Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Bourse : vous comprendrez tout !

Voilà, pour comme promis vous aider à comprendre les risques financiers sur lesquels la Chine anticipe un petit cours sur le capitalisme et le socialisme de la part d’un farouche partisan du capitalisme… quelqu’un qui a pour profession de placer les investissements des épargnants… Un cours sur la financiarisation et les problèmes qu’elle pose aux capitalistes… Par parenthèse, puisqu’il ne croit à la régulation ni par l’offre, ni par la demande ne serait-il pas en train de démontrer que le marché n’est pas capitaliste? Ce farouche capitaliste est tellement “orthodoxe” que c’est non seulement Keynes qu’il jette aux orties mais Walras et en dehors de Ricardo et Marx, je ne vois plus personne qui puisse l’influencer. Cela dit il a le mérite de la clarté, cela me rappelle mon cours de l’école fédérale sur la baisse tendancielle du taux de profit. (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société)

Vous savez que mon cadre analytique est très différent de celui des économistes classiques ou grand public.

Je ne considère pas l’offre et encore moins la demande comme les moteurs de l’économie.

Nos économies sont capitalistes, pas socialistes ; leur moteur, c’est le profit et l’accumulation du capital.

On fait du business non pas pour satisfaire des besoins – cela, c’est le socialisme –, on fait du business pour s’enrichir.

Par conséquent, la donnée la plus importante pour juger à la fois de l’état de santé du système et de ses perspectives, c’est le profit : est-il suffisant, est-il en hausse, est-il en baisse… et surtout, est-il assez important pour rentabiliser tout le capital considérable qui est accumulé dans nos systèmes ?

Y en a-t-il assez pour satisfaire les capitalistes ?

Donc la donnée la plus importante, c’est le ratio de profitabilité du capital, ou encore le ratio de la masse de profit secrété divisée par la masse de capital dans le système.

Le profit est la donnée majeure, la pierre angulaire du système, ce sur quoi le système repose.

C’est le moteur et c’est le carburant. C’est ce qui meut le système.

La monnaie comme moteur ?

Notez en passant que les idiots/simplets qui gèrent le système en arrivent à croire que la monnaie qu’ils créent peut remplacer le profit comme moteur ! Depuis 2009, qu’ils nous inondent de monnaie sans résultat, ils devraient quand même comprendre.

C’est le profit qui incite à investir. L’investissement se décide donc en fonction du profit passé et du profit attendu, pas en fonction de la demande comme le croient les économistes classiques et les gouvernements qui les écoutent.

Le profit produit l’incitation à l’investissement, l’investissement produit l’emploi, l’emploi permet de distribuer les revenus du travail et le capital se reproduit et ainsi de suite.

La crise du système qui a débuté au milieu des années 60 et a conduit à la financiarisation comme remède à la profitabilité insuffisante, cette crise s’enracine et s’approfondit car nos systèmes continuent de produire moins de profit que de capital : nos systèmes voient le ratio de profitabilité avoir tendance sans cesse à s’éroder.

Trop de capital pour pas assez de profit à se partager. Tout est là.

Fausses théories

Comme ces gens raisonnent faux avec des théories fausses, rien d’étonnant s’ils se trompent et s’ils sont incapables de trouver des remèdes aux crises !

Comme Gribouille qui se jetait à l’eau pour ne pas être noyé, nos autorités continuent de créer du capital fictif, font monter la Bourse, émettent des dettes – qui sont du capital –, et ainsi aggravent la crise de l’insuffisance de profit.

Les comptabilités nationales ne sont pas conçues pour donner les bons outils et permettre de bien suivre à la fois les profits et le capital engagé dans le système. Les données boursières sont hédoniques, conçues pour faire monter les cours. Il est donc difficile de suivre l’évolution des profits rapportés au capital.

L’approximation des profits réels ci-dessous est officielle, puisqu’elle vient de la Fed de Saint-Louis, qui est la plus compétente. Vous voyez que les profits, contrairement à ce que la Bourse et les boursiers croient, stagnent en fait depuis très longtemps, alors que la masse de capital et la fortune des capitalistes a cru de façon astronomique !

tweet
“Les profits des entreprises stagnent déjà. Hors taxes et inflation, les profits des entreprises sont au même niveau qu’au T4 2011. Il n’y a eu aucune croissance réelle des profits pour l’économie dans son ensemble depuis neuf ans. Cette tendance de long terme est liée à des investissements et une croissance obstinément faibles.”Notez la dernière ligne qui attribue l’érosion des profits à la faiblesse de l’investissement et de la croissance ! C’est une inversion des causes et effets : c’est parce qu’il n’y a pas assez de profit qu’il n’y a pas assez d’investissement et de croissance.

