Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Au rythme estival mais nous restons-là!

J’espère que tous nos lecteurs habituels et même occasionnels de ce blog auront remarqué que nous ne sommes pas les porteurs d’une ligne officielle quelconque. Nos écrits n’impliquent aucune force politique ou syndicale même si nous prenons “parti” et si nous nous affirmons communistes. Ces préoccupations oratoires pour vous signaler que ce que j’écris ici relève de la seule signature de son auteur.

A la fin de ce mois de juin, nous avons décidé Marianne et moi d’adopter un rythme de croisière, prendre des forces pour que la rentrée soit digne des enjeux qui se dessinent dès aujourd’hui. De temps en temps des textes proposés nous paraitront digne de réflexion et de publication… Il y en a beaucoup sur le site que vous n’avez certainement pas lus et qui méritent votre attention.

Personnellement je vais réfléchir tout en me livrant à mes activités favorites et peut-être vous parlerais- je cinéma, lectures… faits divers en ce qu’ils révèlent notre société… Par exemple depuis que j’ai vu nomadland le film je réfléchis sur cette période de la vie que l’on appelle la vieillesse et qui est si intéressante pour peu qu’on en fasse un bilan et un approfondissement aux enjeux épurés…

Alors aujourd’hui je voudrais que vous preniez le temps d’écouter cette vieille chinoise qui a tant de choses à nous dire sur l”Histoire de son pays, c’est un lecteur qui nous a apporté cette vidéo, je l’en remercie… et en matière de conclusion je voudrais apporter cette réflexion que m’a faite hier au téléphone un camarade: c’est fou ce que j’apprends dans ce blog et souvent dans les discussions.

La vieillesse vous rend moins sensible à l’événement mais plus aux temps longs et ainsi je perçois depuis pas mal de temps le temps historique dans lequel nous sommes, la transition… et cela devient la chose qui m’intéresse le plus : comment au-delà des péripéties percevoir ce quiest en train de naitre … Ce blog continuera en ce sens y compris dans l’été…

danielle Bleitrach

PS . J’ai illustré mon article, éditorial par une photo extraite de l’intendant Sancho de Mizoguchi, cet immense cinéastejaponais communiste et féministe qui ici comme dans bien de ses oeuvres s’interroge sur la féodalité et sur la force douce des femmes pour s’y opposer… Ce suicide de l’héroïne pour préserver la fuite de son frère me parait une illustration idoine de cette douceur du retour aunéant dans l’eau dont nous sommes issus… et en même temps de cette poursuite de la révolte contre l’oppression, le temps long…

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10 Commentaires

  • gendre.dominique
    gendre.dominique

    je pleure

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  • gendre.dominique
    gendre.dominique

    la vidéo de cette personne m’a émue profondément ,je voyais les strates des évènements historiques se superposer sur des générations à la manière du récit raconté dans” la bible des derniers gestes” et je pensais à tous ceux qui ont laissé leur peau pour que nous vivions dans un monde meilleur .ajoutons à cela les pensées autour de qu’est ce que cet âge nommé vieillesse qui comme l’écrit Aragon “c’est long d’être un homme une chose
    c’est long de renoncer à tout
    et sens tu les métamorphoses
    qui se font au dedans de nous
    lentement plier nos genoux”
    et je pense à ceux qui résistent et luttent encore aujourd’hui ;nous avons besoin de ces témoignages ils ont une force intense du fait de la fragilité du témoin; merci Danielle

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    • GENDRE DANIEL
      GENDRE DANIEL

      Que la vie en vaut la peine – Aragon

      C’est une chose étrange à la fin que le monde
      Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit
      Ces moments de bonheur ces midis d’incendie
      La nuit immense et noire aux déchirures blondes
       
      Rien n’est si précieux peut-être qu’on le croit
      D’autres viennent
      Ils ont le cœur que j’ai moi-même
      Ils savent toucher l’herbe et dire je vous aime
      Et rêver dans le soir où s’éteignent des voix

      D’autres qui referont comme moi le voyage
      D’autres qui souriront d’un enfant rencontré
      Qui se retourneront pour leur nom murmuré
      D’autres qui lèveront les yeux vers les nuages

      Il y aura toujours un couple frémissant
      Pour qui ce matin-là sera l’aube première
      Il y aura toujours l’eau le vent la lumière
      Rien ne passe après tout si ce n’est le passant

      C’est une chose au fond que je ne puis comprendre
      Cette peur de mourir que les gens ont en eux
      Comme si ce n’était pas assez merveilleux
      Que le ciel un moment nous ait paru si tendre

