Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le feuilleton continue… Une première, la chambre des représentants destitue son président


illustration : Le président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, retourne à son bureau après que la chambre basse du Congrès américain a voté pour le destituer © Thomson Reuters

par Moira Warburton et Richard Cowan

WASHINGTON (Reuters) – La Chambre des représentants a destitué son ‘speaker’ Kevin McCarthy, dans un contexte de divisions au sein même de son Parti républicain qui plongent le Congrès dans le chaos, quelques jours à peine après un accord in extremis pour éviter une fermeture partielle des administrations (“shutdown”).

C’est la première fois de l’histoire que la chambre basse du Congrès américain prend une telle décision, à l’issue d’un vote à 216 voix contre 210 initié par un petit groupe d’élus issus de la frange la plus conservatrice du Parti républicain.

Aucun successeur potentiel à Kevin McCarthy n’a émergé pour le moment.

(Reportage Makini Brice, David Morgan, Richard Cowan, Nandita Bose, Moira Warburton, Susan Heavey and Doina Chiacu; version française Jean Terzian)

Non seulement Mc Carthy a été le speaker élu avec le plus de difficultés (il a fallu quinze tours) mais il est le premier destitué à la suite d’une motion de censure lancé par un petit groupe de républicains. Pour ceux qui seraient tentés de voir en Kevin McCarthy, un républicain modéré quasi centriste, s’opposant à l’extrême droite du parti républicain, il faut bien voir le personnage qui ne le cède en rien à Trump et pour le moment on ne voit pas qui le remplacera… Ce qu’il faut bien mesurer c’est ce que cela révèle de l’état général du mode de sélection du personnel politique de la “démocratie” et au nom de quoi les USA et l’occident prétendent infliger blocus, sanctions, guerres…

Il défend des positions climatosceptiques. Il est en 2014 l’un des principaux opposants au Clean Power Plan visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre des centrales au charbon. Il s’est opposé aux réglementations sur les fuites de méthane des installations de forage de combustibles fossiles, les jugeant « bureaucratiques et inutiles ». En 2015, lors de l’accord de Paris sur le climat, Kevin McCarthy s’est opposé à la participation des États-Unis aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique. En 2011, il est l’auteur principal du Wilderness and Roadless Area Release Act, une législation qui retirerait le statut protégé de 60 millions d’acres de terres publiques.

Kevin McCarthy a reçu des dons de campagne de la part de lobbyistes de l’Arabie saoudite pour le financement de ses campagnes électorales en juin 2016, ce qui ne l’empêche pas d’affirmer lors d’une réunion avec des élus républicains que Donald Trump est « payé par Vladimir Poutine ». Il exprime en 2019 son soutien aux manifestations à Hong Kong contre le gouvernement chinois. Le 3 janvier 2020, il applaudit l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani considérant que c’est là l type d’action que le gouvernement US devrait adopter. Il se déclare favorable à l’annexion de la Cisjordanie par Israël. Il signe en 2020 une lettre adressée au Premier ministre d’Israël Benyamin Netanyahou réaffirmant « l’alliance inébranlable entre les États-Unis et Israël » Il est non seulement partisan d’Israël mais de fait d’en finir avec un possible État Palestinien.

Le personnage est cohérent sur le plan social : il milite pour l’abrogation de la loi sur la protection des patients et les soins abordables, surnommée l’Obamacare.
Face à l’administration Biden, il combat notamment la loi « Build Back Better ». La loi, avec un budget de 1,7 mille milliards de dollars, prévoit l’école maternelle pour tous les enfants de 3 et 4 ans, l’amélioration de la couverture maladie et des investissements significatifs pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Kevin McCarthy qualifie la loi d’« arnaque dépensière socialiste ». En novembre 2021, le jour du vote à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy parle pendant près de 8 heures et demi pour empêcher le vote. Il établit un nouveau record du discours le plus long à la Chambre des représentants. La loi est approuvée par la Chambre après le discours de Kevin McCarthy.

Quelques pistes de réflexions par danielle Bleitrach

Lorsque le président de la Chambre des représentants des États-Unis, Kevin McCarthy, a été évincé mardi de son poste de direction, sa présidence est devenue la plus courte depuis 1875.

Cette histoire est bizarre: Une poignée de républicains d’extrême droite ont rejoint les démocrates et ont dépouillé le républicain californien de son poste de président avec un vote de 216 contre 210, après que McCarthy ait travaillé avec les démocrates pour adopter un projet de loi de financement à court terme afin d’éviter une fermeture du gouvernement.

L’éviction semble soudaine, mais correspond à un scénario démocrate. Les américains en ont assez de ce blocage des institutions et les démocrates tenteraient d’en faire porter le poids aux républicains d’extrême droite que refusent de coopérer avec les démocrates sous quelque forme que ce soit. De plus, le poste de McCarthy était fragile dès le début. Matt Gaetz, qui était parmi les républicains un des chefs de file du vote qui a réussi a ejecter Mc Carthy de son perchoir à la Chambre, a voté à plusieurs reprises contre la candidature de McCarthy à la présidence en janvier. Cet élu de Floride (ce qui est en général le pire en matièrede républicains, avec leur obsession anti-cubaine et leur aspect mafieux) reproche principalement à Kevin McCarthy d’avoir négocié avec les élus démocrates un budget provisoire pour financer l’administration fédérale, auquel s’opposaient de nombreux conservateurs. Il accuse aussi le ténor républicain d’avoir conclu un « accord secret » avec le président Joe Biden sur une possible enveloppe pour l’Ukraine.McCarthy a finalement obtenu le marteau après 15 tours de scrutin en quatre jours. Pour gagner le poste, McCarthy a dû accepter des règles qui facilitaient la contestation de son leadership.

