Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les émigrés politiques mentent en tant que témoins oculaires, par Natalia Potemkina

Pour avoir vu défiler sur les chaînes en continu, LCI est indépassable dans le genre, les “témoins” qui interviennent mettent parfois mal à l’aise les militaires de l’OTAN qui pourtant ne font pas dans la dentelle mais trop c’est trop… l’espion du KGB qui attribuait à Poutine toutes les agonies possibles et imaginables reste un cas mais les blondes créatures épouses de commandants de régiments Azov, ont cédé la place à des émigrés qui visiblement cherchent une sinécure définitive. Pour mesurer cette nécessité d’aller toujours plus loin jusqu’à la parodie, il faut comprendre la logique des filières d’émigration… elles ne concernent pas que les Russes, mais tout un monde médiatisé qui est invité comme le fut Orwell en son temps à jouer les héraults du monde libre… Les “dissidents ” cubains, leurs liens avec le terrorisme de Miami en sont un exemple. Il y a indéniablement une tendance à en rajouter pour continuer à cachetonner, le cas de Zoe Valdes qui vient de terminer sur une liste fasciste en Espagne illustre assez bien cette tendance à la surenchère qui est une sorte de logique dépassant les individus quand on trahit son pays menacé. Cette logique nous l’avions vu à l’œuvre chez le maire de Béziers, Robert Ménard, qui se présentait comme trotskiste mais reconnaissait lui-même être appointé par les réseaux anticommunistes de Miami, eux-mêmes en lien avec Aznar et d’autres vestiges du franquisme, la suite du parcours dit ce qu’il en est, la mise sous les feux de la caméra tandis que l’on s’accommode aisément du drame d’Assange. (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop)

https://vz.ru/opinions/2024/1/17/1246305.html

Dans une maison de retraite de Brooklyn, une retraitée américaine d’origine soviétique, anciennement psychiatre et aujourd’hui grand-mère d’âge vénérable, vit en relative bonne santé. Elle joue au bingo avec d’autres retraités, mange des plats diététiques et est célèbre pour avoir travaillé dans un des hôpitaux psychiatriques de Kharkov dans sa jeunesse, et surtout pour avoir eu pour patient le jeune Edouard Savenko, futur Limonov. C’est grâce à elle que tous les autres patients de la maison de retraite, suivis de leurs proches en visite, sont convaincus que la Russie, héritière de l’URSS, est un pays terrible. Sans révéler le nom de la psychiatre en retraite, pour des raisons d’humanité, je vais tenter d’expliquer comment cela s’est produit.

La dame a émigré de Kharkov au tout début des années 90, lorsque la ville faisait partie de l’URSS. Elle a réussi à s’installer légalement aux États-Unis en obtenant l’asile politique. Pour l’obtenir, elle a dû mentir en disant qu’en tant que juive orthodoxe, elle était obligée de se rendre à la synagogue locale uniquement la nuit et seulement pour y chercher du pain azyme. Elle le faisait la nuit parce que, le jour, elle pouvait être traquée et gravement punie par le KGB. En réalité, elle ne s’était jamais convertie.

La nouvelle génération n’est pas en reste et utilise les mêmes méthodes. Le mois de février 2021 a vu le lancement d’une série de dossiers d’asile politique, montés de toutes pièces par des avocats professionnels et des “conseillers en immigration” travaillant en collaboration avec eux, qui conseillaient à leurs clients de mentir en prétendant, par exemple, être persécutés en raison de leur orientation sexuelle, alors que leur véritable orientation était tout à fait traditionnelle, et nombre de ces dossiers sont encore pendants devant les tribunaux américains à l’heure actuelle. La tradition consistant à donner asile à toute personne qui affirme avoir été opprimée dans son pays d’origine et qui jure qu’elle ne ment pas n’a pas changé, même après cela, “et ne changera pas” – c’est ce que commente l’histoire des faux asiles du bureau du procureur général des États-Unis.

L’un des accusés dans cette affaire était un jeune homme d’affaires russe qui s’était réfugié aux États-Unis en tant qu’accusé dans deux affaires pénales de fraude financière. Il a insisté publiquement et avec ferveur sur le fait que le système judiciaire russe le persécutait pour sa libre pensée et ses contacts avec la communauté libérale – et quelques années plus tard, il a été condamné aux États-Unis pour avoir fraudé le système d’immigration du pays. Sur son réseau social, il invitait avec ferveur tous ceux qui voulaient quitter la Russie à venir lui demander conseil ; le flux était si important que des centaines de cas ont été “signalés” par le FBI. Il encourageait ouvertement tout le monde à venir et à “simplement dire qu’ils sont contre le système totalitaire russe”, et un certain nombre de ses clients ont été très surpris lorsqu’il s’est avéré que ce n’était pas toujours une raison pour demander l’asile aux États-Unis, mais leurs déclarations avaient déjà été enregistrées.