      Oui je sais cela peut sembler court un moment
      Nous sommes ainsi faits que la joie et la peine
      Fuient comme un vin menteur de la coupe trop pleine
      Et la mer à nos soifs n’est qu’un commencement

      Mais pourtant malgré tout malgré les temps farouches
      Le sac lourd à l’échiné et le cœur dévasté
      Cet impossible choix d’être et d’avoir été
      Et la douleur qui laisse une ride à la bouche

      Malgré la guerre et l’injustice et l’insomnie
      Où l’on porte rongeant votre cœur ce renard
      L’amertume et
      Dieu sait si je l’ai pour ma part
      Porté comme un enfant volé toute ma vie

      Malgré la méchanceté des gens et les rires
      Quand on trébuche et les monstrueuses raisons
      Qu’on vous oppose pour vous faire une prison
      De ce qu’on aime et de ce qu’on croit un martyre

      Malgré les jours maudits qui sont des puits sans fond
      Malgré ces nuits sans fin à regarder la haine
      Malgré les ennemis les compagnons de chaînes
      Mon Dieu mon
      Dieu qui ne savent pas ce qu’ils font

      Malgré l’âge et lorsque soudain le cœur vous flanche
      L’entourage prêt à tout croire à donner tort
      Indiffèrent à cette chose qui vous mord
      Simple histoire de prendre sur vous sa revanche

      La cruauté générale et les saloperies
      Qu’on vous jette on ne sait trop qui faisant école
      Malgré ce qu’on a pensé souffert les idées folles
      Sans pouvoir soulager d’une injure ou d’un cri
      Cet enfer

      Malgré tout cauchemars et blessures
      Les séparations les deuils les camouflets
      Et tout ce qu’on voulait pourtant ce qu’on voulait
      De toute sa croyance imbécile à l’azur

      Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle
      Qu’à qui voudra m’entendre à qui je parle ici
      N’ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci
      Je dirai malgré tout que cette vie fut belle

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      • Danielle Bleitrach

        Frida Kahlo (1907-1954)
        «Tellement absurde et éphémère est notre passage dans ce monde, que la seule chose qui me rassure c’est la conscience d’avoir été authentique… D’être la personne la plus ressemblante à moi-même que j’aurais pu imaginer.»
        en lisant ce texte j’ai pensé que je partageais totalement ce sentiment et j’ajouterai que c’est encore plus fort, j’éprouve dans ma vieillesse des moments d’une plénitude si intense que je m’en étonne et cela tient pour beaucoup à cette authenticité … de n’avoir agi qu’en me ressemblant .Dès mon adolescence, je me souviens avoir murmuré en marchant “comme je suis contente d’être née avec moi, d’être aussi d’accord avec moi, de ne pas me trahir”… Il y a peut-être du narcissisme j’en conviens. Mon mari me disait : “je ne connais personne qui s’aime plus que toi mais ce qui chez les autres devient de l’égoisme est une générosité totale.” Non ces bouffées de bonheur d’être soi et de ne pas se trahir sont peut-être de l’amour de soi mais en tant que l’on se reconnait les autres.Ce sentiment est à la fois histoire, l’appartenance à une chaîne qui est lancée dans une épopée inconnue, et justice pour tous comme pour moi. C’est ce que j’aimerai faire comprendre aux jeunes combien ce sentiment que je retrouve chez Spinoza est celui qui apporte le plus y compris dans ce moment trés intéressant de la vieillesse. Oui Aragon a raison à ce prix là que la vie fut belle parce qu’Aragon partageait ce besoin d’authenticité de lui-même et quand il arrivait à la “vérité” c’était un fugace sentiment de bonheur et ce livre le mentir vrai qu’il m’avait envoyé dédicacé disait “A cet été où tout était sans mensonge”…L’écriture c’était ce moment où parfois coïncidait l’éxigence du réel et le mot qui est autre…
        danielle Bleitrach

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        • GENDRE DANIEL
          GENDRE DANIEL

          L’exigence du réel…

          ….
          Quand tout sera fini qu’on écrira l’histoire
          On relira ces vers que vous avez chantés
          Je ne sais si des miens on gardera mémoire
          Mais vous êtes partis et moi je suis resté
           
          Oui j’ai choisi l’enfer en pleine conscience
          Oui j’ai choisi mon peuple et j’ai pris son chemin
          Et je souffre avec lui sa même patience
          Et mon souffle se mêle à son souffle germain

          Extrait de l’Enfer. Les yeux de la mémoire 1954

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        • Smiley
          Smiley

