Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La “main de fer” montre ses muscles

Cet article du site du PARTI COMMUNISTE UKRAINIEN nous met en garde face à une extrême-droite européenne qui s’unit et ne cherche même plus à se masquer sous le politiquement correct. Cette internationale noire décomplexée bénéficie des agissements d’une pseudo gauche qui au nom de la “démocratie ” fait porter tous ces coups contre le communisme, en falsifie l’histoire. (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop)

21.11.2021

https://kpu.ua/uk/100455/sylnaja_ruka_ygraet_muskulamy

L’extrême-droite de différents pays et continents s’unit en une seule alliance. Son essence de classe est entièrement dans l’intérêt du capital. Les politiques des partis de la pseudo-gauche facilitent la création d’une “internationale néo-fasciste”.

L’ombre de la croix gammée

Qu’ont en commun les républicains américains, le régime brésilien de Jair Bolsonaro et des partis comme le Vox espagnol ou la Liga italienne, qui siègent au Parlement européen ? Avant tout une affinité idéologique. En spéculant sur la défense des “valeurs traditionnelles”, ils font en fait le jeu des grandes entreprises, inquiètes de la croissance du mouvement de protestation et désireuses de détourner les travailleurs des vrais problèmes.

Jusqu’à récemment, les forces de droite se limitaient à des contacts bilatéraux. Aujourd’hui, la situation est en train de changer. Implantées des deux côtés de l’Atlantique, elles ont fait un pas vers l’unification. Le parti Vox en est le fer de lance. Il a récemment publié la Charte de Madrid, un appel à ses partisans de différents pays. Le document, basé sur des schémas archaïques, rend les communistes responsables de tous les malheurs actuels. Ce sont eux qui, prétendument, menacent la prospérité et le développement et détruisent les droits de l’homme et les libertés. “Leur objectif est de saper la démocratie libérale et l’État de droit. Des régimes totalitaires d’inspiration communiste … ont fait main basse sur certaines parties de l’Amérique latine”, diffuse Vox.

Armés de ce document, les membres du parti ont fait le tour de l’Ancien et du Nouveau Monde. Parmi leurs interlocuteurs figuraient le président équatorien Guillermo Lasso, le député brésilien et fils du chef de l’État Eduardo Bolsonaro, le chef du Parti républicain chilien et candidat à la présidence Jose Antonio Cast, et le chef de l’opposition péruvienne Keiko Fujimori. Le leader de Vox, Santiago Abascal, s’est rendu au Mexique, où il a rencontré des députés du parti d’opposition. Au total, plus de 8 000 personnes de plus de vingt pays auraient signé la Charte de Madrid.

Encouragée par son succès, l’extrême-droite est allée encore plus loin et a annoncé la création du “Forum de Madrid” – une plateforme politique qui serait la base d’une union internationale. L’annonce a été faite au congrès de Vox en présence d’invités étrangers. Parmi eux figuraient le chef du parti portugais Chega, André Ventura, la chef du parti italien Frères d’Italie, Giorgia Meloni, ainsi que le sénateur républicain américain Ted Cruz. “Nous avons un problème, ce problème, ce sont les gauchistes qui détruisent les institutions nationales et religieuses sacrées”, s’est exclamé ce dernier.

L’affaire ne se borne pas à un soutien moral. Selon plusieurs rapports, des liens étroits ont été établis entre la Fondation Dineso, créée par Vox, et l’organisation américaine Project Veritas, financée par le milliardaire Charles Koch et l’ancien président Donald Trump. Représentant l’aile d’extrême droite du parti républicain, il vise à “protéger le marché libre de l’empiètement des socialistes et des syndicats”.

Des processus d’unification ont également lieu dans l’Union européenne. Seize partis d’extrême droite ont adopté une “Déclaration commune sur l’avenir de l’UE”. “Vox, les Frères italiens, la Ligue, le Rassemblement national de France, le Parti libre d’Autriche et d’autres ont déclaré un cap pour défendre la souveraineté et les valeurs traditionnelles. L’établissement d’un groupe puissant au Parlement européen est déclaré comme une tâche prioritaire.

