Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les collecteurs d’argent et la dictature du prolétariat ? Les Brics, la toute nouvelle plus grande puissance du monde?

Pour tenter de comprendre ce qui se joue derrière le thème de la récession chinoise, à la veille du sommet des Brics, partons d’un article qui met en cause le poids des méga-fonds américains sur l’Etat allemand. Un article du journal Junge Welt qui décrit comme cela a été fait en France en particulier face aux retraites, la pression de ces investisseurs. C’est une véritable dictature des marchés qu’ils imposent à nos “politiques”, selon la loi néolibérale analysée par ailleurs. Or on découvre que Blackrock a été accepté en Chine pour récolter l’épargne chinoise, d’autres se pressent au portillon en vain, mais récemment Soros a dénoncé un tel accord comme nuisible aux intérêts américains autant qu’à ceux des investisseurs. Face à l’État chinois, Blackrock joue dans d’autres règles. C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre la campagne sur “la récession chinoise”. Ironiquement on peut se demander si à ce stade d’autodestruction, le Capital ne préfère pas la dictature du prolétariat à la sienne ? notant en fin d’article ce que décrit pour l’avenir un “investisseur” français à partir du refus d’accepter Macron et la France à la réunion des Brics. La réflexion d’aujourd’hui est centrée sur l’échec fondamental de l’impérialisme malgré ou à cause de la fin de l’URSS. L’impossibilité de retourner à des solutions dans lesquelles la concurrence des monopoles financiarisé conserve sa capacité politique de nuisance. C’est vrai pour les Etats, mais ça l’est encore plus au niveau international. Les Brics ne consacrent pas l’hégémonie de la Chine remplaçant les USA, il s’agit d’ un montage tout à fait différent qui s’esquisse à peine mais à la lumière duquel il faut lire bien des événements de géopolitique sur tous les continents. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Dominance et distorsion du marché : le pouvoir des méga-fonds américains sur les entreprises allemandes inquiète de plus en plus même le lobby des capitaux, par Klaus Fischer

https://www.jungewelt.de/artikel/456719.blackrock-vanguard-und-co-im-griff-der-geldsammler.html

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Ça rit : Laurence Fink, fondateur et PDG de Blackrock, à la réunion annuelle du WEF 2016 à Davos

Qui dirige l’économie allemande ? Répondre à cette question n’a jamais été facile, mais maintenant la réponse semble évidente. Une chose peut être révélée à l’avance : ce n’est pas Robert Habeck.(1)

De: Numéro du 12.08.2023, Page 5 / DomestiqueBLACKROCK, VANGUARD AND CO.

On commence à avoir un début de réponse grâce à une étude récente de l’Institut allemand de recherche économique (DIW). Cette étude a été publiée en milieu de semaine. Elle dénonce deux choses en particulier : la domination croissante des « gestionnaires d’actifs américains » au sein des structures de propriété des entreprises publiques et, surtout, le fait que cela a conduit ces fonds à devenir « de plus en plus copropriétaires d’entreprises allemandes ».

« Si les copropriétaires détiennent collectivement plus d’actions que les investisseurs individuels, cela peut être discutable en termes de droit de la concurrence », a déclaré Jo Seldeslachts, auteur de l’étude DIW, cité par l’agence de presse Reuters. « Les décisions de l’entreprise peuvent être différentes si les actionnaires ont également un intérêt chez des concurrents. »

« Un nombre croissant de preuves empiriques suggère que les grands investisseurs institutionnels influencent effectivement les entreprises », poursuit l’analyse. En conséquence, ils pourraient étendre leur influence sur les prix et les bénéfices en augmentant la mise en réseau de la propriété des entreprises allemandes entre elles et avec les entreprises américaines. « Puisqu’il existe un risque que les grands investisseurs abusent de leur pouvoir, les structures de copropriété ont besoin de toute urgence de l’attention des décideurs politiques au niveau fédéral et européen », a déclaré Seldeslachts.

C’est une critique plutôt timide du fait que les grands investisseurs américains peuvent – et influencent probablement – les activités opérationnelles des sociétés au-delà de ce qui est la propriété. Cependant, cela est difficile à prouver – ce qui peut expliquer la réticence des auteurs de l’étude. Selon DIW, 22 des 25 plus grandes sociétés cotées en Allemagne ont désormais des actionnaires conjoints avec au moins une autre société, soit deux fois plus qu’avant la crise financière.

