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Le ‘massacre de la place Maidan’ en Ukraine : d’où provenaient les tirs ?

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Le weekend, Histoire et société ne se contente pas de se transformer en magazine, le site, ses collaborateurs de plus en plus nombreux, vous offrent souvent de longs articles qui sont des pièces au dossier, que l’on doit garder par devers soi et lire comme des livres parce qu’ils présentent l’état des recherches sur la question. Il en est ainsi de ce très long article dossier sur les événements du Maïdan traduit dans plusieurs langues dont l’anglais. Jean-Luc Picker a bien voulu en faire une traduction en attendant l’officielle qui est en chantier. Histoireetsociete vous présente donc cet incontournable analyse d’événements dont nous vivons aujourd’hui les suites dramatiques. (note de Danielle Bleitrach traduction de Jean Luc Picker)

The “snipers’ massacre” on the Maidan in Ukraine, traduction Jean-Luc Picker

Le ‘massacre de la place Maidan’ en Ukraine :

D’où provenaient les tirs ?

Résumé

Cette étude cherche à déterminer quel côté du conflit est impliqué dans le massacre du Maidan en 2014 en Ukraine.

Le massacre de manifestants et de policiers sur la place du Maidan le 20 février 2014 a marqué un tournant dans l’histoire politique de l’Ukraine. La tuerie a provoqué la chute du gouvernement ukrainien qui à son tour a entraîné une guerre civile dans le Donbass, l’intervention militaire russe dans le Donbass et la Crimée puis l’annexation de la Crimée par la Russie. Elle a initié une dangereuse escalade du conflit entre l’Ukraine et la Russie et entre l’Occident et la Russie qui a débouché sur la décision russe d’envahir illégalement l’Ukraine en février 2002.

Cet article veut utiliser et tester la théorie du choc moral sous-tendant le retournement contre l’état de ses politiques répressives. L’analyse synchrone du contenu des vidéos, les témoignages de plusieurs centaines de témoins, les confessions de 14 membres avoués des groupes de snipers [a] du Maidan [b] et enfin la location des impacts de balle montre que policiers et manifestants ont été massacrés par des snipers du Maidan à partir d’emplacements et de bâtiments contrôlés par lui. L’analyse synchrone des vidéos montre que les tirs par les membres des Berkout[c] ne correspondent ni par leur minutage, ni par leur direction, avec la mort de manifestants identifiés. Les témoignages d’une majorité absolue de manifestants blessés, d’environ 100 témoins, les investigations balistiques et médico-légales menées par les experts dans le cadre de l’enquête sur le massacre et le procès qui s’en est ensuivi corroborent tous cette conclusion.

Cet article montre de plus que cette opération sous fausse bannière a été organisée rationnellement avec la participation d’éléments de l’oligarchie et de l’extrême-droite du Maidan afin de renverser le gouvernement en place en Ukraine.

« Il est défendu de tuer ; tout meurtrier est puni, à moins qu’il n’ait tué en grande compagnie et au son des trompettes ; c’est la règle ». Voltaire[d]

1.    Introduction et définition de la question

Le massacre des manifestants et de policiers pendant le mouvement dit de « l’Euromaidan », le 20 février 2014 en Ukraine représente un cas d’école de violence politique. Il a conduit au renversement du gouvernement semi-démocratique et corrompu de Viktor Yanukovych et a marqué un tournant essentiel du conflit ukrainien. Les morts de manifestants, et celles de policiers qui les ont précédées, ont conduit au renversement du gouvernement pro-russe de Viktor Yanukovich, puis au déclenchement de la guerre civile dans le Donbass, à l’intervention de la Russie en Crimée et dans le Donbass, à l’annexion de la Crimée par la Russie et à un conflit inter-étatique entre l’Occident et la Russie, ainsi qu’entre l’Ukraine et la Russie qui a débouché sur la décision russe d’envahir illégalement l’Ukraine le 22 février 2022. Cette guerre ukrainienne a maintenant débordé dans un conflit entre l’Occident et la Russie (voir Black & Johns7 ; Hahn13; Katchanovski18,19,20,22; Kudelia26; Sakwa33)[e].

Cette étude fait usage de la théorie du choix rationnel, et particulièrement de la théorie de rationalité instrumentale de Weber, ainsi qu’à la théorie du retournement contre elle-même de la répression étatique. Elle analyse un ensemble de preuves permettant d’établir qui, du gouvernement de Yanukovich, de l’opposition Maidan ou d’une ‘troisième force’ éventuelle, a été impliqué dans la tuerie des manifestants et des policiers. L’objectif de cette recherche est de déterminer quelle partie ou quelles parties à ce conflit ont tué manifestants et policiers.

La version dominante relayée par les gouvernements et les médias ukrainiens et occidentaux attribue la responsabilité du massacre des manifestants du Maidan, le 20 février 2014, aux forces du gouvernement de Yanukovich et passe généralement sous silence les morts dans les rangs policiers qui sont intervenues au même endroit et en même temps (Boyd-Barrett8)[f]. Le Bureau du Procureur Général d’Ukraine (PGU) a renvoyé devant le tribunal des membres des Berkut accusés d’avoir tué ou tenté de tuer des manifestants le 20 février 2014 (Katchanovski23).

Des vidéos montrant de nombreux manifestants atteints mortellement ou blessés, des vidéos montrant des membres des Berkut en train de tirer, ainsi que des vidéos et photos des unités de snipers ‘Omega’ (appartenant à la police nationale) et des enregistrements audio des snipers des unités ‘Alpha’ (appartenant aux Services de Sécurité Ukrainien, SBU) ont été présentées par le gouvernement et les médias ukrainiens comme preuves irréfutables que la police avait tué les manifestants. Des dépositions, des interviews, et les récits de nombreux manifestants et journalistes occidentaux et ukrainiens accusent les snipers gouvernementaux, au sol et sur les bâtiments environnants, d’avoir conduit le massacre. Enfin, de nombreux impacts de balle ont été relevés dans des arbres, des poteaux électriques et les murs de l’hôtel Ukraina du côté où se trouvaient les Berkout et les snipers gouvernementaux et ils ont été présentés par l’accusation comme preuves irréfutables qu’ils ont tirés sur les manifestants.

Pourtant, à l’opposé de cette version dominante, un programme de la chaine de télévision allemande Monitor a présenté les résultats de sa propre investigation montrant que des snipers étaient basé dans l’hôtel Ukraina et que l’enquête du gouvernement avait été manipulée[g]. Une enquête de la BBC a montré des résultats similaires et a affirmé que des snipers basés au Conservatoire de Musique avaient tiré sur la police[h][i]

2.    Etudes Précédentes

En dépit de sa signification intrinsèque, et des conséquences majeures qu’il a entraînées, le massacre du Maidan n’a fait l’objet que de rares études académiques. La plupart d’entre elles ont conclu que l’extrême droite – en particulier Secteur Droit et Svoboda-, ainsi que des éléments de l’oligarchie liés au Maidan avaient été impliqués dans une opération sous fausse bannière qui a abouti au massacre de manifestants et de policiers (voir Hahn13; Katchanovski19,21,23). L’enquête et le procès menés en Ukraine ont mis à jour un certain nombre de preuves – tels que les témoignages de la majorité absolue des manifestants blessés au cours de la journée (près de 100 témoins de la défense comme de l’accusation), des rapports d’expert balistiques et de la médecine légale ainsi que des vidéos – indiquant que les manifestants et les policiers avaient été massacrés par des snipers postés dans les bâtiments contrôlés par le Maidan. Pourtant, personne n’a été arrêté ou condamné pour les faits, dans ce qui peut être vu comme une tentative de camouflage des responsabilités (voir Katchanovski23).

L’analyse d’une base de données des manifestations de l’EuroMaidan par Ishchenko15,16 et Ishchenko et Zhuravlev17 a mis en évidence une large implication de l’extrême droite dans les différents épisodes de violence, mais n’a pas étudié spécifiquement le massacre du Maidan. Certaines autres études académiques suggèrent l’implication de l’extrême droite dans le massacre du Maidan (voir par exemple : Bandeira3 (pp. 206–207); Cohen11 ; Lane28; Mandel29 ; Sakwa33(pp. 90–92))

Une autre étude est venue confirmer les conclusions d’implication de l’extrême droite dans le massacre des policiers et affirme, sur la base de sources secondaires, que la violence est venue en premier lieu des manifestants du Maidan qui ont tué et blessé de nombreux policiers et que la Berkut a ensuite répondu par le massacre de manifestants (Kudelia25)

A l’opposé, un certain nombre d’études sur l’EuroMaidan attribuent le massacre des manifestants aux unités anti-émeutes de la Berkut et à des snipers appartenant au Service de Sécurité de l’Ukraine (SBU) et aux Troupes de l’Intérieur (voir par exemple Marples&Mills30). Mais ces études ne sont pas basées sur une analyse exhaustive de ce cas extrême de violence politique et acceptent sans réserve les affirmations des politiciens du Maidan et des gouvernements ukrainien et occidentaux accusant les snipers des unités Alfa du SBU et Omega des Troupes de l’Intérieur et/ou les compagnies de la Berkut d’avoir perpétré le massacre des manifestants sur ordre de Yanukovych.

D’autres études, sans faire une analyse approfondie du massacre du Maidan, se sont appuyées sur un modèle (SITU) basé sur trois des manifestants tués. Ce modèle a été produit par une société d’architecture SITU de New York pour le compte des avocats du Maidan. La cour a toutefois refusé de le prendre en compte au cours du procès. Ce modèle altère la direction du trajet des balles en modifiant la localisation des blessures par rapport aux localisations observées par les experts du gouvernement ukrainien dans le cadre de l’enquête et du procès. (voir Katchanovski23)

D’autres études plus antérieures ne s’appuient pas sur un examen exhaustif systématique des sources disponibles telles que vidéos, photos, enregistrements sonores, interviews et témoignages de manifestants du Maidan, de journalistes, de snipers gouvernementaux et de membres de la Berkut dans les médias et les réseaux sociaux. Cette étude cherche à combler cette lacune en produisant une analyse exhaustive et systématique de l’ensemble des éléments à disposition.

3.    Bases théoriques

Cette étude repose sur le cadre théorique du choix rationnel et de la théorie Webérienne du choix rationnel et étudie la théorie du choc moral sous-tendant le retournement contre l’état de ses politiques répressives. La théorie du choix rationnel considère que les personnes agissent de façon calculée en fonction de leurs intérêts propres. Cette théorie a été appliquée à un éventail d’événements politiques (voir pour exemple Bates&al4). Une limite est qu’elle assume que les personnes ont toute l’information nécessaire pour décider de la rationalité de leurs actions. La théorie Wébérienne de l’action sociale, elle, considère que l’action rationnelle instrumentale est le type d’action idéal, mais que doivent aussi être interprétées et comprise des sociologues d’autres types d’action faisant intervenir l’action rationnelle en valeur, en tradition ou en affect. L’action rationnelle instrumentale implique que « l’acteur atteigne de façon rationnelle ses buts rationnellement calculés » (Weber36, pp. 24-26).

Alors que la théorie du choix rationnel considère tous les actes comme rationnels et calculés, Weber reconnaît d’autres types d’action, affectives ou émotionnelles (Weber36, pp. 25). Des actions irrationnelles, émotionnelles ou erronées, peuvent également survenir au cours de conflits violents et de situations révolutionnaires (voir Beissinger5). Par exemple, une analyse du massacre du Maidan par un journaliste pro-Maidan, souligne les sentiments de haine entre les manifestants et la police (Koshkina24).

Le narratif le plus largement accepté du massacre apparaît irrationnel du point de vue à la fois de la théorie du choix rationnel et de la théorie Wébérienne de l’action rationnelle instrumentale. Yanukovych et ses alliés ont perdu tout leur pouvoir et une grande partie de leur fortune. Cette tuerie de masse les a obligé à s’enfuir d’Ukraine, le massacre des manifestants ayant sapé la légitimité du gouvernement, y compris parmi de nombreux députés du Parti des Régions qui ont rejoint l’opposition et ont voté pour le destituer du poste de président. De même, la retraite de la police, qui a quitté ses positions sur la place du Maidan après le massacre des manifestants revêt un caractère d’irrationnalité. De plus, étant donné que la Berkut et les unités des Troupes Intérieures étaient équipées d’armes non-létales pour arrêter des manifestants non armés, il eût été plus rationnel d’utiliser des munitions à balles réelles ou des snipers pour des tirs de sommation ou pour cibler des manifestants armés ou les leaders du Maidan, plutôt que pour tuer des manifestants cherchant à avancer. De même, les efforts répétés par les manifestants pour avancer dans la rue de l’Institut[j], étroite et d’importance mineure, apparaissent irrationnels et difficiles à expliquer du point de vue de ces théories, si l’on considère qu’un nombre important de personnes avançant sous un feu constant équivaut à une action irrationnelle de suicide collectif. Alors que certains parmi les dirigeants du gouvernement, les policiers, et les manifestants pourraient avoir agi par rationalité de valeur, par exemple motivés par l’idéologie, ou agi de façon affective basée sur leurs émotions, ou encore mal calculé leur action rationnelle instrumentale, que tous ces acteurs aient pu agir de façon irrationnelle au même moment relèverait de l’anomalie.

Le narratif dominant véhiculé par les gouvernements ukrainiens et, avec de rares exceptions, les médias ukrainiens et occidentaux est conforme aux théories du retournement contre l’état de ses politiques répressives. Ces théories suggèrent que des tentatives de supprimer un mouvement de masse par la violence peut produire un effet inverse en réponse, conduisant à la défaite de forces gouvernementales bien supérieures par des manifestants pacifiques dans un conflit asymétrique (voir par exemple Anisin2,1 ; Chenoweth&Stephan10 ; Hess&Martin14 ;Martin31 ;Sharp34).

La théorie du retournement présuppose que la répression étatique soit perçue comme totalement injustifiable ou disproportionnée, et que l’information sur la répression soit communiquée au public et à d’autres acteurs tels que des gouvernements étrangers (voir Martin31). On pourra citer comme exemple de répression étatique se retournant contre l’état le massacre du Dimanche Sanglant, qui a débouché sur la révolution russe de 1905 et le massacre de Jallianwala Bagh (Amristar) de manifestants pour l’indépendance par l’armée britannique des Indes, qui a accéléré le mouvement pro-indépendance de Mahatma Gandhi (voir Anisin2,1).

Les théories du retournement de la répression étatique suggèrent que le massacre sur le Maidan de manifestants anti-gouvernementaux non-armés a été une forme extrême de répression étatique par le gouvernement de Yanukovych et de ses forces de répression et avait pour but de mettre un terme au mouvement de masse du Maidan. La répression étatique du mouvement pacifique du Maidan par une tuerie de masse de ses participants ne s’est retournée contre l’état qu’après qu’une large publicité lui ait été faite dans les médias et les réseaux sociaux en Ukraine et en Occident. La tuerie de masse des manifestants a été massivement désapprouvée par le public et s’est retournée contre le gouvernement de l’époque, le rendant illégitime. Yanukovych et les dirigeants gouvernementaux, accusés d’avoir causé la tuerie, ont été réduits à fuir l’Ukraine pour échapper à la justice ou à d’autres formes de rétribution.

Les théories du retournement de la répression étatique impliquent aussi que le gouvernement agisse rationnellement pour couvrir la violence étatique et ses responsables afin de tenter de minimiser les chances de retournement contre lui. Si le gouvernement de Yanukovych, sa police et ses forces de sécurité, ou tout autre ‘troisième force’ pro-Yanukovich, ont vraiment été responsables du massacre, on aurait été en droit de s’attendre à une entreprise de blanchiment de leur part, ainsi qu’à un processus judiciaire sérieux et diligent de la part du nouveau gouvernement issu du Maidan. Il était dans l’intérêt rationnel de ce dernier, qui a basé sa légitimité sur le massacre, d’enquêter et de juger rapidement et efficacement ce qui apparait comme l’un des massacres les mieux documentés de l’histoire mondiale.

Les études précédentes ont éludé la question du choc moral dans les mécanismes sous-tendant le retournement de la répression étatique contre l’état. Ces mécanismes peuvent être exploités par l’opposition ou par des acteurs pro-opposition dans leur propre intérêt, basé sur un calcul des coûts et des bénéfices attendus. Provoquer le gouvernement à user de violence contre les protestataires, ou mettre en scène cette violence en l’attribuant à la répression étatique peut être une action rationnelle au titre des théories du choix rationnel ou des théories Wébériennes de la rationalité instrumentale pour des acteurs motivés par leur propre intérêt et non limités par des considérations éthiques.

Il y a donc pour l’opposition une incitation à provoquer un choc moral qui peut la pousser à produire une événement transformateur ayant la capacité non seulement d’attirer une large publicité et un désaveu massif de la part des opinions publiques, mais aussi de susciter un élargissement massif de la mobilisation populaire et du soutien domestique et international, lui permettant d’arracher des concessions voire d’aboutir à un changement de régime. Que la violence soit provoquée ou mise en scène par des acteurs pro-opposition, elle a le potentiel de se retourner contre le gouvernement en sapant sa légitimité et sa capacité à utiliser ses forces de police, de sécurité ou militaires aboutissant à une victoire de l’opposition dans un conflit asymétrique. Cela augmente considérablement les chances que des secteurs des forces gouvernementales démissionnent ou que des officiers de haut rang, des haut-fonctionnaires et des politiciens lâchent le gouvernement en exercice. Une telle provocation à la violence, ou sa mise en scène sous fausse bannière, est un jeu à haut risque mais avec des gains potentiels majeurs. La nécessité de minimiser les risques en cas d’échec ou de mise à nu du stratagème implique que l’utilisation de la provocation, ou sa mise en scène sous fausse bannière, demeure exceptionnelle et ne puisse être mise en place qu’avec une bonne couverture y compris après l’événement.

La théorie du choc moral dans le cas du Maidan pourrait ainsi expliquer que certains éléments de l’oligarchie pro-Maidan et l’extrême droite du Maidan aient cherché à provoquer le massacre des manifestants, par exemple en tuant et blessant des membres de la police, ou aient mis en scène directement cette tuerie par eux-mêmes dans le but d’en accuser les dirigeants gouvernementaux et leurs forces de répression, dans l’espoir de créer un événement transformateur leur permettant de s’emparer du pouvoir en Ukraine. Il y aurait alors une incitation très forte pour les gouvernements issus du Maidan à couvrir une telle provocation ou mise en scène, impliquant une limitation stricte de l’enquête sur le massacre du Maidan.