En plus comme nous l’avons vu ci-dessus le personnage étaient tout sauf un Républicain centriste et même s’il avait travaillé avec les démocrates contre Trump; Il avait rompu un accord de mai sur les dépenses avec le président Joe Biden.Et même si McCarthy a il y a peu collaboré avec les démocrates pour suspendre la faillite des États-Unis, il n’a pas obtenu le soutien d’un seul démocrate lors du vote de mardi. Les démocrates croient toujours que la présence de McCarthy, qui a ordonné en septembre l’enquête de destitution contre Biden, est un danger contre Biden. Ils croient également que l’éviction de McCarthy déclencherait le chaos au sein des républicains et contrecarrerait les actions des républicains contre les démocrates. Dans l’ensemble, McCarthy était donc déjà l’individu idéal pour ce genre d’opération.

Qu’est ce qui définit la démocratie: est-ce l’élection et la fifélité au parti, voir à une faction à l’intérieur du parti ou est-ce la capacité à présenter des points de vue ayant des implications pour le citoyen, implications sur lesquelles on passe un compromis après discussion. Les Chinois pensent qu’il s’agit là d’une opération montée par les démocrates pour entretenir dans la population l’idée que les Républicains sont incapables de gouverner. Stratégie qui bénéfierait de l’assentiment des forces militaroindustrielles qui jouent un rôle déterminant dans ce pays. Mais ils pensent et on peut leur donner raison que c’est une stratégie à haut risque parce que celà peut déboucher sur un blocage accru et l’an pprochain au moment des élections on peut terminer dans une crise ouverte qui n’augurera rien de bon pour Jo Biden. Celui-ci faible et sénile devenant l’image d’un pouvoir à abattre.

« Si les deux parties ne peuvent pas faire de compromis et faire preuve de retenue, mais transforment des opinions politiques différentes en excuse pour mener une croisade contre l’autre partie ou lancer une lutte à mort, cela peut conduire à une impasse ou même à une guerre civile, et la seule conséquence est que les fondements de la politique démocratique seront détruits », a déclaré recemment un expert chinois ayant un statut semi officiel.En fait, le défi réel auquel sont confrontés les politiques c’est d’en finir avec le chaos institutionnel et social et tout ce qui se produit dans cette campagne électorale va a contrario.

Nous sommes en Europe à la veille des élections européennes et les Etats-Unis adoptent la même stratégie qui accroit la crise de leadership

Joe Biden veut convaincre ses alliés pour les inviter à cracher au bassinet : oui, l’Ukraine peut encore compter sur son allié américain. L’aide de Washington pourrait encore durer “quelques mois” même si le Congrès ne vote pas, dans l’immédiat, de nouveau financement à destination de Kiev. Un soutien maintenu, malgré le fait que cette aide n’ait pas été actée ce week-end par le Congrès américain, lors du vote permettant de repousser l’échéance du “shutdown” de 45 jours.Lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche mardi, John Kirby, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, a assuré Kiev de la poursuite de l’aide. Mais il a également averti : “le temps joue contre nous”, en référence aux besoins de l’armée ukrainienne qui pourraient devenir plus importants, du fait de l’hiver qui approche. Dans le même temps, le président américain s’employait à mobiliser les alliés sur la pérennité du soutien occidental apporté à l’Ukraine. Joe Biden a réuni lors d’une conférence téléphonique plusieurs chefs d’Etat et des personnalités diplomatiques, dont Justin Trudeau, Olaf Scholz, Giorgia Meloni, Rishi Sunak ou encore Catherine Colonna, la ministre des Affaires étrangères française. “Alors que la Russie poursuit sa guerre brutale, nous sommes tous déterminés à soutenir l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra” a écrit un autre participant à la réunion, Jens Stoltenberg, dans un post sur le réseau social X.

Franchement qui peut imaginer que la démocratie et le souci des intérêts du peuple ukrainien soit le principe qui unit cette bande là ?

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1 Commentaire

  • Vincent (Rastapopulo)
    Vincent (Rastapopulo)

    Certes, Mc Carthy incarne à merveille ce que les E.U savent produire de mieux en matière d’individus éclairés et intègres.
    Mais j’espère qu’on me pardonnera ici de m’exprimer en “complotiste” qui s’assume, et de trouver bien suspect que le Président de la Chambre des représentants qui lance -à juste titre!- l’enquête en destitution contre Joe Biden se trouve subitement au cœur d’une cabale qui conduit à sa destitution…
    Comme les procès contre Trump qui se multiplient systématiquement à chaque nouvelle preuve de la corruption endémique de la famille Biden.

    Il semble que tout évènement ou récit qui peut détourner l’attention du public de l’évidence de la culpabilité et de l’infamie de leur sénescent dirigeant, soit bon à prendre.
    Si l’effondrement des E.U (qui a quelque chose de karmique et de transcendantal) ne précipitait pas aussi mécaniquement le nôtre, cette série dystopique à suspens serait vraiment la plus ludique qui soit à suivre.

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