Comme on le sait, cette dernière a été déclenché en 2007 par un tout nouveau super produit de l’industrie financière américaine : les prêts « subprime » pour les acheteurs immobiliers américains avec une notation de crédit beaucoup trop faible. Comme de plus en plus d’emprunteurs n’étaient plus en mesure de les honorer, une énorme bulle financière a éclaté – parce que presque toutes les banques avaient titrisé ces titres « subprime » en les mélangeant avec des prêts plus réputés et les avaient mis sur le marché pour les négocier comme objets d’investissement. Depuis, les banques sont en difficulté. L’une des plus grandes sociétés d’investissement au monde, Lehman Brothers, a même laissé le gouvernement américain et le lobby financier faire faillite.

À cette époque, l’heure des grands collecteurs d’argent américains, que l’on appelle trivialement les gestionnaires d’actifs, a sonné. Depuis la crise financière, qui à l’époque s’est transformée en une transition transparente vers la crise dite de l’euro, « les structures de propriété des sociétés allemandes cotées en bourse ont également considérablement changé ». Alors qu’en 2004, ce sont principalement les banques et les compagnies d’assurance européennes qui détenaient conjointement des sociétés allemandes, en 2015, les gestionnaires d’actifs américains tels que Blackrock dominaient », a déclaré le DIW, citant des données de la base de données Thomson Reuters Global Ownership.

Cela s’accompagnait apparemment du fait que la séparation entre la fonction de capital (gestion) et la propriété du capital (actionnaire), pratiquée depuis le début du 20e siècle au plus tard, n’était plus admise avec la même facilité. Les décennies d’excès sauvages des banquiers d’investissement, qui avaient également conduit aux prêts « subprime », ont peut-être été l’un des déclencheurs. Depuis, quelques dizaines de méga-fonds tels que Blackrock, Vanguard, The Capital Group ou State Street ont repris en main l’allocation du capital d’au moins le monde occidental, le processus de valorisation et son contrôle.

Blackrock Inc. est dirigée par Laurence Douglas « Larry » Fink, un ancien trader de la banque d’investissement First Boston(2). Aujourd’hui, Fink est sans aucun doute l’un des acteurs du capital les plus puissants au monde. Et il n’a pas besoin d’une majorité d’actions pour influencer les processus décisionnels dans les sociétés de ses fonds. Le géant des fonds détient en moyenne cinq pour cent du capital social des 40 sociétés du principal indice allemand, le Dax. En août 2020, Blackrock a reçu l’autorisation d’établir une entreprise de fonds communs de placement en Chine. Selon Wikipedia, cela fait du géant américain le premier gestionnaire d’actifs étranger autorisé à opérer en Chine.

Note de Danielle Bleitrach sur Black rock en Chine et le sommet des Brics

BlackRock est devenu le premier gestionnaire d’actifs (celui qui place les fonds de ses clients en bourse pour les faire fructifier) non chinois à pouvoir opérer une activité de distribution de fonds mutuels en Chine, dont il sera l’unique actionnaire. La Commission chinoise de réglementation des valeurs mobilières lui a donné son feu vert. D’autres gestionnaires d’actifs, comme Fidelity International Ltd. et Neuberger Berman Group LLC, attendent une réponse des autorités chinoises. Récemment, en juin 2023, il a augmenté ses investissements, ce qui ne va pas dans le sens du découplage.

Dans une tribune au vitriol du Wall Street Journal, le 6 septembre 2022, le célèbre investisseur George Soros, le plus “idéologue” anti-communiste des investisseurs, c’est pourquoi on le soupçonne d’être lié à la CIA dont il serait une sorte de grand investisseur orientant les assauts économiques suivant un projet politique. Il a fustigé dans cette tribune « l’erreur dramatique » de BlackRock et de son patron Larry Fink, mauvaise pour ses investisseurs et aussi pour la démocratie américaine. Pour lui, le fonds américain ne voit pas que pour le leader chinois Xi Jinping, toutes les entreprises du pays doivent être au service du parti, qu’elles soient nationalisées ou privées. Or Pékin, si dur avec Washington, selon Soros et Biden (Soros est un “démocrate” agissant en coordination avec les intérêts publics et privés des grands leader démocrates comme les Clinton, les Nuland, le fils Biden, et d’autres ; en France, on pu soupçonner Mediapart d’être dépendant de Soros) Soros a insisté dans cette tribune sur le fait que la Chine a encore besoin de la finance américaine pour résoudre des questions de fond comme le vieillissement de la population. Il a utilisé ce qui s’était passé avec Ant Group (ex-Ant Financial), cette filiale du géant Alibaba a été brutalement interdite d’introduction en Bourse en 2020 sur décision politique. Cet épisode a marqué le début d’un tour de vis spectaculaire de Pékin en direction, notamment, des entreprises du numérique. Après Alibaba, il y a eu Didi Chuxing, le Uber chinois bloqué administrativement juste après son introduction à la Bourse de New York, puis les entreprises de soutien scolaire interdites de profits sur leurs activités, et enfin l’assaut sur les jeux vidéo dont la Chine est le leader mondial avec Tencent. Beaucoup de douches froides, notamment pour les investisseurs étrangers qui ont vu les valorisations de ces groupes s’effondrer d’un coup. Nous avons vu surgir la dictature du prolétariat sous l’appel aux capitaux privés et la constitution de capitalistes chinois. Ce n’est dans doute pas un hasard si cela est intervenu après l’épidémie et la nécessité comme aujourd’hui de se confronter à l’effondrement du dollar, les tentatives de résister de l’empire américain.

