Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Un système de crédits mis en place pour une meilleure gouvernance rurale à Changxing, Zhejiang

Il me paraît une fois de plus important de confronter l’imaginaire occidental à la réalité du terrain. En l’occurrence la Chine big brother fliquant sa population avec des sortes de permis à point en s’appuyant sur un système de caméras. Il était précisé que la collecte de données paraît exponentielle : via les administrations publiques (services de police, tribunaux, fisc…) comme les entreprises privées. Du “Big Data” au service de “Big Brother”. Initié en 2014, tout devait être bouclé en 2020. Voilà nous y sommes… Alors? Et si la Chine se posait la vieille question du socialisme, comment articuler stimulants matériels et stimulants idéologiques dans la construction du socialisme ? (note et traduction de Danielle Bleitrach)

Source: Xinhua Publié: 2020/5/9 10:25:150

Voici un reportage comme on peut en voir sur ce qui se passe sur le terrain et qui correspond à ce qu’on a vu durant le confinement, très peu de flics, mais quelquefois dans les zones peri-urbaines des drones avec hauts parleurs qui demandent aux groupes qui se réunissent malgré les consignes de se disperser. Celle qui tient le micro, c’est la responsable du parti du coin. Et les jeunes obtempèrent. Quant aux crédits de points voilà un reportage dans un village.


Un volontaire présente la liste des points de crédit aux villageois du comté de Changxing, dans la province du Zhejiang (est de la Chine), le 8 mai 2020. Un système de crédits a été mis en place dans 15 villages du comté de Changxing pour une meilleure gouvernance rurale au premier trimestre 2020. Les villageois peuvent gagner des points de crédits en participant à des activités de service public, telles que la protection de l’environnement et le service volontaire auprès des habitants en difficulté, etc.; au contraire, les villageois perdront des points à cause d’un comportement inapproprié. Sur la base de la liste de points de crédits publiée chaque trimestre, les villageois avec plus de points recevront des récompenses. (Xinhua / Xu Yu)

Un volontaire sans code QR pour vérifier la liste des points de crédibilité dans le comté de Changxing, province du Zhejiang (est de la Chine), le 8 mai 2020.

Les villageois échangent leurs récompenses obtenus grâce à leurs points de crédits dans un supermarché du comté de Changxing, dans la province du Zhejiang (est de la Chine), le 8 mai 2020. . (Xinhua / Xu Yu)

Une volontaire remet des récompenses à un villageois du comté de Changxing, dans la province du Zhejiang (est de la Chine), le 8 mai 2020.

En fait les “volontaires” ici comme ceux qui assuraient le ravitaillement, le transport des malades, mais aussi la surveillance du confinement étaient des militants du parti. Il n’était pas difficile de sortir de chez soi simplement la difficulté était de rentrer si on avait pas l’accord des militants du coin. Ce maillage a permis d’avoir recours à un minimum de policiers pour assurer une discipline collective.

Je ne vois pas en quoi ce système est moins bon que celui de Castaner et ses policiers mettant des contraventions à tour de bras, voire pire.

Pour avoir vécu le système CDR à Cuba, je sais aussi à quel point il joue dans une autre vision des solidarités, des manières de se conduire pour le bien de tous et un changement réel de mentalités, une négociation permanente. II est clair qu’il est plus assorti d’avantages en nature, mais dans un monde où tout n’est pas marchand, assortir les brevets de civisme de dons en nature fait partie de la concrétisation des relations. Il faut relire Marcel Mauss et l’essai sur le don pour mesurer ce qui est introduit dans le marchand du socialisme à la chinoise comme non marchand par exemple en cas d’épidémie.

Dans une société où il a fallu laisser la bride au marchand, voire à certains capitalistes et au primat de la consommation, l’exercice de la dictature du prolétariat passe par un déploiement actif de valeurs socialistes. Ainsi l’objectif de ces “crédits ” était d’établir “une culture de l’intégrité” comme base de défense de l’identité chinoise.

Il y a des récompenses qui ne sont pas toutes en nature, des cérémonies. Mais c’est en matière de répression que les médias s’en sont donnés à cœur joie?

