mise en garde de Soros et le refus des gestionnaires d’actif de le suivre est à mettre en relation avec l’article publié aujourd’hui et dans lequel la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen met en garde les élus du risque de manque de liquidités. Ce qui me frappe dans l’attitude de la Chine c’est une sorte de mépris manifesté à l’égard d’un système incapable sur le plan politique de surmonter ses divisions face aux crises sanitaires, environnementales et climatiques et dont l’individualisme de ses capitalistes est devenu une maladie sociale. La Chine met un coup de frein à ses propres capitalistes mais aussi à la privatisation de l’enseignement, non par autoritarisme maniaque mais parce qu’elle mesure les conséquences d’une évolution (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoire et société).

Pourquoi est-ce important ?

BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, s’est lancé dans une initiative ambitieuse en Chine. Le 30 août, il a lancé une gamme de fonds d’investissement et d’autres produits d’investissement destinés aux consommateurs chinois. La société new-yorkaise est la première société à capitaux étrangers à être autorisée à le faire. Toutefois, cela n’est pas du goût de certaines personnes, comme George Soros, qui voient un choc des civilisations dans les relations tendues entre les États-Unis et la Chine.

L’entrée sur « le marché chinois présente une opportunité importante pour aider à atteindre les objectifs à long terme des investisseurs en Chine et au-delà », a écrit Larry Fink, président de BlackRock, dans une lettre aux actionnaires.

Cependant, George Soros considère la démarche de BlackRock comme un risque pour l’argent de ses clients et les intérêts de la sécurité américaine. « Pomper des milliards de dollars en Chine maintenant est une erreur tragique », a écrit le philanthrope dans son éditorial du WSJ. « Elle fera probablement perdre de l’argent aux clients de BlackRock et, plus important encore, elle portera atteinte aux intérêts de sécurité nationale des États-Unis et d’autres démocraties. »

Ce commentaire est l’un des nombreux écrits de Soros ces dernières semaines mettant en garde contre le renforcement des relations économiques avec la Chine du président Xi Jinping, dans un contexte de vague de mesures répressives anticapitalistes dans ce pays.

Par exemple, dans un autre article d’opinion paru dans le Journal le mois dernier, Soros a qualifié Xi Jinping de « plus dangereux ennemi des sociétés ouvertes dans le monde ». Dans le Financial Times, il a suggéré que le Congrès américain adopte une législation limitant les investissements des gestionnaires d’actifs aux « entreprises dont les structures de gouvernance réelles sont à la fois transparentes et alignées sur les parties prenantes ».

« Conflit à la vie à la mort »

Dans son dernier article, Soros s’est ensuite demandé si BlackRock n’avait pas mal compris le dirigeant chinois, ce dernier considérant toutes les entreprises chinoises comme des « instruments de l’État à parti unique ».

Bien que le président Xi Jinping ait facilité la participation des investisseurs étrangers aux marchés de capitaux nationaux, son gouvernement resserre par le même occasion son emprise sur le secteur privé et se heurte aux États-Unis sur tous les sujets, de la cybersécurité aux violations des droits humains au Xinjiang.

M. Soros a déclaré que les mesures répressives, qui ont commencé par l’annulation soudaine de l’introduction en bourse du groupe Ant l’année dernière, sont maintenant « allées crescendo ».

« Aujourd’hui, les États-Unis et la Chine sont engagés dans un conflit à la vie à la mort entre deux systèmes de gouvernance : un répressif et un démocratique », a déclaré Soros.

Sans consensus

Bien qu’à 91 ans, Soros soit toujours un financier influent du parti démocrate américain, il ne gère plus d’argent étranger et sa position critique envers la Chine ne parle pas au nom de tout Wall Street. BlackRock, Goldman Sachs et la plupart de leurs grands collègues de la gestion financière et du monde bancaire ont décidé qu’investir en Chine offrait plus d’opportunités que de risques.

Mark Mobius, expert en marchés émergents et légende des marchés boursiers, n’est pas non plus d’accord avec Soros. Dans une interview accordée à Bloomberg, il s’est dit « plutôt positif » quant aux mesures prises par la Chine.

« Cela signifie qu’ils s’orientent vers une réglementation équitable, qu’ils essaient de créer des conditions de concurrence équitables », a déclaré M. Mobius. « Ces mesures prises par la Chine rendent la situation plus sûre pour les investisseurs, y compris les investisseurs étrangers, donc je ne vois pas où George Soros va chercher tout ça. »

« L’homme qui a cassé la Banque d’Angleterre »

La méthode d’investissement préférée de Soros est la spéculation à court terme. Grâce à son énorme richesse, il parie sur les grands mouvements de prix avec des milliards d’euros à la fois.