Donc vu les menaces sur le dollar et les fragilités répétées du secteur boursier des Etats-Unis cela n’a pas découragé Blackrock et un certain nombre d’investisseurs et comme le disent les Chinois à partir de cette “propagande”, les milieux d’affaire savent ce qu’il en est.

Enfin, il faut mesurer que dans cette situation, le sommet des BRICS approche à grand pas et voici ce qu’une société d’investissement qui n’est certes pas de la taille de Blackrock mais plaide depuis pas mal de temps pour les placements en Chine dit de cet événement.

Emmanuel Macron n'est pas invité pour le sommet des BRICS
premier constat Macron n’est pas admis…

La France est déjà mise à l’écart par la toute nouvelle plus grande puissance du monde.

Les BRICS. Représentés par l’Afrique du Sud, le Brésil, la Chine, l’Inde et la Russie.

Sur ce graphique, vous pouvez voir (en blanc) le PIB du G7 chuter…… Là où (en bleu), le PIB des BRICS s’envole.

PIB des BRICS

Et dès ce 24 août, lors du sommet des BRICS, nous pourrions assister à la fin de l’hégémonie des Nations Unies.

Car je crains que lors de cette réunion, les BRICS affirment d’autant plus leur puissance.

Ils vont s’ouvrir et recruter de nouveaux pays. Et… Surtout : ils pourraient annoncer que le yuan numérique sera adossé à l’or. Ce qui entraînerait un cataclysme monétaire mondial.

Et nous, Européens, allons très certainement voir notre épargne perdre plus de 50% de valeur en euros et en dollars.

Montage réalisé par Danielle Bleitrach pour vous inciter à suivre de près ce qui va se passer lors du sommet des BRICS

Danielle Bleitrach

(1) Robert Habeck, né le 2 septembre 1969 à Lübeck, est un écrivain et homme politique allemand, membre de l’Alliance 90/Les Verts. Il est vice-chancelier et ministre fédéral de l’Économie et du Climat depuis le 8 décembre 2021.

(2) Larry Fink qui touche 25 millions de salaire, est également connu en France. Selon l’ONG Attac, en novembre 2017, Larry Fink est venu en France (dans les salons de l’Élysée, privatisés pour l’occasion), avec d’autres dirigeants de BlackRock « auditionner plusieurs ministres qui avaient alors pour mission de leur expliquer combien la politique économique menée depuis 2017 est favorable à leurs intérêts, afin de les encourager à « choisir la France » pour leurs futurs investissements » et la même année (en juin), BlackRock a publié un document de 16 pages intitulé « Loi Pacte : Le bon plan Retraite ». Dans cette note, BlackRock fait 14 « recommandations » au gouvernement français, l’invitant notamment à envisager d’imposer l’épargne-retraite dans les entreprises, au-delà des régimes de base et complémentaires (« il faudra envisager un horizon à partir duquel les employeurs pourraient être contraints de proposer un dispositif d’épargne retraite à leurs salariés. De même, au niveau des professions indépendantes, l’adhésion à un plan d’épargne-retraite pourrait faire partie des obligations une fois que certaines conditions de revenus seraient atteintes »10 ou encore à ouvrir les produits à des supports domiciliés au Luxembourg ou en Irlande (deux pays qui sont, ajoute Attac, « des paradis fiscaux notoires ») ; « la liste des sous-jacents d’investissement éligibles aux dispositifs d’épargne salariale gagnera à être étendue aux SICAV de droit étranger, afin de stimuler la concurrence et la portabilité au profit des épargnants. Un grand nombre de gestionnaires d’actifs ont des gammes de fonds domiciliées au Luxembourg ou en Irlande, qui sont aujourd’hui exclues de cette offre ».

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