Il existe des exemples historiques de violence provoquée et mise en scène en Roumanie durant la ‘révolution’ anti-communiste de 1989, qui ont constitué des événements transformateurs. L’ex-président, son premier ministre et un certain nombre d’autres dirigeants de la ‘révolution’ ont été mis en jugement en 2018 et 2019 par les procureurs roumains qui les accusent de crimes contre l’humanité. Juste après leur prise de pouvoir, ils auraient répandu de fausses informations et monté des opérations de diversion ayant conduit au massacre sous fausse bannière de 863 personnes. L’acte d’accusation énonce qu’ils auraient orchestré ces massacres ainsi que d’autres épisodes de violence afin de légitimer leur pouvoir et leur permettre d’en accuser le dirigeant du parti et du gouvernement communiste, Ceausescu, puis de l’exécuter à l’issue d’un simulacre de procès qu’ils ont contribué à organiser. Les accusés, ainsi que d’autres dirigeants du nouveau gouvernement roumain et des militaires de haut-rang, auraient provoqué et mis en scène sous fausse bannière les massacres de leurs supporters par d’autres supporters de leur gouvernement. Ils avaient prétendu que des snipers et autres loyalistes de Ceausescu – étiquetés terroristes – ciblaient les supporters du nouveau gouvernement[k]

Un retournement de la répression étatique peut aussi être provoqué par des exécutions, des assassinats, des empoisonnements, des tabassages ou la torture des leaders de l’opposition, des militants et des protestataires en provoquant un choc moral. Par exemple, des vidéos et des témoignages de plusieurs militants et témoins oculaires du Maidan indiquent que la dispersion violente des manifestants du Maidan le 30 novembre 2013 a été provoquée par les leaders de l’opposition, Secteur Droit et le chef de l’administration de Yanukovych. Comme d’autres médias et chaînes de télévision ukrainiens et étrangers, sa chaîne de télévision a filmé et publié la dispersion sous l’angle de violences policières non provoquées dirigées contre des étudiants sur ordre de Yanukovych. Ces violences policières furent utilisées pour déclencher les manifestations de masse sur la place du Maidan contre Yanukovych et son gouvernement (voir Katchanovski21)

De tels chocs moraux peuvent aussi être provoqués par la violence intergouvernementale et provoquer un retournement des conflits. Un exemple parmi d’autres est celui des attaques sous fausse bannière organisées par les Nazis allemands déguisés en Polonais pour attaquer le territoire allemand, entre autres à Gleiwitz. Cet épisode fut utilisé par l’Allemagne nazie comme prétexte à son invasion de la Pologne, conduisant au déclenchement de la seconde guerre mondiale. Une autre opération sous fausse bannière est le cas du bombardement du village de Mainila par les gardes frontières de l’Union Soviétique en 1939 qui a été utilisé par l’Union Soviétique comme casus belli pour déclencher une guerre contre la Finlande. Les forces soviétiques avaient bombardé le village sur ordre du gouvernement soviétique qui en avait ensuite imputé la responsabilité à la Finlande (Spencer35). Un élément de choc moral existe aussi dans le cas d’interventions humanitaires déclenchées par des actions perverses et frauduleuses d’acteurs politiques cherchant à provoquer une répression étatique violente pour obtenir l’intervention d’états étrangers en leur faveur (Kuperman27). 

L’utilité des théories du retournement de la répression étatique contre elle-même, du choix rationnel et l’analyse basée sur les théories Wébériennes de la rationalité ne s’applique pas seulement dans le cas du massacre du Maidan. Ce cadre théorique peut aussi être utilisé avec profit pour l’étude universitaire, basée sur les faits, d’autres cas possibles de violence sous fausse bannière en Ukraine ou dans d’autres pays.

4.    Données et méthode

Cette étude s’appuie sur l’analyse du contenu de toutes les vidéos, photos et enregistrements sonores disponibles dans le domaine public et réalisées pendant le massacre du Maidan le 20 février en anglais, ukrainien, russe, polonais et autres langues, ainsi que sur l’analyse de plusieurs centaines de témoignages au sujet de ce massacre utilisant une méthodologie d’analyse qualitative des interviews. Nous avons analysé le contenu – manifeste et latent – de plus de 2000 vidéos et enregistrements en direct publiés sur Internet ou diffusés par des chaînes de télévision dans près de 50 pays, ainsi que les bulletins d’information et les posts sur les réseaux sociaux de 120 journalistes couvrant les événements depuis Kiev, plus de 6000 photos et près de 30 GB d’interception de communications radio des snipers et du commandement des Services de Sécurité d’Ukraine et des Troupes de l’Intérieur, disponibles pour le public.

Nous avons réalisé cinq compilations de ces vidéos couvrant les moments déterminants du massacre et précisant leurs sources (Vidéos A, B, C, D, E). Elles sont accessibles en consultant un site YouTube dédié. On trouvera le lien vers ces vidéos ci-dessous[l] ainsi que dans la section sur les données supplémentaires à la fin de cet article.

Nous avons synchronisé de nombreuses vidéos du massacre sur la base des concordances visuelle et audio, en utilisant en particulier les discours délivrés depuis la scène centrale du Maidan, ainsi que sur l’indication de la chronologie présente sur certaines d’entre elles, par exemple pour les reportages TV en direct, les streamings internet et les caméras de sécurité.

Les vidéos en appendices contiennent aussi des cartes montrant la position des forces gouvernementales et les bâtiments où étaient positionnés les snipers, ainsi que les emplacements et la chronologie des meurtres et des blessures de manifestants et de policiers identifiés. Les localisations et positions des snipers ont été déterminées sur la base de vidéos, de photos et de témoignages des manifestants blessés et de témoins. Dans la vidéo D, les cartes montrent la direction approximative des tirs ayant atteint des manifestants identifiés, calculés sur la base des rapports d’experts balistiques mandatés dans le cadre de l’enquête officielle, la position des manifestants au moment où ils ont été pris pour cible et les témoignages de manifestants blessés et de témoins. Les méthodes utilisées pour déterminer les localisations des tireurs ayant atteint des manifestants identifiés sont similaires à celles utilisées par les experts légistes du gouvernement dans le cadre de l’enquête officielle, les juges et les avocats du Maidan pendant le procès du massacre.

La chronologie et la synchronisation dans les compilations vidéo présentées, y compris la détermination du moment et de l’emplacement des meurtres et des blessures infligées à des manifestants identifiés, sont en accord, à quelques exceptions mineures près, avec les compilations chronologiques réalisées sur ordinateur par la société architecturale SITU et le groupe Talionis, un groupe anonyme rémunéré par le bureau du Procureur Général[m]. La compilation de Talionis a été présentée comme preuve par les avocats du Maidan pendant le procès[n]. Par contre, les compilations produites par SITU et Talionis ne couvrent pas le début du massacre du 20 février et en particulier les meurtres et blessures infligées à la police et omettent de nombreuses vidéos des snipers prises en compte dans notre étude.

Notre étude analyse également les interviews et dépositions de plusieurs centaines de témoins publiées dans les médias et sur les réseaux sociaux. La plupart sont des témoins oculaires, essentiellement des manifestants du Maidan ou des journalistes ukrainiens et étrangers. Les témoignages de témoins indirects au sujet des snipers du Maidan proviennent principalement de manifestants du Maidan, de politiciens et de journalistes favorables au Maidan. De tels témoignages ‘contre son propre intérêt’ donnés par des témoins indirects sont acceptables pour la justice criminelle des USA, du Canada et d’autres pays occidentaux (voir Martin31). Étant donné qu’il serait dans l’intérêt rationnel des membres de la Berkut et du gouvernement de Yanukovych accusés du massacre du Maidan de dénier leurs responsabilités quelle que soit leur culpabilité, leurs témoignages ne sont pas inclus dans cette analyse.

Notre étude utilise aussi le produit de l’enquête réalisée par l’auteur sur le site du massacre à Kiev en juillet 2014 ainsi que les photos prises à cette occasion. Elle inclue également le produit de nombreuses visites faites avant le massacre. A ces occasions, l’auteur a pu visiter la plupart des bâtiments entourant la place Maidan, tels que l’hôtel Ukraina, le bâtiment du siège de la Poste, le palais Zhovtnevyi, l’hôtel Dnipro et l’hôtel Kozatsky.

Une méthodologie multiméthode, combinant l’analyse de contenu des vidéos, des enregistrements sonores et des photos du massacre avec l’analyse qualitative des interviews des témoins donne à cette étude et à ses conclusions un degré de fiabilité supérieure aux études académiques standard. Des témoignages spécifiques concernant des événements spécifiques et en particulier le meurtre et les blessures de manifestants identifiés, ainsi que la localisation des tireurs sont corroborés par des preuves, tels que autres témoignages, vidéos et enregistrements sonores de ces événements ainsi que par les résultats des examens balistiques et légistes réalisés par les experts du gouvernement sur ces mêmes événements.

La même approche a été utilisée pour les autres documents tels que les vidéos. De plus, le niveau de preuve est estimé en utilisant des critères standard utilisés en méthodologie universitaire tels que validité, reconnaissance des visages et réplication.

Cette étude introduit aussi une méthodologie de reconstruction numérique d’un événement utilisable pour la recherche universitaire sur la violence politique. La méthodologie numérique de reconstruction des événements est utilisée par la justice criminelle internationale, en particulier dans les cas de massacres et autres violences politiques et par des chercheurs non-universitaires tels que Bellingcat (voir Zarmsky37). Il est utile de noter que Bellingcat n’a jamais produit d’analyse du massacre malgré l’annonce faite en février 2015 qu’il y travaillait[o]

5.    Analyse de contenu et reconstruction du massacre du Maidan

L’analyse de contenu des vidéos synchronisées, des photos et des enregistrements sonores, ainsi que les bulletins des médias et sur les réseaux sociaux, montre que l’accord de cessez-le-feu a été signé par le président en exercice Yanukovych et les leaders des partis de l’opposition Maidan vers minuit le 20 février 2014 et a été violé tôt dans la matinée. La Berkut et les Troupes de l’Intérieur étaient alors engagées dans un face à face avec les manifestants sur le Maidan (Place de l’Indépendance) au centre de Kiev (Vidéo A).

Des vidéos enregistrées par STB et 112 Ukraina montrent des snipers tirant subrepticement depuis le Conservatoire de Musique peu avant 08:00am. Une enquête de la BBC a publié des photos prises par un photographe ukrainien montrant plusieurs snipers du Maidan, équipés de fusils de chasse et d’un fusil d’assaut Kalashnikov (ou sa version chasse), à l’intérieur du Conservatoire de Musique juste après 08:00am. Un direct télévisé de 112 Ukraina diffusé à 08:00 parle de tireurs à l’intérieur du conservatoire qui aurait blessé au moins 5 policiers sur le Maidan. Une vidéo montre un policier de la Berkut sur la place du Maidan, faisant face au conservatoire et touché par des plombs mortels venant d’en haut (Vidéo A). Les Troupes de l’Intérieur ont lancé des appels radios urgents pour qu’une ambulance soit dépêchée à 08:08am [p].

Une annonce sur la scène centrale du Maidan faite vers 08:20am déclare que des militants du Maidan viennent d’arrêter un sniper et qu’il a été conduit aux Quartier Général du Maidan. Un communiqué du Parti de la Patrie[q] le 20 février 2014 établit également que des manifestants du Maidan ont été ciblés par balle depuis le toit du Conservatoire de Musique et que les tirs ont cessé après que le toit ait été investi par des militants du Maidan[r]. Étant donné qu’il aurait été dans l’intérêt rationnel des dirigeants du Maidan et des protestataires de produire des vidéos, photos ou autres documents capables de prouver que le tireur faisait partie des forces gouvernementales ou d’une troisième force leur étant hostile, leur absence indique que ce n’était pas le cas. L’annonce et le communiqué suggèrent aussi que les forces du Maidan étaient en mesure de neutraliser les snipers et que dirigeants et militants du Maidan essayaient de présenter les tirs sur les manifestants venant de bâtiments contrôlés par eux, tel que le Conservatoire de Musique, comme des opérations de snipers du gouvernement.

Les vidéos prouvent que le conservatoire était fermement en territoire contrôlé par le Maidan, avec de nombreux manifestants vus près de son entrée principale et de sa façade donnant sur la place. Aux alentours de 08:00am, un orateur sur la scène centrale réclame aux ‘chers amis’ à l’intérieur du conservatoire de mettre un terme aux tirs venant de son balcon. Un commandant d’une compagnie spéciale du Maidan et trois de ses membres ont admis dans leur média ukrainien et dans une interview de la BBC que leur unité était basée dans le bâtiment du conservatoire au moment du massacre et avait tiré sur la police[s].

Une investigation du PGU a confirmé ces dires. Le commandant – et un grand nombre des membres de cette unité, dont la liste a été fuitée des documents de l’enquête – étaient membres ou avaient des accointances avec des organisations d’extrême droite tels que le Congrès des Ukrainiens Nationalistes, Secteur Droit et Svoboda, et venaient principalement de Galice en Ukraine occidentale[t].

Un reportage vidéo de CNN (qui n’a jamais été diffusé) montre vers 08:20am, le commandant et des membres de sa compagnie armée spéciale du Maidan se déplaçant avec leurs armes vers la barricade du Maidan, face à la police et aux Troupes de l’Intérieur, utilisant des manifestants non armés comme boucliers humains. Leur apparition est rapidement suivie du son de nombreux tirs de mitrailleuse. Exactement au même endroit, et à peu près au même moment, des membres de la compagnie spéciale armée du Maidan sont filmés en train de tirer avec leurs fusils de chasse en direction de la Berkut et des Troupes de l’Intérieur en face d’eux. Un reportage en direct montre également un membre de cette compagnie du Maidan donnant à un autre membre sur la même barricade une arme à feu de type Kalashikov (Vidéo A, 05:03).

24TV pour sa part a rapporté que peu avant 08:00am, il y avait des tirs en provenance de l’hôtel Ukraina, que les snipers tiraient des plombs et que trois manifestants blessés avaient été évacués. Une vidéo filmée par un manifestant montre un des manifestants blessés en cours d’évacuation et on entend ensuite un avertissement depuis la scène centrale du Maidan au sujet d’un sniper dans l’hôtel Ukraina. Dans la foulée, un orateur sur la scène annonce que quelqu’un tire depuis l’hôtel Ukraina. Il demande à ‘nos gars, qui étaient dans l’hôtel tout à l’heure’ de vérifier ce qui se passe. (Vidéo A 00:01:19). Ces vidéos prouvent que des snipers ont tiré sur des manifestants depuis l’hôtel Ukraina, et que les forces du Maidan contrôlaient l’intérieur de l’hôtel et avait les moyens de dénoncer et de neutraliser des snipers du gouvernement ou d’une troisième force qui s’y seraient introduits.

Il y a aussi des preuves de snipers et de guetteurs dans d’autres bâtiments contrôlés par le Maidan à peu près dans les mêmes moments. Par exemple, un avertissement venu de la scène centrale parle de snipers sur les toits environnants à 08:45. Dans une vidéo, un manifestant déclare qu’il y avait un sniper sur le toit de l’hôtel Kozatsky (Vidéo A, 07:50).

Les vidéos synchronisées montrent que les Troupes Intérieures et la Berkut sont prises pour cible, certains de ses membres s’écroulent au sol et elles évacuent la place Maidan à peu près au même moment. Dans leurs communications radio, les Troupes de l’Intérieur passent des appels urgents pour un véhicule médicalisé de réanimation à 08:21am, une ambulance à 08:29, deux ambulances à 08:39 et cinq ambulances à 08:46am[u]. Cette chronologie est compatible avec les victimes enregistrées par la police et les Troupes de l’Intérieur. Plusieurs reportages dans les médias, dont ceux de plusieurs correspondants de chaînes de télévision sur le Maidan, ainsi qu’un communiqué du ministère de l’intérieur dans la matinée du 20 février relatent que les unités de la police sur le Maidan ont subi des tirs venant du Conservatoire de Musique.

La police anti-émeute (Berkut) et les Troupes Intérieures, qui assiégeaient et bloquaient la place Maidan depuis 3 mois, y faisant même des incursions, ont abandonné à la hâte leurs positions et se sont enfuies entre 08:50 et 09:00am. Des vidéos et des communications radio des Troupes Intérieures documentent des ordres de repli urgent à 08:49 et 8:50am[v]. Un grand nombre de membres de la Berkut et des Troupes Intérieures se retirent rapidement de la place Maidan aux alentours de 09:00am. Durant leur repli, un officier de la Berkut explique que la police a essuyé des tirs à balles réelles de la part de « snipers » du Maidan et que ensuite, ces snipers « sont apparus à l’avant avant dernier étage de l’hôtel Ukraina. Plusieurs autres membres de la Berkut et des Troupes Intérieures en fuite font des déclarations identiques (Vidéo A).

Que les forces du gouvernement se soient repliées à cause de l’utilisation de munitions à balles réelles à partir de bâtiments contrôlés par le Maidan ayant causé de multiples victimes en leur sein est donc une explication rationnelle des événements, soutenue par des preuves. On ne trouve dans les médias et les réseaux sociaux aucune preuve filmée, photographiée ou sonore permettant de documenter la possession ou l’utilisation (ou l’ordre d’utiliser) d’armes létales ou des balles réelles par la Berkut et les Troupes Intérieures durant cette séquence. Plusieurs vidéos montrent qu’ils étaient équipés et utilisaient des armes anti-émeutes comme des fusils à air comprimé, des balles en caoutchouc, des plombs en caoutchouc, des grenades assourdissantes et des canons à eau. Il n’y a pas non plus quelque preuve que ce soit pouvant indiquer la présence de snipers du gouvernement ou d’une troisième force dans les bâtiments contrôlés par le Maidan ni d’ailleurs dans ceux contrôlés par les forces du gouvernement ou sur la place du Maidan elle-même et ses environs.

Il n’existe pas non plus de vidéos, de photos ou d’enregistrements sonores disponibles dans les médias ou sur les réseaux sociaux montrant durant cette période des unités de la police ou d’autres forces gouvernementales, y compris de snipers, tirant à balles réelles sur les snipers dans les bâtiments contrôlés par le Maidan, ni d’ailleurs sur la barricade du Maidan, en réponse aux tirs que la Berkut et les Troupes Intérieures avaient essuyé avant de battre en retraite. L’absence de réplique, qui aurait été dans l’intérêt rationnel de la police, est un autre indicateur de l’absence de munitions ou d’armes à balle réelles dans leurs rangs à ce moment.

Un autre élément est l’absence de tirs entre les snipers à partir des divers bâtiments contrôlés par le Maidan qui suggère qu’ils n’étaient pas hostiles mais liés au Maidan lui-même.

