Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

LES CINQ DÉFIS RELEVÉS PAR VLADIMIR POUTINE

Il est vrai que nous n’étions pas nombreux, mais avec l’habitude acquise je puis garantir que tant que la France sera aux mains de vassaux des Etats-Unis, tant qu’ils auront à leur disposition un système de propagande et des “élites” aussi corrompues, cela se reproduira avec le même cynisme incompétent. Est-ce un hasard si les rares qui résistent à ce flot ininterrompu de mensonges et de xénophobie ont été membre du PCF au temps où il résistait à ce genre de choses. Est-ce encore un hasard si Régis de Castelnau termine son excellente analyse par les leçons de Lénine ? Incontestablement c’est ce qui manque aujourd’hui à la France si elle veut relever les défis de la période historique et ne pas retomber dans les “étranges défaites” des signataires de Munich. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

RÉGIS DE CASTELNAU44 COMMENTS

Depuis deux ans nous avons été confrontés en Occident à une propagande médiatique russophobe à connotation souvent raciste, visant à présenter les Russes comme une population de moujiks imbéciles soumis un vampire assoiffé de sang. Se précipitant dans une opération militaire où des soldats ivrognes, armés de pelles et menés par des incompétents couraient à une défaite sanglante et inévitable. Sous les injures, les quolibets et les menaces, nous fûmes quelques-uns à appeler au sang-froid et à expliquer que l’Occident se lançant dans l’aventure militaire et la guerre économique contre la Russie était peut-être en train de faire une bêtise. Et qu’en tout cas qu’il fallait essayer de mieux analyser le réel et d’arrêter de prendre ses désirs pour des réalités. En vain.

Aussi le retournement qui vient de se produire, et qui voit les mêmes changer d’avis, voire faire acte de contrition provoque nécessairement un peu de joie mauvaise. Parce que, parfois dans une certaine confusion, le système médiatique occidental est quand même en train de prendre acte de la défaite de l’Ukraine otanisée qui se dessine. Et en son sein, nombreux étant ceux qui considèrent qu’il n’est plus nécessaire de tergiverser et que « la messe est dite ».

Dans la mesure où nous fûmes, à notre place, parmi ceux qui tentèrent, tant bien que mal, de résister à l’emballement guerrier, il nous est apparu nécessaire de revenir sur une description de ce qui s’est réellement passé et sur l’inanité du « récit » qui nous a été imposé par le bloc élitaire occidental.

2007. Discours de Munich : Premier défi accepté

La dislocation de l’Union soviétique est un événement politique considérable qui a dit-on, mis fin à la guerre froide, celle-ci ayant été remportée par les États-Unis. Cette vision a eu deux conséquences dont nous payons aujourd’hui la facture, ou plutôt qui sont à l’origine de la crise que traverse le monde et qui voit une domination occidentale de cinq siècles entrer en déclin. Et que décrit Sergei Narichkine, chef du service de renseignement extérieur russe (SVR) dans un article récent : « Un conflit fondamental entre l’ancien et le nouveau monde, qui a mûri sous la surface au cours des trois décennies qui ont suivi la fin de la guerre froide, est entré dans une phase ouverte avec le début de l’opération militaire spéciale de la Russie et a acquis un caractère géographique global au cours de l’année écoulée. »

