Retour au pragmatisme, lucidité sur l’état dégradé des relations mais dans le même temps le caractère incontournable du défi climatique est tel qu’il offre la possibilité d’un dialogue. Xi va proposer des conditions qui permettent cette coopération. Ce sommet et les propositions de Xi sont vitales pour la Chine et les États-Unis pour redémarrer la coopération sur les émissions de carbone. Et à travers cette entente indispensable aborder les défis nombreux qui sont ceux de l’humanité (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete).
Par Xie Wenting et Shan Jie Source: Global Times Publié le: 2020/12/11 22:33:416
Photo du fichier : Le projet pilote de programme d’échange de quotas d’émission sur le marché du carbone de Shanghai lance un essai à la Bourse de Shanghai de l’environnement et de l’énergie le 26 novembre 2013. Entre 2013 et 2015, environ 191 entreprises d’industries telles que l’acier, la production chimique, le service et l’aviation ont participé aux essais. Photo: Xinhua
Le président chinois Xi Jinping doit participer au Sommet sur l’ambition climatique de 2020 qui marque le cinquième anniversaire de l’Accord de Paris et il prononcera un discours important par vidéo samedi. Les experts ont déclaré au Global Times vendredi que la Chine, le leader le plus ambitieux au monde sur le changement climatique, démontrera son aspiration et sa progression graphique dans la réduction des émissions de carbone lors du sommet de l’ambition.
Les experts estiment que cela enverra un signal fort au monde de l’engagement inébranlable de la Chine à servir de modèle pour relever les graves défis climatiques mondiaux.
Ils ont souligné que l’inclusion de l’«ambition » puisque tel est le nom du sommet de l’ONU sur le climat pour la première fois, montrait la nécessité urgente de prendre des mesures plus actives et pratiques pour atteindre un objectif plus ambitieux que celui fixé par l’Accord de Paris, et la Chine, qui s’est volontairement fixé un objectif plus strict en s’engageant à réaliser la neutralité carbone d’ici 2060, est la première force mondiale à se définir comme ambitieuse.
Samedi, le Sommet virtuel sur l’ambition climatique 2020 organisé par l’ONU, la France et le Royaume-Uni, en partenariat avec l’Italie et le Chili, vise à servir de plate-forme aux dirigeants gouvernementaux et non gouvernementaux pour démontrer leur ferme volonté d’appliquer l’accord de Paris.
L’ambition de la Chine, en matière de réduction des émissions de carbone, est d’atteindre un pic d’émissions avant 2030 et d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2060 – un objectif ambitieux et progressiste salué par les écologistes, a déclaré vendredi au Global Times Ma Jun, directeur de l’Institut des affaires publiques et environnementales, basé à Pékin.
L’objectif initial fixé par l’Accord de Paris est de maintenir l’augmentation de la température mondiale en dessous de 2 °C, et plus tard certains ont proposé de la modifier à 1,5 °C.
Mais cela semble loin d’être suffisant et a besoin d’objectifs plus ambitieux, a déclaré Ma. Li Haidong, professeur à l’Institut des relations internationales de l’Université chinoise des affaires étrangères, a déclaré au Global Times vendredi que Xi pourrait s’engager à des objectifs et des chiffres précis, tels que la proportion de l’utilisation de l’énergie propre en Chine, lors du sommet de samedi.
« Contrairement aux États-Unis, qui ont mené le monde en exigeant des autres qu’ils suivent leurs propres règles, la Chine mène d’abord les siennes en honorant ses promesses et en devenant un modèle dans le domaine du changement climatique », a déclaré M. Li.
Alors que l’administration Trump a peu de chances de participer au sommet de samedi, plusieurs experts du Global Times ont souligné que la coopération entre la Chine et les États-Unis – les deux plus grands émetteurs mondiaux – sous l’administration Biden fera du changement climatique un programme central malgré la détérioration des liens bilatéraux.
Alors que l’administration Trump s’est retirée de l’accord de Paris sur le climat, le président élu américain Joe Biden a clairement indiqué qu’il ramène le pays à l’accord qui est également considéré comme l’héritage de Barack Obama. M. Biden s’est également engagé à parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050.
Photo:VCG
Ma a déclaré au Global Times qu’il est vital et possible pour la Chine et les États-Unis de redémarrer la coopération climatique. Le retrait de l’administration Trump de l’Accord de Paris a entravé la communication au niveau des pays sur le climat. Bien que certaines communications aux ONG de base, aux entreprises et aux gouvernements aux niveaux municipal et fédéral entre les deux parties soient toujours en cours, elles sont loin d’être suffisantes pour relever les défis climatiques, a-t-il dit.
Pour relancer la coopération, Ma a suggéré d’une part, que les deux pays puissent fournir plus de soutien à ces ONG et entreprises des deux côtés qui dans le domaine climatique oeuvrent pour accélérer les communications sur le fond qui pourraient aider au redémarrage des communications au niveau de l’Etat.
Pendant ce temps, les deux pays peuvent entamer chacun de leur côté la diplomatie climatique sur les plates-formes multilatérales d’abord, comme mettre au coeur des discussions le sujet climatique lors de certaines réunions internationales, et quand les choses arrivent à maturité, ils peuvent aller plus loin au niveau bilatéral, a suggéré Ma.
Todd Stern, qui a déjà été envoyé spécial des États-Unis pour les changements climatiques, a écrit dans un article sur le site Web de la Brookings Institution en septembre, alors que le résultat présidentiel n’était pas encore clair, que l’administration Biden « doit envoyer le bon signal dès le début pour redémarrer la coopération climatique avec la Chine ».
« Biden prévoit également un sommet avec Xi dans sa première année. L’ordre du jour de leurs réunions sera chargé, mais le changement climatique devra être un sujet vedette, pour que l’on voit que Biden est sérieux à ce sujet et fournira le temps dont ils auront besoin pour une discussion significative », a-t-il écrit.
Mais il a également prédit que cette coopération ne serait pas facile à la lumière de la détérioration « des relations globales et de l’évolution du paysage du défi climatique ».
Li a déclaré que même si la marge de manœuvre pour les deux pays de coopérer sur le climat existe, l’ambition de Biden peut voir des contraintes surgir du Congrès.
Li Shuo, conseiller politique principal chez Greenpeace Asie de l’Est, a déclaré au Global Times vendredi qu’il y a cinq ans, une série d’intenses diplomaties climatiques entre les deux pays ont contribué au déblocage de l’accord de Paris sur le climat, mais que les choses ont beaucoup changé depuis, alors que les relations entre les États-Unis et la Chine ont touché le fond.
« L’administration Biden peut également employer une rhétorique plus compétitive à l’approche de son engagement climatique avec la Chine, a-t-il dit.
Cependant, malgré ces profonds changements, deux choses restent inchangées.
« Premièrement, la Chine et les États-Unis doivent adopter des ambitions climatiques beaucoup plus fortes qu’ils ne le font actuellement. Deuxièmement, le changement climatique reste l’un des rares domaines où les intérêts politiques de la Chine et des États-Unis s’alignent parfaitement. Avec l’évolution de la géopolitique, une dynamique climatique quelque peu positive entre les deux ne peut pas être simplement assumée, mais devrait être soigneusement méritée », a-t-il déclaré.
Ma convient que la possibilité d’avoir des confrontations sur la coopération climatique est élevée car elle est liée aux intérêts des deux parties, ainsi qu’à l’environnement politique de plus en plus hostile.
« Les deux parties doivent apprendre à gérer leurs différences au milieu d’une rivalité sur le climat », a-t-il dit.
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