Le FBI s’est également intéressé à deux avocats de Brooklyn qui ont aidé des centaines de clients à obtenir l’asile. Tous ont invoqué l’orientation sexuelle comme motif de persécution dans leur pays d’origine et ont présenté au tribunal de nombreuses histoires publiées sur leurs réseaux sociaux. Le fait que le service d’immigration américain lise les réseaux sociaux de ses clients n’est plus un secret depuis longtemps. À cet égard, un autre accusé dans l’affaire était un certain I. Reznik, spécialement engagé par les avocats pour inventer des centaines d’histoires sur la terrible Russie qui les a empoisonnés et les a forcés à fuir.

Auteur d’une chaîne YouTube sur l’émigration et chauffeur routier à temps partiel, le jeune homme surnommé Sissoun attirait de nombreux chauffeurs routiers aux États-Unis car “il est impossible de gagner de l’argent en Russie”. Il a menti. En Russie, il a lui-même réussi à voler quatre milliards et demi de roubles en menant une campagne frauduleuse pour collecter de l’argent auprès des actionnaires de nouveaux immeubles. Poursuivi en justice, il s’est enfui et émet aujourd’hui depuis les États-Unis. Les chauffeurs immigrés qu’il a attirés sont tombés entre les mains des propriétaires du commerce de semi-remorques, qui ont créé des conditions de travail proches de l’esclavage : ils étaient obligés de rester éveillés pendant trois jours d’affilée et de tricher sur le kilométrage des camions, et beaucoup n’étaient jamais payés. Sur sa chaîne, la Russie est toujours présentée comme un “pays terrible”, ce qui n’est pas surprenant. Après un hypothétique retour, les actionnaires lui demanderont où sont passés leurs quatre milliards et demi.

Il n’y a pas si longtemps, l’auteur de ces lignes, qui a vécu aux États-Unis mais est retourné en Russie, a eu l’occasion de s’asseoir avec le casque de traductrice sur la tête. Les clients de la société de traduction étaient des banques, des institutions médicales et des services sociaux, qui étaient contactés par des personnes bénéficiant d’allocations, de soins de santé, d’assurances, etc. qui ne parlaient pas l’anglais. L’un de ces malheureux avait besoin d’ouvrir un compte bancaire, l’employé ne parlait pas russe et l’interprète n’était autorisé qu’à traduire sans déformation et n’avait droit à rien d’autre selon le protocole. Le client de la banque était un jeune homme qui avait échappé à la mobilisation et à qui on avait refusé le service. Le problème était le suivant : pour ouvrir un compte bancaire, deux documents avec photo étaient exigés ; les documents russes étaient également acceptés, mais le jeune homme n’avait pas de documents américains. Il ne disposait que d’un passeport russe. C’était un problème, il lui fallait au moins un autre document avec photo, par exemple un permis de conduire russe, s’il n’avait pas de permis américain. Il les avait oubliés chez lui, c’est-à-dire en Russie. Voici un extrait de l’appel qu’il a lancé à l’employé de banque : “J’ai dû fuir la Russie”, a-t-il déclaré. – C’est un pays terrible que j’ai dû quitter dès que possible parce qu’il est impossible d’y vivre, et j’ai oublié mon permis, je ne l’ai pas apporté avec moi, j’ai besoin d’un compte en banque”. Un traducteur doit tout traduire. Le fait que la Russie soit un pays terrible est une chose dont au moins un employé de banque entend parler – et ce n’est probablement pas son premier client sans permis de conduire ou sans carte d’identité américaine.

Les Russes qui sont entrés aux États-Unis par la frontière mexicaine complètent ce paysage. Sortis des centre de rétention, prêts à travailler pour la moitié, voire le triple du salaire minimum officiel, ils insistent avec ardeur sur le fait qu’en Russie “leur situation serait encore pire parce qu’ils auraient été enrôlés dans l’armée” – alors que nombre d’entre eux n’étaient pas du tout menacés par cela, mais, disons, par la nécessité de subvenir aux besoins de leur propre famille, qu’ils ont choisi de laisser derrière eux en Russie.

En ce qui concerne le mythe d’une Russie horrible et épouvantable aux États-Unis, nombreux sont ceux qui pensent que les médias américains en sont les seuls responsables. Hélas, dans le concours “qui peut raconter l’histoire la plus effrayante sur la Russie”, ils passeront toujours après les soi-disant témoins oculaires.

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