Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Votre argent pour l’Ukraine est bien employé, en monuments en l’honneur de collaborateurs nazis…

illustration : John Heartfild : dangereux voisins de table 1930

john Heartfild l’union des peuples 1937
Il y a des avis informés pour dire que l’argent des contribuables français qui se déverse en Ukraine finira seulement dans quelque paradis fiscal sur les comptes des gens du régime et de leurs oligarques. Pas tout, d’abord grâce au très actif homme du capital qu’est Thierry Breton, il y aura armes et munitions, dont une partie ne sera pas distraite pour des trafics juteux mais bien pour attiser la guerre aux dépends de tous les peuples. Voici un article qui apporte un point de vue bien documenté sur à quoi est employé l’argent du contribuable français, un aspect très révélateur de la galopante nazification de l’Ukraine occidentale et centrale depuis 2014, amplifiée par le si présentable Zelensky. D’ailleurs le nazisme ne se limite pas à l’antisémitisme, non seulement il a son versant slave, mais ce qu’est le nazisme peut très bien comme aujourd’hui être entretenu contre le voisin russe dans une population qui connait la misère même si les héros célébrés puent la chambre à gaz et les charniers. C’est comme chez nous le versant extrême-droite du gavage des marchands d’armes et autres BTP comme Bouygues lorgnant le marché de la reconstruction et maitrisant l’idéologie pro-guerre grâce à LCI où interviennent vieille baderne militaire pro-Otan, néo-nazie ukrainienne au physique avantageux, espions et dissidents russes haineux de leur patrie. La nazification n’est pas un supplément d’âme, elle est la manière dont partout le capital divise le peuple dont il a peur. Les luttes comme celles qui se déroulent en France autour du refus de la loi retraite sont une antidote à l’ukrainisation de la France. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Il complète avantageusement les articles déjà référencés dans H&S sur les monuments et noms de rues à la gloire des collaborateurs nazis, et devrait être lu en référence au travail de Lev Golinkin. Au passage on voit que la désacralisation des héros et des génies artistiques ne cible pas que les Russes. Beaucoup d’Ukrainiens qui s’étaient engagés auprès du parti bolchevik pour l’émancipation des travailleurs et une société socialiste, ou pour la défense de l’Union soviétique sont aussi les victimes du régime de Kiev aux mains des néos-nazis ukrainiens (n’oublions pas que le mot nazi vient de nazional, comme dans nationalisme-ukrainien, mais pas que). Ici, les exemples de Ostrovsky, Malinovsky… On aura aussi une pensée émue pour l’auteur de l’article, qui nous montre que, même sous l’intense pression d’un appareil de répression nazifiant libéré par la guerre de l’OTAN et de la propagande infernale qui a réussi à transformer une partie de la population ukrainienne en jouet de l’occident dans sa course folle contre le voisin russe, il peut encore y avoir des individus capables de penser, de voir, de se battre contre une guerre fratricide menée pour le compte de l’empire états-unien.(note et traduction de JL Picker)

Le gouvernement ukrainien dépense des millions en monuments et noms de rues à l’honneur de collaborateurs nazis.

http://www.defenddemocracy.press/ukrainian-government-spends-millions-on-monuments-and-streets-to-honor-nazi-collaborators-and-neofascists/

par Maxim Goldarb, publié dans DefendDemocracy le 21 mars 2023

Maxim Goldarb est le dirigeant du parti ‘Union des forces de gauche en Ukraine – pour un nouveau socialisme’. Le parti est opposé à la guerre de l’OTAN contre la Russie. Il est banni et persécuté par le gouvernement de Zelensky.

NB : les notes sont l’œuvre du traducteur.

Statue de Kirov à Kirovgrad, que l’on trouve encore sur Wikipedia. La statue n’existe plus, et la ville non plus.