Et pourquoi n’y a-t-il pas assez de profit ? Parce qu’il y a trop de capital accumulé qui demande sa part ; c’est déflationniste – et du coup, ce capital joue en Bourse, spécule, se rachète lui-même. Il fait grève de l’investissement !

Plaquez un graphique de la Bourse sur ce graphique des profits et vous comprendrez tout – en particulier pourquoi la bulle est insoutenable sauf à continuer de gonfler, de façon accélérée, les masses monétaires.

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

Print Friendly, PDF & Email

Vues : 293

Suite de l'article

4 Commentaires

  • Jeanne Labaigt
    Jeanne Labaigt

    Petite remarque ironique à propos de l’illustration de l’article:

    On continue à représenter les boursiers comme de gros bonshommes qui se goinfrent de la monnaie verte (on a évolué avant c’étaient des louis d’or) comme si c’était une nourriture de porc, mais je crois que les boursiers et boursières sont plutôt des gens dynamiques: costume et barbe de trois jours pourtant baskets au pied pour les hommes, jeune femmes virevoltantes à la crinière souple et tailleur sérieux , régime végétarien, sinon végétalien, on imagine bien la spéculation en SUV, dans lesquels ils partent le week-end arroser leurs poireaux bio sur le terrain qu’ils viennent d’acheter aux portes de la ville dans un quartier pavillonnaire et retournant dans leur appartement du centre ville le dimanche soir.
    Ils se goinfrent ,mais cela ne se voit pas, il ne faut pas que cela se voie: l’habitus du moment est d’accumuler dans la discrétion en tenant un discours de frugalité et de décroissance, régime et légèreté, mais accumulation au delà de tout, exploitation cachée du travail des autres mais “appelez-moi par mon prénom même si je suis votre patron”, misère à tous les autres étages…
    Des monstres qui bâfrent oui c’est cela, mais sous couvert de la légèreté, de la “liberté comme Max”, de la compassion par les “fondations”.
    Fake-news qu’ils disent, l’époque est aux fards, aux histrions qui sont des rapaces et qui non contents d’être financiers seulement deviennent parfois Président de la République.

    Répondre
    • DOMINIQUE PAGANI

      Bien vu!

      Répondre
    • etoilerouge commune
      etoilerouge commune

      bien vu ils ont l’allure bobo chic, les convers, américanisés, les gros c’étaient la 3eme république, là c’est le fatras des 68 tard , les troupes de ce capitalimse new age

      Répondre
  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    La baisse tendancielle du taux de profit découverte par Karl Marx se confirme.
    En complément une série de 4 entretiens de l’économiste Antoine Vatan par Aymeric Monville, où il confirme et explique la baisse tendancielle du taux de profit actualisée.
    https://youtu.be/S52HyjAqDWg

    Il est intéressant de voir les acteurs du capitalisme moderne affirmer que le socialisme seul sert l’intérêt commun. Ce que chaque salarié devrait être en mesure de constater s’il observait son lieu de travail et la répartition des richesses produites.

    Avant 2010, dans mes missions d’informatisation d’une banque des cadres dirigeants m’avaient également fait part du chaos dans le système, ces personnes, de droite, étaient affligées de voir que l’argent n’allait plus à l’investissement mais à la spéculation. Pour eux s’était une perversion du capitalisme qui ne sert plus le développement, ne voyant pas clairement la nature réelle du capitalisme.

    Sur la bourse, le gros monsieur c’est aussi parfois une bonne partie des français qui investissent dans des assurances vies, opaques, sans se soucier des conséquences. presque 1800 milliards d’euros.

    https://www.latribune.fr/economie/france/avec-1-788-milliards-d-euros-de-tresorerie-l-assurance-vie-est-toujours-l-epargne-preferee-des-francais-en-2019-837963.html

    Et la corbeille a été remplacée depuis longtemps par les ordres envoyés par ordinateurs, et aujourd’hui par le tradding haute fréquence, où les transactions répondent à des modèles mathématiques sans se soucier de la nature de l’investissement. Dans se dernier cas c’est l’ordinateur qui passe l’ordre en une fraction de seconde.
    Pour réaliser ses transactions rapides, la distance à la place boursière est importante et les bureaux les plus proches sont vendus à prix d’or.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Transactions_%C3%A0_haute_fr%C3%A9quence

    Il faut rappeler qu’à l’origine la bourse avait pour fonction de recueillir l’épargne excédentaire pour l’attribuer aux investissements rentables, l’industrie.

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.