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La Russie lance ses Jeux du futur, compétition internationale de “phygital games”

Du 21 février au 3 mars se déroule, à Kazan, le premier grand tournoi mondial d’épreuves de sport “phygital”, mêlant épreuves physiques et numériques. Malgré sa mise au banc par les Occidentaux pour cause de guerre en Ukraine, la Russie montre qu’elle est dynamique, innovante. Selon les organisateurs, plus de 280 équipes en provenance de 107 pays participeront à l’événement qui déjà se présente comme les jeux olympiques du futur. Les disciplines existent sur la planète et certaines équipes qui ne peuvent participer à ces jeux parce que leur gouvernement le leur interdit espèrent que cette initative va effectivement sortir de l’ombre ce qui existe déjà.

.Courrier internationalPublié le 21 février 2024 à 17h55 Lecture 3 min.

Image de presse des Jeux du futur russes.
Image de presse des Jeux du futur russes. PHOTO JEUX DU FUTUR

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C’est à Kazan, capitale de la république du Tatarstan, située à 800 kilomètres à l’est de la capitale russe, qu’a lieu la première compétition internationale de phygital games de l’histoire du sport. Baptisée “Jeux du futur”, elle a pour vocation de promouvoir des disciplines mêlant sport physique et jeux vidéo, d’où le mot-valise “phygital”, issu des termes “physique” et “digital”. La cérémonie officielle d’ouverture doit se tenir le 21 février au soir en la présence de Vladimir Poutine.

Synergie entre disciplines sportives classiques et numériques

Selon la Fédération russe de sport phygital, récemment créée, les Jeux du futur constituent un “grand événement athlétique au confluent du sport, de la science et des technologies, permettant une synergie entre des disciplines sportives classiques et numériques”. “L’ambition des Jeux est de faire émerger une nouvelle génération de héros du sport phygital : des athlètes accomplis démontrant des capacités et des talents élevés tant dans le domaine physique que numérique”, peut-on lire encore sur le site des Jeux du futur.

Les épreuves de sport phygital se déroulent sous forme hybride. Par exemple, explique le quotidien Kommersant, les athlètes s’affrontent dans un premier temps dans un jeu de simulation de football, puis ils poursuivent le match sur un véritable terrain. En général, une partie de l’équipe est réservée aux épreuves physiques, l’autre aux épreuves numériques. Selon l’esprit phygital, chaque athlète est sensé à terme devenir aussi performant sur les deux terrains.

Les athlètes s’affronteront dans 21 disciplines, parmi lesquelles football, basketball, hockey sur glace, laser game, course de drones, batailles de robots et compétition de programmation informatique – réparties en 5 catégories : sport, tactique, stratégie, vitesse et technologie.LIRE AUSSI : Reportage. Dans ce gymnase du futur, on s’essaie à tous les sports en réalité augmentée

La compétition opposera des clubs et non des nations. C’est ainsi que, malgré un contexte géopolitique très lourd et alors que la Russie est exclue de toutes les compétitions internationales par l’Occident en raison de la guerre en Ukraine, des équipes occidentales seront présentes, même si les plus nombreuses viennent du reste du monde. Au total, 286 équipes en provenance de 107 pays, soit environ 2 000 athlètes, sont attendues à Kazan. Le plus gros contingent sera fourni par la Chine.

“Les meilleures équipes de Chine, d’Amérique latine, mais aussi d’Europe et d’Asie s’affronteront dans [l’arène de bataille du jeu vidéo] Dota 2”, se réjouit le quotidien Izvestia.

Comme l’explique le site d’information russe Business Online, situé à Kazan, en organisant cet événement, la Russie espère lancer un “nouveau mouvement international, au sein duquel elle pourrait donner le ton”. La concurrence étant trop grande dans les sports classiques et déjà importante dans l’e-sport, les organisateurs ont imaginé un “espace intermédiaire”, faisant valoir auprès des instances étatiques un argument de santé public consistant à “extraire les jeunes du monde informatique et à les inciter à pratiquer un vrai sport”.

Moscou fonde de sérieux espoirs sur le succès des Jeux du futur et sur leurs perspectives. Roman Dvoriankine, le manageur général de Virtus.pro, l’une des équipes russes d’e-sport les plus célèbres, exprime son optimisme auprès de Business Online : “Les Jeux du futur ont un grand avenir”, résume-t-il dans une formule bien tournée, et ce malgré la situation géopolitique.

Une alternative aux JO ?

Selon lui, le concept est “excellent et tout à fait opportun”, et ce n’est que pour des “raisons politiques” que de nombreuses équipes de haut niveau font défaut à Kazan. Mais nul doute que la deuxième édition, qui aura lieu dans un autre pays, “attirera du beau monde et que les Jeux du futur pourront alors devenir une alternative aux Jeux olympiques”, se prend-il à rêver.

La cérémonie officielle d’ouverture, prévue à partir de 19 heures [heure de Moscou], le 21 février, en présence de Vladimir Poutine, sera retransmise en direct sur la première chaîne de télévision fédérale. Les présidents de quatre pays ex-soviétiques d’Asie centrale et celui de Biélorussie seront également présents, ainsi qu’une brochette de ministres ou vice-ministres des Sports ou de l’Éducation de différentes nations – Cuba, Émirats arabes unis, Indonésie, et même Corée du Nord.

Le nom du pays organisateur de la prochaine édition des Jeux du futur, en 2026, ne sera dévoilé que lors de la cérémonie de clôture de ceux de Kazan, le 3 mars, mais, selon Business Online, il s’agira sûrement de “la nation qui a envoyé au Tatarstan la plus importante délégation, qui compte le plus grand nombre de stars de l’e-sport et qui a répondu parmi les premières à l’invitation de la Russie”, à savoir… “la Chine”.

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