Il y a maintenant 80 ans que, en 1943, le général de l’armée rouge Nikolai Vatutine libérait Kiev des troupes d’occupation nazies. Peu de temps après la libération, en 1944, Vatutine devait mourir des suites d’une blessure reçue au cours d’une embuscade tendue par les collaborateurs nazis de l’organisation des nationalistes ukrainiens (OUN)[i]. Il fut enterré dans un des grands parcs du centre de Kiev, et une statue fut érigée sur sa tombe avec les mots de remerciements suivants : « au général Vatutin, de la part du peuple ukrainien ». Le général était à juste titre considéré comme un héros, et sa tombe était toujours couverte de fleurs déposées par les habitants de Kiev.

Mais aujourd’hui, pour le 80ème anniversaire de la libération de Kiev, le monument à Vatutine n’est plus. Il a été démoli. Et sa tombe a été profanée par les autorités de Kiev.

Les destructions de monuments à la gloire des soldats de l’armée rouge qui libéra l’Ukraine et l’Europe du fascisme sont monnaie courante à travers toute l’Ukraine. Par endroits, comme à Chernivtsi, Rivne ou bien d’autres villes, ils sont démolis. Dans d’autres villes, comme par exemple Nikolaev, ils sont tout simplement dynamités.

Il n’y a d’ailleurs pas que les monuments des héros de l’armée rouge qui sont détruits. Les monuments célébrant le poète russe Alexandre Pouchkine, les écrivains Nikolai Ostrovsky[ii] et Maxime Gorki, l’aviateur pilote d’essai Valery Chkalov et bien d’autres sont aussi ciblés.

En parallèle, on a changé les noms de nombreuses villes, de villages et de milliers de rues et de places à travers l’Ukraine. Depuis le coup d’état de l’Euromaidan en février 2014, plus d’un millier d’agglomérations et plus de 50.000 rues ont changé de nom[iii].

Au cours de l’année dernière, si l’on ne regarde que la ville de Kiev, pas moins de 237 places, rues, avenues et boulevards ont ainsi changé de nom, selon un rapport fièrement dressé par Vitaliy Klitschko, le maire de la ville. Alors que, au cours des 9 ans écoulés depuis l’élection de Klitschko en 2014, son administration a laissé cette ville de plus de 3 millions d’habitants en proie à ses éternels embouteillages et a été incapable d’y construire une seule nouvelle station de métro, un seul hub de transports urbains, un seul nouveau centre médical, un seul campus, une seule usine de traitement des déchets etc…

D’où vient cette frénésie à renommer tout et n’importe quoi ? Est-ce parce que les habitants le réclament ? Parce qu’ils n’étaient plus satisfaits des noms des villes et des rues où ils sont nés et où ils ont grandi, tout comme souvent leurs parents et leurs grand parents ? Non, il ne s’agit pas de cela. Il n’y a eu aucun référendum, aucun vote des habitants concernés, personne n’a demandé leur opinion.

Bien au contraire, dans les rares cas ou des sondages ont été menés, ils ont pratiquement systématiquement montré que les locaux n’étaient aucunement d’accord avec les nouveaux noms. Un exemple type est celui de la ville de Kirovgrad, qui a été rebaptisée il y a quelques années. Elle avait reçu son nom[iv] il y a bientôt 90 ans, en l’honneur du célèbre homme d’état Sergei Kirov[v]. Une majorité absolue de la population (82%) refusait le nouveau nom de ‘Kropyvnytsky’[vi]. Seuls 14% y étaient favorables. Mais dans ce cas comme dans la plupart des autres cas de destruction de monuments ou de changements de noms de localités et de rues, les autorités ne se sont pas souciées le moins du monde de l’avis des citoyens.

Alors, pourquoi est-ce que tout ça arrive maintenant ? La réponse est simple si l’on regarde de près les nouveaux noms qui sont choisis et les nouveaux monuments qui sont érigés.