L’analyse de contenu suggère que la police et les manifestants du Maidan ont été pris pour cible tôt ce matin du 20 février par des snipers opérant depuis les bâtiments et le territoire contrôlés par le Maidan, tels que l’hôtel Ukraina et le Conservatoire de Musique et que la police et les Troupes de l’Intérieur ont battu en retraite à cause des pertes en leur sein. Cette séquence est corroborée dans la section suivante par de multiples témoignages venus de manifestants blessés, de policiers de la Berkut, de commandants des unités de snipers gouvernementale, de témoins oculaires -manifestants et journalistes -, et par les éléments de l’enquête gouvernementale, y compris les examens légistes de ses experts, ainsi que par l’opération de camouflage et l’obstruction autour de l’enquête et du procès des snipers accusés d’avoir tué manifestants et policiers ce jour-là.

Par exemple, le PGU a établi qu’un membre de la Berkut avait été tué par un tir en provenance du Conservatoire de Musique et deux par des tirs venant de la barricade du Maidan entre 08:00 et 9:10am, deux d’entre eux ayant été tués au moyen d’un fusil de chasse Saiga, dérivé de Kalashnikov, utilisé par un membre d’une compagnie spéciale du Maidan. Le tireur a plus tard admis lors d’interviews avec des médias ukrainiens qu’il avait tiré sur la police depuis le Conservatoire de Musique et depuis la barricade du Maidan et avait tué deux policiers avec son arme[w],[x]. L’enquête gouvernementale a établi que, ce 20 février, 39 policiers avaient été blessés par arme à feu sur le Maidan entre 5:30am et le repli de la police, et que 10 manifestants du Maidan avaient été blessés par balles réelles avant 09:00 à partir d’emplacements non contrôlés par le gouvernement. Personne n’a jamais été mis en accusation pour ces actes.

Les vidéos synchronisées et celles affichant leur chronologie, montrent que trois manifestants ont été tués avant qu’environ deux douzaines de membres d’une compagnie spéciale de la Berkut apparaissent sortant d’un bus et commencent à tirer avec des kalashnikovs et des fusils à air comprimé quelques minutes après 09:00am. Ceci indique qu’il était impossible matériellement aux policiers de la Berkut qui ont été mis en accusation pour ces meurtres de tuer ces manifestants et qu’ils ont donc été tués par quelqu’un d’autre.

Par contre, les vidéos suggèrent que des snipers du Maidan tiraient sur les manifestants au même endroit et au même moment. Un correspondant de la chaîne polonaise TVP TV rapporte à 09:01am, immédiatement après la mort de ces trois manifestants tout près de lui, qu’un sniper tire à la fois sur la police et sur les manifestants et il indique d’un geste la direction du Conservatoire de Musique. Une annonce est faite sur la scène principale à 09:04am, plusieurs minutes après la mort de ces protestataires, demandant aux manifestants de ne pas tirer dans le dos d’autres manifestants (voir Vidéo A, 13:35).

L’analyse de contenu des vidéos synchronisées montre qu’environ 15 à 20 membres de la compagnie spéciale de la Berkut apparaissent sur la rue de l’Institut près du Maidan, sortant d’un bus, à 09:02am et commencent à tirer à l’aide de fusils à air comprimé et de AKMS (fusil d’assaut Kalashnikov modifié). Les vidéos montrent que de nombreux manifestants du Maidan s’écroulent à terre avec des blessures par balle dans le même espace de temps. Ces vidéos ont été présentées par les médias, l’accusation et les avocats du Maidan comme preuves définitives du massacre des manifestants par la Berkut. Ces policiers de la Berkut ont été filmés dans de nombreuses vidéos et par les caméras de sécurité de la Banque Nationale pendant pratiquement toute la durée de leur déploiement jusqu’à la fin du massacre.

Mais l’analyse de contenu montre que le but principal de la brève avance des policiers était de couvrir la retraite des membres des Troupes Intérieures qui restaient à l’intérieur du Palais Zhovtnevyi dont l’entrée principale fut saisie par les manifestants quelques minutes après 09:00am. L’avance limitée de ces deux douzaines de membres de la compagnie spéciale de la Berkut jusqu’au Palais de Zhovtnevyi et leur rapide repli accompagné d’un grand nombre de policiers peut être observée dans plusieurs vidéos. Pour atteindre leurs objectifs d’une façon rationnelle, ces policiers n’avaient pas de raison de tirer sur des manifestants sans armes, mais devaient au contraire tirer des coups de sommation et viser les snipers dans les bâtiments environnants et la minorité de manifestants sur la place du Maidan – filmés dans un certain  nombre de vidéos – qui tiraient sur eux ou circulaient armés de fusils de chasse, d’armes de type Kalashnikov ou de pistolets. Cette compagnie spéciale de la Berkut était une unité créée, entraînée et armée pour être déployée contre des criminels ou des émeutiers violents et armés. Les vidéos synchronisées montrent que les tirs de Kalashnikov de la Berkut visaient le sol devant les manifestants ce qui coïncide avec les nombreux impacts relevés sur les pavés. Il n’y a pas d’indication que les actions des policiers de la Berkut à cet instant aient été gouvernées par l’émotion ou des réactions affectives (voir Vidéo A).

L’analyse de contenu des vidéos synchronisées montre que la chronologie et la direction des tirs de ces environ 20 policiers de la Berkut ne correspondent pas avec les meurtres et les blessures de manifestants identifiés desquels ils ont été accusés. Ceci est particulièrement mis en évidence dans une longue vidéo de la chaîne allemande ARD TV[y]. Cette vidéo cruciale, montrant clairement – au même titre que les vidéos synchronisées – que les policiers de la Berkut ne sont pas responsables de la majorité des meurtres et blessures de manifestants, n’a jamais été diffusée à son public. Au moment où ces morts et ces blessés sont enregistrés s’écroulant au sol dans le bruit des tirs, les policiers de la Berkut, sont filmés debout, se déplaçant, prenant couvert derrière une barricade et à aucun moment ne pointant leurs AKMs vers les manifestants. Il n’y a pas non plus de recul ou de fumée sortant de leurs armes. Il était matériellement impossible à ces policiers de toucher ces manifestants sans les viser et sans tirer.

Pour exemple, l’analyse des vidéos montrant les meurtres d’Ihor Dmytriv et Andrii Dyhdalovych, et les blessures par balle de Sviatoslav Kolesnikov et Roman Kotliarevsky illustre que le moment exact où ils ont été touchés ne correspond pas avec le moment où les policiers de la Berkut sont filmés en train de tirer. Les vidéos synchronisées, à la fois dans cette étude et dans le modèle SITU ne montrent pas de policiers avec leurs armes visibles derrière la barricade tenue par la Berkut où ils se protégeaient au moment de la mort de Dmytriv. La même observation peut être faite pour les policiers de la Berkut et il n’y a pas non plus de signes de tir tels que recul et fumée en provenance d’un sniper Omega derrière la même barricade au moment du meurtre de Dyhdalovych. Une vidéo affichant sa chronologie montre que les policiers de la Berkut derrière la barricade ne tiraient pas au moment où Kolesnikov a été touché (voir Vidéo D).

La vidéo D montre que quelques minutes avant et après que Kolesnikov ait été touché, un policier de la Berkut se tient derrière la barricade, sans tirer, avec son AKM posé verticalement au sol. L’accusation a présenté séparément cette vidéo et celle montrant Kolesnikov se faisant toucher par un tir comme preuve que le policier avait tiré sur ce manifestant du Maidan, alors qu’elles montrent tout le contraire lorsqu’elles sont présentées ensemble. Il a été un des policiers accusés d’avoir tenté de massacrer les manifestants.

La vidéo D montre aussi que, au moment ou Kolesnikov est touché sur la passerelle piéton joignant l’hôtel Ukraina au palais Zhovtnevyi par dessus la rue de l’Institut, des manifestants se réfugient sous cette passerelle. Ils indiquent à 09:23am que des tirs à balle réelle en provenance des étages supérieurs de l’hôtel les prennent pour cible ainsi que d’autres manifestants. Les vidéos synchronisées montrent que plusieurs autres manifestants sont tués, et beaucoup d’autres blessés dans cet endroit et au même moment. Le témoignage de Kolesnikov pendant la reconstitution sur site indique qu’il a été touché depuis le haut de l’hôtel Ukraina. Les experts balistiques du gouvernement sont parvenus à la même conclusion, en se basant sur l’emplacement des impacts de balle et leur direction verticale dans la chaise que Kolesnikov a utilisée pour tenter de se protéger des snipers dans l’hôtel (voir Vidéo D, 7:55).

De même, dans une vidéo de la chaîne allemande ARD TV, il n’y a pas de membre de la Berkut ou de signes de tirs visibles depuis le côté des manifestants faisant face à la barricade de camions au moment ou Roman Kotrilarevsky, un membre des équipes médicales du Maidan est blessé. Une caméra de sécurité de la Banque Nationale du moment où il est touché, synchronisée précisément -grâce au contenu et l’affichage chronologique – avec la vidéo allemande et des vidéos de CNN, montre que les policiers de la Berkut sont cachés derrière la barricade de camions et aucune de leurs Kalashnikov n’est pointée en direction de Kotliarevsky. L’accusation et les avocats des victimes du Maidan ont affirmé pendant le procès qu’il avait été blessé par un policier depuis la barricade. Kotliarevsky, lui, a témoigné au cours de la reconstitution qu’il avait été touché depuis la banque Arkada, au vu de la localisation de sa blessure sur la face postérieure de sa cuisse droite et la direction de haut en bas du trajet de la balle. Un expert balistique du gouvernement a aussi déterminé que le secteur de tir se situait entre l’hôtel Ukraina et la banque Arkada (voir vidéo D)

L’accusation, les avocats des victimes du Maidan, ainsi que de nombreux rapports dans les médias, présentent des vidéos de membres de la Berkut tirant depuis la barricade de camions comme preuve de leur responsabilité dans le meurtre d’environ la moitié des 49 manifestants en face d’eux. Pourtant, l’analyse de contenu montre qu’il leur était matériellement impossible de tirer sur les manifestants depuis derrière la barricade, puisque ces derniers étaient dans un angle mort de leur champ de vision, limité par la hauteur du camion. La hauteur et la largeur du camion MAZ, environ 3 mètres, rend impossible matériellement de tirer sur les manifestants au-dessous de cette ligne. Seules les têtes et les mains des policiers sont visibles au-dessus de la ligne. Les policiers ne pouvaient tirer qu’horizontalement ou au dessus  (voir Vidéo A et D). Ceci est en accord avec les impacts de balle relevés dans la figure 1.

Figure 1 : reconstruction visuelle des tirs contre les manifestants du Maidan et des journalistes occidentaux, polonais et russes durant le massacre de Maidan. Vue depuis une barricade de la Berkut

Impacts de balles tirées depuis la direction de la barricade de la Berkut (accusée du massacre)

Impacts de balles tirées depuis direction des bâtiments contrôlés par le Maidan

Impacts de balles tirées depuis direction du Cabmin Club

Impacts de balles tirées depuis direction de la Banque Nationale

Impacts de balles tirées depuis une direction indéterminée, le plus probablement depuis des positions des forces gouvernementales

Zones où des manifestants ont été tués

1                Chambre d’ABC News dans l’hôtel Ukraina
2                Chambre de RT dans l’hôtel Ukraina
3                Chambre de TVP (Pologne) dans l’hôtel Ukraina
4                Escaliers entre le premier et le second étage de l’hôtel Ukraina
5                Chambre de KP (Russie) dans l’hôtel Ukraina
6                Escaliers entre le 13ème et le 14ème étage de l’hôtel Ukraina
7                Jardinière

Sources :

  • Rapports légistes par les experts du gouvernement publiés pour le procès du massacre du Maidan
  • Ivan Katchanovski : tirs sur les manifestants du Maidan depuis les bâtiments contrôlés par le Maidan (Vidéo C)
  • Ivan Katchanovski : tirs sur des journalistes occidentaux, polonais et russes pendant le massacre du Maidan en Ukraine (Vidéo F)
  • Photos et vidéos par l’auteur et autres

De même, les  vidéos montrent visuellement qu’il était impossible d’atteindre Roman Ushnevych depuis la barricade de la Berkut puisqu’il s’était réfugié avec d’autres manifestants derrière un mur de béton. C’était une décision rationnelle pour les manifestants de se mettre à couvert derrière ce mur pour se protéger du danger perçu comme venant de la direction de la Berkut et de quitter cette protection dès qu’ils ont réalisé, avec sa mort, que les tirs venaient des zones contrôlées par le Maidan derrière et sur leurs côtés.

Les vidéos et les photos montrent des impacts de balle qui apparaissent sur les boucliers de Dmytriv et d’un manifestant juste devant Dyhdalovych, ainsi que sur les casques de Parashchuk et Roman Huryk. La localisation des impacts et la direction de haut en bas des blessures indiquent que les tirs proviennent de la banque Arkada et non de la barricade de la Berkut. Un manifestant, filmé alors qu’il s’approche de Dyhdalovych au moment où il est atteint, dit qu’il a vu un sniper sur le toit de la banque Arkada et que Dyhdalovych a été tué par un sniper depuis ce bâtiment. Pendant le massacre, d’autres manifestants pointent également vers des snipers dans l’hôtel Arkadia (voir vidéos A et D).

La modélisation SITU des 3 premiers manifestants avance qu’ils ont été atteints depuis la barricade de la Berkut. Pour arriver à cette conclusion, les impacts sur l’arrière et les côtés ont été modifiés pour être indiqués sur l’avant, et la direction des trajets a été rendue pratiquement horizontale, contrairement aux conclusions des médecins légistes et aux vidéos. L’avocat de la Berkut lors du procès du massacre du Maidan affirme que la reconstruction sur place, faite par les experts légistes du gouvernement, a permis de déterminer que la direction des tirs venait de l’hôtel Arkadia. Il explique que Parashchuk était dans un angle mort de la barricade du Berkut et que la reconstruction n’a pas retenu comme possible cette direction de tir. Le même avocat des victimes du Maidan (cité plus haut) a commissionné le modèle de la compagnie d’architecture SITU qui a rendu des résultats frauduleux (Vidéo D, 05:09).

Par contre, les avocats de la Berkut et l’enquête du gouvernement ont déterminé que l’heure et la direction du tir ayant tué un membre de la Berkut à 09:16am correspond à un tir provenant d’un manifestant équipé d’un fusil de chasse visible sur des photos et une vidéo qui le montrent courant se mettre à l’abri derrière les manifestants (Vidéo A, 18:27). L’enquête a aussi conclu que le policier de la Berkut avait été tué par un tir parti de la direction du Maidan.

D’une façon générale, l’analyse de contenu montre que l’accusation, comme les nombreux reportages dans les médias, affirme en réalité que les manifestants ont été tués par des policiers invisibles avec des armes invisibles. L’absence – au sens littéral – de ‘pistolet qui fume’ du côté des policiers de la Berkut visibles à ce moment, la localisation et la direction dans la majorité des cas des tirs qui ont tué et blessé les manifestants font penser au « chien qui n’a pas aboyé »[z]. Une telle absence de réaction attendue (NdT : de la part de la Berkut) est en elle-même révélatrice.

De la même façon, l’analyse SITU n’a pas réussi à montrer que la chronologie et la direction des tirs effectués par les policiers de la Berkut correspondent à la chronologie et aux impacts et trajets des manifestants tués ou blessés. Quoique le modèle SITU utilise des vidéos soigneusement synchronisées, les vidéos sont présentées séparément[aa]. Dans la mesure où il ne serait pas rationnel de ne pas présenter une preuve aussi irréfutable que le massacre soit dû à la Berkut, son absence confirme que ce n’est pas ce qui s’est passé.

Dans un certain nombre de cas, la détonation d’une arme aux mains des Berkut correspond à la chronologie du meurtre d’un manifestant identifié. Mais, dans tous ces cas, les kalashnikov de la Berkut sont pointées soit au-dessus, soit devant ou à côté des manifestants, et on entend au même moment les détonations d’autres armes à feu, de volume et de tonalité différente. Ceci montre que, même s’il ne peut pas être totalement exclu que quelques manifestants aient été touchés par des ricochets de balle tirées par la Berkut, il y a des preuves que les manifestants ont été pris pour cible par des snipers localisés à d’autres endroits.

Pour exemple, l’analyse de contenu montre que le meurtre de Bohdan Solchanyk est synchrone avec un tir par un policier de la Berkut. Mais l’arme du policier est pointée vers le sol plusieurs mètres devant lui et on entend en même temps une autre détonation d’arme à feu plus discrète. La pente importante du trajet de la blessure relevée dans les examens légistes et d’autres preuves que des snipers embusqués dans les bâtiments contrôlés par le Maidan tiraient au même moment près de Solchanyk, tuant d’autres manifestants dont Sayenko, suggère qu’il a pu être abattu par un de ces snipers (Vidéo A, 15:52).

Les localisations, hauteur et directions des impacts de balles identifiés dans les rapports des experts légistes du gouvernement, les vidéos et photos prises depuis la direction de l’hôtel Ukraina et d’autres bâtiments contrôlés par le Maidan sont cohérentes avec des tirs sur les manifestants. La reconstruction visuelle basée sur ces éléments montre que la Berkut et les unités Omega tiraient principalement au-dessus des manifestants, en direction du deuxième étage et des étages supérieurs de l’hôtel Ukraina, ainsi que dans des poteaux électriques, une jardinière, des arbres. Elle montre aussi qu’ils ne ciblaient pas les manifestants du Maidan, car on ne trouve pas d’impact de balles sur le rez-de-chaussée de l’hôtel Ukraina, situé derrière plusieurs douzaines de manifestants qui furent tués et blessés dans cet endroit. Les examens légistes par les enquêteurs du gouvernement n’ont pas fait état d’un seul impact au niveau du rez-de-chaussée de l’hôtel, à hauteur des manifestants (Photo 1).

Plusieurs vidéos et photos montrent des snipers et des guetteurs dans l’hôtel Ukraina et le palais Zhovtnevyi au moment où les manifestants sont massacrés et plus de 80 témoignages font état de ces snipers pendant le massacre. Elles montrent aussi que ces bâtiments sont restés sous le contrôle des forces du Maidan pendant toute la durée du massacre. On peut observer des manifestants, y compris des manifestants armés, à l’extérieur et à l’intérieur de ces bâtiments, au moment même où des snipers sont filmés (et décrits par plusieurs centaines de protestataires et de journalistes) dans les mêmes étages de l’hôtel ou sur le toit.

