Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Blocage des convois ukrainiens à la fontière polonaise

Non seulement s’écroule la figure du héros, redevenu petit clown tragique qui va payer pour l’échec mais la fiction d’une Pologne amie de l’Ukraine et le blocage des convois ukrainiens à la frontière dit la réalité de la balkanisation, de l’ukranisation de l’Europe. Quelques mythes s’écroulent 1) si, comme la propagande qui nous submerge depuis des mois, que dis-je des années, l’Ukraine était absolument indispensable pour nourrir les peuples affamés d’Afrique et autres, la Russie portant le poids de ce “crime”même si elle offre déjà une partie de sa production, on ne comprendrait pas ce blocage dans lequel les agriculteurs mécontents ont été rejoint par les routiers. En fait la production céréalière et agricole ukrainienne est au mains des trusts de l’agroalimentaire allemand en particulier et avec sa main d’œuvre taillable et corvéable à merci, elle est effectivement concurrente de la production polonaise. 2) Le Ministre des Affaires étrangères ukrainien a déclaré qu’il voulait être intégré à l’UE en même temps que les Balkans. On ne saurait être plus clair, non seulement il faut une procédure accéléré pour ce pays aux mains des trusts et de l’Otan mais le projet qu’il porte est celui de la balkanisation de l’Europe avec ses rivalités intestines identitaires et avec les concurrences dans l’exploitation de la force de travail, le tout entraînant un appel à la militarisation et la montée des extrêmes-droites.

La Commission européenne a sévèrement dénoncé le blocus à la frontière ukrainienne mis en place par les camionneurs et les agriculteurs polonais, menaçant d’engager une action en justice contre le gouvernement de Varsovie.

Après un mois de blocages, c’est le premier accord qui promet d’améliorer la situation à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne. Depuis la suppression du permis de passage de l’Ukraine vers l’Union européenne au début de la guerre, les relations entre Kiev et ses voisins sont empoisonnées par une rivalité commerciale. 

D’un côté, les Ukrainiens redirigent leurs exportations vers l’Ouest. De l’autre, les transporteurs polonais dénoncent une concurrence déloyale qui leur ferait perdre leur compétitivité. L’autorisation de passer par le poste frontière d’Uhryniv à vide pour rentrer en Pologne est donc une première concession de la part de Kiev. En revanche, elle ne change rien pour les centaines de routiers ukrainiens empêchés de rentrer dans leur pays depuis plusieurs semaines. 

Depuis plusieurs semaines, des manifestants polonais bloquent le passage de la frontière avec l’Ukraine.© DAMIEN SIMONART/AFP or licensors

“La vérité est que je trouve la situation à la frontière polonaise avec l’Ukraine absolument inacceptable”, a déclaré mercredi Adina Vălean, la commissaire européenne chargée des transports.

“Si je soutiens le droit des gens à protester, l’ensemble de l’UE, sans parler de l’Ukraine, un pays actuellement en guerre, ne peut pas être pris en otage par le blocage de nos frontières extérieures. C’est aussi simple que cela”.

Depuis le 6 novembre, les camionneurs et les agriculteurs polonais bloquent le transit par différents postes-frontières le long de la frontière polono-ukrainienne. Lundi, les restrictions en vigueur 24 heures sur 24 ont été étendues à un quatrième point de passage, à Medyka, ce qui a encore aggravé la crise.

Seuls les véhicules transportant de l’aide humanitaire et militaire sont autorisés à entrer.

En conséquence, des milliers de camionneurs ukrainiens se sont retrouvés bloqués et contraints d’attendre des jours entiers avant de pouvoir passer de l’autre côté, les files d’attente s’étirant sur plus de 30 kilomètres en territoire polonais. Les conditions difficiles sur le terrain, notamment les températures inférieures à zéro et l’absence d’installations sanitaires, ont suscité des inquiétudes en matière de sécurité.

Deux conducteurs ukrainiens qui attendaient de passer la frontière sont morts à l’intérieur de leur véhicule, apparemment de mort naturelle.

Les manifestants polonais demandent la réimposition des règles d’avant-guerre pour les camionneurs ukrainiens, qui ont été exemptés de l’obligation de détenir un permis de transport. Ce changement a été introduit l’année dernière dans le cadre des “couloirs de solidarité” de l’Union européenne, qui visent à aider le pays déchiré par la guerre à soutenir son économie nationale et ses relations commerciales.

Les manifestants souhaitent également que les camions vides qui quittent l’Ukraine pour se rendre dans l’UE soient exclus du système de file d’attente électronique mis en place par Kiev et que des mesures soient prises pour empêcher les transporteurs biélorusses et russes de se soustraire aux sanctions internationales.

Selon le ministère polonais des Infrastructures, les changements introduits par les “couloirs de solidarité” ont bouleversé la concurrence au détriment des chauffeurs polonais : en 2021, l’année précédant le déclenchement de la guerre par la Russie, les camionneurs polonais détenaient 38 % de parts de marché contre 62 % pour leurs concurrents ukrainiens, qui offrent des tarifs moins élevés et ne sont pas tenus par les normes de l’UE. À la fin du mois d’octobre, ces chiffres étaient respectivement de 8 % et 92 %.

Mais contrairement aux interdictions imposées plus tôt cette année sur les céréales ukrainiennes exemptes de droits de douane, ces restrictions frontalières ne sont pas établies ou approuvées par le gouvernement polonais de droite dure, qui a perdu le pouvoir après les élections d’octobre.

“Nous restons en contact permanent avec le secteur des transports. Nous discutons également avec le gouvernement ukrainien et la Commission européenne parce qu’ils détiennent la clé pour supprimer les causes directes de cette protestation”, a déclaré mercredi Alvin Gajadhur, le ministre polonais des infrastructures par intérim.

Le commissaire Vălean n’a toutefois pas semblé convaincu par cette ouverture et a publiquement reproché au gouvernement polonais de ne pas faire sa part pour résoudre le conflit.

“Il n’y a pas de bonne foi dans la recherche d’une solution. C’est ce que je constate aujourd’hui”, a déclaré M. Vălean, “les autorités polonaises ne s’impliquent pratiquement pas”.

“Je dis cela parce que les autorités polonaises sont censées faire respecter la loi à cette frontière”, a-t-elle ajouté.

La commissaire a déclaré qu’il existait une liste de “mesures techniques” susceptibles d’atténuer les tensions et de rétablir le transit, mais que ces mesures “doivent être acceptées par la partie polonaise”.

“Nous poursuivons le dialogue, mais nous nous réservons le droit d’intervenir en tant que Commission, même par le biais d’une procédure d’infraction, contre ceux qui ne respectent pas les règles et n’appliquent pas la loi”, a noté Mme Vălean.

La procédure d’infraction est l’un des instruments dont dispose l’exécutif pour s’assurer que la législation européenne est appliquée de manière adéquate et uniforme dans l’ensemble de l’Union. La procédure comporte plusieurs phases et peut conduire à un procès devant la Cour européenne de justice, qui peut imposer des amendes journalières à un Etat membre qui ne respecte pas la législation.

L’Ukraine est disposée à trouver un compromis avec la Pologne, mais affirme que ses conducteurs doivent d’abord recevoir de la nourriture et des services d’urgence. L’Ukraine a également ouvert la porte à l’évacuation des personnes bloquées en Pologne.

Par ailleurs, les camionneurs slovaques ont menacé de se joindre au blocus à partir du 1er décembre si aucune mesure n’est prise pour réduire la concurrence des transporteurs ukrainiens, selon l’Union des transporteurs slovaques (UNAS).

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