La première conséquence est celle de l’hubris qui a saisi l’Amérique, persuadée du diagnostic (stupide) de Fukuyama sur « la fin de l’Histoire », de sa destinée, de son exceptionnelle qualité et de sa puissance. Les USA avaient gagné et le rôle de maître du monde leur revenait. La deuxième conséquence est celle de la catastrophe des années 90 qui a alors frappé une Russie qui venait de perdre son empire et se trouvait livrée aux intérêts américains et russes, qui se précipitèrent pour la piller. Plongeant le pays dans la misère, détruisant les institutions, démantelant la puissance économique nulle et livrant un peuple russe humilié à la pègre. La responsabilité des occidentaux dans ce désastre est entière. Tout occupés qu’ils étaient à corrompre tout ce qui pouvait l’être, comme Boris Eltsine, l’infect ivrogne qu’ils avaient contribué à porter au pouvoir. En se réjouissant de l’abaissement de la Nation russe, ils participèrent résolument au pillage. On saura un jour comment et pourquoi Vladimir Poutine est arrivé au pouvoir au seuil des années 2000, quelles forces ont voulu ce parachutage et pour quel objectif. Comme d’habitude, il est plus facile de raconter l’Histoire quand on connaît la fin, mais force de constater que dès le départ, le président russe qui récupérait un pays détruit avait pour projet de le rebâtir. Il semble avoir compté dans un premier temps sur la compréhension d’un monde occidental dans lequel il souhaitait insérer la Russie. Pour comprendre rapidement, confronté qu’il était aux rebuffades, que cela se ferait sans l’Occident et probablement, rapidement contre lui. Il y eut le fameux discours de Munich en 2007, où il expliqua avec clarté qu’il acceptait le défi qu’on lui lançait. On sait aujourd’hui que Vladimir Poutine est un stratège prudent et un tacticien virtuose. Il aurait mieux valu essayer de le comprendre, plutôt que de se vautrer dans une propagande imbécile à base de mépris, et de mensonges idiots. L’État restauré, l’économie en reconstruction, la confiance en soi rebâtie, le président russe fut contraint de constater que pour des raisons diverses, les États-Unis continuaient à traiter son pays en ennemi.

2014. Coup d’état du Maïdan : Deuxième défi accepté

Survint le coup d’État organisé par les Américains en Ukraine en 2014. Qui fut compris par Poutine très exactement pour ce qu’il était, une véritable déclaration de guerre avec l’installation à sa porte d’un régime russophobe à forte composante néonazie. Et que dire de la bêtise réjouie de ces dirigeants français armés de leur ignorance abyssale de la nature du traumatisme que portent les Russes pour l’Opération Barbarossa et le coût effroyable de la victoire remportée contre la bête nazie en 1945. On ne leur refera jamais un 22 juin 1941. Les occidentaux auraient bien fait d’écouter ce que disait le maréchal Bernard Montgomery lors d’une audition à la Chambre des Lords en 1962 : « La première règle, qui doit figurer à la première page de tout manuel de guerre c’est : ne jamais marcher sur Moscou ».

On connaît la suite. La guerre civile du Donbass, les massacres d’Odessa et d’ailleurs, l’annexion de la Crimée, les tricheries occidentales avec les accords de Minsk, la préparation pour le conflit que Vladimir Poutine savait inévitable, les propositions diplomatiques de la fin de l’année 2021, l’offensive ukrainienne contre les provinces russophones comme seule réponse, et enfin l’intervention du 24 février 2022 et le déclenchement de l’Opération Militaire Spéciale.

Compte tenu du résultat obtenu par les Russes et la défaite infligée à l’Occident collectif certains avancent que les Russes auraient réalisé un sans-faute. Une telle présentation présente trois défauts. Tout d’abord, personne en Occident ne savait ce qu’il y avait dans la tête des planificateurs russes, et on ne peut donc que spéculer a posteriori sur la réalité de leurs objectifs. Ensuite on connaît la référence au stratège prussien Helmut Von Moltke selon lequel aucun plan militaire ne résiste au premier contact avec l’ennemi. Enfin, la description est spontanément contre intuitive pour des gens assommés depuis presque deux ans par une propagande imbécile et raciste présentant l’armée russe comme un ramassis de moujiks alcoolisés se lançant à l’assaut avec des pelles. Il ne s’agit pas bien sûr de prétendre que l’armée russe n’a pas subi de revers tactiques, mais de constater cependant qu’elle a très bien maîtrisé les circonstances auxquelles elle était confrontée et qu’elle a atteint les objectifs qui semblent avoir été les siens.

