Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le nom d’Ursula von der Leyen mêlé à un scandale en Bulgarie

Ces scandales qui se multiplient et dans lequel l’enjeu est partout de dé-russifier, ce qui est devenu synonyme comme pour l’Ukraine non seulement de participer aux visées militaires de l’OTAN mais aussi de traquer dans les ex-pays socialistes ceux qui en sont nostalgiques, ceux qui vont donc s’opposer à la politique de privatisation, de pillage et de pression sur l’emploi et les salaires. Donc derrière la dérussification qui ne connait plus de limite comme en Pologne, ou en Ukraine, on voit en Bulgarie, mais aussi en Moldavie, au Kosovo, la manière de réprimer toute contestation sociale et de préparer les foyers de guerre. Cela dit le revers de ces scandales est qu’ils contribuent à la montée de l’extrême-droite parce que non seulement la gauche y est souvent mêlée mais parce que celle-ci de fait utilise les mêmes méthodes de jeu sur les scandales, faute d’offrir un programme qui se distingue réellement de celui de la droite et de présenter autre chose que des divisions sur des questions de personne… (note de Danielle Bleitrach histoireetsociete)

Article de Par Emmanuel BerrettaLe nom d’Ursula von der Leyen mêlé à un scandale en Bulgarie© KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Un scandale de plus en Bulgarie ? Ursula von der Leyen s’en serait bien passée. Son nom apparaît dans un enregistrement sonore clandestinement réalisé lors d’une réunion du parti Continuons le changement (PP, selon les initiales bulgares) qui devait valider l’accord de gouvernement trouvé avec le parti rival, le Gerb, de Boïko Borissov. Cet enregistrement de quatre heures trente a fait l’effet d’une bombe ! Sa diffusion a été programmée pour faire échouer les négociations entre le PP et le Gerb.

On y entend, en effet, l’ancien Premier ministre Kiril Petkov. Ne se sachant pas sur écoute, celui-ci révèle, imprudemment, le contenu d’une conversation téléphonique avec la présidente de la Commission européenne. Il y a bien eu, en effet, le 21 mai, un contact téléphonique entre Petkov et von der Leyen à propos de l’adhésion éventuelle de la Bulgarie à la zone euro et à l’espace Schengen. La Commission soutient la Bulgarie dans ces deux entreprises. Là n’est pas le problème.

Le spectre des tricheries de la Grèce

« Je lui ai demandé quelles sont nos chances d’être acceptés, dit Petkov. Elle m’a répondu : “Pour Schengen, vous avez de grandes chances. Pour la zone euro, vous devez trouver comment contourner les règles, c’est-à-dire “entrer dans le cadre”. Je lui ai répondu : “Pouvons-nous avoir l’inflation moins l’effet Ukraine ?.” Et elle m’a dit : Ne me citez pas, nous essaierons de vous aider. »

On ne saura jamais quels sont les termes vraiment utilisés par les uns et les autres, mais cet enregistrement rappelle furieusement les conditions d’entrée litigieuses de la Grèce dans la zone euro. Athènes, avec l’aide de Goldman Sachs, avait fourni de fausses données pour contourner les critères d’adhésion à la zone euro. Le pot aux roses fut révélé lors de la crise de la zone euro, lorsque les statistiques réelles ont été rétablies par Andreas Georgiou. Un sinistre épisode qui a laissé des traces dans l’opinion publique allemande, très remontée à l’époque. Il ne faudrait pas que la Bulgarie, déjà très fragile, reproduise le même subterfuge.

Une rotation de neuf mois entre deux Premiers ministres

Cet enregistrement clandestin a été réalisé et livré à la presse par le député Radostin Vasilev, en rupture avec le parti Continuons le changement, dont il désapprouve la stratégie d’alliance. Les enregistrements révèlent, en effet, les intentions réelles du parti de Petkov vis-à-vis de son partenaire, le Gerb, pour former une coalition gouvernementale. Selon les termes de cet accord, une rotation de neuf mois entre deux Premiers ministres devait être mise en place. Nikolay Denkov, pour Continuons le changement, serait le premier chef du gouvernement. Il serait épaulé par l’ex-commissaire européenne Mariya Gabriel, du Gerb, qui aurait rang de vice-Premier ministre et le portefeuille des Affaires étrangères. Puis, au bout de neuf mois, Mariya Gabriel deviendrait, à son tour, cheffe du gouvernement.

Par ce qu’ils révèlent des intentions réelles de Petkov et d’Assen Vassilev (pressenti pour le ministère des Finances), les enregistrements ont évidemment jeté un froid entre les deux partis. Le Gerb a décidé de suspendre les négociations et attend des « clarifications ». Dans les bandes sonores, on apprend que les dirigeants de Continuons le changement entendent notamment procéder à une purge au sein de l’État, « légalement ou illégalement », dans les deux premières semaines en éliminant tous les fonctionnaires jugés proches du Gerb, du président Roumen Radev (socialiste), et de tous ceux soupçonnés de travailler pour les services de renseignements russes. Ils envisagent une prise du contrôle du ministère de l’Intérieur pour les futures échéances électorales, ce qui jette un doute sur la nature démocratique de celles-ci.

Petkov présente ses excuses pour ses propos peu amènes

Le Gerb attend des garanties que les fondamentaux de l’État de droit seront respectés. Ils n’ont pas été ravis d’apprendre que le PP prévoyait de ne pas respecter l’accord de gouvernement. Au passage, Petkov a des propos peu amènes envers Mariya Gabriel et Boïko Borissov. Petkov a dû présenter ses excuses. Il prétend utiliser les relations de son mari, François Gabriel, membre du cabinet de Roberta Metsola, la présidente du Parlement européen. Bref, des carabistouilles politicardes assez minables.

Le Premier ministre pressenti, l’académicien Nikolay Denkov, a tenté de réparer les dégâts. « De toute évidence, des garanties doivent être données qu’il n’y aura pas de purges qui ne soient pas liées à une procédure et à un examen clairs, assure-t-il. Elles doivent viser à optimiser l’administration, et non à procéder à des nominations politiques. [?] La loi et les règlements doivent être respectés. » Mais sa crédibilité demeure très entamée.

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