L’avenue du Général Vatutine, le libérateur de Kiev mentionné au début de cet article, a maintenant pris le nom d’Avenue Roman Sushkevych. Il s’agit d’un fasciste ukrainien qui, lors de l’invasion de l’Ukraine par l’Allemagne nazie en 1941, était officier dans le bataillon Nachtingall au sein de l’Abwehr, le service de renseignement  de la Wermacht, une unité formée essentiellement de collaborateurs nazis d’origine ukrainienne.

On connait aussi le tristement célèbre sort de l’avenue de Moscou à Kiev, rebaptisée avenue Stepan Bandera, un autre collaborateur nazi ukrainien, dirigeant de l’OUN(B) qui a acquis une sinistre réputation pendant la seconde guerre mondiale pour ses massacres génocidaires de juifs et de polonais [vii]. Il y a aujourd’hui un grand nombre de rues rebaptisées et de monuments érigés en l’honneur de Bandera dans de nombreuses villes à travers l’Ukraine.

Le Boulevard Druzhby Narodov (l’amitié des peuples) à Kiev a pris le nom de Mykola Mikhnovsky, un des principaux idéologues du nationalisme ukrainien, créateur du slogan chauvin « l’Ukraine aux Ukrainiens ! ».

Quant à la rue qui portait le nom de Marshal Malinovsky, d’origine ukrainienne et membre de l’état-major de l’armée rouge pendant la guerre contre le nazisme, elle s’appelle maintenant rue des héros du bataillon Azov. Le bataillon Azov est une formation néofasciste qui fait maintenant officiellement partie de l’armée ukrainienne. Il s’enorgueillit de son emblème du ‘wolfsangel’, un emblème nazi utilisé en particulier par les corps de la SS. Pour ceux qui auraient oublié, Azov a été reconnu comme une organisation néonazie et terroriste par le congrès des Etats-Unis.

A peu près au même moment où le monument à Vatutine était démoli, la 10ème brigade d’assaut des chasseurs alpins de l’armée ukrainienne recevait le nouveau nom officiel d’’Edelweiss’. Pendant la seconde guerre mondiale, ‘Edelweiss’ était le nom de la première division d’infanterie des chasseurs alpins de la Wermacht nazie. Cette division a joué un rôle majeur dans la déportation de juifs, l’exécution de prisonniers de guerre, ainsi que dans les opérations punitives en Yougoslavie, en Italie, en Tchécoslovaquie et en Grèce.

Aujourd’hui, des écussons montrant un crâne très similaire à celui porté par la division de SS connue sous le nom de ‘tête de mort’, ainsi que par d’autres unités nazies, sont ouvertement arborés non seulement par des membres de l’armée ukrainienne mais y compris par leur commandant en chef.

Le gouvernement actuel en Ukraine est décidé à détruire entièrement tout ce qui peut avoir un lien avec la Russie, dont l’Ukraine a fait partie pendant des centaines d’années. Jusqu’aux monuments et nom de rues en l’honneur d’écrivains d’importance mondiale -comme Leon Tolstoï. Il veut aussi détruire tout ce qui est lié aux 70 années de l’histoire soviétique de l’Ukraine, au socialisme et aux idées de gauche en général. Par exemple, les rues au nom de Karl Marx et de Friedrich Engels ont été rebaptisées, les monuments en leur mémoire démolis et tous les symboles socialistes ou communistes – du drapeau rouge au chant de l’Internationale- sont interdits. De même, tous les partis de gauche sont bannis en Ukraine, y compris l’’Union des forces de gauche – pour un nouveau socialisme’ que je dirige. Le socialisme et le communisme sont interdits. Les militants de gauche sont persécutés et emprisonnés et le néo-nazisme est intégré aux politiques de l’état, son idéologie devient de plus en plus dominante.

Mais cette guerre totale des autorités ukrainiennes contre tous les symboles publics, les monuments et les noms de rues qui sont associés avec la Russie, la révolution d’octobre, l’histoire soviétique et les idéologies de gauche, demande beaucoup d’argent.