2022. Lancement de l’OMS : troisième défi accepté

Avec un corps expéditionnaire totalement sous dimensionné, puisqu’ils ont lancé leur offensive dans un rapport d’un contre sept, les Russes ont maîtrisé en quelques jours plus de 20 % du territoire ukrainien. Avec un tel déséquilibre des forces, il n’est pas sérieux de prétendre que l’état-major voulait envahir et occuper la totalité de l’Ukraine. Nous avons publié dans ces colonnes l’appréciation de plusieurs spécialistes mais en particulier celle du patron des Marines américains dans l’une des revues officielles du corps. L’article est élogieux et particulièrement intéressant. Au moment de sa publication, « Marinus » (pseudonyme) n’a pas encore l’information qui sera confirmée par la suite sur la négociation qui avait abouti entre la Russie et l’Ukraine et que l’Occident fera échouer. Il décrit en détail la première phase en faisant bien le départ entre la stratégie mise en œuvre pour la conquête du Sud et l’intervention autour de Kiev et de Kharkov manifestement sans intention d’occupation. Ce fut la ruée des experts de plateau sur les chaînes de propagande et qui armés de leur incompétence ou de leur mauvaise foi proclamèrent dès ce moment « l’échec russe » voire « la catastrophe stratégique ». Un ban pour les duettistes Michel Goya et Jean Lopez ne reculant devant aucune ânerie, et annonçant ensemble sur LCP « la plus grande catastrophe stratégique du XXIe siècle ». Évacués le bourbier proche-oriental en Irak, la défaite en Syrie, la destruction de la Libye et la débandade afghane. Non les nuls, c’étaient les Russes qui n’étaient pas d’un seul élan, arrivés jusqu’à Brest (Finistère, pas Litovsk). On sait aujourd’hui d’abord par les confidences de l’ancien premier ministre israélien Naftali Bennett, ensuite par les aveux des négociateurs ukrainiens eux-mêmes qu’un traité en forme de Minsk3 avait été obtenu par les Russes à base de démilitarisation, de neutralité et de renonciation à l’adhésion à l’OTAN. C’est-à-dire les objectifs annoncés officiellement par Vladimir Poutine la veille de l’intervention. Le plan russe avait donc réussi. Le traité était signé, mais Vladimir Zélinsky y a renoncé sous la pression des occidentaux, qui par la bouche de Boris Johnson s’engagèrent alors à soutenir l’Ukraine pour mener la guerre jusqu’à la défaite de la Russie. Position occidentale qui se nourrissait de l’illusion d’une réussite militaire s’appuyant sur l’effondrement économique de la Russie et aboutissant au renversement de Vladimir Poutine. Dès ce moment-là cette position apparaissait irréaliste. Les experts économiques honnêtes constataient la résilience de la Russie, toutes les études d’opinion indépendantes racontaient le soutien du peuple russe à Vladimir Poutine et l’usage du simple bon sens permettait de comprendre que le rapport de force militaire, démographique, industriel ne pouvait que conduire l’Ukraine à la défaite. Le dire ou l’écrire exposait évidemment à la menace et à l’insulte.

Automne 2022. Deuxième phase de la guerre : quatrième défi accepté

Toujours à l’aide d’un corps expéditionnaire sous dimensionné, toujours avec une main dans le dos pour ménager les frères slaves, l’armée russe a poursuivi sa stratégie de contrôle du Sud qu’il avait conquis. Ce fut la conquête de Marioupol brillamment réalisée par l’armée russe, là aussi dans un rapport de force inhabituel pour une bataille urbaine. Tous les spécialistes s’accordent à considérer que le ratio doit être au minimum de trois contre un, voire cinq contre un pour les attaquants. On renverra sur ce point à l’ouvrage de Sylvain Ferreira. La reddition des combattants réfugiés dans l’usine Azovstal permit de vérifier, avec les emblèmes nazis qu’ils arboraient, quels ukrainiens occupaient la ville auparavant. Le système médiatique français n’hésita pourtant pas à présenter cette défaite militaire sans appel comme une victoire pour les néonazis du bataillon Azov. L’ineffable BHL n’hésitant pas devant l’ignominie, allant jusqu’à comparer les tortionnaires aux tatouages nazis, aux combattants communistes de l’Affiche rouge. Après l’échec définitif des pourparlers sous l’égide de la Turquie, l’Ukraine a une importante offensive multiple pour tenter de reprendre l’oblast de Kherson. Faute de couverture aérienne, et en raison de l’infériorité chronique en matière d’artillerie, celle-ci échoue entraînant des pertes humaines ukrainiennes déjà considérables.