Selon le quotidien Le Monde“environ dix millions de passagers du transport aérien et quatre millions du ferroviaire se sont vu imposer entre 2013 et mars 2018 des restrictions partielles ou totales à l’achat de billets, pour n’avoir pas exécuté la décision de justice à laquelle ils ont été condamnés après épuisement des recours. Parmi eux, 6,2 millions furent entièrement interdits d’avion.” Des sanctions qui feraient suite à la propagation de fausses informations, l’utilisation des billets périmés, une cigarette allumée dans un train ou encore une omission de paiement des amendes ou d’acquittement de l’assurance sociale, décrit l’agence Reuters.

A partir de ces faits, repris sur les sites officiels du gouvernement chinois qui ont choisi de mettre en place un système qui remplace les sanctions après jugement de ceux qui ne s’acquittent pas de leurs infractions par un permis à point, la machine à informer française qui ne fait que suivre celle des Etats-Unis s’emballe…

Elle semble ignorer totalement le fonctionnement réel de la police et de la justice aux Etats-Unis et les discriminations raciales et sociales qui y sont monnaie courante. Les méfaits de la police de Castaner et l’état de nos prisons.

Les médias semblent ignorer totalement le sort réservé à Julian Assange et les voici en train de fantasmer sur big brother communiste.

Une ville chinoise comme Pékin ou Hangzhou, est équipée de 6 à 700 000 caméras de surveillance soulignent les articles… j’aimerais bien savoir combien il y a de caméras de surveillance pour toute la population française, parce que c’est à cette échelle-là qu’il faut penser non seulement Pekin ou Hangzhou mais la province de Hubei où se trouve Wuhan.

Et voici le fin du fin la manière dont les géants du numérique se trouveraient impliqués, comme si facebook ne vendait pas les données. Imaginez que ces gens-là auraient fait découvrir à leur clientèle que s’ils payaient bien leur crédits cela leur donnait des bons d’achat.

” Dans Courrier international, il est décrit comment “Les géants du numérique chinois, les BATX (Baïdu, Alibaba, Tencent et Xiaomi), seraient un appui de taille pour permettre au gouvernement de surveiller la population. Et pour cause, Internet en Chine, c’est plus de 800 millions d’utilisateurs, la plupart y accédant sur l’écran de leur smartphone. 

L’une des applications a d’ailleurs rencontré un franc succès. Zhima Credit, un outil d’évaluation lancé par Ant Financial, filiale du mastodonte de la vente en ligne, Alibaba. Au gré de leurs transactions dématérialisées via Alipay Wallet, service de paiements aux plus de 600 millions d’utilisateurs, le score des utilisateurs fluctue de 350 à 950. Plus les points s’accumulent, plus ils obtiennent des avantages et augmentent leurs capacités d’emprunt. Même principe chez son concurrent, Tencent Credit, basé sur les informations de transaction et de réseau social des utilisateurs, collectées sur les applications WeChat et QQ. Récompenses pour les uns, punitions pour les autres, de véritables outils d’“autodiscipline”, telle que le plan de planification l’appelle de ses vœux.”

Vous remarquerez que tout l’art de cette propagande consiste à éviter toute comparaison avec les Etats-Unis ou la France, d’isoler des faits, les nouvelles technologies, le tout pour nous montrer un système qui passe par une forme d’autorégulation et d’inculcation de valeurs citoyennes économisant police et prison pour la menace ultime sur nos libertés à tous, en jouant sur l’échelle des populations.

Voilà la description de l’horreur du monde communiste tel qu’on vous le vend tous les jours.

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1 Commentaire

  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Dans notre pays libre nous avons aussi Georges Ibrahim Abdallah, libérable depuis 1999.
    Quant à la restriction de liberté de circulation la France l’applique avec le permis à points condamnant parfois au chômage des chauffards vivant en zone péri urbaines ou rurales.
    Pour ma part je trouve normal que des comportements dangereux soient sanctionner.
    Sans compter la police privée exercée sur les réseaux sociaux où un bannissement peut être effectué par le propriétaire du réseau, et encore facebouc qui demande l’identité des personnes ou numéro de téléphones afin de mieux tracer les opinions politiques qu’ils revendent comme pour l’élection brésilienne. Réseaux sociaux qui laissent la propagande d’extrême droite se répandre sans aucun contrôle, l’extrême droite n’étant qu’un des multiples représentants des classes dominantes bourgeoises du capitalisme.

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