Par exemple, une équipe de la chaîne ukrainienne ICTV montre à 10:25am un sniper derrière les rideaux d’une fenêtre au 11ème étage de l’hôtel Ukraina, tirant en direction des manifestants du Maidan. Un reporter de l’équipe explique dans la vidéo que des snipers tirent dans le dos des manifestants qui avancent. Une vidéo de la BBC montre à 10:28am un sniper tirant depuis la même fenêtre du 11ème étage dans la direction de l’équipe de tournage et des manifestants qui les entourent, manifestants qui courent s’abriter en criant « snipers ! » tout en indiquant la direction de l’hôtel. Le correspondant de la BBC dans le reportage et dans ses tweets indique que le tireur portait le casque vert typique des manifestants du Maidan. L’enquête gouvernementale a établi qu’un des dirigeants du parti d’extrême droite Svoboda résidait dans une des chambres de l’hôtel au moment du massacre (Vidéo C, 06:23). Un manifestant du Maidan identifié dans la vidéo de la BBC a témoigné pendant le procès que d’autres manifestants lui avaient affirmé qu’il s’agissait de ‘notre sniper’. Il a aussi indiqué avoir vu un sniper à la fenêtre d’une autre chambre de l’hôtel Ukraina faisant signe aux manifestants de ne pas révéler leur présence (Vidéo C ; Katchanovski23).

A peine quelques minutes avant ceci, CNN et Spilno TV ont enregistré des vidéos dans ce même 11ème étage. On y entend les voix d’un groupe de protestataires du Maidan cherchant les meilleurs positions de tir (voir Vidéo A 52:14). Le reporter de Spilno TV explique dans le direct que ce sont des manifestants du Maidan armés en particulier de Kalashnikovs. Il a témoigné que ce même groupe était entré dans la chambre du 11ème étage alors qu’il y diffusait son direct vers 09:35. Ceci constitue une preuve soit que les snipers qui tiraient sur les manifestants -au même moment et depuis le même étage- faisaient partie du groupe Maidan, soit que ce groupe les considérait comme non-hostile et donc n’a pas cherché à les empêcher de massacrer les manifestants.

A 09:10 – 09:11am, quelques minutes après que plusieurs manifestants aient été tués, une annonce sur la scène centrale du Maidan avertit les manifestants de la présence de snipers sur le plancher suspendu de l’hôtel Ukraina. Ceci correspond au 11ème étage face à la zone ou des manifestants sont massacrés avant, pendant et après cette annonce. Des avertissements similaires concernant des snipers dans cet hôtel, indiquant qu’ils tuent des manifestants, sont proférés à plusieurs reprises depuis la scène centrale pendant le massacre. Des avertissements au sujet de snipers dans le palais Zhovtnevyi – toujours sous le contrôle des manifestants du Maidan – sont aussi diffusés.

Des sections non diffusées de la fameuse vidéo du massacre du Maidan tournée par l’équipe de la chaîne belge VRT News TV – révélées lors du procès – montrent deux manifestants du Maidan poussant un groupe d’autres protestataires à avancer vers la Berkut peu de temps avant qu’ils ne soient massacrés. Il n’y avait aucune raison rationnelle de conduire des manifestants à cet endroit quelques minutes à peine après qu’une douzaine de manifestants y aient déjà été tués et de nombreux autres y aient été blessés. On entend un de ces manifestants crier aux autres de ne pas avancer parce qu’il y a des snipers dans l’hôtel qui tirent (abattent) tous les manifestants et qu’on peut voir les tirs à partir de là. La vidéo montre ensuite une balle touchant un arbre près de ce groupe de manifestants à 09:38. Ils regardent en direction de l’hôtel Ukraina après ce tir. D’un geste de la main l’un d’eux montre l’hôtel et crie qu’il y a des tirs depuis l’hôtel, qu’ils tirent pour descendre les manifestants et demandent aux tireurs d’arrêter de tirer. Quelques minutes plus tard, pratiquement toute la douzaine de membres de ce groupe seront atteints, tués ou blessés, y compris Ushnevych (voir Vidéo C). Six des manifestants blessés dans ce groupe témoigneront au procès et au cours de l’enquête qu’il y avait des tirs depuis l’hôtel ainsi que depuis d’autres bâtiments contrôlés par le Maidan, qu’ils avaient vu des snipers à ces endroits ou qu’ils avaient été avertis de ces snipers par d’autres manifestants (voir Katchanovski23).

On voit aussi sur les vidéos des manifestants perplexes se demandant si la volée de tirs qui a tué à cet endroit 10 manifestants peu avant 09:30am venait vraiment de l’hôtel. Un des manifestants dit qu’il faut absolument s’armer d’une kalashnikov et aller vérifier l’hôtel. Plusieurs manifestants blessés, qui se sont identifiés eux-mêmes sur les vidéos de cette scène présentées au procès, ont témoigné que des snipers avaient tirés sur eux et leur groupe depuis l’hôtel Ukraina et/ou qu’ils y avaient vu les snipers (Vidéo A, 26:10).

Des vidéos attestent que les forces du Maidan non seulement contrôlaient les entrées et sorties de l’hôtel Ukraina avant, pendant et après le massacre des manifestants, mais aussi que des groupes armés appartenant au Maidan se trouvaient à ce moment-là sur le même 11ème étage où manifestants et journalistes ont identifié des positions de snipers. Ils y ont été filmés en particulier par la BBC, CNN et Spilno TV, en particulier dans la chambre d’un des leaders de Svoboda. Des Snipers ont aussi été vus dans la chambre d’un autre leader de Svoboda, et dans encore une autre chambre, toutes au même étage de l’hôtel. De nombreux députés de Svoboda résidaient à cet étage et des vidéos montrent qu’ils étaient présents dans l’hôtel au moment du massacre. Le parti Svoboda, un commandant de l’Auto-Défense du Maidan dans l’hôtel ainsi que le personnel de l’hôtel ont tous fait état que l’hôtel avait été saisi et était gardé par le Maidan depuis janvier 2014 (Vidéo B). Dans un communiqué officiel, Svoboda établit que ses militants avaient pris le contrôle de l’hôtel Ukraina et le gardaient depuis le 25 janvier 2014. Ceci a été confirmé par un des dirigeants de Svoboda sur la scène centrale du Maidan[bb]. Une vidéo de la BBC montre un militant notoire de Svoboda accompagné d’autres manifestants du Maidan en faction devant les escaliers et l’ascenseur de l’hôtel peu avant 09:51am (Vidéo A, 36:50).

La Vidéo A (37:52) montre un groupe de manifestants du Maidan munis d’au moins un pistolet, une hache et un long sac de tennis (pratique pour dissimuler et transporter des armes), s’introduisant dans une chambre de l’hôtel au 14ème étage à environ 10:12am. La chaîne française Itele, l’AFP et Ukraina TV ont tourné des vidéos montrant le commandant et des membres d’extrême droite de la compagnie spéciale du Maidan, avec un groupe de protestataires du Maidan, armés d’une arme à feu de type Kalashnikov et de fusils de chasse courant dans l’hôtel à 10:18 et prenant un ascenseur vers le 10ème étage. Parmi eux, on trouve le personnage, portant un masque à gaz, qui avait plus tôt poussé le groupe de manifestants à avancer sous les balles et qui était ensuite retourné indemne vers l’hôtel après qu’ils aient été massacrés (Vidéo A, 44:27).

Le commandant et quelques membres de ce groupe ont été filmés dans des vidéos de Ruptly et de German TV et l’on voit l’un d’entre eux tirer avec un fusil de chasse depuis le 14ème étage de l’hôtel Ukraina entre 10:20 et 10:22am. Ruptly et ZDF vidéos montrent le commandant et les membres de la compagnie spéciale du Maidan accompagnés par un des dirigeants de Svoboda alors qu’au moins un d’entre eux est en train de tirer en direction des manifestants depuis la même fenêtre du 14ème puis descendent à un étage inférieur à cause de la présence de journalistes (Vidéo 1 45:33). Un post de Facebook par un reporter de Spilno TV, marqué chronologiquement à 12:40pm dit qu’il y a des snipers au 14ème étage qui tirent sur les manifestants. Des manifestants ont aussi témoigné qu’il y avait des « snipers » au 14ème étage de l’hôtel[cc].

La vidéo A, les rapports dans les média, les témoignages et les communiqués sur la scène du Maidan montrent que des groupes de manifestants du Maidan ont fouillé l’hôtel Ukraina à plusieurs reprises pour y débusquer des snipers pendant le massacre depuis environ midi jusqu’au soir du 20 février. Ils ont tous déclaré qu’il n’avaient pas pu trouver les snipers, alors que des témoins rapportent que des snipers continuent à opérer depuis l’hôtel malgré ces fouilles approfondies. La compilation vidéo A montre qu’un groupe armé de snipers de la compagnie spéciale armée du Maidan non seulement pénètre dans l’hôtel à 10:16am mais en ressort sans être arrêtés d’aucune façon vers 11:00 puis en fin d’après-midi. Il était rationnel pour les manifestants qui fouillaient l’hôtel d’assumer que les snipers (NdT : qu’ils recherchaient) n’étaient pas des membres de l’unité de la Maidan.

De même, la vidéo A et des photos montrent des manifestant du Maidan à l’intérieur, près des entrées, sur le toit et à la fenêtre du toit du palais de Zhovtnevyi au même moment où des annonces sur la scène centrale sont faites avertissant de snipers tirant sur les manifestants à partir de cet endroit. Trois ‘snipers’ sur le toit du palais ont été filmés et identifiés comme tels sur la scène du Maidan pendant une vague de meurtres de manifestants de 9:59 à 10:00am. ICTV montre également deux de ces personnes sur le toit et indique que ce sont des « snipers ».

La vidéo d’un journaliste polonais montre des snipers sur le toit de la Poste principale, qui servait alors de quartier général à Secteur Droit, et sur celui du bâtiment mitoyen de la Finbank, peu de temps après que Smolensky ait été tué et qu’une femme, membre des équipes médicales du Maidan, ait été photographiée et filmée blessée au même emplacement. Un manifestant affirme qu’il a vu les deux victimes tomber sous des tirs en provenance du bâtiment de la Poste principale (voir Vidéo A, 01:16).

L’hôtel Kozatsky, lui, servait de quartier général aux néo-nazis du mouvement Patriotes d’Ukraine (qui a rejoint Secteur Droit pendant le Maidan). Patriotes d’Ukraine a organisé et dirigé le bataillon Azov pendant la guerre du Donbass. Les manifestants ont rapporté qu’il y avait des snipers dans l’hôtel, situé sur la place du Maidan, pendant toute la durée du massacre. Des vidéos et des photos montrent des manifestants du Maidan à l’intérieur de l’hôtel à la recherche de snipers (voir Vidéo A).

Des vidéos et des photos montrent aussi que les protestataires du Maidan se tenaient près de la banque Arkada et d’autres bâtiments de la rue Horodetskt et du passage Muzeinyi au moment où des manifestants désignaient des snipers dans ces bâtiments (voir Vidéo A). Cela signifie qu’il était possible pour les manifestants, y compris armés, d’entrer dans ces bâtiments pour neutraliser les snipers et qu’il n’était pas possible pour les snipers de sortir de ces bâtiments sans être repérés par les manifestants.

La vidéo A montre plus de 80 témoignages pendant le massacre lui-même, essentiellement par des manifestants du Maidan et des journalistes ukrainiens et de nombreuses autres nationalités faisant état de snipers dans les bâtiments et zones contrôlés par le Maidan. Par exemple, TV France et TV Belgique montrent entre 09:46 et 09:50 un manifestant près d’une entrée de l’hôtel Ukraina et d’autres dans le lobby de l’hôtel criant en direction d’autres manifestants, de députés de Svoboda, de journalistes et des équipes médicales du Maidan qu’il y a des snipers dans l’hôtel, au moment où le groupe de manifestants cité plus haut a été poussé vers le lieu de leur massacre. Oleksii Butorin a déclaré, dans un interview face à face pendant le massacre, que 8 manifestants avaient été tués depuis l’hôtel Ukraina dans l’espace d’une demi-heure. Il a été témoins de tirs venus de l’hôtel. Un autre manifestant dit qu’il a vu un manifestant près de lui être abattu vers 10:31am par un tir en provenance de l’hôtel. A 10:25, des manifestants pointent vers des tirs de snipers venant du plancher suspendu de l’hôtel Ukraina (c’est-à-dire le 11ème étage sur les ailes et le 13ème dans sa partie centrale).

Un membre féminin des équipes médicales du Maidan (dans une vidéo de la BBC) et un manifestant (dans une vidéo tournée par un photographe français) montrent le toit de la banque Arkada comme étant un poste de tir des snipers dans la demi-heure suivant les meurtres de Dmytriv, Dyhdalovych, Huryk et Paraschuk (Vidéo D).

Un opérateur vidéo de Five Kanals affirme qu’il y avait un sniper à une fenêtre de l’hôtel Ukraina. Vers 10:30, un manifestant désigne un sniper qui tire depuis le 9ème étage de l’hôtel. Un manifestant déclare qu’un autre manifestant a été abattu près de lui par un tir venu de l’hôtel. Deux manifestants déclarent que des « snipers » ont tué des manifestants dans le dos depuis l’hôtel Ukraina et pointent aussi vers des snipers dans les bâtiments de la rue Horodetsky ou de la banque Arkada. Le bulletin d’information de la chaîne 1 + 1 annonce que l’Auto-Défense du Maidan a rapporté que des snipers tuaient des manifestants depuis la rue Kostelna et le toit de l’hôtel Ukraina. Une annonce faite sur la scène centrale relaie des « informations confirmées » par l’Auto-Défense du Maidan selon laquelle il y a trois snipers sur la banque Arkada (voir Vidéo A).

Plusieurs manifestants et un journaliste de Bildt qui était auprès de lui ont affirmé que le tir qui a tué Serhiy Melnychuk, à 4:51pm, venait de l’hôtel Ukraina. Un membre féminin de l’équipe médicale du Maidan et un journaliste de la chaîne de télévision Spilno à l’intérieur de l’hôtel confirme ces dires (Vidéo A, 01:16:55). Sa femme, qui était aux côtés de Melnychuk quand il est mort, a témoigné lors du procès ainsi que dans des interviews à la BBC et à la chaîne de télévision Hromadkse que le tir venait de l’hôtel. Au cours des examens légistes, un expert balistique en est arrivé aux mêmes conclusions, sur la base de la position de Melnychuk, de l’impact et du trajet de la balle (Katchanovski23).

Les vidéos montrent plusieurs impacts de balles à l’arrière et sur les côtés d’arbres dans les zones contrôlées par le Maidan. Les impacts de balles sur les barricades de la Berkut dans les même zones sont aussi visibles (Vidéos A, C et E). Ils montrent aussi que la Berkut se protégeait derrière ces barricades et ces arbres, ce qui est cohérent avec des actions rationnelles pour se protéger des tirs des snipers du Maidan.

Il était aussi rationnel pour les manifestants de penser que le danger venait des positions des forces gouvernementales et donc de chercher à se protéger derrière des murs de béton ou à l’aide de boucliers tenus dans cette direction. Il était rationnel pour la Berkut de ne pas tirer sur des manifestants non armés mais plutôt sur les positions des snipers dans l’hôtel Ukraina et de faire des tirs de sommation dans les poteaux, les arbres, les murs et sur le sol pour empêcher l’avance des manifestants sur les positions gouvernementales.

Les vidéos, les témoignages des manifestants blessés et des autres manifestants du Maidan, des membres de la Berkut et des snipers gouvernementaux lors du procès du massacre du Maidan, l’enquête et les médias n’indiquent pas que les différents acteurs (manifestants, membres de la compagnie spéciale de la Berkut, snipers du gouvernement…) aient agi systématiquement de façon affective pendant le massacre.

Les vidéos et les photos montrent plusieurs fenêtres ouvertes sur la façade de l’hôtel Ukraina et le toit du palais Zhovtnevyi et les bâtiments du 7 et du 11, rue Horodetsky au moment où l’on rapporte que des snipers, dont certains sont filmés, tirent sur des manifestants depuis ces positions. Par contre, on ne voit aucun snipers ni guetteurs, aucun flash d’arme à feu ou de fenêtres ouvertes dans les bâtiments contrôlés par le gouvernement pendant la période couvrant la majorité des meurtres (Vidéo A)[dd]. Il n’y a pas eu non plus de témoignages spécifiques par les manifestants dans cette direction en dépit du fait que la plupart d’entre eux assumaient rationnellement, ou même déclaraient, que les snipers tiraient sur les manifestants depuis les bâtiments contrôlés par le gouvernement.

Dans les intercepts radiophoniques, les commandants des unités Alpha de la SBU ont indiqué que des snipers hostiles se déplaçaient vers l’hôtel Ukraina (Vidéo A, 46:24). Ces intercepts montrent que les snipers Alpha ont été déployés dans le bâtiment Cabmin seulement après 10:30am, dans le but de localiser les snipers dans l’hôtel Ukraina et les autres bâtiments contrôlés par le Maidan et n’ont donc aucun rôle dans le massacre des manifestants. Ils indiquent aussi que des snipers ou des guetteurs avaient été localisés sur les toits du Kinopalats et du 7 de la rue Horodetsky.

Un sniper du gouvernement a été filmé sur le bâtiment Cadmin vers midi. Les vidéos synchronisées montrent les unités de snipers Omega arrivant vers la barricade de la Berkut et recevant permission d’utiliser des balles réelles contre les snipers dans les bâtiments contrôlés par le Maidan vers 10:37am. Les snipers Omega ont ensuite dirigé leurs fusils non vers les manifestants, mais vers les fenêtres de l’hôtel Ukraina bien au-dessus (Vidéo A, 58:56)

Les meurtres et les blessures de manifestants dans la rue de l’Institut, face aux positions de la Berkut et des unités Alfa et Omega ont pratiquement cessé après l’arrivée des snipers gouvernementaux. La seule exception est le meurtre de Oleksander Khrapachenko à 11:27 (voir Vidéo A, 01:08:17). L’accusation avait conclu au départ qu’il avait été abattu depuis l’hôtel Ukraina, mais a ensuite accusé les membres de la compagnie spéciale de la Berkut réfugiés derrière la barricade et, en 2020, un sniper Omega depuis le bâtiment Cabmin. La vidéo A montre que ceci est matériellement impossible puisqu’il a été abattu par une balle expansive rouillée tirée dans son dos avec une trajectoire en pente raide de haut en bas alors qu’il faisait face à la Berkut et aux Omega devant lui. De plus, de la fumée noire le camouflait depuis le bâtiment Cabmin et la barricade de la Berkut. Deux manifestants ont témoigné qu’il avait été atteint par un tir venu de l’hôtel Ukraina et d’autres bâtiments contrôlés par le Maidan. Par exemple, Patushok a témoigné que le coup qui a frappé Khrapachenko avait été tiré depuis l’aile gauche de l’hôtel Ukraina et que les manifestants avaient essuyé des tirs en provenance de l’hôtel alors qu’il transportait Khrapashenko (Katchanovski23).