Constatant l’intervention massive de l’OTAN au soutien de l’armée ukrainienne la direction russe se convainc que les voies d’un éventuel accord sont définitivement fermées et que la guerre a changé de nature. Le 6 septembre les Ukrainiens lancent une offensive dans la région de Kharkov faiblement défendue par les Russes. Ceux-ci préfèrent se retirer, ce qu’ils font en bon ordre infligeant une fois encore des pertes importantes à l’armée ukrainienne. La Russie décide d’organiser des référendums dans les territoires qu’elle occupe, et la douma entérine leur annexion le 30 septembre, prononçant leur incorporation au territoire de la Fédération de Russie. Entre-temps le 21 septembre, Vladimir Poutine décide une mobilisation partielle de 300 000 conscrits russes qui seront rejoints par près de 360 000 volontaires. Le 8 octobre le général Surovikin est nommé à la tête du corps expéditionnaire. Pour conduire cette nouvelle guerre, non plus cette fois-ci contre la seule Ukraine, mais contre tous les pays de l’OTAN auxquels s’adjoignent le Canada, Australie, la Nouvelle-Zélande et le Japon. Il va prendre trois mesures spectaculaires. Tout d’abord procéder au retrait des troupes russes de la rive droite du Dniepr, en faisant réaliser en bon ordre le passage rétrograde du fleuve à près de 30 000 hommes. Cette opération brillamment réussie, est considérée par Hervé Carresse comme un des tournants de la guerre. Elle sera bien sûre présentée par les propagandistes occidentaux comme une grande victoire ukrainienne. On sait ce que la catastrophe postérieure de la « contre-offensive de juin 2023 donne à penser de cette présentation. Ensuite Surovikin a lancé une puissante campagne de bombardement des infrastructures critiques de son ennemi, notamment les centrales d’énergie, les infrastructures de transport assurant la logistique et les installations militaires. Enfin il a fait réaliser la construction de lignes de fortifications particulièrement puissantes, démontrant que face à la troisième itération de l’armée ukrainienne, la Russie passait à la défensive.

Troisième phase : la Russie contre l’OTAN, cinquième défi accepté

Depuis le début du conflit, l’Ukraine et ses soutiens occidentaux ont manifesté leur intention résolue de donner d’abord et avant tout une guerre de communication. Le président ukrainien, lui-même comédien professionnel fut comparé à Churchill et mis largement à contribution. Les mises en scène succédèrent aux mises en scène, les présentations fantaisistes aux présentations fantaisistes, les mensonges délirants aux mensonges délirants, ce fut l’heure de gloire des incompétents, des menteurs et des imbéciles. Avec le défaut majeur que cette stratégie impliquait de dévoiler à l’avance tous ses projets opérationnels, et les contributions apportées par l’OTAN. Exit donc la surprise stratégique, pendant que les Russes continuaient d’user de leur traditionnelle maskirovka. Y compris en laissant prospérer les mensonges sur la nullité d’une armée russe démoralisée, qu’en Occident on gobait avec gourmandise. Forte de ces convictions sur la faiblesse de son adversaire, et renonçant à toute surprise stratégique, l’armée ukrainienne otanisée annonça à grands sons de trompe la préparation de la grande offensive qui devait lui permettre de récupérer la totalité de son territoire, Crimée comprise.