Le simple coût d’une plaque avec le nouveau nom de la rue, pour une seule maison, est de 1000 hryvinia (25 euros), selon les autorités de Kiev. Un coût à multiplier par les dizaines (et dans certains cas les centaines) de maisons de la rue. Puis à multiplier par les dizaines de milliers de rues ainsi rebaptisées. N’oublions pas non plus les plus de 1000 villages et villes qui ont changé de nom.

Mais le coût de ces nouvelles plaques d’adresse n’est qu’une petite partie du coût énorme de cette campagne d’extrême-droite. Il y a beaucoup d’autres aspects à prendre en compte. Toutes les institutions et entreprises doivent changer leurs papiers, faire refaire leurs sceaux et leurs tampons, changer leurs publicités et leurs plaques etc, etc…Il faut aussi changer les panneaux de direction sur les routes, les pancartes à l’entrée des agglomérations à travers l’Ukraine. Beaucoup d’institutions, et pas seulement dans les villes qui ont été rebaptisées doivent recevoir de nouvelles cartes et atlas…

Par exemple, on a calculé que le simple changement de ‘Jdanov’ en ‘Marioupol’[viii] avait coûté environ 24 millions d’Euros. Selon les estimations les moins alarmistes, la vague actuelle de nouveaux noms et de démolition de monuments à travers le pays aurait déjà coûté de l’ordre de 1 milliard d’Euros ! Et ceci dans le pays le plus pauvre d’Europe, en proie à la guerre. Un pays qui ne peut pas survivre sans une aide financière majeure de l’extérieur, où 60% du budget de l’état est provisionné par l’étranger, essentiellement par les Etats-Unis et l’Union Européenne.

Tout ça signifie que l’argent des contribuables européens et états-uniens est aujourd’hui dépensé, entre autres, pour une campagne massive de nouveaux noms de rue en l’honneur de collaborateurs nazis et de néo-nazis.

Je ne pense pas que la plupart des citoyens des pays ‘donneurs’ soient d’accord avec ça. Mais il semble que, tout comme les citoyens d’Ukraine, on ne va pas leur demander leur opinion.


[i] Qui opéraient alors sous le nom d’armée insurrectionnelle ukrainienne (UIA), connue pour ses massacres de résidents polonais dans l’Ouest de l’Ukraine.

[ii] Nikolai Ostrovsky était un écrivain originaire d’Ukraine occidentale. Loin de rejoindre les rangs des peltliouristes, il s’engagea activement dans le parti bolchevique et pour la défense de la jeune Union soviétique dans la célèbre cavalerie du général Boudienny.

[iii] Voir à ce sujet le répertoire non exhaustif de Lev Golinkin dont la traduction française à été publiée dans H&S du 15 août 2022.

[iv] La ville, située dans la partie russophone de l’Ukraine s’appelait depuis sa fondation au milieu du 18ème siècle Yelizavetgrad, en l’honneur de l’impératrice de Russie (mis à part un court passage où elle prit le nom de Zinovievsk). A noter que le sondage en question aurait donné une large majorité en faveur d’un retour à l’ancien nom d’Yelisavetgrad, mais que le nom ne fut pas autorisé par le gouvernement de Poroshenko au nom de sa politique de dérussification.

[v] Sergei Kirov, un proche collaborateur de Joseph Staline, assassiné en 1934 dans des circonstances douteuses.

[vi] Un obscur dramaturge local du 19ème siècle, promoteur de la culture ukrainienne sous l’empire russe.

[vii] On se souviendra que, par une ironie féroce, l’avenue rebaptisée du nom du génocidaire dirigeant de l’OUN conduit directement au mémorial de Babi Yar, lieu d’extermination de près de 25000 juifs de Kiev au cours de la Shoah par balles.

[viii] La ville historiquement nommée Marioupol, avait été rebaptisée ‘Jdanov’ en 1948 et avait repris son nom lors de l’indépendance de l’Ukraine en 1989.

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