Une salve de tirs à 11:32-11:33am correspond au son de tirs coordonnés d’un groupe de snipers dont un manifestant du Maidan a pu intercepter et enregistrer les communications radio. Un des snipers parle avec un accent évoquant une origine Transcaucasienne (Vidéo A, 01:09:19). Leurs communications au sujet des tirs sont ouvertes, à la différence des termes codés utilisés par les snipers alpha dans leurs communications radio. Le refus de l’Auto-Défense du Maidan et du PGU de localiser et d’identifier ces snipers suggèrent qu’ils étaient du côté du Maidan.

Il n’y a aucune raison rationnelle permettant d’expliquer que les snipers du Maidan ont secrètement tiré, tué et blessé des manifestants du Maidan, autre que la tentative d’imputer aux forces gouvernementales la responsabilité de ce massacre. La présence de snipers dans de nombreux bâtiments contrôlés par le Maidan, en particulier dans de nombreuses parties de l’hôtel Ukraina, indique que leur déploiement avait été planifié. La présence continue de ces snipers dans les zones et bâtiments contrôlés par le Maidan et leur disparition après le massacre était impossible sans la participation active des dirigeants du Maidan, en particulier de l’Auto-Défense du Maidan. Les tirs depuis ces positions par les snipers visant la Berkut, les unités de snipers Omega et Alpha des Services de Sécurité Ukrainiens, mais ne se visant pas entre eux, et les tirs de la police en direction des positions des snipers dans l’hôtel Ukraina prouvent que les snipers postés dans les bâtiments contrôlés par le Maidan étaient d’un même bord, et qu’il s’agissait du bord hostile à la Berkut et aux snipers gouvernementaux.

Les vidéos montrent que, pendant le massacre, plusieurs dirigeants du Maidan, en particulier les leaders de Patrie et de Svoboda, ont pris la parole depuis la scène centrale du Maidan en face de l’hôtel Ukraina et des autres bâtiments d’où des snipers tiraient sur les manifestants du Maidan, y compris abattant deux d’entre eux à moins de quelques douzaines de mètres de la scène avant et après leurs discours[ee].

De même, de nombreux députés de Svoboda étaient à l’intérieur et aux abords de l’hôtel pendant toute la durée du massacre. En particulier, une vidéo faite par un militant du Maidan et leurs propres déclarations révèlent que les députés de Svoboda étaient au 11ème étage, certains dans leurs propres chambres au moment même où des snipers étaient positionnés à cet étage, y compris dans la chambre d’un des députés, et tiraient sur les manifestants du Maidan[ff]. L’enquête du PGU a révélé en 2015 que deux députés de Svoboda vivaient dans des chambres mitoyennes à celle d’un autre député de Svoboda depuis laquelle des snipers ont visé l’équipe de tournage de la BBC et des manifestants du Maidan, comme montré dans les vidéos de la BBC et de ICTV, confirmé par les témoignages du journaliste de la BBC et de manifestants. Un des responsables de Svoboda a admis en 2015 qu’il filmait le massacre depuis la chambre à côté de celle du député de Svoboda où étaient posté les snipers[gg]. Les députés de Svoboda n’ont à aucun moment averti les manifestants du Maidan ni les journalistes étrangers du danger posé par les snipers positionnés dans l’hôtel, y compris dans leurs propres chambres et les chambres attenantes ou qui se trouvaient librement dans le lobby de l’hôtel pendant le massacre. De telles actions par les dirigeants du Maidan et les députés de Svoboda suggèrent qu’ils ne craignaient pas les snipers à côté d’eux qui tiraient sur des manifestants ordinaires.

Cette attitude apparemment irrationnelle des dirigeants du Maidan et des députés du mouvement d’extrême droite Svoboda devient rationnelle s’ils savaient que ces snipers n’étaient pas du bord gouvernemental ni d’une quelconque force hostile, mais bien du bord du Maidan ou d’une force secrète amie et qu’ils ne s’attaqueraient pas aux dirigeants du Maidan sur la place ou aux députés de Svoboda dans l’hôtel Ukraina. Cela explique également que les snipers n’ont pas ciblé les dirigeants du Maidan ni les députés de Svoboda dans leur chambre au 11ème étage de l’hôtel Ukraina.

L’analyse des vidéos et des photos, les examens légistes pratiqués par les enquêteurs du gouvernement, les reportages par les journalistes dans les médias et sur les réseaux sociaux localisant les emplacements de ces chambres de l’hôtel Ukraina, ainsi que la chronologie des prises de vue, confirment que les tirs qui ont visé les journalistes d’ABC News (US), ABC (Australie), ARD (Allemagne) deux fois, Associated Press (US), BBC, TVP (Pologne), RT (Russie) et Sky News (UK) venaient des bâtiments contrôlés par le Maidan et en particulier des quartiers généraux de Secteur Droit, du Conservatoire de Musique et de la banque Arkada.

Par contre, la même analyse suggère que le ricochet qui a touché un reporter de Ruptly au dernier étage de l’hôtel Ukraina venait de la Berkut qui ciblait les snipers dans l’hôtel (voir Vidéo E).

Toutes les preuves apportées dans cette section par l’examen des vidéos et des enregistrements audio au sujet des snipers positionnés dans les bâtiments contrôlés par le Maidan et massacrant manifestants et policiers sont corroborées par des preuves supplémentaires qui sont présentées dans les sections suivantes de cette étude.

Le massacre du Maidan a été immédiatement attribué aux snipers gouvernementaux et à la Berkut par l’opposition du Maidan, les dirigeants occidentaux et les médias en Ukraine et en Occident. Le commandant d’extrême-droite de la même compagnie spéciale du Maidan dont les snipers ont tiré sur la police depuis le Conservatoire de Musique puis sur la police et les manifestants depuis l’hôtel Ukraina a appelé dans la soirée du 21 février, depuis la scène du Maidan, au rejet de l’accord signé (NdT : entre le gouvernement de Yanukovych et des représentants de l’opposition Maidan au parlement) sous la médiation des ministres des affaires étrangères de la France, de l’Allemagne et de la Pologne et d’un représentant du président de la Russie. Une vidéo de son discours le montre lançant un ultimatum public au président Yanukovyck pour qu’il démissionne avant 10:00am le lendemain, justifié par la culpabilité du gouvernement et de ses forces pour le massacre. Il clame que sa compagnie a permis d’atteindre les objectifs de l’Euromaidan et menace de lancer un assaut armé si Yanukovych refuse de démissionner[hh]. Le commandant de l’Auto-Défense du Maidan a souligné que cet ultimatum était endossé par « les corps institutionnels du Maidan » et avait été adopté par le conseil militaire organisé par l’Auto-Défense du Maidan et Secteur Droit le 21 février 2014[ii].

Immédiatement après le massacre, l’opposition du Maidan a donné aux manifestants tués le 20 février et les jours précédents à Kiev et Khmelnytskyi le titre de ‘Cent Martyrs Célestes’. Beaucoup sur la liste (protestataires du Maidan ou non) n’étaient pas même présents sur le Maidan et étaient décédés de maladie, suicides, accidents ou autres causes, mais ont été inclus pour arriver au nombre de 100. Un rapport des Nations Unies de 2016 révèle que cela concerne au moins 25 des 100 ‘martyrs’[jj].

Immédiatement après le massacre du Maidan, les gouvernements occidentaux ont accusé Yanukovych et ses forces pour la tuerie et ont reconnu le nouveau gouvernement formé par l’opposition.

Le massacre du Maidan a enlevé à Yanukovych en tant que président de l’Ukraine, à son gouvernement, sa police et ses forces de sécurité le monopole légitime de l’usage de la force. Le massacre a conduit une partie (NdT : des députés) du Parti des Régions à abandonner leur affiliation pour soutenir l’opposition du Maidan et à voter le 20 février au parlement pour le retrait de toutes les forces gouvernementales du centre de Kiev, puis pour la démission du président Yanukovych et de son gouvernement, malgré l’inconstitutionnalité de cette résolution.

6.    Témoignages de plus de 300 témoins et de 14 individus ayant confessé leur rôle de snipers du Maidan

Les vidéos des snipers dans les bâtiments contrôlés par le Maidan tirant sur les policiers et les manifestants sont globalement cohérentes avec les témoignages concernant ces snipers rédigés par plus de 300 témoins – y compris plus de 100 témoignages vidéos – dans les médias et sur les réseaux sociaux.

Deux dirigeants du parti d’extrême droite Svoboda établissent dans leurs interviews respectifs que, quelques semaines avant le massacre, le représentant d’un gouvernement occidental leur a confié, ainsi qu’à d’autres leaders du Maidan, que les gouvernements occidentaux se retourneraient contre le gouvernement de Yanoukovych lorsque les victimes dans les rangs des manifestants dépasseraient la centaine (Braty, p.949). Une condition aussi précise – tablant sur la théorie du choc moral capable de retourner la répression contre elle-même – représentait une incitation rationnelle majeure à ‘sacrifier’ 100 manifestants et d’en attribuer leur meurtre aux forces gouvernementales. Les protestataires tués furent – immédiatement après le massacre – appelés les Cent Martyrs Célestes. Des personnes qui n’étaient pas même présentes sur le Maidan et qui étaient mortes de maladie ou d’autres causes furent ajoutées pour arriver au nombre de 100.

Les gouvernements occidentaux, pratiquement immédiatement après le massacre du Maidan, en ont blâmé Yanukovych et ses forces de sécurité et ont reconnu le nouveau gouvernement ukrainien. Biden (Biden6)dans ses mémoires décrit avoir appelé Yanukovych au téléphone « alors que ses snipers assassinaient les Ukrainiens par douzaines » pour lui dire « de rappeler ses tueurs et de s’en aller » et qu’ensuite « le président indigne s’était enfui d’Ukraine le jour suivant ».

Le 21 février, Yanukovych avait signé un accord avec les dirigeants de l’opposition du Maidan et des représentants de la France, de l’Allemagne et de la Pologne. L’accord prévoyait qu’il reste en poste avec des pouvoirs sérieusement limités en attendant une nouvelle élection présidentielle. Il réclamait aussi une enquête sous supervision internationale du massacre du Maidan[kk]. Toutefois, l’accord a été rapidement violé par l’opposition du Maidan, qui s’est emparée du siège du gouvernement central à Kiev et par la France, l’Allemagne et la Pologne qui ont rapidement reconnu le nouveau gouvernement.

Par ailleurs, 14 membres avoués des groupes de snipers du Maidan ont témoigné que le massacre de la police et des manifestants avait été perpétré par des snipers du Maidan. Ce nombre inclut 7 témoignages par des Géorgiens qui ont avoué avoir été membres des groupes de snipers du Maidan dans le cadre de l’enquête et du procès du massacre du Maidan, ainsi que leurs interviews dans des documentaires télévisés états-uniens, italiens et macédoniens et dans des médias macédoniens et russes. Ces Géorgiens ont révélé qu’il y avait dans les groupes de snipers d’autres Géorgiens et des nationaux des Pays Baltes et d’Ukraine. Leurs témoignages rapportent que des dirigeants identifiés du Maidan, et en particulier du parti Batkivchtchyna (NdT : Patrie) et de l’Auto-Défense du Maidan, ainsi que d’ex-dirigeants du gouvernement géorgien et des commandants géorgiens leur ont donné ordres et armes à feu pour massacrer à la fois les policiers et les manifestants afin d’empêcher la mise en place d’un accord de paix entre Yanukovych et les dirigeants du Maidan. Ils disent qu’ils ont ensuite vu, le 20 février 2014 des snipers du Maidan géorgiens et baltes ainsi que des groupes liés au mouvement d’extrême droite Secteur Droit tirer à partir du Conservatoire de Musique et de l’hôtel Ukraina. L’un deux reconnaît dans un documentaire étasunien avoir tiré sur des manifestants depuis l’hôtel Ukraina[ll].

Plusieurs sites auto-proclamés de ‘fact-checking’, le PGU, les avocats des victimes du Maidan et à de rares exceptions les médias ukrainiens ont prétendu que ces Géorgiens étaient des faussaires ou des acteurs. Ils n’ont produit aucune preuve pour étayer leurs dires, à part l’absence de documentation à la frontière de leur entrée en Ukraine, ou quelques incohérences mineures telles qu’une faute d’orthographe dans un document. La plupart de ces Géorgiens ont fourni leur nom, numéro de passeport, timbre d’entrée en Ukraine, copies de leur billet d’avion pour l’Ukraine, leurs photos en Ukraine ou dans l’armée géorgienne et d’autres preuves à l’appui de leur témoignage. Ils ont expliqué qu’ils ont gagné l’Ukraine avant le massacre en utilisant des faux passeports et sans contrôle de frontière (Katchanovski23). Le chef de la légion géorgienne a reconnu que le Géorgien avec une faute d’orthographe dans son document du ministère de la défense avait travaillé comme conseiller dans ce ministère[mm].

Le procès du massacre du Maidan en novembre 2021 a admis et produit comme pièce à conviction le témoignage de l’un de ces Géorgiens qui a confessé être membre d’un groupe de snipers du Maidan[nn]. Les gardes-frontières ukrainiens ont confirmé son identité et qu’il était entré en Ukraine et en était ressorti avant le massacre, ce qui invalide l’affirmation de l’accusation, des avocats des victimes, de BBC Monitoring et de German TV fact-checking selon laquelle il serait un faussaire et n’aurait jamais été en Ukraine. Ce Géorgien, ainsi que deux autres, ont témoigné, avant l’invasion russe, dans le bureau du Procureur Général de Biélorussie à la demande du PGU, suite à l’appel des avocats de la Berkut dans le cas du meurtre et des blessures infligées aux policiers pendant le massacre du Maidan. Trois Géorgiens qui ont avoué être des snipers ont donné leurs dépositions écrites aux avocats de la Berkut pour le procès du massacre, deux ont fourni une lettre notariée à la cour ukrainienne et ont offert de témoigner en visio-conférence. Les autorités arméniennes, biélorusses et ukrainiennes ont confirmé les identités de 4 des Géorgiens à fin d’investigation et de jugement en Ukraine (Katchanovski23).

L’un d’entre eux a été filmé le 2 mai 2014 pendant le massacre d’Odessa à la maison des syndicats, aux côtés de militants pro-Maidan emmenés par l’extrême droite[oo]. L’ex-commandant de la Compagnie d’Auto-Défense du Maidan, qui a été désigné comme étant l’un des snipers (avec son père) par ces ex-militaires géorgiens, ainsi que deux membres de sa compagnie ont admis lors d’interviews avec des médias ukrainiens et lors d’un interview avec la BBC qu’ils avaient tiré sur la police depuis le Conservatoire de Musique et les barricades du Maidan le matin du 20 février.

Un autre Géorgien à confessé au cours de son interrogatoire par quelques dirigeant de Secteur Droit qu’il avait été embauché et déployé dans un bâtiment abandonné pour tirer pendant le massacre. Il a ensuite été capturé après le massacre, interrogé par Secteur Droit, puis relâché sur intervention de l’un des dirigeants du Maidan[pp]. Ces éléments sont cohérents avec les témoignages de plusieurs militants du Maidan rapportant que certains snipers avaient été capturés pendant ou immédiatement après le massacre, en particulier dans l’hôtel Ukraina, mais qu’ils avaient ensuite été relâchés par des dirigeants du Maidan (voir Vidéo B).

Quelques centaines de témoignages principalement par des manifestants du Maidan dans les médias et sur les réseaux sociaux, ainsi que dans le cadre du procès, concernent les snipers dans les bâtiments et zones sous contrôle du Maidan pendant le massacre. La majorité des témoignages viennent de témoins oculaires directs. Ils attestent que des leaders du Maidan savaient avant le massacre que des snipers étaient postés dans le Conservatoire de Musique, l’hôtel Ukraina et au moins 18 autres bâtiments de la zone contrôlée par les Maidan et qu’ils ciblaient des manifestants et la police à partir de leurs positions. Plusieurs manifestants du Maidan ont attesté que des snipers avaient été capturés par les manifestants mais avaient ensuite été relâchés par des leaders du Maidan (Vidéo B).

La vidéo B contient les témoignages de plus de 100 témoins au sujet des snipers du Maidan. Huit militants et politiciens du Maidan ont attesté publiquement qu’ils avaient été témoins de l’implication de hauts dirigeants du Maidan identifiés dans le massacre et qu’ils étaient liés aux partis de l’oligarchie et à des organisations d’extrême droite. Les preuves de leur implication sont soit leur connaissance à l’avance de l’imminence d’un massacre, soit leur intervention dans le déploiement des snipers ou l’évacuation des snipers capturés par les manifestants. Parmi ces témoins, on trouve des membres de la direction du Maidan et de Secteur Droit, de l’Auto-Défense du Maidan et des militants de Secteur Droit ainsi que de nombreux manifestants Maidan et journalistes ukrainiens et étrangers.

Par exemple, David Zhvania, qui présidait un comité parlementaire au moment du massacre et était membre de la direction du Maidan a relaté que les dirigeants du Maidan, qu’il nomme dans sa vidéo, ont « arrangé » le massacre du Maidan et qu’ils voulaient s’emparer du pouvoir en Ukraine. Il dit également que les dirigeants de l’opposition Maidan savaient à l’avance que le massacre allait se produire et ont prévenu leurs députés avant le massacre de ne pas se rendre sur le Maidan pour ne pas risquer d’y être tué (Vidéo B, 01 :07).

Nadia Savchenko, membre du parlement pour un des partis du Maidan, a déclaré qu’elle avait été témoin, le matin du 20 février, de l’arrivée d’un groupe de manifestants du Maidan armés de fusil de chasse près de la scène centrale dont certains sont devenus membres du parlement après le Maidan. Elle déclare aussi avoir vu un des dirigeants du Maidan conduire des snipers à l’hôtel Ukraina et qu’elle a aussi vu des tirs depuis l’hôtel. Un sponsor de Secteur Droit et leader durant le massacre du Maidan a déclaré que lui et d’autres militants de Secteur Droit avaient trouvé et photographié trois positions de « snipers » et ont ensuite appris qu’ils avaient été relâchés par les leaders du Maidan. Il dit également que les positions des snipers étaient dans un bâtiment abandonné situé derrière le Conservatoire de Musique entre l’hôtel Dnipro et le bâtiment Ukrkoopspilka et sur le toit de la Maison de l’Ukraine (NdT : Ukrainian House) (Vidéo B, 11 :04, 48:09 am)

Dans une vidéo qui a connu une large diffusion, un reporter de la chaîne belge VRT TV explique que la balle ayant frappé un arbre près des manifestants a été tirée de derrière eux. Un photographe italien rapporte qu’il a été témoin de tirs en provenance du 5ème ou 6ème étage de l’hôtel Ukraina, sous contrôle du Maidan, et qu’il a filmé un manifestant du Maidan qui réalisait que les tirs venaient de derrière. De même, un journaliste de TVP basé dans l’hôtel Ukraina durant le massacre dit qu’il a vu un des « snipers » sur le toit d’Arkada et que leur producteur avait été touché – dans sa chambre de l’hôtel Ukraina – par une balle venant de ce toit, à en juger par la trajet de la balle[qq] (voir Vidéo B).