Dans le même temps, la Russie réalisait méthodiquement la ligne de défense à laquelle on donnera d’ailleurs le nom de Surovikin. Et ses planificateurs prenants en compte les leçons des deux premières parties du conflit, réorganisaient le corps expéditionnaire russe. En fonction des données de la guerre du XXIe siècle : couverture du champ de bataille par les systèmes électroniques de renseignements rendant quasiment impossible à masquer tout mouvement de troupes, importance des drones tant dans l’observation que par leur propre puissance de feu. La mobilité sur le champ de bataille est devenue très difficile. Alors finies les offensives éclair façon blitzkrieg, retour aux fronts figés types première guerre mondiale même si comparaison n’est pas raison. Dès ce moment-là le sort de l’offensive ukrainienne dont on nous rebattait les oreilles semblait pour le moins problématique. Et ce d’autant que celle-ci devait se dérouler sans couverture aérienne et avec une infériorité en matière d’artillerie dans un rapport d’environ 1 à 8. Pour avoir osé manifester un scepticisme à ce moment-là, l’auteur de ces lignes fut naturellement copieusement insulté.

En parallèle de la création de la ligne Surovikin, la Russie déclencha au mois de novembre 2022 une offensive contre la ville de Bakhmut qu’elle poursuivit méthodiquement jusqu’à la chute de celle-ci en mai 2023. Les commentateurs y compris occidentaux reconnaissent aujourd’hui qu’il s’agissait d’un piège tendu à l’armée ukrainienne, laquelle y tomba à pieds joints du fait de l’entêtement de Zélinsky. Malgré semble-t-il les demandes de son chef d’état-major il refusa d’évacuer la ville et laissa les meilleures troupes ukrainiennes s’y faire saigner. La nouvelle stratégie russe apparut de ce fait pour ce qu’elle était, faire subir à l’armée adverse une « attrition » visant à l’affaiblir pour à terme provoquer son effondrement. Cette attrition concerne évidemment la ressource humaine, mais également les ressources matérielles qui s’épuisent, le moral de la population devant le massacre des soldats qui s’effondre, et bien sûr la lassitude des soutiens occidentaux qui de plus n’ont plus ni argent ni matériel militaire à fournir. Exit donc les offensives « grande flèche », les cavalcades et les chevauchées, la vraie guerre n’est pas celle que les Américains pratiquent en général contre des « éleveurs de chèvres » (qu’en général ils perdent). Désormais grâce à la supériorité des feux et la supériorité aérienne, le but est d’assommer son adversaire.

La fameuse offensive ukrainienne a finalement été lancée en juin 2023 au son du clairon médiatique. Malgré le courage des soldats ukrainiens envoyés à l’abattoir, les mensonges et les délires de la propagande occidentale en rajoutant sur celle de l’Ukraine, le résultat fut celui que les observateurs sérieux attendaient : un échec sanglant. On invitera à la lecture des commentaires assassins de l’ancien agent de la CIA Larry Johnson, commentant un double article du Washington Post sur les raisons de l’échec de cette offensive. Il ne faut pas se refuser ce petit plaisir, même si le constat de la nullité des dirigeants occidentaux politico-militaires est un peu désespérant. (L’article de Johnson est lui aussi en deux parties)

Toujours aussi méthodiquement les Russes ont « lancé » une offensive dans le nord du front sur la ville d’Adviika. Comme pour Bakhmut il ne s’agit pas de partir dans une grande chevauchée, mais d’imposer toujours grâce à la supériorité des feux et la domination aérienne une pression constante et meurtrière. Et comme à Bakhmut, Zaporija, Lisychank le massacre des soldats ukrainiens se poursuit. Bien sûr, les Russes subissent aussi des pertes mais celles-ci sont sans commune mesure avec celles de leur adversaire. Il semble bien qu’à nouveau le piège fonctionne, une fois encore en désaccord avec son haut commandement, Zélinsky refuse d’évacuer la ville, toujours soucieux qu’il est d’une communication destinée à l’Occident pour en obtenir toujours plus de matériel et d’argent.