          Aragon..La seule fois où je l ai croisé. Il sortait des Deux Magots ou du Flore peu importe. Maigre si maigre parcheminé cheveux de neige longs et frisés très longs comme les portait Ferré à la fin de sa vie raie au milieu gilet tricoté sans manche très coloré pantalon large flottant. Suivi de minets peut être déjà escrocs François Marie Banier Gonzague st Bris . Où sont les costumes sombres et le visage grave du dirigeant du Parti Où est Elsa ?
          Non la vieillesse la sienne en tout cas n à pas été un moment d authenticité où il s est retrouvé lui.même . La vieillesse est un naufrage et Aragon aurait dû mourir en Aragon et Montand ne pas mourir en anticommuniste pété de thunes et Gainsbourg le dandy au parler sec en poivrot bafouillant.
          La mort oui la mort est préférable à ces déchéances à cette faillite de la pensée et de l action tel Sartre se laissant manipuler par Benny et Bernard Henri pour pleurnicher sur les boat People pendant que le peuple vietnamien fête sa libération chèrement acquise.
          Brel le chante: vieillir non mais mourir plutôt que de finir dans la peau d un argentin de Carcassonne

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          • Danielle Bleitrach

            moi qui aivécu la fin d’Aragon, je n’ai pas cette image…

          • Smiley
            Smiley

            Tant mieux Danièle.

          • Danielle Bleitrach

            je vais dire deux choses que j’esquisse dans mes mémoires, la première est qu’Aragon avait un alzheimer et que sa famille maternelle avait voulu le faire interner mais le Parti et en particulier Georges Marchais l’ont protégé. Ils ont placé à ses côtés un militant chauffeur formidable qui avait mission de le laisser faire ce qu’il voulait et simplement de le protéger. Je trouve admirable l’attitude de Georges qui a sudépasser ce qui pouvait le choquer pour laisser au vagabond de Paris le droit d’être jusqu’au bout.J’ai été fière de mon parti et je me suis associé à cette manière de l’entourer, je puis t’assurer que les femmes le séduisaient et tout en tenant mes distance je l’ai aimé, accompagné avec Jean Ristat qui était son fls bien aimé… J’ai plein de choses à dire sur ces moments où la folie et la poèsie se mêlaient et les émotions que cela suscitait mais aussi notre dignité à tous. La seconde chose est que l’alzheimer d’Aragon le transformait en surréaliste et son immense culture, le travail accompli sur lui même faisait de lui un être fabuleux même dans ce que l’on peut considérer comme une déchéance… Donc je déteste tes remarques François parce que l’authenticité la mienne, la sienne, celle de jean étaient au rendez-vous jusqu’au bout…
            Dans mesmémoires je raconte ce soir d’été,il faisait très chaud, nous étions dans un restaurant où nous avions nos habitudes (Monsieur Boeuf) de la fontaine des Innocents. Louis ne mangeait jamais le moindre légume et il buvait une boisson faite de champagne et de jus d’abricot. Malgré la chaleur j’ai voulu y gouter et comme d’habitude, je me suis évanouie enfin je ne perds pas tout àfaitconscience mais je m’écroule à cause d’une chute brutale de tension. On m’a conduite sur la terrasse… Quelques minutes après il est venu me rejoindre, il était magnifique, un costume gris perle pratiquement de la couleur de ses yeux, un grand panama, il s’estincliné, m’a baisé la main et m’a dit “N’ayez pas de peine pour moi je n’en vaut pas la peine”… J’ai pensé que c’était le vin et qu’avec son narcissisme (de même nature que le mien) il m’inventait une attention que je n’avais pas… puis en réflechissant j’ai réalisé qu’il n’avait peut-être pas tort, mais comment dire l’inquiétude éprouvée pour lui sans dire l’expérience extraordinaire qu’il représentait et je le répète c’était ce besoin d’être sans mensonge… je me moque totalement de la notoriété, du pouvoir parce que j’ai rencontré des gens qui avaient été au-delà de tout ça…

            Parfois je veux quitter ce blog, arrêter de me trouver parce que j’aime Cuba dans l’organisation d’un groupe qui s’en prend plein la gueule… j’ai envie de marcher, de repenser à tout ça, d’aller au cinéma dans des expositions, lire et repenser à tous mes “contemporains” effacés dont il fait partie et je déclare que je pars… mais la vie me rattache au présent. qui n’est pas toujours ce qui me convient.

          • Smiley
            Smiley

            Je dis ce que j ai vu par le (tout petit) bout de ma lorgnette Tu dis ce que tu sais de cette période pour avoir été à ses côtés . Pas de comparaison possible. Cela me place aux côtés d un Nicolas Peyrac .
            Pace e salute

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