Nombreux sont les manifestants du Maidan, les membres des équipes médicales, les journalistes qui ont été filmés dans les zones du massacre qui ont attesté avoir vu des snipers dans l’hôtel Ukraina et autres bâtiments et zones sous contrôle du Maidan. Par exemple, un manifestant blessé a assuré que, avec les autres membres de son groupe, ils ne s’attendaient pas à essuyer des tirs venant de l’arrière. Il affirme qu’il a vu des flashs à une fenêtre du 4ème étage de l’hôtel au moment où il s’est écroulé en désignant la chambre de l’hôtel Ukraina. Un autre blessé dit que, quand il a été touché, il a entendu la détonation derrière lui et que les tirs venaient de derrière, pas de devant. Un autre manifestant a attesté que lui et d’autres manifestants se sont retrouvés sous le feu en provenance de l’hôtel Ukraina alors qu’ils évacuaient des manifestants blessés. Il a montré que les snipers tiraient sur eux à partir du secteur en haut à gauche de l’hôtel. Un autre manifestant blessé indique les emplacements des tireurs d’élite dans la banque Arkada, l’hôtel Ukraina et les bâtiments du passage Muzeinyi. Un autre protestataire montre qu’un sniper de l’hôtel Ukraina a tiré sur leur groupe et dit qu’il y avait aussi des tirs en provenance du palais Zhovtnevyi. Un membre des équipes médicales du Maidan dit que des « snipers » sur le toit de l’hôtel Ukraina ont tiré sur des manifestants devant le palais Zhovtnevyi. Un journaliste d’ICTV explique que son équipe ukrainienne a filmé cette vidéo et qu’on y voit un sniper tirant d’une fenêtre de l’hôtel Ukraina. Il ajoute qu’au moins un autre sniper tirait depuis le toit de l’hôtel (Vidéos A et B).

Un manifestant du Maidan expose que, avec d’autres manifestants, ils ont capturé 5 snipers dans la chambre 211 du deuxième étage de l’hôtel Ukraina. Il dit qu’ils avaient été payés et avaient reçu l’ordre de tuer des manifestants et que c’était ce qu’ils faisaient depuis la chambre d’hôtel. Dans la vidéo, il déclare que les snipers se sont rendus et ont déposé leurs armes lorsque son groupe de manifestants est arrivé et qu’ils ont été remis à un dirigeant du Maidan, mais que depuis, ces dirigeants ont refusé de donner quelque information que ce soit à leur sujet. Un autre manifestant du Maidan, ancien de la guerre d’Afghanistan, dit qu’un sniper a été capturé dans l’hôtel Ukraina mais qu’un autre a continué à tirer. Il dit également qu’un autre sniper a été capturé dans le palais Zhovtnevyi, avec son arme et des munitions (Vidéo B).

Un commandant de l’Auto-Défense du Maidan a déclaré que 15 snipers au total avaient été capturés sur les toits des bâtiments par l’Auto-Défense et d’autres manifestants pendant toute la durée du Maidan. Il précise qu’il a aidé à transporter un des snipers capturés vers le bâtiment des syndicats pour qu’il reçoive des soins médicaux. Il a aussi déclaré que, avec un autre groupe de protestataires, il a essayé de bloquer un bus où se trouvaient d’autres snipers et des policiers des Troupes Intérieures faits prisonniers que des dirigeants du Maidan évacuaient. L’ancien dirigeant de la section de Kiev de Secteur Droit a indiqué que la direction de son organisation d’extrême droite et une de ses unités paramilitaires avait essayé d’exfiltrer dans un bus des snipers et des prisonniers des Troupes Intérieures.  Leurs témoignages sont corroborés par des vidéos montrant ces événements (voir Vidéo B, 1:00:27 et Vidéo A, 01:22:38).

Les commandants et les snipers des unités Alpha du SBU et des unités Omega des Troupes Intérieures ont confirmé qu’ils avaient reçu l’ordre de localiser les snipers qui tiraient sur la police et les manifestants et qu’ils avaient été déployés sur leurs positions dans le quartier contrôlé par le gouvernement bien après que le massacre ait débuté. Ils ont aussi affirmé que les snipers qui tiraient sur la police et les manifestants et même sur eux étaient positionnés dans l’hôtel Ukraina, le Conservatoire de Musique, le palais Zhovtnevyi et d’autres bâtiments sous contrôle du Maidan (voir Vidéo B).

A l’opposé, on ne trouve aucun témoignage venant des policiers de la Berkut, des anciens commandants de la police ou du SBU ni d’anciens responsables du gouvernement de Yanukovych indiquant qu’ils aient été impliqués dans le massacre des manifestants, ou qu’ils aient été témoins d’une telle implication, ou qu’ils aient eu connaissance d’informations précises à ce sujet. Cette constatation est aussi valable pour ceux qui ont été accusés du massacre, qu’ils soient en Ukraine ou par contumace, et pour ceux qui ont continué à faire partie des forces de sécurité du nouveau gouvernement Maidan. Les policiers de la Berkut, les hommes des unités Omega et le chef de la SBU de Kiev qui ont été arrêtés et accusés du massacre ont nié avoir tué des manifestants du Maidan.

La majorité absolue des témoignages venant des manifestants blessés et disant qu’ils ont été touchés par la Berkut ou des snipers postés dans les bâtiments contrôlés par le gouvernement ne sont pas corroborés par des vidéos, les examens de médecine légiste ou d’autres sources de preuves.

Dans un petit nombre de cas restants, les preuves sont soit absentes, soit contradictoires. Prenons pour exemple Oleksandr Huch. Ce commandant de la compagnie Volhynian de l’Auto-Défense du Maidan a déclaré qu’il avait été touché par un tir venu du bâtiment du Cabinet des Ministres. Pourtant, sur une vidéo norvégienne qui n’a pas été montrée lors du procès, sa position et l’impact visible d’un ricochet suggèrent plutôt que l’origine du tir se situe dans un bâtiment du passage Muzeinyi sur sa gauche et un peu en face de lui. Une reconstitution sur site par les experts légistes du gouvernement comprenant un expert balistique ont conclu que la balle venait d’un secteur incluant le passage Muzeinyi (voir Vidéo 1, 24:34).

Ivan Halamai déclare qu’il a été blessé depuis la barricade de la Berkut. Pourtant, la localisation et la direction de la blessure, sa position dans la vidéo au moment où il est atteint, et la direction très verticale sur ses radios de la balle qui l’a atteint dans la partie supérieure de sa jambe gauche indique plutôt que le tir venait de la banque Arkada et non de la barricade de la Berkut, qui se situe sur un même plan. L’examen de médecine légiste a conclu qu’il avait été touché dans la fesse droite d’arrière en avant, avec la balle finissant son trajet bien plus bas dans sa jambe droite, alors que les vidéos indiquent que son côté droit est tourné vers la barricade de la Berkut et que la banque Arkada est dans son dos (voir Vidéo A, 48:48).

Arsenii Yatseniuk, un des dirigeants du Maidan qui deviendra le premier premier ministre du nouveau gouvernement du Maidan, a affirmé que, durant le massacre, des snipers avaient tiré sur les manifestants à partir de l’hôtel Ukraina[rr]. Petro Poroshenko, une autre dirigeant du Maidan, a déclaré, alors qu’il était devenu président de l’Ukraine, que les tirs sur les manifestants venaient de l’hôtel Ukraina et du Conservatoire de Musique. Le chef de l’Auto-Défense du Maidan a attesté que des positions de snipers avaient été découvertes dans l’hôtel Ukraina. Il était lui-même un ancien dirigeant du Parti Social National, un parti néo-nazi, avant qu’il ne soit renommé Svoboda, et il a aussi dirigé les Patriotes d’Ukraine, une autre formation néo-nazie et bras armé de Svoboda. Des membres des familles des manifestants tués ont attesté que des snipers de l’hôtel Ukraina avaient tué des manifestants. Bien qu’ils aient affirmé en public, contre toute évidence, qu’il s’agissait de snipers gouvernementaux ou même qu’il s’agissait de snipers russes, ils ont confirmé que les tirs mortels n’étaient pas venu de la Berkut sur la place mais bien de snipers dans ces bâtiments qui étaient en fait contrôlés par les forces du Maidan (voir Vidéos B et E).

Plus tard, le vice-président états-unien Joe Biden a également déclaré dans une adresse officielle au parlement ukrainien que les manifestants avaient été massacrés par des « snipers sur les toits »[ss]. Dans une communication téléphonique fuitée entre le chef des affaires étrangères de l’Union Européenne et le ministre des affaires étrangères de l’Estonie, ce dernier parle d’un médecin du Maidan, Olha Bohomolets, qui a établi que les blessures des manifestants et des policiers étaient similaires, et que cela indiquait que le massacre avait été organisé par des membres de l’opposition Maidan (Vidéo B).

Plusieurs douzaines de journalistes venant de plus d’une douzaine de pays ont rapporté dans les médias ou sur les réseaux sociaux avoir vu des snipers dans l’hôtel Ukraina et d’autres bâtiments et zones contrôlés par le Maidan, et de les avoir vu tirer sur les manifestants, ou ont cité des témoins oculaires parmi les manifestants du Maidan faisant état de ces snipers, ou ont rédigé leurs reportages sur la base de ces témoignages. Par exemple, des journalistes des grands médias occidentaux et ukrainiens tels que ABC, CNN, New York Times, BBC, Guardian, ARD, Bild, Spiegel, La7, TT News Agency, TVP, 1+1, 5 Kanal, ICTV, Novyi Kanal et Kyiv Post, ont fait état de snipers tirant depuis l’hôtel Ukraina. Des journalistes d’ITV, de TVP, du Spiegel, de 1+1, d’ICTV et d’autres médias occidentaux ou ukrainiens ont également fait état de snipers dans les autres bâtiments contrôlés par le Maidan, tels que la banque Arkada, le palais Zhovtnevyi, la Poste Centrale, et les bâtiments du passage Muzeinyi et de la rue Horodetsky (Vidéos A, B, C, E)[tt]. A de rares exceptions près, ces reportages présentent – directement ou de façon implicite – les snipers positionnés dans les bâtiments ou les zones contrôlés par le Maidan comme des snipers gouvernementaux. Très vite après le massacre, à quelques exceptions près, ces même médias parleront de ‘conspirationnisme’ au sujet de ces snipers et nieront leur existence, ou omettront de parler d’eux ou de toute autres preuves qu’ils aient pu exister.

7.    Preuves apportées par l’enquête et le procès du massacre du Maidan en Ukraine

L’enquête du gouvernement, le procès du massacre du Maidan, le procès en trahison de Yanukovych et les médias n’ont jamais apporté quelque preuve que ce soit d’un ordre de massacrer les manifestants qui aurait pu être donné par le président Yanukovych alors en exercice, ou son ministère de l’intérieur, ou la police, ou les dirigeants et commandants de la SBU. Cela est aussi vrai en ce qui concerne les ‘titushki’[uu] ou une quelconque autre troisième force. Un ex-conseiller du PGU en poste après le Maidan a opiné qu’il n’avait pas vu au cours de l’enquête d’éléments solides permettant d’incriminer le gouvernement de Yanukovych dans le massacre des manifestants. Il a révélé que les gardes du corps procurés par le gouvernement à Yanukovych ont témoigné après le massacre qu’ils étaient avec Yanukovych dans son convoi de voitures officielles pendant le massacre et qu’il ne « comprenait absolument pas la situation » (Vidéo B, 58:23).

Le PGU et le chef de son département en charge de l’enquête sur le massacre du Maidan ont déclaré dans les médias ukrainiens qu’ils n’avaient trouvé aucune preuve de l’implication du gouvernement de la Russie ou de snipers russes dans le massacre[vv]. Les témoignages dans les médias du président Yanukovych, de son ministère de l’intérieur, des chefs du SBU et de beaucoup de ses commandants selon lesquels ce n’étaient pas eux, mais les snipers du Maidan qui avaient massacré à la fois la police et les manifestants, sur les ordres des dirigeants du Maidan sont cohérents avec les autres preuves examinées dans cette étude.

L’analyse des éléments de preuve dans cette étude est corroborée par les preuves révélées au cours de l’enquête et du procès du massacre du Maidan en Ukraine. Cela inclut les témoignages de la majorité absolue des manifestants blessés établissant qu’ils avaient été, ainsi que d’autres manifestants, touchés par des tirs de snipers venant de l’hôtel Ukraina et d’autres bâtiments contrôlés par le Maidan. Cela inclut aussi les témoignages de près de 100 témoins de l’accusation comme de la défense au sujet de ces snipers. Cela inclut aussi les vidéos présentées au cours du procès et les examens balistiques originaux qui n’ont pas identifié les balles extraites des corps des manifestants tués comme étant celles utilisées par les kalashnikovs de la Berkut (voir Katchanovski23).

Les examens de médecine légiste ont révélé que pratiquement tous les manifestants du Maidan ont été atteints par des tirs venant de plus haut, sur les côtés ou dans le dos, ce qui correspond à la direction des bâtiments contrôlés par le Maidan et non à celle de la Berkut qui leur faisait face. Les experts balistiques du gouvernement ont aussi établi durant la reconstruction sur site que la plupart des manifestants avaient été touchés par des tirs venus de l’hôtel Ukraina, de la banque Arkada, du palais Zhovtnevyi et d’autres bâtiments contrôlés par le Maidan, précisés dans cette étude. Cette analyse est aussi corroborée par l’opération de camouflage qui a entouré les snipers, la disparition de preuves capitales telles que les enregistrements des caméras de surveillance, de la plupart des balles, de tous les boucliers et de tous les casques des manifestants, sauf deux. De même, elle est corroborée par l’obstruction systématique des processus judiciaires par les gouvernements du Maidan et l’extrême droite, le déni par l’accusation qu’il y avait des snipers dans les bâtiments contrôlés par le Maidan et le fait que personne n’a été condamné pour le massacre des manifestants et des policiers, presque 10 ans après les faits, malgré qu’il se soit agi d’un des meurtres de masse les mieux documentés de l’histoire[ww]. La décision finale du procès ne prendra probablement pas en compte les preuves exposées dans cette étude, étant donné la pression politique et les interférences répétées de l’exécutif ukrainien dans les décisions de justice d’une telle importance, et les attaques et menaces de l’extrême droite contre le procès du massacre du Maidan (Katchanovski23).

8.    Sources des preuves capitales du massacre sous fausse bannière dit du Maidan

Les sources des preuves du massacre sous fausse bannière dit du Maidan, où manifestants et policiers ont trouvé la mort le 20 février 2014 sont listées dans le Tableau 1 : Sources des preuves examinées

Ce tableau regroupe l’ensemble des documents examinés dans le cadre de cette étude, y compris dans les vidéos A, B, C, D et E, et ceux révélés dans le cadre de l’enquête et du procès du massacre du Maidan en Ukraine

9.    Conclusion

Notre analyse montre que le massacre, le 20 février 2014, de manifestants et de policiers sur la place du Maidan a été un cas réussi d’opération sous fausse bannière, organisé rationnellement et dirigé par des éléments de la direction du Maidan et des groupes secrets de snipers pour le compte du Maidan opérant à partir de bâtiments contrôlés par le Maidan. Le but de l’opération était de gagner dans le conflit asymétrique qui s’était engagé sous le nom ‘d’EuroMaidan’ et de prendre le pouvoir en Ukraine. Le massacre a été un élément clé dans le renversement violent du gouvernement semi-démocratique en Ukraine.

L’étude des preuves, tel que l’analyse de contenu des vidéos synchronisées et des témoignages de plusieurs centaines de témoins, soutient la théorie du choc moral sous-tendant le retournement contre l’état de ses politiques répressives. Cette étude montre que le massacre apparemment irrationnel des manifestants du Maidan et de la police le 20 février 2014 en Ukraine est en fait rationnel, vu du point de vue des théories basées sur le choix rationnel dans son intérêt propre et les théories Wébériennes de l’action rationnelle instrumentale.

Les différents types de preuves analysées indiquent que des éléments des organisations d’extrême droite, tels que Secteur Droit et Svoboda, ainsi que des partis le l’oligarchie soutenant le Maidan, tels que Patrie, ont été directement ou indirectement impliquées à des titres divers dans le massacre des manifestants et de la police. Un tel massacre sous fausse bannière, de par sa nature même, ne pouvait qu’être organisé et perpétré furtivement avec l’implication d’un nombre limité de dirigeants et de snipers.

L’étude montre que des groupes clandestins de snipers armés appartenant au Maidan ont initié le massacre tôt le matin du 20 février en ciblant la Berkut et les Troupes Intérieures avec des munitions à balles réelles, à partir en particulier du Conservatoire de Musique et de l’hôtel Ukraina. En leur infligeant des pertes conséquentes, ils les ont obligés à se replier. Ces groupes, et d’autres groupes armés du Maidan, ont ensuite massacré des manifestants, qui ne soupçonnaient pas ce qui se tramait, à partir de positions dissimulées dans plus de 20 bâtiments contrôlés par le Maidan et en particulier l’hôtel Ukraina, le palais Zhovtnevyi et la banque Arkada.

L’analyse de contenu des vidéos synchronisées, les enregistrements audio, les photos et l’analyse de différents document disponibles et publics montre que la majorité absolue des manifestants tués et blessés et tous les policiers tués et blessés l’ont été par ces snipers opérant depuis les bâtiments contrôlés par le Maidan. L’analyse de contenu montre que au moins 8 vidéos ont filmé les snipers dans des bâtiments et zones contrôlés par le Maidan, visant ou tirant sur la police Berkut pendant le massacre. Leurs aveux et ceux d’autres snipers du Maidan, des témoignages séparés et l’analyse de contenu révèlent que sur au moins 6 de ces vidéos, ces snipers appartiennent à la compagnie armée spéciale du Maidan, liée à l’extrême droite. 14 vidéos ont filmé les snipers dans les bâtiments contrôlés par le Maidan en train de viser ou de tirer sur les manifestants du Maidan. Ce nombre comprend 10 vidéos dans lesquelles les snipers sont identifiés par les manifestants du Maidan, des journalistes, l’analyse de contenu ou autre source comme liés au Maidan. Au moins 26 vidéos montrent des groupes de snipers armés et des guetteurs entrant ou sortant de bâtiments contrôlés par le Maidan, cherchant ou changeant de positions de tir. Plus de 80 vidéos montrent des manifestants, des journalistes ou des policiers pointant vers des snipers dans les bâtiments contrôlés par le Maidan ou témoignant de leur présence pendant le massacre. Ces faits sont cohérents avec un enregistrement sonore d’un des groupes de snipers tirant sur commande.