Paysage après la bataille

Le problème, est que cet Occident en a assez. Malgré les menaces d’Austin, secrétaire d’État à la défense d’envoyer les enfants des parlementaires américains au front en Europe, ceux-ci, comme leur opinion publique, sont plus soucieux d’Israël et de la sécurisation de la frontière sud des USA. Il ne marchent plus. Le spectacle des médias occidentaux, oubliant toutes les bêtises proférées depuis deux ans et annonçant aujourd’hui l’inévitabilité de la défaite est roboratif. Il n’y a plus guère que sur les réseaux où l’on trouve quelques vestales de la cause du bandérisme pour annoncer une victoire ukrainienne qu’ils sont désormais les seuls à entrevoir. Abandonnés qu’ils sont par le système médiatique qui a complètement changé de ton quand il ne va pas jusqu’à battre sa coulpe pour « s’être trompé ». Et pendant ce temps les observateurs notent les divisions de la direction ukrainienne et spéculent sur la possible chute de Zélinsky.

La seule vraie question aujourd’hui porte sur la forme que prendra cette défaite de l’Ukraine, de l’OTAN, des États-Unis et de l’Union Européenne. Comprenons-nous bien, il ne s’agit pas de prétendre que les opérations militaires sont terminées, que l’Ukraine a d’ores et déjà capitulé, simplement de constater qu’il n’est plus possible de ne pas reconnaître que cette défaite est désormais inévitable. Les observateurs sérieux le savaient depuis le départ, mais leur parole était en général couverte par la propagande, quand ils n’étaient pas carrément censurés. Après la récente débandade afghane, succédant à un chapelet d’échecs, les Américains et leurs vassaux vont devoir assumer ce nouveau et considérable revers. La Russie a désormais la première armée du monde, elle dispose d’un outil industriel militaire maîtrisé, elle vient d’acquérir une précieuse expérience de la guerre moderne. Leurs adversaires quant à eux vont devoir tirer les leçons d’un désastre causé d’abord par une arrogance suprémaciste qui les a poussés à prendre leurs désirs pour des réalités. Ensuite par une situation de faiblesse économique et politique qui a voué leur stratégie absurde d’affrontement avec la Russie à l’échec. Enfin par l’évolution rapide d’un rapport de force international qui voit la majorité mondiale décidée à profiter de l’aubaine et à se débarrasser de la domination occidentale.

En relevant et en remportant les cinq défis qui lui furent lancés par les États-Unis depuis 2007 avec leur volonté évidente de l’affrontement militaire par Ukraine interposée, Vladimir Poutine a placé son pays du bon côté de l’Histoire. Il n’y est pas tout seul.

Nous avons commencé cet article avec une citation de celui de Sergueï Evguenievitch Narychkine, intitulé « 2024 est l’année du Réveil Géopolitique Global ». Il y analyse de façon approfondie la situation mondiale à partir du point de vue russe. En incitant à sa lecture, nous proposons de terminer notre propos avec une autre citation :

« En résumé, la situation actuelle rappelle de plus en plus une situation de révolution de classe, lorsque les classes supérieures, face à l’affaiblissement des États-Unis, ne peuvent plus assurer leur propre leadership, et que les classes inférieures, comme l’élite anglo-saxonne désigne tous les autres pays, ne veulent plus obéir aux diktats de l’Occident ».

Mais n’est-ce pas Lénine qui écrivait en 1915 : « Pour que la révolution éclate, il ne suffit pas, habituellement, que la base ne veuille plus vivre comme auparavant, mais il importe encore que le sommet ne le puisse plus. » ?

Voilà une référence qui donne à réfléchir et qui témoigne d’une certaine détermination…Régis de Castelnau

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