La particularité de la Nouvelle Droite est de se débarrasser des vestiges du politiquement correct. Ils parlent de leurs idées racistes et impérialistes avec une franchise cynique. À l’occasion du 500e anniversaire de la prise par les conquistadors de Tenochtit-lan, la capitale de l’empire aztèque, M. Abascal a déclaré que “les Espagnols ont réussi à libérer des millions de personnes du régime terroriste sanglant des Aztèques”. “Nous sommes fiers de ce que nos ancêtres ont fait”, a-t-il ajouté. La déclaration officielle de Vox à l’occasion du Columbus Day en Espagne soulignait que “la découverte des Amériques a été le plus grand acte de fraternisation humaine”. Pour mémoire, la colonisation du Nouveau Monde est considérée comme le plus grand génocide de l’histoire, avec quelque 100 millions de victimes. Cependant, aux yeux des colonisateurs et de leurs partisans, les aborigènes n’ont jamais été des personnes à part entière et ont été considérés comme du matériel consommable pour l’accumulation du capital.

La justification de la prise de pouvoir coloniale est plus que symptomatique. Le phénomène du fascisme n’est pas né du néant mais a été préparé par toute l’histoire précédente du capitalisme avec son idée sous-jacente d’inégalité. Comme le soulignait Jawaharlal Nehru, le Premier ministre indien de l’Indépendance, la domination britannique était “solidement liée à l’exceptionnalisme ethnique des conquérants”. Et la figure coloniale anglaise Cecil Rhodes a affirmé : “J’ai levé les yeux vers le ciel et les ai baissés vers la terre. Et je me suis dit : l’un et l’autre doivent devenir britanniques. Et il m’a été révélé que les Britanniques sont la meilleure race digne de dominer le monde.”

Il est normal que la même Vox ne cache pas son admiration pour la dictature de Franco et que Giorgia Meloni avoue n’avoir “aucun problème avec le fascisme”. Une autre personnalité de droite, le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qualifie Milos Horthy, proche allié de l’Allemagne fasciste, d'”homme d’État exceptionnel”. Dans un télégramme adressé à Hitler le 22 juin 1941, le jour de l’attaque de l’Union soviétique, il proclame que c’est “le plus beau jour de sa vie”. Aujourd’hui, un monument au dictateur se dresse dans le centre de Budapest.

Au service du capital

L’activité internationale de l’extrême droite est proportionnelle à la croissance de son influence dans les pays. Après avoir terminé troisième aux élections de 2019, Vox s’est hissé parmi les trois premiers partis et joue un rôle décisif contre le gouvernement socialiste. Lors des récentes élections à l’assemblée métropolitaine, le Parti populaire de droite est arrivé en tête, mais il n’a pu former un gouvernement que grâce à Vox. Des alliances similaires ont été conclues en Andalousie et en Murcie. Selon les analystes, cette expérience peut être reprise au niveau national.

Le parti portugais Chega, qui qualifie sa relation avec Vox d'”alliance fructueuse et indéfectible”, tente d’imiter ce succès. Il y a deux ans, il a obtenu 1,3 % des voix et a porté un député au Parlement en la personne de son chef. Chega était déjà en quatrième position lors des élections locales de septembre, et pour les prochaines élections parlementaires, les sondages le placent en troisième position avec deux douzaines de mandats.

Les Frères italiens sont encore plus confiants, puisqu’ils se sont hissés en tête du classement des partis. Les élections locales d’octobre étaient un échauffement. Le candidat d’extrême droite à la mairie de Rome, Enrico Michetti, a atteint le second tour et, avec 40 % des voix, a perdu face au candidat du Parti démocratique. Ayant travaillé comme présentateur radio pendant de nombreuses années, il est resté dans les mémoires pour son attitude enthousiaste à l’égard de la Wehrmacht allemande et ses appels à une “main forte pour rétablir l’ordre”. Les Frères d’Italie sont arrivés en deuxième position aux élections du conseil municipal de la capitale, avec Rachele Mussolini, petite-fille du Duce, parmi les députés élus.

L’élection présidentielle française d’avril prochain pourrait réserver bien des surprises. Parmi les favoris de la course figure le présentateur de télévision controversé Eric Zemmour, qui s’est fait connaître en insultant les immigrés et en justifiant le régime collaborationniste du maréchal Pétain.