Le communiqué par le parti d’extrême droite Svoboda, les vidéos, les témoignages par le commandant de l’Auto-Défense du Maidan, les manifestants du Maidan, les journalistes ukrainiens et le personnel de l’hôtel montre que l’hôtel Ukraina était gardé et contrôlé par l’opposition du Maidan, et en particulier par Svoboda, avant, durant et immédiatement après le massacre des manifestants et des policiers à partir de cet hôtel. Le même niveau de preuves existe permettant d’établir le contrôle par le Maidan des autres bâtiments d’où ont opérés les snipers qui ont tiré sur les manifestants et la police.

Plusieurs centaines de témoins ont rapporté dans les médias et les réseaux sociaux la présence pendant le massacre de snipers dans l’hôtel Ukraina et d’autres bâtiments contrôlés par le Maidan.

Huit politiciens du Maidan et militants ont affirmé publiquement qu’ils avaient été témoins de la participation de hauts dirigeants du Maidan issus des partis de l’oligarchie et de l’extrême droite dans le massacre, soit qu’ils étaient au courant de l’organisation, qu’ils ont aidé au déploiement des snipers ou à l’évacuation de ceux qui avaient été capturés par les manifestants du Maidan. Ces dires sont cohérents avec d’autres preuves, tels que les témoignages de 14 individus ayant confessé avoir été membres des groupes de snipers, venant en particulier d’une compagnie du Maidan d’extrême-droite restée furtive et de Géorgie.

Les vidéos synchronisées montrent que la chronologie précise et la direction des tirs de la Berkut ne correspond pas à la chronologie et la direction des tirs qui ont touché des manifestants identifiés. Une longue vidéo de la chaîne de télévision allemande ARD, qui a enregistré simultanément les meurtres et les blessures de manifestants avec les positions de la Berkut confirme ce résultat. Les preuves visuelles en elle-même sont suffisantes pour affirmer que la majorité absolue des morts et blessés parmi les manifestants du Maidan n’ont pas été touchés par des tirs des policiers de la Berkut accusés du massacre.

Les vidéos révèlent aussi que des manifestants du Maidan ont été trompeusement entraînés puis massacrés par des snipers opérant depuis les bâtiments contrôlés par le Maidan, tels que l’hôtel Ukraina. Cette étude montre aussi que des journalistes occidentaux, polonais et russes ont été visés par les snipers depuis les bâtiments contrôlés par le Maidan.

Il n’y a pas de preuves spécifiques que Yanukovych, ses ministres ou ses commandants aient ordonné ou aient été autrement impliqués dans le massacre des manifestants du Maidan. Les impacts de balle montrent que la Berkut a tiré principalement au-dessus et devant les manifestants du Maidan, et en particulier, par-dessus les manifestants, vers le second étage et les étages supérieurs de l’hôtel Ukraina, emplacement principal des snipers du Maidan. Ils ont aussi tiré sur des arbres, des poteaux électriques, des murs et sur le sol. Des preuves vidéo et témoignages établissent également que des journalistes états-uniens, britanniques, allemands, polonais et russes ont été pris pour cible par les snipers à partir des bâtiments contrôlés par le Maidan.

Cette étude permet aussi de donner une explication rationnelle à l’échec de l’enquête gouvernementale qui n’a pas réussi à identifier et traduire en justice ceux qui ont été directement impliqués dans ce meurtre de masse, et à la falsification de l’enquête.

Il n’y a aucune preuve de l’intervention de snipers d’une ‘troisième force’. Plusieurs Géorgiens membres auto-avoués des groupes de snipers ont témoigné dans les médias et durant l’enquête et le procès qu’ils avaient, tout comme leurs collègues géorgiens et d’autre snipers de différentes nationalités, reçu leurs ordres de l’opposition du Maidan et d’ex dirigeant géorgiens.

Les résultats de cette étude sont corroborés par l’enquête et le procès sur le massacre du Maidan qui ont pris place en Ukraine. Les preuves de ce côté sont à trouver : dans les témoignages de la majorité absolue des manifestants blessés selon lesquels eux-mêmes et d’autres manifestants avaient été atteint par des tirs de snipers de l’hôtel Ukraina ou d’autres bâtiments contrôlés par le Maidan, et dans les témoignages de presque 100 témoins de l’accusation et de la défense au sujet de ces snipers. Les preuves incluent aussi des vidéos présentées au procès, les résultats des examens de médecine légiste montrant que pratiquement tous les manifestants avaient été blessés depuis des positions élevées, dans le dos ou sur les côtés, les résultats des experts balistiques du gouvernement montrant que beaucoup de manifestants avaient été atteints depuis l’hôtel Ukraina ou d’autres bâtiments contrôlés par le Maidan, et les examens balistiques initiaux montrant que les balles retirées des corps des manifestants tués ne correspondaient pas aux balles utilisées dans les Kalashnikovs de la Berkut.

L’opération de camouflage des snipers et des preuves clé, et l’obstruction systématique de l’enquête et du procès par les gouvernements du Maidan et l’extrême droite, le refus par l’accusation d’admettre qu’il y avait des snipers dans les bâtiments contrôlés par le Maidan, et l’échec à condamner qui que ce soit pour le massacre des manifestants et des policiers plus de 10 ans après que ce massacre parmi les plus documentés de l’histoire ait été commis, sont aussi des éléments qui corroborent nos résultats. Il est peu probable que des études comme la nôtre puissent être prises en considération par le tribunal à cause de la pression politique et des attaques et menaces de l’extrême droite contre le procès du massacre du Maidan.

Cette étude montre aussi visuellement – sur la base des vidéos synchronisées, des impacts de balle dans les boucliers et les casques, de la direction des blessures, des examens de médecine légiste et la reconstruction sur site par les experts du gouvernements – que le modèle produit par la compagnie d’architecture SITU pour le compte des avocats des victimes du massacre avait déformé les emplacements des blessures et la direction des tirs qui ont tué trois des manifestants.

La négation de l’opération sous fausse bannière qu’a été le massacre du Maidan en dépit des preuves accablantes est pour l’essentiel motivée politiquement. Ce cas d’école de violence politique a été déformé par les politiciens, les médias avec quelques exceptions importantes et par Wikipédia.

En cohérence avec la théorie proposée du choc moral sous-tendant le retournement contre l’état de ses politiques répressives, ce meurtre de masse sous fausse bannière a produit le retournement escompté contre le gouvernement de Yanukovych et ses forces, qui ont été immédiatement blâmés par l’opposition, les gouvernements occidentaux et une partie du parti au pouvoir, ainsi que par les médias ukrainiens et occidentaux, d’avoir orchestré le massacre. La condition mise par les gouvernements occidentaux – rapportée par des dirigeants du Maidan y compris le parti d’extrême droite Svoboda et par le représentant d’un gouvernement occidental – qu’ils se retourneraient contre le gouvernement de Yanukovych après que le nombre des victimes ait atteint une centaine, chiffre vu comme compatible avec un choc moral capable de retourner la répression contre elle-même, a représenté une forte incitation pour les dirigeants du Maidan à ‘sacrifier’ 100 manifestants du Maidan et à en imputer leur meurtre aux forces gouvernementales. Les manifestants tués ont immédiatement été appelés les Cent Martyrs Célestes. Des manifestants morts d’autres circonstances et des personnes n’ayant jamais participé au Maidan ont été rajoutés pour arriver au chiffre de cent victimes.

Ces informations sur l’implication de gouvernements occidentaux et l’appui prêté à un renversement violent et non démocratique du gouvernement ukrainien à l’aide du massacre du Maidan, ainsi que la déformation de ce massacre par les gouvernements occidentaux en dépit des preuves, y compris la communication téléphonique entre le ministre des affaires étrangères Estonien et le chef de la diplomatie de l’Union Européenne exposant que ce meurtre de masse avait été perpétré avec la participation d’éléments de l’oligarchie et de l’extrême droite de l’opposition Maidan, demande des recherches supplémentaires.

Cette opération de massacre de manifestants et de policiers sous fausse bannière, ainsi que les multiples tentatives d’assassinat qui l’ont suivi, a conduit Yanukovych à s’enfuir de Kiev, puis d’Ukraine, et au renversement violent du gouvernement Ukrainien. Ce massacre sous fausse bannière a constitué un élément clé du renversement violent et anti-démocratique du gouvernement ukrainien. Il s’agit d’une violation majeure des droits de l’homme et d’un crime qui reste impuni bientôt dix ans plus tard en dépit des preuves accablantes disponibles y compris pour le public. Le massacre de manifestants et de policiers sur la place du Maidan le 20 février 2014 a été le point tournant d’un conflit qui s’est amplifié dans les conflits majeurs qui en en ont découlé en Ukraine, entre l’Ukraine et la Russie et entre l’Occident et la Russie, avec en particulier l’annexation de la Crimée par la Russie, la guerre dans le Donbass, l’invasion illégale et dévastatrice de la Russie et la guerre en Ukraine qui est maintenant devenue une dangereuse guerre par procuration entre l’Occident et la Russie.

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Tableau 1 : Sources des preuves examinées

Table 1. Major evidence of the false-flag massacre of the Maidan protesters and the police in Ukraine on 20 February 2014
Summary of evidenceSource
At least 8 videos show snipers in the Maidan-controlled buildings and areas, including 6 videos of snipers identified as Maidan snipers, aiming or shooting at the Berkut police during the Maidan massacre. At least 14 videos show snipers in the Maidan-controlled buildings, including 10 videos of them identified as Maidan snipers, aiming, or shooting at the Maidan protesters. At least 26 videos of groups of armed Maidan snipers and spotters moving into, looking for, changing, or leaving shooting positions in the Maidan-controlled buildings and areas. At least 8 photos of groups Maidan snipers and spotters in the Maidan-controlled buildings and areas. A radio communication recording of a group of apparent Maidan snipers shooting, and 4 radio communications recordings of government forces concerning snipers in the Maidan-controlled buildings. Excludes 13 videos and photos of individual protesters on the ground openly aiming or shooting at the police or filmed with firearms during the massacre.Video A, C, D; media & social media
Over 80 videos of protesters, journalists, & policemen during the Maidan massacre pointing to or testifying about Maidan snipers/snipers in the Maidan-controlled buildings.Video A, C, D, E
Synchronized videos show that specific times of gunshots by the Berkut policemen and their aiming direction in synchronized videos do not coincide with specific times and locations of killing of at least 39 out of 49 protesters. There is lack of video data in 10 other cases of the killed protesters.Video A; Photo 1; Maidan massacre trial & investigation; “Vysota”; SITU
Synchronized videos show 3 protesters were killed and 10 wounded before the Berkut special company started shooting. And 45 protesters were killed before Omega, SBU, and other government sniper units were deployed.Video A; Vysota; Maidan massacre trial & investigation; SITU
Synchronized videos show several hundred different sounding gunshots when Berkut was filmed not shooting and before the arrival of government snipers.Video A, C, D; “Vysota”
Videos, photos, testimonies, and on-site examinations by government forensic experts show snipers and spotters, including from the special armed Maidan company, in at least 20 Maidan-controlled buildings, such as the far-right Svoboda-controlled Hotel Ukraina, the Music Conservatory (far-right-linked special armed Maidan company headquarters), the Main Post Office (the far-right Right Sector headquarters, Kozatsky Hotel (neo-Nazi Patriot of Ukraine headquarters), Zhovtnevyi Palace, and the Bank Arkada.Video A, C; “Vysota”
Videos, photos, and testimonies show control of these 20 buildings and areas of their location by the Maidan forces, including the special armed Maidan company, at the time of the massacre of the Maidan protesters and the police by snipers from these buildings and areas.Video A, C, D; “Vysota”
At least 51 out of 72 wounded Maidan protesters, with whose shooting Berkut policemen are charged and whose testimonies were revealed at the trial, testified at the trial and the investigation that they were shot by snipers from Maidan-controlled buildings or areas (31), witnessed themselves snipers there, and/or were told by other Maidan protesters during the massacre about such snipers (33).Video Appendix AFootnote39
Testimonies of several dozens of prosecution witnesses and relatives of killed protesters at the Maidan massacre trial and the investigation concerning snipers in the Maidan-controlled buildings and areas. Testimonies by dozens of defense witnesses concerning Maidan snipers/snipers in the Maidan-controlled buildings and areas.Video Appendix BFootnote40; Maidan massacre trial
Testimonies by over 300 other witnesses, including over 100 video testimonies, concerning Maidan snipers/snipers in the Maidan-controlled buildings & other evidence of the false-flag massacre.Video B; Ukrainian media, and social media
Five Maidan leaders and activists testified about advance knowledge of the Maidan massacre by specific leaders of Maidan oligarchic parties & far-right organizations.Video B; Ukrainian media, and social media
Seven Maidan politicians and activists testified concerning specific involvement of specific Maidan leaders in the massacre of both the police and the Maidan protestersVideo B, D; Maidan massacre trial; American, Italian, Israeli, Macedonian, Russian & Ukrainian media; social media
14 self-admitted members of Maidan sniper groups testified about specific involvement of themselves and/or other Maidan snipers and/or leaders in the massacre of the protesters and/or the police, including the massacre orders.Maidan massacre trial & investigation; American, Italian, Israeli, Macedonian, Russian & Ukrainian media; social media
Two leaders of the far-right Svoboda party stated in their interviews that a Western government representative told them and other Maidan leaders a few weeks before the massacre that the Western governments would turn on the Yanukovych government after casualties among protesters would reach 100.Braty (Citation2017, p. 94).
Maidan opposition and then Maidan government leaders, such as Yatseniuk, Poroshenko, and Parubii, publicly admitted that not the Berkut police on the ground but snipers from Hotel Ukraina and the Music Conservatory massacred the Maidan protesters. US Vice-president Joe Biden stated that “snipers on the roofs” massacred the protesters. In an intercepted telephone call with the EU foreign affairs head, the Estonian minister of foreign affairs referred to a testimony by the head of the Maidan doctors that elements of the Maidan opposition perpetrated the massacre.Video B; “36 hours”
Several dozen journalists from more than dozen countries, including from ABC, CNN, New York Times, BBC, Guardian, ITV, ARD, Bild, Spiegel, La7, TT News Agency, TVP, 1+1, 5 Kanal, ICTV, Novyi Kanal, and Kyiv Post, reported in the media or the social media about witnessing snipers in Hotel Ukraina and other Maidan-controlled buildings and areas, including shooting of Maidan protesters by these snipers, cited eyewitnesses among Maidan protesters about such snipers, or based their reports on such testimonies.Video A, B, C, D, E; Chivers; media; social media
No testimonies by the Berkut policemen, ex-police and SBU commanders, and ex-Yanukovych government officials admitting involvement in the massacre of the Maidan protesters, witnessing such involvement, or getting such specific information from others.Maidan massacre trial & investigation; Katchanovski (Citation2023); media; social media
No witness testimonies about specific involvement of Yanukovych, his government ministers, commanders, in the massacre of the protesters, including their advance knowledge and massacre orders. A former adviser to the Prosecutor General of Ukraine stated that there was no real evidence of the Yanukovych involvement in the massacre in the Maidan investigative case and that his government-provided bodyguards testified that during the massacre Yanukovych was not understanding what was going on.Maidan massacre trial & investigation; media; social media; Video B
Onsite investigative experiments with government forensic ballistic experts determined that at least 16 specific Maidan protesters were killed or wounded and that 2 German ARD TV journalists were shot at from Maidan-controlled buildings or areas.Video F; Maidan massacre trial & investigation; Katchanovski (Citation2023)
Prosecutor General Office of Ukraine investigation determined based on investigative experiments and their testimonies that almost half of protesters (77 out of 157) were wounded from other sectors than the Berkut police and did not charge anyone with their shooting.Maidan massacre trial & investigation; Katchanovski (Citation2023)
The GPU stated in March 2014 that its investigation identified snipers who massacred the Maidan protesters, identified their locations, and seized their weapons, and that foreigners were investigated in the involvement of the massacre. The GPU stated in April 2014 that its investigation found that protesters were shot with a Simonov “sniper rifle” from Hotel Ukraina. An International Advisory Panel of the Council of Europe report in 2015 revealed that the official investigation in Ukraine had evidence of killing of at least 3 Maidan protesters from Hotel Ukraina or the Music Conservatory and that at least 10 other protesters were killed by “snipers” from rooftops of buildings. But the GPU investigation denied that there were snipers in Maidan-controlled buildings and did not investigate them despite overwhelming evidence.Ukrainian media; Katchanovski (Citation2023)
The GPU investigation determined that the government snipers did not massacre the Maidan protesters with the exception of an Omega sniper, who was charged in 2019 with killing of one protester but was released by a court because of lack of evidence. Two protesters testified that he was shot from the Maidan-controlled buildings when he faced the government positions. Forensic examinations by government experts found that he was killed by a rusted expanding hunting bullet in the back from a steep direction from a Maidan-controlled building.Maidan massacre trial & investigation; Katchanovski (Citation2023); media
Forensic medical examinations by government experts showed that nearly all protesters were shot from the top, the back, or from the side while facing the Berkut police on similar ground level.Maidan massacre trial & investigation; Katchanovski (Citation2023); Video D
Bullet holes identified in government forensic expert reports, videos, and photos from directions of Hotel Ukraina and other Maidan-controlled buildings are in the areas, heights, and directions that match the shooting of the protesters. Bullet holes identified in government forensic expert reports, videos, and photos from Berkut and government snipers directions are located above protesters in Hotel Ukraina and in electric poles, flower boxes, and trees.Photo 1; Maidan massacre trial & investigation; Katchanovski (Citation2023)
No evidence of an order to massacre the Maidan protesters by President Yanukovych and his Internal Affairs, police, and SBU chiefs and commanders.Maidan massacre trial & investigation; Katchanovski (Citation2023); media
All evidence combined or at least one type of evidence, such as videos, testimonies, and forensic medical and ballistic examinations by government experts, point to killing of all 49 Maidan protesters and wounding of at least 149 out of 157 protesters by snipers from Maidan-controlled buildings. Ricochets from gunshots by Berkut police cannot be completely excluded in two cases of killed protesters. There is lack of data in 7 cases of wounded protesters. Evidence shows that wounding of a female Maidan medic was staged.Video A, B, C, D, E; Maidan massacre trial & investigation; Katchanovski (Citation2023)
There are no videos, photos, or specific corroborated testimonies concerning snipers from any third force. The government investigation in Ukraine has not found any evidence of involvement of Russian or any other third force snipers in the Maidan massacre.Maidan massacre trial & investigation; media; social media
Forensic ballistic examinations determined that one protester was killed from a hunting version of Kalashnikov machine gun, 4 by pellets, and two by expanding hunting bullets, while 19 protesters were killed by 7.62x39mm caliber bullets which match calibers of hunting versions of Kalashnikovs, Simonov carbine, or AKMS Kalashnikov assault rifles.Maidan massacre trial & investigation; Katchanovski (Citation2023)
A forensic ballistic examination conducted by government institute experts on the prosecution request with use of an automatic computer-based IBIS-TAIS system in 2015 found that bullets extracted from killed protesters, trees, and Hotel Ukraina rooms did not match police database of bullet samples from any 7.62×39 caliber Kalashnikov assault rifles of members of the entire Kyiv Berkut regiment, including the special Berkut company charged with the massacre of the protesters.Maidan massacre trial & investigation; Katchanovski (Citation2023)
Disappearance of almost all shields and helmets of killed and wounded protesters, many bullets extracted from bodies or objects, several trees with bullets and/or bullet holes, recordings of live online streams, web cameras and security cameras showing the massacre and the Maidan-controlled buildings and areas.Maidan massacre trial & investigation; Katchanovski (Citation2023); media
Cover-up & tampering with evidence such as unexplained reversals of testimonies of many wounded protesters concerning snipers in the Maidan-controlled buildings and reversals of some 40 previous forensic examinations of bullets. Bullets of many killed and wounded Maidan protesters without any documentation or other chain of custody appeared, disappeared, changed size, shape, and packages, or were not sealed.Maidan massacre trial & investigation; Katchanovski (Citation2023)
Two out of five Berkut policemen charged with the Maidan massacre were released by the trial judges because of the lack of evidence. All five Berkut policemen were exchanged to Donbas separatists. Two of them returned to face the trial.Maidan massacre trial; Katchanovski (Citation2023); media
Nobody is convicted or under arrest for the Maidan massacre of the protesters and the police for almost 10 years after the massacre. The Maidan massacre investigations & trial were stonewalled by the government. The far-right attacked and threatened the Maidan massacre trial.Maidan massacre trial & investigation; Katchanovski (Citation2023); media