Un jour dans les années 1990 (le 16 septembre 1992 pour être précis), il a profité de la faiblesse de l’économie britannique pour lancer une attaque spéculative sur la valeur de la livre. L’État insulaire a tenté d’éviter l’offensive en achetant des livres – sans succès. La livre a perdu 15 % de sa valeur et la banque centrale britannique a subi des milliards de pertes. Depuis ce jour, Soros est connu comme « l’homme qui a cassé la Banque d’Angleterre ».

Soros est régulièrement sous le feu des projecteurs dans sa Hongrie natale (notamment lors des campagnes électorales) en raison de son engagement en faveur de l’ouverture des frontières et des valeurs libérales progressistes avec ses Open Society Foundations. En raison notamment de ses origines juives, il est depuis des années le croque-mitaine des mouvements réactionnaires de droite et antilibéraux du monde entier.

Une affiche électorale anti-Soros dans la capitale hongroise Budapest / isopix

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2 Commentaires

  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    C’est assez amusant que le grand capital pour se protéger des excès du capitalisme sans freins doive s’en remettre à la gestion par le plus grand parti communiste au monde.
    Sur le marché des idéologies selon les critères capitalistes même le communisme sort victorieux.
    Et dire qu’en France des milliers de petits bourgeois équipés d’un tout aussi petit cerveau continuent à voter à droite (PS compris) pour un gain fiscal éphémère de quelques milliers d’euros en hypothéquant l’avenir de leur entreprise et celui de leurs enfants, ignorants que leurs clients dépenseraient plus avec de meilleurs salaires et pensions de retraites, avec plus d’emplois stables.
    La France avec toujours un train de retard continue la casse du service public, comme de la SNCF, de son industrie, des statuts protecteurs des employés, de son système de santé, de son système éducatif avec des salaires d’enseignants qui font honte, la destructions d’immeubles HLM en bon état,… Les idiots d’électeurs qui continuent de scier les dernières branches saines pour des illusions.
    Pendant ce temps tout devient plus cher, des voitures de merde hybrides pour satisfaire les escrologistes à 40 000 euros, la vie étudiante de leurs enfants qui flambe, des crédits sur 30 ans contre moins de 15 il n’y a pas si longtemps pour avoir son chez soi, des loyers qui explosent, des maisons de retraite dignes d’un grand racket pour les anciens et les citoyens qui continuent à faire l’autruche crachant en coeur contre les communistes ou la CGT malgré les réalisations concrètes.

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  • etoilerouge
    etoilerouge

    SOROS comprend le danger pour l’impérialisme USA. Un juif mais ce n’est pas MARX. Il est pour le capital, pour l’impérialisme et s’il milite pour l’open society comme ils disent, il milite tt autant pour la guerre et finance les mouvements néos nazis comme son alter ego en Ukraine. Je dirais en désaccord avec un point de l’article qu’il n’est pas pour “l’ouverture des frontières”, terme impropre puisque tte frontière n’est pas une fermeture mais une ouverture nécessitant des contrôles lors du passage de la porte ce qui n’est pas pareil. SOROS est pour le refus des contrôles c’est ce qu’il appelle pour la CHINE, mais pour d’autres état itou, une mesure autoritaire. En effet contrôler une frontière physique c’est aussi contrôler une frontière monétaire, une frontière de capitaux et une frontière militaire. Pour favoriser l’impérialisme dt il a conscience il faut lever ces “contrôles de frontières” lever l’autorité des états, en dernier lieu lever la souveraineté des peuples.
    SOROS et son système impérialiste est bien l’un des membres de la bête immonde dt parle BRECHT avec sourire et soi disant générosité. Certains ne voient pas le loup jusqu’à la dernière seconde. Souvenons ns de ces images des nazis toujours montré lors du début des guerres soulevant les barrières de contrôle frontalière en Autriche tchécoslovaquie, Pologne et URSS. Lever les barrières de contrôle sans chars mais avec des traités inéquitables voilà ce qu’ont réussi les libéraux. Aujourd’hui battus sur ce terrain par la CHINE ils aperçoivent le danger. Si l’état apporte des solutions civilisationnelles positives en contrôlant les grandes multinationales soit par la propriété soit par la règlementation, ou les 2 à la fois, il sera plus difficile d’être un loup prédateur au service de l’impérialisme. Est ce la politique de la CHINE? C’est ce que semble reprocher SOROS à la CHINE.
    Comme quoi l’aspiration au moins d’état que véhicule le libéralisme comme l’anarchie ce qui montre les liens entre eux ne peut se réaliser par le capitalisme où le moins d’état aboutit à des crises aggravées à la guerre.
    Le socialisme est l’étape nécessaire où par la construction d’un état en faveur du travail et des travailleurs on pourra changer la propriété des multinationales, règlementer le contrôle des frontières physiques, numériques, financières, inégalités, militaires, policières juridiques etc bref une nation non pas au service d’une minorité mais au service du prolétariat et du plus gd nombre.
    LENINE oublié mais LENINE a vu juste

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