Le grand capital est derrière la montée de l’extrême-droite. Les slogans populistes comme l’interdiction de l’immigration ou la protection de la famille traditionnelle ne sont guère plus qu’une couverture. En matière de politique économique, à quelques exceptions près, ils défendent les idées néolibérales les plus radicales. Par exemple, l’ex-chancelier autrichien Sebastian Kurz, si prisé des médias officieux russes, a préconisé des réductions radicales des dépenses publiques et s’est opposé à tout impôt foncier. Il en va de même pour les relations internationales. En tant que membre du gouvernement, Matteo Salvini, chef de la Ligue, a soutenu les débordements anti-iraniens d’Israël et admiré le régime brésilien de Bolsonaro.

Une faible antidote

Mais les admirateurs des colonialistes et des nazis n’auraient jamais acquis une grande popularité sans le soutien indirect du… camp opposé. Si l’on examine la géographie de la “renaissance brune”, on constate qu’elle a atteint sa plus grande ampleur dans les pays dont les gouvernements sont de centre-gauche. Au Portugal, pays dirigé par le parti socialiste, le taux de pauvreté est passé de 12 % à 16 % pendant la pandémie. Par ailleurs, 20 % des citoyens se situent à la limite critique. En six ans, les socialistes n’ont toujours pas abrogé les lois du cabinet précédent qui ont réduit les droits des travailleurs et lancé une campagne de privatisation massive. Cela a conduit à des protestations croissantes. Ces dernières semaines, les travailleurs du métro et de la compagnie ferroviaire nationale de la capitale, les médecins, les enseignants et les pompiers ont fait grève. Ils réclament des salaires supérieurs à l’inflation et une extension de leurs droits.

Les autorités n’écoutent pas la voix des travailleurs. Fin octobre, le conflit s’est déplacé au Parlement. Le Parti communiste portugais (PCP) et le Bloc de gauche ont refusé de soutenir le projet de budget. “Le pays n’a pas seulement besoin d’un budget, il a besoin de réponses aux problèmes exacerbés par la pandémie, d’une augmentation des investissements publics dans les soins de santé et les logements abordables”, a déclaré Geronimo de Souza, secrétaire général du PCP. Les communistes ont qualifié de dérisoire le projet des autorités d’augmenter le salaire minimum de 40 euros et la pension de 10 euros. Les propositions du PCP comprenaient une augmentation du salaire minimum de 665 à 850 euros par mois et des modifications du code du travail.

Le Premier ministre António Costa n’a pas caché l’engagement du gouvernement envers l’Union européenne, qui a promis à Lisbonne une aide de 45 milliards d’euros. “Nous ne pouvons pas risquer d’ébranler la confiance internationale durement gagnée”, a-t-il déclaré. Mais ni la persuasion ni les menaces aux autorités n’ont aidé. Le budget n’a toujours pas été adopté dans le délai imparti et, par conséquent, le Parlement a été dissous. Des élections anticipées auront lieu le 30 janvier. “Chega ne cache pas sa satisfaction. André Ventura a accusé la gauche de “la plus grande paupérisation” et a déclaré que seule l’extrême droite sauverait le pays. Pour lui, le slogan de la “révolution des œillets” “Fascisme – plus jamais ça !”, doit être remplacé par “Socialisme – plus jamais ça !”.

La situation est similaire en Espagne, où le gouvernement n’a pas réussi à contenir la crise. La pandémie s’est superposée à une politique d’austérité que les socialistes n’ont pas osé arrêter. L’âge de la retraite continue d’être relevé graduellement et la réforme néolibérale du travail n’a pas été abrogée. Le projet de budget pour 2022 prévoit une augmentation de 2 % des salaires des fonctionnaires, soit bien moins que l’inflation. D’autre part, les dépenses militaires augmenteront de 10 %. Et ce, malgré le fait que le taux de pauvreté ait presque doublé. Un tiers des jeunes espagnols sont au chômage et la moitié de ceux qui ont un emploi sont sous contrat temporaire. Comme au Portugal, le gouvernement suit les diktats de Bruxelles qui met en garde contre l’augmentation des dépenses sociales.