[a] NdT : on gardera ici la dénomination anglaise de ‘sniper’, passée dans le français courant, qui recouvre les deux sens de ‘tireur d’élite’ et de ‘tireur embusqué’.

[b] NdT : On utilisera ici la dénomination ‘le Maidan’ ou ‘l’EuroMaidan’ pour désigner les mouvements organisés et plus ou moins coordonnés qui ont organisé et encadré le mouvement de protestation contre le gouvernement de Yanukovich de décembre 2013 à février 2014. Ce mouvement s’est en particulier traduit par l’occupation par les manifestants de la place du Maidan (place de l’indépendance) à Kiev, y compris d’une partie des bâtiments qui entourent la place pendant plusieurs semaines jusqu’au dénouement final, le 22 février 2014 avec la démission du président en exercice, Viktor Yanoukovych.

De même, on gardera l’appellation de ‘massacre du Maidan’ pour désigner la tuerie de manifestants et de policiers qui a eu lieu dans la journée du 20 février 2014 sur la place du Maidan.

[c] NdT : Les Berkout, ou Berkut, sont des unités spéciales de la police ukrainienne, chargées de la répression des mouvements de masse.

[d] Voltaire. (1817). Oeuvres Complètes : Dictionnaire Philosophique. Chez Th. Desoer, p. 788. Un manifestant du Maidan jouait de la trompette pendant la fusillade. Il s’est retrouvé sous le feu de snipers tirant depuis l’hôtel Ukrainia qui était sous contrôle du Maidan (voir Video A).

[e] Des versions antérieures de cette étude ont été présentées lors du Meeting Annuel de l’Association Américaine de Sciences Politiques à San Francisco, du 3 au 6 septembre 2015 et lors de la conférence « Régimes et Sociétés en Conflit : Europe de l’est et Russie depuis 1956 » organisée par l’Institut des Etudes Russes et Eurasiatiques de l’Université d’Uppsala et l’Association Britannique d’Etudes Slavoniques et Est-Européennes du 13 au 14 septembre 2018 à Uppsala. Je remercie ici les évaluateurs anonymes pour leurs commentaires et leurs suggestions.

[f] Une version déformée du massacre du Maidan a été publiée par plusieurs douzaines de sites d’information de langue anglaise, en termes identiques ou très peu éloignés, sur tous les principaux réseaux sociaux   (Facebook, Twitter, Instagram, VKontakte, YouTube, Reddit, etc.) ainsi que sur différents forums comme Ukrainska Pravda forum et sur Wikipedia. Cette similarité dans les termes est inhabituelle pour les réseaux sociaux et suggère une opération de désinformation avec une implication probable de Svoboda, utilisant de nombreux faux comptes et fausses pages d’information. Le texte des commentaires postés sous un article de Ukrainska Pravda  concernant le massacre du Maidan par Svyatoslav Gut, immigrant et activiste d’extrême-droite lié à Svoboda qui utilisait son propre compte Facebook, est en tous points identique au texte standard des comptes sur les réseaux sociaux et les forums en ligne, ainsi qu’aux commentaires de nombreux trolls et bots. On retrouve les mêmes contenus, jusqu’aux nom et prénom, dans une fausse page de ResearchGate (Eks-okhoronets’ Yanukovycha: Pershyi napad buv 19 liutoho 2014 roku. Ukrainska Pravda, 2018, May 4, https://www.pravda.com.ua/news/2018/05/4/7179458; Slav Gutt, ResearchGate, https://www.researchgate.net/profile/Slav-Gutt).

Par ailleurs, les mêmes éditeurs de Wikipédia qui ont sciemment déformé le compte-rendu du massacre du Maidan et passé sous silence le rôle qu’y a joué l’extrême-droite se sont employés dans différents articles de Wikipédia à blanchir l’extrême droite ukrainienne historique et actuelle, y compris un certain nombre d’organisations ouvertement néo-nazies, l’Organisation des Nationalistes Ukrainiens et l’Armée Insurrectionnelle Ukrainienne, occultant leur collaboration avec l’Allemagne nazie, leur idéologie et leurs leaders, leur salutations de ‘Gloire à l’Ukraine’, et leur implication dans les meurtres de masse de Juifs, de Polonais et d’Ukrainiens. Parmi ces éditeurs, on trouve Nangaf, Wise2 (Slav70), Bobfrombrockley, My Best Wishes et Volunteer Marrek. Les 4 derniers ont été identifiés par un certain nombre de publications et de sources internet comme étant, respectivement : Svyatoslav Gut, Ben Gidley, Andrei Lomize, and Radek Szulga, des activistes d’extrême droite liés à Svoboda. Ces deux derniers ont aussi été identifiés comme impliqués dans la déformation intentionnelle sur Wikipedia de l’Holocauste en Pologne (Grabowski & Klein, Citation2023).

[g] “Monitor,” No 660, ARD, 10 avril 2014, https://www.youtube.com/watch?v=xriJ3x4IeD0.

[h] Gabriel Gatehouse, “l’histoire cachée du massacre du Maidan,” BBC News, 11 février 2015, http://www.bbc.com/news/magazine-31359021.

[i] NdT : le reportage ‘the untold story of the Maidan massacre’ est toujours indexé dans les vidéos de la BBC, mais a depuis été retiré et n’est donc plus visionnable.

[j] Ndt : Instytutska Street

[k] “Romanian Ex-President Iliescu Indicted For ‘Crimes Against Humanity.‘” RFE/RL, December 21, 2018, https://www.rferl.org/a/romanian-ex-president-iliescu-indicted-for-crimes-against-humanity-/29669414.html.

[l] 7. Video A, https://youtu.be/1RNCNQpeTqI; Video B, https://youtu.be/z0IPwD17WQw; Video C, https://youtu.be/epCZkgUIZ2A; Video D, https://youtu.be/GSlFBOpJAos; Video E, https://youtu.be/zfSETdAA8No.

[m] Ivan Katchanovski, “The Buried Maidan Massacre and Its Misrepresentation by the West” Consortium News,” April 22, 2019, https://consortiumnews.com/2019/04/22/the-buried-maidan-massacre-and-its-misrepresentation-by-the-west/.

[n] “Vysota ‘”Zhovtnevyi’” (2-e vydannia). Chastyna 2: 08:53–11:00 (20.02.2014),” 2017, https://www.youtube.com/channel/UC4-22B1vGRQC4tjI-9Z-aLA; “Vysota ‘Zhovtnevyi’” (2-e vydannia). Chastyna 3: 10:58–17:31 (20.02.2014),” 2017, https://www.youtube.com/watch?v=hve1CHcGq9c.

[o] Bellingcat, 2015, https://twitter.com/bellingcat/status/566942944285175808?s=20. The failure by Bellingcat to examine the Maidan massacre was dog that did not bark.

[p][p][p] https://mega.co.nz/#!x940EJCZ!xgo3mOstwvatJ194GnCIoJBrMIrnrb4wq5L1Z7TCyA.

[q] NdT Fatherland Party

[r] ““Bat’kivshhyna”: snajpery obstrilyuyut“mitynhuval’nykiv z daxiv Zhovtnevoho palacu j konsevatorii,” Ukrainski novyny, February 20, 2014, https://ukranews.com/ua/news/232789-batkivshhyna-snaypery-obstrilyuyut-mitynguvalnykiv-z-dakhiv-zhovtnevogo-palacu-y-konsevatorii.

[s] 13. See, for example, “The untold story;” “Ivan Bubenchik: «Ya ubil ih v zatylok, eto pravda».” Bird In Flight, February 19, 2016, https://birdinflight.com/ru/mir/ivan-bubenchik-ya-ubil-ih-v-zatylok-eto-pravda.html; Oksana Kovalenko, “Sotnyk, yakyj perelomyv khid istoriyi: Treba bulo dotyskaty,” Ukrainska pravda, February 24, 2014, http://www.pravda.com.ua/articles/2014/02/24/7016048; Parasyuk. “Parasjuk. Sensacionnaia pravda o rasstrelah na Majdane, Kolomoiski, Portnov, Lukash.” 2020, https://www.youtube.com/watch?v=2Z5NoQsdvo4.

[t] “Kto nachal boiniu na Majdane. “Strana” publikuet pofamil’nyi spisok 34 chlenov “gruppy Parasyuka.” Strana.ua, February 18, 2020, https://strana.today/news/250376-kto-ubival-ljudej-na-majdane-20-fevralja-2014-hoda-dokumenty-sledstvija.html.

[u] https://mega.co.nz/#!x940EJCZ!_xgo3mOstwvatJ194GnCIoJBrMIrnrb4wq5L1Z7TCyA.

[v][v] https://mega.co.nz/#!x940EJCZ!_xgo3mOstwvatJ194GnCIoJBrMIrnrb4wq5L1Z7TCyA.

[w] Voir “Ivan Bubenchik”

[x] NdT : une loi votée dès le 21 février par le parlement ukrainien expurgé des membres favorables à Yanukovych établit que toutes les personnes ayant participé aux protestations de masse et qui seraient suspectées ou accusées de crimes, y compris de violence ou de meurtre d’un agent de la force publique entre le 21 novembre 2013 et le 28 février 2014 sont exemptées de responsabilité criminelle.

[y] “Nove video rozstriliv na Maidani,” TyzhdenUA, 2017, https://www.youtube.com/watch?v=gquj-Gf7cVQ.

[z] NdT : en anglais :  “the dog that did not bark”. L’expression est tirée d’une aventure de Sherlock Holmes et est utilisée couramment pour désigner une situation où quelque chose d’attendu ne se produit pas.

[aa] See SITU Research.

[bb] “VO ‘Svoboda’ uzyala pid kontrol” “Ukrayinu.” VO Svoboda, January 25, 2014, https://web.archive.org/web/20140128082552/http://www.svoboda.org.ua/diyalnist/novyny/046864/; “Maidan 25 sichnya/Oleh Tyahnybok: Borot“ba tryvaye!—Promoav na Narodnomu vichi/Revolyuciya hidnosti,” 2014, https://www.youtube.com/watch?v=JUwoaANSX5Y.

[cc] pilnobachennia, – spilno.tv, February 20, 2014, https://www.facebook.com/spilno.tv/posts/502902093152183.

[dd] Videos show that a roof window of the National Bank had been opened by someone shortly after 10:00am, but security cameras footage from the bank, testimonies by the security guards at the trial, and the government investigation did not reveal any evidence of snipers there during the Maidan massacre (Video A).

[ee] See Video A and “Vysota ’”Zhovtnevyi.‘”

[ff] “Kogda ubivali liudei svobodovtsy priatalis v nomerakh gotelia Ukraina.” 2014, https://youtu.be/lSoGsR304rk.

[gg] “Svobodivtsi zvynuvatyly vladu u politychnykh represiiakh (video).” 2015, https://dailylviv.com/news/polityka/svobodivtsi-zvynuvatyly-vladu-u-politychnykh-represiyakh-video-24018.

[hh] “Yakshho ne bude vymohy vidstavky, my pidem na shturm—sotnyk.” 2014, https://youtu.be/4ys0FDfXQak.

[ii] Valeriy Kalnysh, “Andrey Parubiy: Na Majdane i po nam, i po ‘Berkutu’ ‘rabotal’ rossijskij specnaz.” RBK—Ukraina, February 2, 2015, http://www.rbc.ua/rus/interview/andrey-parubiy-na-maydane-i-po-nam-i-po-berkutu-rabotal–17022015132900.

[jj] Office of the United Nations High Commissioner for Human Rights. 2016. Accountability for killings in Ukraine from January 2014 to May 2016. https://www.ohchr.org/sites/default/files/Documents/Countries/UA/OHCHRThematicReportUkraineJan2014-May2016_EN.pdf.

[kk] NdT : l’accord prévoyait aussi l’évacuation des forces gouvernementales du centre de Kiev.

[ll] “The hidden truth about Ukraine—Part 1,” https://www.youtube.com/watch?v=wR1NFI6TBH0; “The hidden truth about Ukraine—Part 2,” https://www.youtube.com/watch?v=V0rR2Fh1; “Ploshhad” Razbityh Nadezhd (polnaja versija),” https://www.youtube.com/watch?v=C-7xjDxFSQc; “The Ukraine Hoax,” https://rumble.com/v1e6fr9-the-ukraine-hoax.html; “Advokat berkutovcev Aleksandr Goroshinskij: Esli by ‘gruzinskie snajpery’ byli fejkom, sud uzhe davno by ih razvenchal, provedja ih dopros.” Ukrainski novyny, October 31, 2019, https://ukranews.com/interview/2245-aleksandr-goroshinskij-esli-by-gruzinskie-snajpery-byli-fejkom-sud-uzhe-davno-by-ih-razvenchal.

[mm] “Four Inaccuracies in Disinformation about Georgian Snipers Allegedly Opening Fire on Protesters Rallying on Maidan,” Myth Detector, 22 February 2018, https://mythdetector.ge/en/four-inaccuracies-in-disinformation-about-georgian-snipers-allegedly-opening-fire-on-protesters-rallying-on-maidan/.

[nn] “Zasidannia vid 14.12.2021 u spravi pro «Vbyvstva lyudei 20.02.2014 pid chas Evromaidanu»,” https://youtu.be/iwaXGtd1Pe8?t=6026.

[oo] “Ploshhad”.

[pp] Sergei Zavorotnyi, “Razrushat li pokazanija Janukovicha mifologiju maidana?”. Antifashist, November

[qq][qq] “Po men’shei mere chetvero snajperov rasstrelivali liudei na Maidane 20 fevralia—pol’skii zhurnalist.” UNIAN, February 24, 2014, http://www.unian.net/politics/889175-po-menshey-mere-chetvero-snayperov-rasstrelivali-lyudey-na-maydane-20-fevralya-polskiy-jurnalist.html.

[rr] “Yatseniuk vymahaye vid Yanukovycha prybraty snajperiv z hoteliu «Ukrayina»,” February 20, 2014, Fakty, https://fakty.com.ua/ua/ukraine/polituka/20140220–1504792/.

[ss] “36 Hours in Ukraine with Vice President Biden,” https://youtu.be/PpI-gPhc538.

[tt] See also, for example, “Monitor;” C.J. Chivers. Twitter, March 6, 2014, https://twitter.com/cjchivers/status/441534777305600000; Ian Traynor and Harriet Salem, “Snipers stalk protesters in Ukraine as Kiev hotel becomes makeshift morgue.” Guardian, February 20, 2014, https://www.theguardian.com/world/2014/feb/20/ukraine-snipers-kiev-hotel-makeshift-morgue.

[uu] NdT les titushki étaient des milices ad hoc composées d’individus recrutés, y compris parmi les délinquants, par les services de sécurité gouvernementaux et qui ont participé au harcèlement de l’opposition Maidan, en particulier lors d’un célèbre incident qui a entraîné la mort d’un journaliste.

[vv] “SBU ne peredala GPU dokazatel’stva uchastiia Surkova v rasstrele Evromaidana, – Shokin,” May 27, 2015, 112 Ukraina, http://112.ua/politika/sbu-ne-peredala-gpu-dokazatelstva-uchastiya-surkova-v-rasstrele-evromaydana–shokin-232196.html; Alla Shershen’, “Glavnyj sledovatel’ po delu Maidana: Udivljaius’, kak oni ostaiutsia na dolzhnostiah,” May 19, 2015, Ukrinform, http://www.ukrinform.ua/rus/news/glavniy_sledovatel

[ww] NdT : ceci était vrai au moment où l’étude a été publiée. Le 10 octobre 2023, le juge a rendu un verdict coupable pour 5 anciens policiers de la Berkut. Le plus gradé est condamné à la prison à vie et deux de ses subordonnés à des peines de 15 ans de prison. Tous les trois ont été condamné par contumace et vivent maintenant à l’étranger après qu’un échange de prisonniers ait eu lieu en 2019 avec les séparatistes. Les deux autres policiers avaient fait le choix de rester en Ukraine pour se défendre. L’un a été condamné à 5 ans de prison et relâché, ayant purgé sa peine en préventive, le second a été acquitté.

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