Profitant de cette situation, l’opposition intensifie ses attaques. La Cour suprême, à majorité conservatrice, a été choisie comme arme de prédilection. Elle a récemment jugé qu’Alberto Rodriguez, député du parti Podemos, devait être déchu de son mandat. La raison en est un coup que l’homme politique aurait porté à un policier lors d’une manifestation il y a sept ans. La nature partisane du procès n’a pas empêché le président du Parlement socialiste d’accepter d’exclure le député. “La leader de Podemos, Yolanda Diaz, qui occupe le poste de vice-premier ministre, s’est également lavée les mains du procès. “Nous respectons les décisions judiciaires”, a-t-elle rapporté. Dans le même temps, les militaires surpris dans une série de vidéos à faire des saluts nazis n’ont pas été sanctionnés.

Cela n’a fait que donner des ailes à l’extrême-droite. Six antifascistes de Saragosse et Isabel Serra, membre du conseil métropolitain, ont été condamnés à la prison après une plainte de Vox et une amnistie pour les politiciens catalans condamnés a été contrecarrée. De telles concessions sont monnaie courante chez les socialistes européens. Certains d’entre eux (comme le député portugais Pedro Marques) ont soutenu la demande de Vox pour l’attribution du Prix Sakharov à l’ancienne chef de la junte bolivienne, Janine Añez.

La situation en Italie est encore plus paradoxale. Le pays est gouverné par un cabinet qui, outre le Parti démocratique de centre-gauche, comprend la Ligue de droite et Forza Italia. La seule opposition reste les Frères italiens, qui jouent habilement sur le mécontentement croissant. “Les gens des banlieues abandonnées et la classe ouvrière sont ceux pour qui nous travaillons !”. – affirme Meloni. Le populisme tombe sur un terrain fertile. Pendant la pandémie, la proportion de familles pauvres est passée de 6,4 % à 7,7 %. Le nombre de milliardaires est passé de 43 à 51 et leur richesse combinée de 126 à 205 milliards de dollars au cours de la même période. Ceux qui avaient l’habitude de voter pour des communistes choisissent de plus en plus l’extrême droite en tant qu'”ennemis de l’establishment”. Cette illusion est entretenue par la gauche elle-même, qui a échangé la lutte des classes contre la protection des droits des minorités et autres ersatz. La bourgeoisie, quant à elle, se frotte les mains du succès de l’opération.

Sergei Kojemiakine, la Pravda

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2 Commentaires

  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    En Espagne sous le gouvernement socialiste la monarchie est toujours d’actualité, Roi imposé par Franco.
    Dans le même temps des prisonniers politiques continuent d’être enfermés sans aucun soutien de la gauche au pouvoir. Pablo Hasel croupis toujours dans la prison de LLeda, Catalogne, les franquistes quand à eux appellent à la haine en place publique sous le regard de la police espagnole.
    Le silence pesant de la gauche laisse un boulevard à l’Europe fasciste.
    L’Espagne poursuit sa désindustrialisation, les travailleurs perdent des emplois stables et bien rémunérés, ceci au profit de l’Allemagne.
    Vox progresse et milite dans les quartiers populaires.
    L’Espagne soumise à l’Allemagne, à la France et aux USA propose à son peuple de s’en prendre aux plus pauvre qu’eux les migrants exploités dans les champs agricoles.
    La France aussi vend régulière son industrie, dernière nouvelle du jour, la fusion Orange DeutchTelekom pourrait refaire surface.
    L’extrême droite qui partout vend son pays à leurs maîtres USA, Allemagne, RU en particulier.
    Le comble ils se présentent comme patriotes.

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  • Youri
    Youri

    Bonjour. Une petite remarque. Yolanda Diaz, la ministre du travail, n’est pas membre de Podemos, mais pour le momment, encore membre du PCE (sauf abandon clandestin du genre de celui qu’elle a opéré dans un récent passé, quand elle a rendu public qu’elle avait abandonné Izquierda Unida 6 mois auparavant…). Le secretaire général du PCE, Enrique Santiago, est pour sa part secrétaire d’Etat chargé de “l’Agenda 2030” et a récemment ratifié son soutien au Gouvernement durant les luttes des ouvriers métallurgistes en grève pour leur convention collective. Un gouvernement d’union de la gauche, avec des ministres encartés au PCE, qui a même envoyé des véhicules blindés pour réprimer les grévistes….Après on s’étonne que l’extrême droite avance au sein des classes populaires–

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